Il fut un temps où l’ensemble de l’opinion occidentale bénissait l’opposition syrienne. Les rebelles étaient acclamés. Des combattants de la liberté, des hérauts de la justice, des démocrates exemplaires : rien n’était trop beau. Pourtant, les rebelles employèrent très vite les méthodes qu’ils entendent dénoncer : tortures, exécutions sommaires, pillages, rackets, etc. Aujourd’hui, les exactions des rebelles commencent (enfin) à crever les écrans.
Une vingtaine de corps sont étendus dans la poussière d’une rue d’Alep, la grande ville du nord syrien. Les mains attachées derrière le dos, un chiffon placé autour des yeux, les cadavres vêtus de kaki ont reçu une balle dans la tête. Leur chef d’accusation ? Servir leur pays contre une opposition de plus en plus noyautée par le djihadisme international. Leur crime ? Avoir été capturés par une rébellion aussi ignorante des droits de l’homme qu’un Qatari esclavagiste.
La presse française, de culture latine, est traditionnellement plus engagée que la presse britannique ou américaine. Le conflit syrien le démontre encore une fois, les chaînes telles que France24 se transformant en véritable organe de propagande du pouvoir. Le premier média occidental à aborder les nombreuses bavures commises par l’opposition fut la BBC. La chaîne britannique a diffusé un reportage édifiant où lumière est faite sur des décapitations de prisonniers loyalistes. L’onde de choc aurait pu être terrible. Au lieu de ça, un rapport de l’ONU se contenta d’affirmer que les crimes commis par l’opposition sont moins graves que ceux commis par Bachar El Assad. Qu’est-ce qui peut être plus grave qu’une décapitation, acte tout droit issu d’une époque teintée de barbarie ? Les soldats d’El Assad se livreraient-ils au cannibalisme ? Les militaires loyalistes lynchent-ils leurs victimes tout comme les rebelles libyens ont lynché leur leader jadis adulé ?
Ces derniers temps, la chape de béton coulée par les médias mainstream tend à se fissurer. Toutes les atrocités commises par la rébellion remontent à la surface dans un bouillonnement indescriptible sur le net. Le premier fait relevé par les grands médias francophones a été l’exécution (sommaire, bien entendu) de plusieurs civils fidèles à Bachar El Assad. Au sein de l’opinion, l’indignation est réelle. Mais elle est très vite effacée par la même litanie dévastatrice ressassée à longueur de journée sur les ondes : régime d’El Assad, répression, massacres inqualifiables de civils, meurtres, efforts désespérés de la communauté internationale pour la paix. Il devient de plus en plus évident que les journalistes occidentaux évoluent encore dans un schéma oppresseur/opprimé, applicable uniquement au début du conflit. Désormais il s’agit désormais d’une guerre religieuse dépassant les frontières de la république arabe de Syrie.
Les massacres commis par l’opposition se suivent et se ressemblent, tout comme ceux perpétrés par les forces loyales au pouvoir de Damas. Cependant, les journalistes rangent leur rigueur déontologique au placard. Une boucherie orchestrée par les loyalistes est unanimement condamnée, à juste titre. Par contre, quand l’opposition fait couler des flots de sang, on lui cherche des excuses. « Plus El Assad réprimera, plus les rebelles commettront de faux pas », « désespérés et fous de douleur, les opposants ont commis une bavure », « c’est inacceptable, certes, mais… ». Vos consciences de défenseurs des droits de l’Homme peuvent-elles accepter un « mais » ?
Le Revizor
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