Natacha Polony : « Attali et Whirlpool, "l'anecdote" qui dit tout »
La faute à qui ? Hum ? C'est bien beau de jouer les Madeleines, maintenant, avec ce choix qui nous est quasi imposé, mais c'est il y a 10 ans qu'il fallait y penser (et ne pas censurer l'UPR)...
Plus loin que cela, cette politique de mondialisation sauvage n'est pas viable, sauf pour les actionnaires, et ça on le sait depuis longtemps...
Alors pourquoi continuent-ils ? Je suppose que vous avez la réponse.
Alors avec Macron aux commandes....
Amicalement,
f.
CHRONIQUE - Le sort des ouvriers de Whirlpool a été qualifié «d'anecdote» par Jacques Attali. Tout un symbole pour celui qui inspire, depuis trente ans, les politiques économiques qui ont permis la puissance du Front national.
Une «anecdote». En prononçant ce mot, Jacques Attali n'avait pas conscience de sa portée symbolique. «C'est en effet une anecdote dans un contexte plus large, c'est une anecdote, non pas au sens péjoratif du mot, mais cela s'inscrit dans un contexte de la mondialisation ou de la fermeture», a-t-il affirmé, sur ce ton de prophète dont il a le secret pour faire taire le journaliste forcément ignorant. «Je ne voudrais pas que cette campagne se réduise à des anecdotes. La priorité pour moi, dans les dix jours qui viennent, c'est de voir les candidats avoir la chance de confronter leurs programmes.» Même en replaçant le mot dans son contexte, on perçoit la morgue de celui qui sait, et qui balaie d'un revers de la main les misérables objections. Une anecdote, comme d'autres diraient un point de détail.
L'équipe d'Emmanuel Macron a eu beau renier l'encombrant gourou, le mot a fait mouche, venant coiffer cet épisode de la campagne, comme un retour du refoulé pour ceux qui, sûrs de gagner, s'épargnent les précautions langagières. Une multinationale américaine, qui fait 20 milliards de chiffre d'affaires, augmente les dividendes de ses actionnaires de 10% et délocalise une usine en Pologne pour profiter de salariés sous-payés alors que les lave-linge qu'elle produit devront faire mille kilomètres pour revenir sur leur marché de destination, la France. Alors que Whirlpool sacrifie pour cela 286 salariés, plus soixante emplois chez un sous-traitant qu'elle avait fait installer là et des centaines d'intérimaires, Attali, sur un ton d'évidence désinvolte, dit tout haut ce que pensent tout bas ceux qui considèrent la situation comme normale. S'en émouvoir, n'est-ce pas être du côté «du repli et de la fermeture», donc du mal ? Car l'essentiel, ce n'est pas le réel, la détresse ou l'exploitation des malheureux, ici et là-bas ; l'essentiel, mais enfin réveillez-vous, c'est la lutte contre le mal.
Qu'importent les racines de ce mal. Qu'importe que les options politiques qu'Attali, Alain Minc, et d'autres, soufflent depuis trente ans à l'oreille des gouvernants aient nourri ce mal. En 2002 déjà, les commentateurs s'offusquaient de voir le score élevé de Jean-Marie Le Pen à Alençon. «On y voit pourtant peu d'immigrés», ironisaient-ils. Quelques mois avant, l'usine Moulinex avait fermé. Mais les problématiques industrielles intéressent peu les commentateurs. L'industrie passée en quinze ans de 20 à 12 % du PIB, voilà qui ne leur fait ni chaud ni froid. Quelques investissements, un soupçon de formation, une montée en gamme et le problème est réglé. Les moins qualifiés pourront toujours se recycler dans des emplois de service sous-payés. Ils y auront certes perdu des savoir-faire, une identité professionnelle, tout ce qui les constitue, mais, comme le dit Attali : «Nous n'avons pas besoin de racines, nous ne sommes pas des radis.»
L'étrange défaite à laquelle nous assistons, celle qui voit la France se dévitaliser et ses énergies les plus belles s'épuiser face à l'absurdité d'un système qui érige en loi universelle la guerre de tous contre tous, pour peu qu'elle soit économique, n'était pourtant pas inéluctable. Le cumul des scores de Mélenchon, Dupont-Aignan, Lassalle, Asselineau et Cheminade démontre qu'une large part de nos concitoyens recherche une alternative à ce système économique qui ne soit pas assombrie par la nature et le passé du FN. Même Fillon posa - sur la géopolitique et l'indépendance de la France face à l'impérialisme économique américain - des questions qui fâchent. Soudain, le FN n'avait plus le monopole de l'alternative. Panique à bord ! Heureusement, ce second tour rétablit l'ordre des choses. On peut proclamer la main sur le cœur qu'on fera rempart de son corps et de son âme. La destruction de nos filières industrielles et agricoles peut retourner dans les limbes, ce n'est qu'une «anecdote». Seul compte le combat de l'ouverture contre la fermeture, celui du bien contre le mal.
Certains s'interrogent pourtant. Comment accepter l'obligation qui leur est faite de choisir entre le FN et ce qui rend possible le FN ? Contradiction logique. Après «réduire la fracture sociale», «travailler plus pour gagner plus» et «mon ennemi, c'est la finance», soit vingt-deux ans de promesses foulées au pied, comment croire que cinq ans de plus de ce système, désormais incarné par un génie, ne renforceront pas un FN contre lequel on prétend «faire barrage» ? Il n'y a donc rien d'étonnant, ni même de scandaleux, à ce que, se sentant piégés, des citoyens hésitent. Ils regardent, consternés, Laurence Parisot prête à accepter Matignon, ils écoutent les appels des grandes consciences plébiscitant le mondialisme et le multiculturalisme décomplexés, puisque c'est pour lutter contre le fascisme. Tout un programme. Ils se disent que ce pays est à reconstruire et que la France va devoir attendre encore cinq ans. Une anecdote.
Source(s) : Le Figaro.fr via Contributeur anonyme
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