La blockchain s'invite sur le marché des dérivés de crédit
+ VIDEO. L’américain DTCC va lancer un modèle coopératif pour son registre recensant les opérations sur les CDS.
Mais son accès sera réservé aux acteurs de ce marché à 11.000 milliards de dollars.
C'est le sujet qui agite depuis plusieurs mois le monde des infrastructures de marché et, au-delà, de la finance. Comment la technologie de la « blockchain » va-t-elle venir bouleverser les usages, en rendant le traitement des opérations sur titres plus efficace et moins coûteux ? Et pour cela, comment adapter un système reposant sur la coopération entre une multitude d'acteurs et permettant d'enregistrer de façon sécurisée les échanges sur une monnaie virtuelle - le bitcoin - à d'autres domaines ?
Une première réponse va être apportée par un consortium regroupant deux start-up - R3 et Axoni -, IBM, les grandes banques, une chambre de compensation ou le fournisseur de données IHS Markit, et mené par DTCC. Cette institution incontournable de Wall Street exerce à la fois des missions de chambre de compensation - pour sécuriser les échanges - mais également de dépositaire central. En clair, elle tient un grand registre qui garde la trace de toutes les transactions portant sur un instrument financier donné.
Une tâche fastidieuse
Dans cette tâche, c'est elle qui recense 80 % des opérations réalisées - pour un montant total de 11.000 milliards de dollars - sur les « crédit default swaps » (CDS). Il s'agit de produits dérivés, dont l'objectif initial est de protéger un investisseur contre le risque de non-paiement d'une obligation qu'il détient. Ils sont très utilisés par les marchés, souvent à des fins spéculatives.
Le problème, c'est que les CDS reposent sur des contrats de gré à gré, conclus entre deux banques. Chaque contrepartie conserve les informations, liées notamment aux montants et aux échéances de paiement, dans son propre système. Le rôle de DTCC est de regrouper ces informations, de vérifier qu'elles sont identiques pour les deux contreparties, et d'avertir ces dernières lorsque des paiements doivent être effectués. Une tâche fastidieuse, qui peut être optimisée par un mécanisme inspiré de la « blockchain ». Les banques vont enregistrer sur le même système les éléments des contrats de leur CDS. Le processus va garantir la cohérence des données entre les acteurs, et sécuriser les paiements en temps et en heure.
Pas question, toutefois, de conserver la forme ouverte et transparente de la « blockchain » originelle. « Les contraintes liés à l'activité spécifique et la réglementation des banques fait que l'accès à cette nouvelle plate-forme est réservée aux acteurs de ce marché, explique Didier Rondel, chez Equinox Cognizant. Et, grâce à la cryptologie employée par le système, la confidentialité des données de transaction reste assurée puisque celles-ci sont uniquement visibles par les contreparties concernées. »
Vidéo : Comment la blockchain veut révolutionner les transactions numériques
Test grandeur nature
Le lancement de ce nouveau système, qui devrait avoir lieu début 2018, sera observé de près. Après un premier essai, l'an dernier, sur les seuls CDS américains, sa plus large ouverture fera office de test grandeur nature pour cette technologie. Si elle réussit, DTCC pourrait l'appliquer directement à d'autres types d'opérations postmarché, comme le règlement-livraison des titres par exemple. Il devrait également être observé par d'autres infrastructures de marché, qui planchent actuellement sur des dérivés de la « blockchain ».
Pour ces dernières, le sujet est crucial. Le risque est grand que, dans cette volonté d'optimiser et de réduire les coûts de transaction, elles soient remplacées par de nouveaux acteurs, utilisant des technologies avancées. En prenant l'initiative sur cette transformation de leur activité, elles comptent continuer à jouer un rôle central.
Guillaume Benoit, Les Echos
Source(s) : Les Echos.fr via Contributeur anonyme
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