Les courants océaniques transportent de la chaleur. Prenons l’exemple du Gulf Stream. Le courant se déplace d’une zone tropicale vers une zone de hautes latitudes. Il est chaud près des côtes de la Floride, puis se déplace vers le nord en libérant progressivement de sa chaleur dans l’atmosphère. C’est un mécanisme par lequel l’océan régule le climat, particulièrement à nos latitudes.
Mais la fonte de la banquise qui couvre l’Arctique pourrait perturber ou même stopper de grands courants qui traversent l’océan Atlantique. Sans la chaleur conséquente que ces courants océaniques délivrent – comparable à la production d’électricité d’un million de centrales nucléaires – la température moyenne de l’Europe reculerait ainsi de 5 à 10 ° C environ. La côte est de l’Amérique du Nord serait sensiblement moins affectée par le refroidissement. Une telle baisse du mercure ramènerait l’Europe occidentale aux mêmes températures moyennes que celles qui sévissaient à la fin de la dernière ère glaciaire, il y a environ 20.000 ans.
Certains scientifiques pensent que ce changement dans les courants océaniques pourrait survenir très vite : d’ici une dizaine d’années, selon Robert Gagosian, président et directeur duConsortium for Ocean Leadership. D’autres, plus sceptiques, doutent qu’il ne se produise le moindre changement. La menace reste toutefois suffisamment crédible pour que le Pentagone en prenne note. Andrew Marshall, du département de la Défense des Etats-Unis, a publié un rapport en 2003 détaillant de quelle manière un changement des courants océaniques, dans un avenir proche, pourrait compromettre la sécurité nationale.
«Il est difficile de prédire ce qui va arriver, tempère Donald Cavalieri, chercheur à la NASA,parce que l’Arctique et l’Atlantique Nord sont des systèmes très complexes avec de nombreuses interactions entre la terre, la mer et l’atmosphère. Mais les faits laissent à penser que les changements que nous observons dans l’Arctique pourraient influer sur les courants qui réchauffent l’Europe occidentale.»
L’hiver dernier, on se souvient que l’Europe a connu des épisodes de froid particulièrement intenses. Sommes-nous à l’aube d’un changement climatique radical ? En 2010, des scientifiques croates, dont le physicien Vladimir Naar, qui a passé des années à étudier les précédents âges de glace européens, annonçait le prochain d’ici cinq ans… : «La réalité, c’est que l’humanité devrait commencer à se préparer au prochain âge de glace.»
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