La prime "Montebourg" devait subventionner… le Japon
Encore un article sur la prime « Montebourg » ? Oui, car de nouveaux évènements font de plus en plus craindre à sa parfaite inutilité...
Par Thibault Doidy de Kerguelen
La jolie prime à l’achat d’une voiture électrique que nous a concocté le gouvernement ! Tout pour l’électrique ! Rappelez-vous la manière fallacieuse dont la mesure vous a été présentée par la grande presse : il s’agissait de la réponse du gouvernement, et plus précisément de son ministre du « redressement productif » aux licenciements de PSA. Rappelez-vous, cette prime devait favoriser les voitures françaises car, nous disait on, la technologie française était avancée sur le sujet. Certes, nous avons déjà évoqué la Blue Car, conçue en Bretagne et dont les exemplaires qui circulent en « Autolib’ » à Paris arborent fièrement le Gwenn-a-du et le N°29 de leur département de naissance, mais qu’en est il de ce pauvre PSA que cette prime devait sauver ?
Et bien, au détour d’une information économique, voici ce que nous apprenons : un communiqué officiel de la société Mitsubishi, faisant réponse à une rumeur parue dans un journal économique japonais, déclare que le constructeur nippon «interrompt momentanément l’approvisionnement de PSA en voitures électriques, car PSA doit ajuster ses stocks». Ajuster ses stocks ? En bobolangue, ça veut dire «fiasco», ça, non ? Interrogée, une porte-parole du groupe nous sert un superbe coup de langue de bois:
Tout d’abord, qu’est-ce que c’est que cette histoire de voitures électriques «livrées» par Mitsubishi ? C’est là que nous apprenons que les Peugeot Ion et Citroën C-Zéro, les voitures électriques «premier prix» de PSA, celles qui devaient séduire «Monsieur ou Madame Tout-le-monde» grâce à la super-prime du super-ministre du super-redressement productif ne sont en fait que des clones du Mitsubishi i-Miev, conçues et 100% fabriquées... au Japon ! Ainsi donc, cette prime devait subventionner les importations en provenance du Japon, exactement comme la précédente avait favorisé celles de Roumanie ou de Turquie. De l’art de «désespérer Aulnay» ...
Mais si les alliés nippons de PSA ne livrent plus, c’est, apparemment, parce que les ventes s’effondrent. Qu’en est-il vraiment? Et c’est là que nous apprenons que PSA a immatriculé... 150 Ion électriques sur les six premiers mois de l’année en France, et 390 C Zéro, soit à peine 0,04% du marché français de l’automobile sur la période ! Un fiasco. Pour mémoire, les objectifs de ventes fixés initialement étaient de 7.000 ventes en 2011 et 18.000 ventes pour 2012 en Europe et ce ne sont certainement pas les 150 voitures de plus que PSA avait vendues l’an passé à la même époque qui changent fondamentalement le problème.
Surtout que, lorsqu’on connait les Français et leur sens inné de la chasse à la prime, il est à peu près certain que les 150 voitures qui manquent attendaient tranquillement que la prime soit votée et mise en application. Le «retard» eut été rattrapé en peu de temps. Non, c’est un problème plus profond. Qui peut croire qu’une chaîne de montage pour 1000 voitures par an soit rentable ? Mitsubishi fait simplement les comptes et arrête les frais. (Ce qui, au passage, montre toute la confiance que le constructeur japonais a dans l’efficacité de la prime « Montebourg » ...) Un coup dur pour PSA qui n’a plus de petite voiture d’entrée de gamme à propulsion électrique à proposer!
2012 restera certainement dans l’histoire du groupe comme l’annus horribilis. Et elle n’est pas finie!
Nous apprenions, lundi dernier 6 Août 2012, que General Motors, désormais deuxième actionnaire de PSA avec 7% du capital, envisageait de déprécier dans son bilan la valeur de sa participation dans le groupe français. En soi, cela n’a pas de conséquence majeure. En soi. Par contre, sur le plan et du symbole et du message, bonjour la confiance en l’avenir ! Si GM décide de déprécier la valeur de son actif chez PSA, cela veut clairement dire qu’il ne s’attend pas à ce que celui-ci ne remonte de si tôt, donc, qu’il analyse la situation de PSA comme durablement difficile (et paf pour Super Montebourg dont la sagacité dans l’analyse de la situation de PSA semble prise en défaut...)
Cette alliance de PSA avec GM ressemble de plus en plus au baiser de Judas. Après avoir indisposé le partenaire technologique de PSA, Mitsubishi, qui, outre les voitures électriques a aussi apporté les 4X4, avec qui PSA a construit une usine en Russie, l’entrée de GM au capital est aussi à l’origine du désengagement de PSA d’Iran, avec les conséquences que l’on sait... Que GM a-t-elle apporté en échange ? Rien. Voici qu’aujourd’hui, dans la tempête, le partenaire américain lance un message négatif aux marchés... et n’apporte aucune solution au constructeur français. Mieux, alors qu’il n’en était pas question, que cela n’avait jamais été évoqué, le directeur financier de GM, Dan Ammann, se croit obligé d’ajouter auprès des analystes qu’il n’a pas l’intention d’investir d’argent frais dans PSA. À croire que l’objectif de cette entrée dans le capital de l’ex N°1 mondial n’est pas la coopération, mais l’affaiblissement de l’intérieur... histoire ensuite de prendre la maîtrise à moindre coût.
Si erreur stratégique il y a chez PSA, elle semble de plus en plus se situer à ce niveau. La prime «Montebourg» suffira-t-elle à aider PSA à se sortir de ce bourbier ?
Par Thibault Doidy de Kerguelen
La jolie prime à l’achat d’une voiture électrique que nous a concocté le gouvernement ! Tout pour l’électrique ! Rappelez-vous la manière fallacieuse dont la mesure vous a été présentée par la grande presse : il s’agissait de la réponse du gouvernement, et plus précisément de son ministre du « redressement productif » aux licenciements de PSA. Rappelez-vous, cette prime devait favoriser les voitures françaises car, nous disait on, la technologie française était avancée sur le sujet. Certes, nous avons déjà évoqué la Blue Car, conçue en Bretagne et dont les exemplaires qui circulent en « Autolib’ » à Paris arborent fièrement le Gwenn-a-du et le N°29 de leur département de naissance, mais qu’en est il de ce pauvre PSA que cette prime devait sauver ?
Et bien, au détour d’une information économique, voici ce que nous apprenons : un communiqué officiel de la société Mitsubishi, faisant réponse à une rumeur parue dans un journal économique japonais, déclare que le constructeur nippon «interrompt momentanément l’approvisionnement de PSA en voitures électriques, car PSA doit ajuster ses stocks». Ajuster ses stocks ? En bobolangue, ça veut dire «fiasco», ça, non ? Interrogée, une porte-parole du groupe nous sert un superbe coup de langue de bois:
«Le marché de l’électrique est difficile. Il y a un ralentissement des niveaux de ventes».Bon, voyons ça de près.
Tout d’abord, qu’est-ce que c’est que cette histoire de voitures électriques «livrées» par Mitsubishi ? C’est là que nous apprenons que les Peugeot Ion et Citroën C-Zéro, les voitures électriques «premier prix» de PSA, celles qui devaient séduire «Monsieur ou Madame Tout-le-monde» grâce à la super-prime du super-ministre du super-redressement productif ne sont en fait que des clones du Mitsubishi i-Miev, conçues et 100% fabriquées... au Japon ! Ainsi donc, cette prime devait subventionner les importations en provenance du Japon, exactement comme la précédente avait favorisé celles de Roumanie ou de Turquie. De l’art de «désespérer Aulnay» ...
Mais si les alliés nippons de PSA ne livrent plus, c’est, apparemment, parce que les ventes s’effondrent. Qu’en est-il vraiment? Et c’est là que nous apprenons que PSA a immatriculé... 150 Ion électriques sur les six premiers mois de l’année en France, et 390 C Zéro, soit à peine 0,04% du marché français de l’automobile sur la période ! Un fiasco. Pour mémoire, les objectifs de ventes fixés initialement étaient de 7.000 ventes en 2011 et 18.000 ventes pour 2012 en Europe et ce ne sont certainement pas les 150 voitures de plus que PSA avait vendues l’an passé à la même époque qui changent fondamentalement le problème.
Surtout que, lorsqu’on connait les Français et leur sens inné de la chasse à la prime, il est à peu près certain que les 150 voitures qui manquent attendaient tranquillement que la prime soit votée et mise en application. Le «retard» eut été rattrapé en peu de temps. Non, c’est un problème plus profond. Qui peut croire qu’une chaîne de montage pour 1000 voitures par an soit rentable ? Mitsubishi fait simplement les comptes et arrête les frais. (Ce qui, au passage, montre toute la confiance que le constructeur japonais a dans l’efficacité de la prime « Montebourg » ...) Un coup dur pour PSA qui n’a plus de petite voiture d’entrée de gamme à propulsion électrique à proposer!
2012 restera certainement dans l’histoire du groupe comme l’annus horribilis. Et elle n’est pas finie!
Nous apprenions, lundi dernier 6 Août 2012, que General Motors, désormais deuxième actionnaire de PSA avec 7% du capital, envisageait de déprécier dans son bilan la valeur de sa participation dans le groupe français. En soi, cela n’a pas de conséquence majeure. En soi. Par contre, sur le plan et du symbole et du message, bonjour la confiance en l’avenir ! Si GM décide de déprécier la valeur de son actif chez PSA, cela veut clairement dire qu’il ne s’attend pas à ce que celui-ci ne remonte de si tôt, donc, qu’il analyse la situation de PSA comme durablement difficile (et paf pour Super Montebourg dont la sagacité dans l’analyse de la situation de PSA semble prise en défaut...)
Cette alliance de PSA avec GM ressemble de plus en plus au baiser de Judas. Après avoir indisposé le partenaire technologique de PSA, Mitsubishi, qui, outre les voitures électriques a aussi apporté les 4X4, avec qui PSA a construit une usine en Russie, l’entrée de GM au capital est aussi à l’origine du désengagement de PSA d’Iran, avec les conséquences que l’on sait... Que GM a-t-elle apporté en échange ? Rien. Voici qu’aujourd’hui, dans la tempête, le partenaire américain lance un message négatif aux marchés... et n’apporte aucune solution au constructeur français. Mieux, alors qu’il n’en était pas question, que cela n’avait jamais été évoqué, le directeur financier de GM, Dan Ammann, se croit obligé d’ajouter auprès des analystes qu’il n’a pas l’intention d’investir d’argent frais dans PSA. À croire que l’objectif de cette entrée dans le capital de l’ex N°1 mondial n’est pas la coopération, mais l’affaiblissement de l’intérieur... histoire ensuite de prendre la maîtrise à moindre coût.
Si erreur stratégique il y a chez PSA, elle semble de plus en plus se situer à ce niveau. La prime «Montebourg» suffira-t-elle à aider PSA à se sortir de ce bourbier ?
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