L'atterrissage, raccourci élégant pour parler de la rude confrontation entre les promesses électorales présidentielles et la nécessité induite par la réalité de la situation de la France au sein de l'Europe et de la zone Euro.
La situation est délicate et l'ennui, c'est que, très rapidement, des décisions doivent être prises qui orienteront l'action dans un sens qui n'est sans doute pas celui des promesses avancées dans un cadre électoral franco-français. C'est d'autant plus ennuyeux que le cycle électoral n'est pas clos, les élections législatives approchant.
Le président nouvellement élu va-t-il réussir à entretenir encore certaines illusions, comme la remise en cause de la signature par la France du traité budgétaire ? Le reniement des promesses deviendra-t-il flagrant avant, pendant ou après les législatives ? La mise à l'épreuve de la crédibilité présidentielle commence avant même son entrée en fonctions.
Il sera difficile pour François Hollande d'obtenir des avancées de l'Allemagne sur le volet croissance sans des engagements fermes sur l'assouplissement du marché du travail en France en contrepartie. Or cet assouplissement est loin d'être dans son programme, qui ne prévoit au contraire que des contraintes supplémentaires pour les entreprises, et il peut d'autant moins s'engager sur des mesures précises sans l'aval des syndicats qu'il a mis le dialogue avec eux au coeur de son projet.
Problème supplémentaire, le calendrier : il devra prendre ses engagements rapidement s'il veut obtenir une avancée sur le volet croissance avant les législatives, alors que la grande conférence sociale censée tout mettre sur la table n'aura lieu qu'en juillet.
Les dépenses publiques seraient moindre si on n'avait pas, au nom de l'Europe et de la lutte contre l'inflation, délibérément sacrifié des pans entiers du privé qui ne dépendaient pas de l'Etat providence, mais qui n'étaient viable qu'en économie fermée (ce qui fait un redoutable effet de ciseau, moins de gens cotisant et plus de gens à assister).
Comme toujours, cherchez à qui la crise profite: l'économie souterraine, les paradis fiscaux.
Ceux-ci sont représentés à Bruxelles par des lobbyistes capables de freiner toute bonne décision de la commission.
Tant que l'objectif politique européen ne sera pas la réduction des inégalités (entre états, entre territoires, entre individus,...) c'est l'accroissement de la prédation qui seront la règle, malheur aux plus faibles !