François Hollande se lie les mains à l’Europe
Qu’il s’agisse de politique extérieure, de politique intérieure, d’économie ou de relations avec les instances européennes, le quinquennat socialiste semble déjà s’inscrire dans la continuité du précédent, avec une légère différence cependant : les marchés et la crise de la zone euro dictent l’agenda de François Hollande.
Jean-Marc Ayrault a ainsi expliqué à la télévision que la réduction de la dette publique (qui avoisine les 2000 milliards d’euros) sera la priorité du gouvernement, et que tant que les prêts ne seront pas remboursés par l’État, il ne soutiendra ni l’investissement, ni la recherche, ni l’éducation, ni l’aménagement du territoire. C’est dit !
L’assainissement de la dette publique devient un véritable obstacle de plus en plus difficile à surmonter. Selon le groupe financier Bloomberg, le premier ministre français aurait déclaré que les prévisions de la croissance devraient être revues à la baisse pour 2013 : « j’ai l’honnêteté de dire aux Français que la prévision initiale d’1,2 % (de croissance du PIB, NDLR) sera très difficile à atteindre, et il est probable que les chiffres soient plus bas encore dans toute l’Europe ». Ces déclarations confirment le rapport public publié mi-août par la Banque de France, selon laquelle une phase de récession économique allait toucher toute la zone euro, Paris n’étant pas en reste.
Le contrôle des finances publiques est devenu la priorité de François Hollande, alors que la croissance devrait reculer de 0,1 % au troisième trimestre, un pourcentage identique à celui du second trimestre. La France n’est donc pas loin d’être officiellement en récession, et ce pour la première fois depuis le printemps 2009.
Outre la récession économique, la Banque de France a également averti que la confiance des industriels était à son plus bas niveau depuis trois ans. Les difficultés auxquelles doivent faire face les firmes automobiles tricolores (Peugeot, Renault et Citroën) parlent d’elles-mêmes. De son côté, le ministère des finances a déclaré que le déficit commercial aurait augmenté plus que prévu au cours des six premiers mois de 2012, pour atteindre 34,9 milliards d’euros.
C’est dans ce contexte que Jean-Marc Ayrault a lancé, le 2 septembre sur France Inter, un appel aux députés, de droite et de gauche, leur demandant de donner au gouvernement une large majorité pour ratifier le pacte budgétaire européen, qui prévoira pour les pays dont le déficit dépassera les 3 % de PIB des sanctions quasi-automatiques. Ce pacte devrait entrer en vigueur dès 2013.
Les membres du Parti socialistes se sont rangés à l’unisson derrière le Premier ministre. Quant à Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP et candidat à la présidence du parti, il a déclaré que le traité européen négocié par le gouvernement de Nicolas Sarkozy sera voté par les députés de son parti, lesquels veilleront à ce que le nouveau gouvernement respecte son objectif de réduire le déficit du PIB à 3 % dès 2013.
La Cour des comptes avait déjà mis en garde François Hollande sur le fait qu’il serait nécessaire d’économiser 33 milliards d’euros pour atteindre les objectifs de déficit prévus. De surcroît, il y a fort à parier que le gouvernement, face à une croissance plus lente que prévue, s’engage dans une politique de réduction drastique des dépenses publiques, mettant à mal l’État-providence, tout en augmentant les impôts. Une politique bien différente de celle annoncée quatre mois plus tôt dans la campagne du néo-président. Mais l’Europe est un dogme… même chez les socialistes.
Capitaine Martin
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