jeudi 13 septembre 2012
Pulvar Hollande Arnaud Rothschild et les 75% : le story telling de la rentrée
Audrey Pulvar : “ On nous prend pour des cons ? ”
Mais tous les hebdos ne virent pas leur cutie, loin s’en faut ! Si les annonces de dimanche dernier ont emballé “ Le Point ” et ne déplaisent pas foncièrement à “ L’Obs ” (“ L’Express ” n’en dit mot en raison de sa date de bouclage), elles ont carrément mis hors d’eux deux journaux. Hé oui ! “ François Hollande : le renoncement, c’est maintenant ! ”, titre, rageur, “ VSD ”. A cause de quoi ? De l’assouplissement de l’impôt à 75 % : “ en transformant la nouvelle tranche d’imposition à 75 % en taxe ponctuelle, indique le news, le chef de l’Etat a renoncé à l’une de ses mesures phares. En quatre mois, ce n’est pas la première fois ”, appuie-t-il. Même son de cloche — quoique un peu plus, comment dire ?,… marqué — aux “ Inrockuptibles ” où Audrey Pulvar explose littéralement de colère : “ Que fait la gauche au pouvoir ? Elle recule, écrit-elle. Les 75 % ? Oh, n’ayez pas peur, c’est juste pour deux ans hein, pas jusqu’en 2017 comme on se l’était dit en campagne… Et puis tous ces petits trucs du genre dividendes, intérêts, plus-values, stock-options, bref, les revenus du patrimoine, soit les deux tiers des revenus des grandes fortunes de France, eux, n’entreront pas dans le calcul. Il ne faut pas décourager la réussite. On nous prend pour des cons ? Pensez-vous ! ” Remontée, l’Audrey…
Le rabotage des 75 % vu des coulisses
Ah, ces cris, ces gesticulations ! Une analyse méthodique, sérieuse, chiffrée des avantages et des inconvénients des mesures annoncées dimanche par le président, c’est trop demander ? Visiblement. Aucun journal — pas même “ Challenges ” — ne s’y est collé. Que penser de l’assouplissement des 75 % ? Bah, c’est vous qui vous voyez, on vous laisse vous débrouiller tous seuls, hmmm ? En revanche, y’a pas de problème, on peut vous raconter le malaise qui a accompagné la décision finale de raboter l’impôt à 75 % : “ Les Inrocks ” l’ont fait. Embarqué dans le voyage officiel de François Hollande à Londres, le mag raconte que c’est juste avant la conférence de presse avec David Cameron qu’est arrivée “ sur les smartphones des conseillers et des journalistes, la rumeur d’un reniement : François Hollande serait prêt à rogner sur son engagement majeur de campagne pour ne pas braquer les très riches. La taxe à 75 % serait vidée de sa substance, dévitalisée. (…) Les collaborateurs de François Hollande sont rapidement encerclés par les journalistes. “ Ca vient de Bercy, grommelle l’un d’eux, mais rien n’est décidé, tout ce qui circule est bidon et non, le Président ne réagira pas ”. Pour un peu, on se croirait dans un roman policier, ou un drame, dis donc…
Quand “ François Hollande force la main de ses communicants ”
“ François Hollande est quand même interpellé sur le sujet, reprend l’hebdo. Regards noirs des hommes de l’Elysée. “ Rien n’est arrêté, il y aura des modalités ”, répond-il tranquillement, ce qui veut tout dire, c’est-à-dire rien. A peine vingt minutes plus tard, on devine que, prenant soudain conscience des dégâts potentiels d’une telle annonce en pleine bataille de reconquête de l’opinion, François Hollande a forcé la main de ses communicants — SMS d’un conseiller : “ En off, les 75 % seront appliqués. Les modalités sont à l’étude. Tant que les arbitrages ne seront pas rendus (au plus tard dans les quinze jours), les hypothèses circulant avant n’ont pas de valeur ” ”. “ Regards noirs ”, “ hommes de l’Elysée ”, “ dégâts potentiels ”, “ forcé la main ”, “ off ”… c’est pas qu’une impression : ça ressemble sacrément à un thriller politique, cet article.
“ Le trouble du chef de l’Etat est palpable ”
C’est pas fini. “ Le lendemain (…), poursuivent “ Les Inrocks ”, dans l’hélicoptère Super Puma qui le conduit en Savoie — oublié le président normal qui voyageait en train —, François Hollande a convié Thomas Wieder, journaliste au “ Monde ”. Le trouble du chef de l’Etat est palpable tout au long de l’entretien, qui porte sur son style de présidence. François Hollande se réfugie dans la posture du commentateur.
“ Un style, cela s’imprime au fur et à mesure ”, ajoute (le chef de l’Etat), évoquant aussi l’impréparation de son équipe gouvernementale : “ La plupart découvrent ce que c’est d’être ministre ”. S’il voulait donner du grain à moudre à ceux qui raillent son indécision et sa prudence, François Hollande ne s’y prendrait pas autrement, remarque le journal.
Une chose est sûre : on n’en a pas fini avec le “ Hollande bashing ”. Pas fini non plus avec le “ story-telling ”.
Retoquage des 75 % : Hollande a écouté son ami, le patron d’Axa
On se plaignait tout à l’heure de l’absence — notamment dans le magazine économique “ Challenges ” — d’analyse sérieuse du retoquage de l’impôt à 75 %. Dans leur chronique “ Double je ”, à la toute dernière page du journal, Pierre-Henri de Menthon et Airy Routier livrent pourtant sur le sujet une information qui mérite d’être relevée. “ Grâce à la révélation de la demande de naturalisation de Bernard Arnault en Belgique, écrivent-ils, François Hollande a vu s’ouvrir un boulevard pour s’expliquer sur sa “ taxe à 75 % ”. Elle sera un peu plus “ light ” qu’annoncé durant la campagne, mais moins “ trouée ” que ce que laissaient entendre les dernières fuites. Le dispositif finalement retenu — qui ressemble point par point aux aménagements suggérés en privé par Henri de Castries, patron d’Axa et camarade de promotion du président — devrait être suffisamment compatible avec leurs intérêts pour que les grands noms des affaires n’aient pas à s’exiler ”. Reniement ou pragmatisme ? A vous de voir.
Casse toi pôv Rothschild !
Un dirigeant de Rothschild & Cie nous explique ainsi que le siège de la banque pourrait être installé à Londres “ en un jour ”, sachant qu’une bonne partie du business y est déjà réalisée. Cette option a été évoquée très sérieusement dans le cénacle des associés-gérants de David de Rothschild avant d’être mise aux voix et remisée. Ce qui a permis à Edouard, demi-frère de David et actionnaire de “ Libération ”, de défendre à la télévision la une que consacre le quotidien à Bernard Arnault : “ Casse-toi riche con ! ” ”. Piquantes anecdotes…
Hollande traître ou héros ?
Audrey Pulvar - Les Inrocks
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