La décision de la chancelière Angela Merkel d'aider le président Nicolas Sarkozy dans sa campagne pour sa réélection est sans précédent, comme la crise de la dette européenne.
Berlin est effrayé qu'un président socialiste à Paris puisse revenir sur sa stratégie visant à sauver l'euro. Mais l'aide de Mme Merkel présente des risques.
Ils avaient l'air un peu comme des jeunes mariés. Quand la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy marchèrent l'un vers l'autre dans la salle de conférence du bâtiment du Conseil européen à Bruxelles lundi dernier, les autres chefs d'Etat et de gouvernement s'écartèrent.
Les deux, cette fois, étaient à la recherche d'un soutien pour leur pacte fiscal, qui, avaient-ils martelé, pourrait contribuer à sauver l'Union européenne et sa monnaie commune.
Des que le pacte fut assuré du soutien nécessaire, Merkel était visiblement satisfaite - et elle n'a aucunement essayé de cacher son affinité pour Sarkozy. "Mes opinions politiques sont bien connus" a t elle tenu à préciser après le sommet.
Et puis vint une phrase, jusque-là inimaginable pour un chancelier allemand : "Nicolas Sarkozy m'a soutenu pendant ma campagne. De la même façon, je vais maintenant rembourser ce qu'il m'a donné."
Merkel a décidé ouvertement de faire campagne pour son partenaire à Paris. Pour Sarkozy, elle incarne la rupture avec la réserve traditionnelle que les chanceliers allemands ont observé depuis des décennies quand il s'agissait d'élections démocratiques en dehors des frontières allemandes. Quand Sarkozy fera ses discours, elle sera debout à côté de lui sur la scène - c'est, du moins, ce qui est prévu.
Sarkozy, pour sa part, prévoit de présenter sa partenaire d'outre-Rhin comme un brillant exemple. Le frein à l'endettement allemand, les réformes sociales allemandes, la productivité allemande - la France devrait tenter d'imiter tout cela. La semaine dernière, au cours d'une entrevue d'une heure à la télévision, Sarkozy a prononcé le mot "Allemagne" 15 fois ! Même les alliés proches de sarkozy estiment que la faiblesse de Sarkozy pour l'Allemagne est en train de tourner à l'obsession.
On pourrait interpréter le lien entre Merkel et Sarkozy comme un nouveau niveau dans l'amitié entre Berlin et Paris. Quel est le problème lorsque deux leaders fusionnent pour former une sorte de duo décisionel ?
Konrad Adenauer et Charles de Gaulle ont martelé le Traité de l'Elysée, également connu comme le "Traité d'amitié franco-allemande".
Helmut Kohl et François Mitterrand se tenaient la main sur les tombes de Verdun. Et "Merkozy" est en train de faire ce que les partisans d'une Europe unie ont longtemps rêvé : une politiques intérieure européennes sans frontières.
Cela est la version optimiste de la situation, un point de vue qu'à la fois Paris et Berlin ont cherché à faire passer dans l'opinion.
En vérité, cependant, Merkel et Sarkozy agissent en désespoir de cause . Le président semble désespérément courir derrière son challenger François Hollande dans les sondages. Le miracle de l'emploi allemand en France s'il venait à étre réélu en 2012, avec une telle promesse Sarkozy espère attirerer les électeurs à lui pour cinq ans de plus.
Angela pourquoi tu reponds pas ?
Merkel, pour sa part, est horrifié à l'idée que François Hollande soit Président . Le socialiste est favorable à des euro-obligations, et il s'est opposés à un amendement imposant un budget équilibré - le soi-disant "frein à l'endettement". Si la réélection de Nicolas Sarkozy échouait, alors la stratégie européenne de Merkel pourrait ne plus fonctionner, voila les craintes de la Chancellerie à Berlin.
En conséquence, une sorte de diplomatie secrète est en cours depuis des mois entre le siège de la CDU à Berlin et les bureaux de l'UMP à Paris.
Le lien décisif entre les deux parties est le ministre de l'Agriculture français Bruno Le Maire, un expert de l'Allemagne au sein du gouvernement français. Ces derniers mois, il a voyagé à Berlin deux fois pour des réunions avec la CDU et son Secrétaire général Grohe Hermann. Une fois, il s'est entretenu avec M. Peter Altmaier, le haut responsable politique de la CDU qui est l'un des conseillers les plus importants d'Angela Merkel.
Le président français veut apparaître comme un leader qui fait bouger les choses, comme un architecte des efforts pour sauver la monnaie commune européenne. Les Français doivent le voir comme un homme qui égale Merkel.
Mais comment atteindre ce but ? Tout récemment, l'agence de notation Standard & Poor retiré à la France son triple-A. Pire encore, d'un point de vue français, l'Allemagne a été autorisé à conserver sa notation supérieure. En outre, l'économie française souffre sérieusement, ce qui rend difficile pour Sarkozy de prétendre que la France est sur la même ligne que l'Allemagne.
Les Conseillers allemands et français se sont rapidement entendus, si les chiffres ne leur donnent pas raison, alors les images le feront.
Il ya quelques années, une telle alliance aurait été impensable. Au début la chancelière allemande était irritée par le président français nerveux, hyper-actif, et ayant tendance à "toucher trop" ceux avec qui il parlait .
Puis vint la crise euro, ce qui les a soudé ensemble. Et maintenant, ce lien est renforcé par la présence d'un ennemi commun sous la forme du socialiste François Hollande . Il se décrit comme un «homme de gauche pragmatique», mais son manifeste de campagne est si plein de promesses coûteuses que même les démocrates de centre-gauche en Allemagne ont des doutes à son sujet. Le SPD, auquel le candidat Hollande se réfère, a contribué à relever l'âge de la retraite allemande à 67 ans tandis que François Hollande pense même qu'attendre 62 ans est inacceptable.
La politique européenne de Hollande est à l'origine des préoccupations de Merkel. Jusqu'à présent, elle a surtout été en mesure de pousser sa vision d'une austérité européenne seulement parce qu'elle savait que Sarkozy était de son côté. Hollande, cependant, a déjà indiqué clairement qu'il va bouleverser le pacte fiscal, au coeur de la politique européenne de Merkel.
Hollande sait bien sûr ce que pense Merkel à son sujet. Le socialiste a visité le SPD en Allemagne en Décembre et a dit: ". Nous allons gagner ensemble" Merkel n'a pas été amusé du tout.
Mais françois Hollande est, lui aussi, choqué par la façon démonstrative qu'a Merkel de soutenir Sarkozy, le socialiste aurait souhaité entamer sa tournée électorale par une visite à la chancellerie de Berlin, mais les demandes de rendez vous des socialistes français ont été laissées sans réponses pendant des semaines.
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