mardi 28 février 2012
L'Allemagne embauche des controleurs fiscaux, destination...la Grèce
On se croierait dans la célèbre série "mission impossible". Votre mission si vous l'acceptez, est de mettre de l'ordre dans la fiscalité en Grèce... La péninsule hellénique qui selon les dernières estimations peinerait à "récolter" 60 milliards d'euros d'évasion fiscale par an.
Une fois de plus, l'Allemagne vient titiller la souveraineté d'Athènes et lui demander de mériter son plan de sauvetage.
Ils sont déjà 160 à s’être enrôlés pour mener une drôle de guerre. Ils sont fonctionnaires, ils sont allemands, et s’apprêtent à quitter leur pays, dès que l’ordre leur sera donné, pour une campagne qui doit les mener en Grèce. A l’assaut de la fraude fiscale.
L'UE et le FMI à la baguette
Le gouvernement allemand recrute en effet des petits soldats des finances publiques, pour venir en aide à un partenaire méditerranéen en pleine débâcle fiscale. Un bataillons d’experts censé conseiller les Grecs sur la marche à suivre afin de mieux récolter l’impôt. Et récupérer ces milliards qui font défaut.
Ces conscrits d’un nouveau genre seront placés sous le commandement d’un état-major bicéphale, le même qui commande aux destinées de la Grèce et la rudoie depuis plusieurs mois: la Commission européenne, et le FMI.
Les Etats fédéraux allemands (Landers) ont donc d’ores et déjà réuni une troupe de 160 volontaires, bilingues anglais (et une douzaine parlant grec). Un volontarisme qui n’est pas innocent, alors que le Parlement allemand vient de voter le nouveau plan de sauvetage à la Grèce pour un montant de 130 milliards d’euros. Et que l’Allemagne continue de penser que les Grecs ne méritent qu’à moitié la solidarité de l’eurozone.
Récupérer 60 milliards d'euros d'impayés
L’Allemagne n’aime pas les chèques en blanc, et insiste donc, une fois de plus, pour conditionner l’aide internationale à un droit de regard dans les affaires d’Athènes. Autrement dit, aller faire le ménage là où les Grecs ne le font pas. Déjà en janvier, Berlin avait proposé un "Commissaire au budget" chargé de remettre de l’ordre dans les comptes grecs, avec en prime un droit de veto sur les dépenses du premier ministre Papademos. Une offre refusée vertement par ces derniers, outrés d’une telle atteinte à leur souveraineté.
Nouvelle charge allemande, donc, pour combler ce "puits sans fond" qu’est devenue la Grèce, selon les mots du ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble. L’évasion fiscale couterait entre 5 et 6 milliards d’euros chaque année. Et l’UE et le FMI d’estimer à plus de 60 milliards d’euros le total des sommes dues à l’Etat grec par ses vilains citoyens. Soit près de 25% du PIB national. L’envoi de contrôleurs fiscaux allemands permettrait de revoir le système fiscal et le rendre plus efficace.
Sentiment anti-allemand exacerbé
"Les problèmes de la Grèce sont aujourd’hui encore pires que ceux de l’ancienne Allemagne de l’Est dans les années 90", ose Norbert Walter-Borjans, ministre des finances du Lander de Rhénanie du Nord – Westphalie (RNW), dans les colonnes du Wirtschaftswoche. A cette époque, les contrôleurs fiscaux d’Allemagne de l’Ouest furent dépêchés dans l’Est ex-communiste pour y améliorer la collecte de l’impôt. "Il y avait une certaine résistance parmi les Allemands de l’Est, mais rien comparé aux réserves des Grecs à l’encontre des Allemands aujourd’hui", a-t-il averti.
Nous n’avons pas besoin d’aide extérieure, nous avons besoin d’un meilleur système informatique et de davantage de coopération avec les autres services du gouvernement,"
confirme un officiel des impôts grec au Financial Time.
Pas sûr qu’Athènes apprécie en effet le largage de ces 160 redresseurs de torts fiscaux sur ses terres. Une initiative qui devrait attiser un peu plus le sentiment anti-allemand de plus en plus prégnant dans les esprits, et particulièrement tangible lors des manifestations en Grèce et, aujourd'hui encore lors du Carnaval de Patras.
Les petits soldats du fisc allemand pourraient ranger leurs calculettes et leurs espoirs de délocalisation au soleil avant même de les avoir dégainées.
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