jeudi 29 mars 2012

La descente aux enfers de la Grèce et de son économie

La Grèce plonge dans la recession , chaque année est pire que la précédente. Un nouveau recul du PIB est attendu en 2012 , les économistes tablent sur -7%, peut-être même pire. Les causes d’un pareil décrochage sont multiples, et leurs conséquences funestes se télescopent pour provoquer en Grèce la pire crise économique depuis l' occupation allemande.


Il y a tout d’abord l’effet des mesures dites d’austérité qui en réalité étranglent l’économie et provoquent l’effondrement de la demande interne. L’investissement en Grèce est au point mort et la fuite des capitaux hors du pays atteint des proportions astronomiques. Il y a ensuite le fait qu’une partie des entreprises, en particulier dans le secteur des services, est en train de basculer dans ce que l’on appelle « l’économie grise ». Ces deux phénomènes se conjuguent pour provoquer une chute des recettes fiscales qui sera supérieure à la chute du PIB. On a vu ce phénomène à l’œuvre en Russie dans les années 1993-1998. Il en résulte que le déficit budgétaire va rester important mais cette fois non pas par excès des dépenses mais par effondrement des recettes. Le gouvernement Grec va se retrouver avec les mêmes problèmes de financement qu’en 2011 très rapidement, sans doute dès l’été 2012.


Le poids de la dette en proportion du PIB va donc à nouveau augmenter à la fois à cause de la hausse du numérateur (le déficit public entraînant une hausse en volume de la dette) mais aussi à cause d’une baisse du dénominateur (le PIB). On peut ainsi s’attendre à ce que le ratio dette/PIB soit en fait compris entre 125% et 130% à la fin de 2012, et qu’il continue de monter rapidement en 2013 et 2014. En réalité, la Grèce n’a obtenu qu’un répit de quelques mois par l’échange des dettes détenues par le secteur privé.
La question de la contagion aux autres pays en difficulté de la zone Euro, le Portugal et l’Espagne en premier lieu, mais ensuite l’Italie, se pose.


La situation économique se détériore rapidement dans la péninsule Ibérique. L’économie espagnole continue de se contracter et le nombre des chômeurs s’y accroît de près de 100 000 par mois. Les évaluations les plus optimistes tablent sur une chute du PIB de -3,5% en 2012. Dans ces conditions, le gouvernement du conservateur Rajoy aura bien du mal à limiter le déficit du budget à -5,8% du PIB, soit très sérieusement au-dessus de ce à quoi l’Espagne s’est engagée devant les autorités de la zone Euro. La question de la consolidation des arriérés de paiement qui ont été faits par les gouvernements régionaux se pose aussi, et pourrait provoquer une forte augmentation du déficit budgétaire, sans doute à hauteur de 15% du PIB. La situation au Portugal n’est guère plus brillante, et l’on s’attend à la poursuite d’une dépression importante. Quant à l’Italie, si la dépression y est plus limitée, le phénomène semble s’accélérer depuis le début de 2012.


Pour faire face à ces différents problèmes, la Banque Centrale Européenne a décidé de procéder à une nouvelle injection de liquidités à très bas coût (1%) au début du mois de mars. Une somme de 500 milliards vient s’ajouter aux 489 milliards qu’elle avait déjà injectés dans l’économie à la fin du mois de décembre. Si ces liquidités viennent aider les banques privées, et vont leur permettre de surmonter la crise latente qu’elles connaissent depuis septembre 2011, elles n’aideront ni les États ni l’économie réelle. Les banques n’ont rien eu de plus pressé que de faire sortir cet argent hors de la zone euro pour l’investir soit aux Etats-Unis soit dans les pays émergents, au risque d’ailleurs de provoquer dans ces pays des « bulles » d’actifs, que ce soit sur les actifs financiers ou immobiliers.


Nous sommes donc confrontés à une politique faite d’expédients d’une durée de vie plus ou moins courte. Le réveil sera brutal.


rian.ru