mercredi 29 février 2012

La coalition anti Iran des États-Unis, d'Israël, et de l'Union européenne



Si la presse se permet de titrer «  Les forces américaines préparées pour l'affrontement contre l’ Iran » , c'est qu'il est plus que temps de réaliser que le bluff est révolu.


Non, nous y sommes, le point de non retour est presque atteint. Nous le savions, nous avons vu la catastrophe arriver mais nous sommes restés empêtrés dans nos soucis quotidiens, nos querelles de clocher, et plus encore fascinés par la pitoyable mascarade électorale que tous les médias sans exception nous servent à la louche. Pourtant que cette « comédie du pouvoir » soit hexagonale ou nord-américaine, peu nous chaut de savoir si ce sera Pierre, Paul ou Jacques qui sera élu ici ou là-bas puisque ces gens continueront à se jouer de nous, faisant sempiternellement la même politique au sein de formations claquées les une sur les autres tout en nous abreuvant et nous saoulant de leurs mensonges infernaux.


Selon le vice-amiral Mark Fox, commandant de la Ve flotte, celle-ci se trouve désormais « prête » à affronter « toute action hostile de la part Téhéran… [car] nous avons développé des armes très précises, létales et très efficaces ». En réplique soit à une attaque iranienne directe contre les forces navales américaines, soit à une tentative de fermeture du Détroit d’Ormuz par lequel transite 1/5e de la consommation mondiale de pétrole.


Lequel, en tant que détroit international, n’est soumis à aucune restriction ou condition de passage. Or depuis que le commandant en chef des armées iraniennes, le major général Ataollah Salehi, a sommé la marine américaine de tenir ses bâtiments de guerre à l’écart des eaux du Golfe persique, la tension est demeurée vive… d’autant que les américains prennent un malin plaisir (et plus) à défier leurs adversaires par des intrusion à répétition dans les eaux iraniennes. Toutes les conditions sont par conséquent réunies pour qu’un incident de frontières maritimes intervienne au moment opportun et embrase le dispositif ! Rappelons que les guerres se décident ou avortent pour des raisons parfois infimes. De la sorte, la « Drôle de guerre » en 1939 fut le résultat d’une offensive différée des mois durant. Resteraient à savoir quel serait l’intérêt de Téhéran – où la classe dirigeante n’est évidemment pas plus « folle à lie »r que partout ailleurs - à riposter ou à bloquer Ormuz sauf à y être poussé, le dos au mur, comme ultime moyen de rétorsion et en réponse à une agression caractérisée ?


Alors pourquoi spécialement le mois de mars ?
N’étant pas devin nous ne pouvons évidemment jurer de rien. Mais en mars, trois porte-avions américains et leurs escadres, l’USS Abraham Lincoln, l’USS Carl Vinson, l’USS Enterprise et pour la France, le Charles de Gaulle français, seront sur zone en compagnie d’un nombre non négligeables de navires britanniques, bientôt rejoints dans l’Océan Indien par un quatrième porte-aéronefs yankee. Notons que le vieil USS Enterprise, porte-avion nucléaire emblématique du « Projet américain » pour 2 le IIIe millénaire, en service depuis 1961 (et devant être démantelé en 2013) semble tout désigné, aux yeux des « conspirationnistes » invétérés pour servir de cible et d’appât aux velléités agressives des Pasdaran… Les Gardiens de la Révolution, unités d’élite ayant en charge dans le Golfe la sécurité de la zone maritime exclusive iranienne. À ce titre, certaines imaginations bouillonnantes entrevoient déjà pour l’Enterprise, cette doyenne d’âge (pour les anglo-saxons les navires ne sont pas des choses et possèdent le genre féminin !), une mort héroïque digne des Tours Jumelles de Manhattan… frappée par un missile tiré « sous faux drapeau », on ne sait d’où… À l’instar de l’attaque, pendant la guerre dite des Six jours, de l’USS Liberty en partie détruit, le 8 juin 1967, par l’aviation israélienne, dans le but d’impliquer les É-U dans la guerre… Tsahal ayant tenté de faire passer ses chasseurs pour des assaillants égyptiens !


Cependant chacun sait que les « conspirationnistes » sont un brin paranoïaques. Il n’empêche, tous les regards sont braqués sur la mare pour voir où le caillou va tomber, autrement dit tous les observateurs un tant soit peu avisés s’attendent à une provocation majeure convertible en casus belli mis sur le dos des Iraniens et ultérieurement susceptible d’en faire traîner les dirigeants – une fois la messe dite – devant un nouveau Nuremberg. Un Tribunal pénal international, celui des vainqueurs jugeant les vaincus : après tout M. Ahmadinejad ne s’est-il pas rendu coupable de Shoah par intention en déclarant que « l’histoire se chargerait de rayer Israël de la carte » ?


Mars, une rare conjonction d’événements majeurs
Fin mars, le Qatar wahhabite, « proactif » en Lybie, en Syrie et ailleurs, abandonnera la présidence de la Ligue arabe au profit de l’Irak dominé par une majorité chiite beaucoup moins bien disposée à l’égard des menées israélo-américaines dans la région. Or si Washington veut s’assurer - pour le moins - de la neutralité bienveillante de la Ligue, il lui faut pouvoir compter avec l’appui qatari. Le calendrier est là qui dicte sa loi !


En mars, le président va-t-en-guerre Nicolas Sarkozy sera toujours aux manettes, tout comme le Nobel de la paix Obama. Or même si en France le candidat socialiste est d’ores et déjà programmé pour « assurer la continuité du service publique » en matière de prestation de « service militaire » au profit de l’Empire bicéphale de la Cité et de Manhattan, il aura cependant été élu sur le slogan-programme « Le changement, c’est maintenant ». Ce qui devrait constituer, malgré tout, une sorte d’obstacle sémantique à l’engagement immédiat dans un conflit majeur ! Pour lequel il ne paraît pas en outre taillé à la bonne mesure : n’oublions pas qu’il n’est au demeurant que la « roue de secours » du Système… celui-ci ayant prévu un tout autre représentant en la personne de M. Strauss-Kahn, éminent porteur du « gène d’Abraham » ! Le précédent de la guerre libyenne montre cependant que l’opinion hexagonale apprécie comme par le passé les gloires militaires, le jeu fût-il truqué et les enjeux faisandés jusqu’à l’os !


Les élections présidentielles russes doivent également se tenir en Mars, le 4 exactement mais avec l’éventualité d’un second tour pour le favori, Vladimir Poutine, objet d’une vigoureuse et persistante campagne de diffamation. Une diabolisation rampante depuis déjà de nombreuses années qui a pris un tour plus brutal avec la tentative de décrédibilisation des dernières élections législatives russes de décembre 2011 qui donnaient une courte majorité aux partisans de « Russie Unie ». À partir de là, nous assistons ici à l’Ouest à une formidable campagne de discrédit de la Russie qui s’appuie notamment sur la dénonciation d’un supposé trucage électoral en décembre. De grandes voix se sont élevées, parmi lesquelles l’ancien président Gorbatchev, père de la Perestroïka et Prix Nobel de la Paix, ou celle de la Secrétaire d’État Clinton, laquelle jugeait que les élections n’avaient été « ni libres, ni équitables », tous exigeant que la partie soit rejoué et les « pseudos » élections refaites !



La Russie cible périphérique. La Syrie cible subsidiaire
Cependant si l’Occident soutient si fort la « contestation » en Russie, ce n’est pas uniquement par un louable souci de pureté démocratique, mais bien pour déstabiliser le pays, évincer Poutine et avec lui, tous les courants représentant une Russie indépendante, souveraine et patriotique. Réélu, Poutine devra, n’en doutons pas, continuer à faire face à des mouvements de contestation virulente dans la mesure où il ne changera pas de cap et continuera à soutenir contre vents et marées le régime laïque baasiste de Damas. Affaiblie par une opposition interne soutenue par la « Communauté internationale », il est à prévoir que la Russie ne pourra pas s’opposer plus que de raison – son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov l’a d’ailleurs clairement déclaré – à la coalition occidentalo-arabe acharnée à abattre en Syrie le régime alaouite (chiite) allié de l’Iran et cœur de cible.


D’ailleurs en ce qui concerne le cas syrien, malgré les livraisons d’armes russes, c’est un scénario du type Kossovo qui semble en train de se mettre en place. Afin de contourner le blocage du Conseil de sécurité et le double véto sino-russe, les États-Unis et leurs satellites pourraient décider seuls, hors de toute légalité internationale, une intervention aérienne massive comme au printemps 1999 contre la Fédération yougoslave. Le battage de la presse autour du bombardement ininterrompu de la ville de Homs et l’accumulation médiatique de morts (toujours imputée au seul camp gouvernemental), n’est à ce titre pas sans rappeler le montage fort bien orchestré du massacre de 45 albanais à Račak le 15 janvier 1999, lequel avait servi de prétexte à l’entrée dans la danse des bombardiers de l’Otan. Une chose est claire la volonté opiniâtre de faire tomber le régime de Damas est le corrélat ou le pendant obligé de la chute de la République islamique d’Iran, théocratie parlementaire mais également révolutionnaire en ce qu’elle est sociale et nationale, vices rédhibitoires aux yeux du Marché qui lui préfère un Islam mondialisé soluble dans la « World culture », autrement dit compatible avec la « Mcdonaldisation du monde » !


La dictature universelle du Dieu Dollar intrinsèquement lié à l’Or noir remise en cause
Il est d’autant plus urgent d’intervenir contre l’Iran que celui-ci, 4e exportateur mondial de pétrole et 3e détenteur de ressources gazières, a commis la folie de vouloir échapper à la loi d’airain du $ comme monnaie exclusive pour les transactions concernant les énergies fossiles. Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi s’étant risqués, chacun à son tour, à vouloir transgresser l’interdit, mal leur en a pris et l’on sait ce qu’il en advint ! Le DD n’étant plus une monnaie de réserve fiable, ce qui soutient le $ - et par voie de conséquence les É-U et son économie chancelante – sont presque exclusivement les échanges d’hydrocarbures libellés en Dollars dont la demande soutient ainsi, mécaniquement, la valeur.


Accessoirement, si le Détroit d’Ormuz se trouvait fermé, même sur une courte durée, les prix des produits pétroliers s’envoleraient… sachant que depuis 2011 les É-U sont devenus exportateurs nets de pétrole, une hausse spectaculaire du baril de brut ne pourrait que réjouir les producteurs du Texas, de l’Alaska et du Golfe du Mexique dont les coûts d’extraction et d’acheminement étaient jusqu’à présent quasi prohibitifs.


Accessoirement, l’Europe servile vient de déclarer un embargo sur ses importations pétrolière en provenance d’Iran. Ce qui est, à l’évidence, se tirer une balle dans le pied (20% des besoins énergétiques de l’UE étant couvert par le pétrole iranien), car les Européens se voient conduits à fermer davantage de raffineries, ce qui fait tache à l’heure actuelle… Un seul avantage : en cas de conflit, les Européistes prennent les devants en cherchant dès à présent d’autres sources d’approvisionnement. Le blocus contribue par ailleurs à accélérer les mutations en cours et le déclin du $, renforçant ainsi les raisons de lancer une nouvelle guerre : l’Iran se tournant maintenant vers l’Inde et la chine, la première payant ses achats en or, la seconde en Yuans .


Mais toutes les voies et moyens diplomatiques pour retarder l’échéancier d’une reconfiguration monétaire ayant échoué, gageons que les oligarchies régnantes ont définitivement choisi d’imposer leur hégémonie par la guerre. Laquelle commencera par le Golfe, avec peu de chance cependant qu’elle y reste confinée : le conflit s’étendra peut-être alors – à ce que Dieu ne plaise – au Continent eurasien tout entier, voire au reste du monde ! Signalons ici pour l’anecdote que les guerres modernes ne se « déclarent » plus, cette pratique étant passée de mode, aussi ne soyons pas surpris lorsque le bal s’ouvrira !


Tbilissi et Dehli : attentats précurseurs ou coups de semonce?
Les apprentis sorciers sont à l’œuvre et s’essaient à frapper l’imagination des peuples pour mieux les conditionner à l’inéluctabilité de la guerre à venir. Mais à qui profitent ces attentats ? Sûrement pas à l’Iran immédiatement accusé par Tel-Aviv. En ce qui concerne l’Inde, son intention d’acheter le brut iranien en or justifierait à elle seule un avertissement. Ce qu’en langage non diplomatique l’on nomme « un signal fort » ! Savoir maintenant si les Indiens, et tous ceux qui observent la scène internationale, en tiendront compte ou en tireront toutes les conséquences ? Cela est une autre paire de manches !


Quant à la Géorgie, tout indique qu’elle pourrait constituer une base arrière américaine pour une offensive aérienne contre l’Iran. Le 30 janvier dernier, le pitoyable président géorgien Mikheïl Saakachvili (lequel est parvenu à se maintenir malgré sa déconfiture dans le deuxième guerre d’Ossétie du Sud en août 2008), effectuait sa première visite officielle à Washington où il était reçu par Obama. On sait que Saakachvili, à défaut de pouvoir intégrer l’UE, cherche à rejoindre l’Otan, sa candidature devant être examinée attentivement au prochain sommet de l’Otan, lequel se tiendra à Chicago. Tbilissi est par ailleurs un excellent sujet de la classe atlantiste avec 1600 hommes d’armes - bientôt 1700 – géorgiens enrôlés sous la Bannière étoilée en Afghanistan (les forces de l’Otan y sont sous commandement américain), le plus gros contingent pour les pays non membres de l’Alliance atlantique. C’est dire !


Mais de sources presque sûres, l’on sait que les discussions Obama-Saakachvili auront essentiellement porté sur la participation de Tbilissi à une éventuelle campagne de frappes aériennes sur l’Iran. Pour ce faire, les É-U (sous des prétextes défensifs) ont réhabilité en Géorgie nombre d’infrastructures militaires : les anciens aérodromes militaires de Vaziani et Marnéouli ainsi que le port de Batoumi sur la Mer Noire. Il est certain qu’il est beaucoup plus expédiant de frapper le nord de l’Iran depuis le Caucase du sud que depuis les porte-avions patrouillant le Golfe persique !


Faut-il encore répéter que le programme nucléaire iranien comme prétexte au monstrueux déploiement de forces en cours en Mer d’Oman, n’est qu’un mensonge de plus et une vaste escroquerie intellectuelle… la question ne se posant même pas de savoir si oui ou non les Iraniens préparent, ou ne préparent pas, la fabrication d’un quelconque engin atomique. Car comme la bien noté l’ancien président Chirac « la bombe iranienne ne peut être et ne serait jamais qu’une arme psychologique, une arme de dissuasion dont l’usage serait a priori exclu. Si l’envie prenait l’Iran de vouloir s’en servir, il serait vitrifié dans les minutes qui suivraient ». Une arme de souveraineté et une garantie d’indépendance en quelque sorte dont on dénie à l’Iran de prétendre vouloir se doter… et cette interdiction ira jusqu’à la guerre dont nous voyons aujourd’hui les intenses préparatifs !


Une guerre de haute intensité sera une sortie de crise providentielle
Pour ne pas conclure, il va de soi que les guerres ne résolvent pas les crises économiques, mais qu’elles ajournent des décisions aussi impopulaires qu’impraticables comme en Grèce « à feu et à sang » (enfin presque). Parce que la faillite de la Grèce (les conditions requises pour le versement de 130 mds d’€ n’étant pas remplies à ce jour et que c’est en mars que ses obligations arrivent à échéance) paraît désormais inéluctable, et avec elle l’exacerbation des tensions au sein de la zone euro, la guerre sera certainement accueillie avec un indicible soulagement par le « Poliburo » bruxellois… de même qu’à Washington, loin du théâtre des opérations et des retombées de particules radioactives émises par les sites nucléaires iraniens dévastés, les Dr. Folamour, théoriciens de la « Domination mondiale », de la « Démocratie universelle », du « Choc des cultures » et de la « Fin de l’Histoire », se frottent déjà les mains et préparent leur apothéose !

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