lundi 6 juin 2016

Le hollandisme vire de plus en plus contre-révolutionnaire

Le hollandisme vire de plus en plus contre-révolutionnaire




Quand le Parti Socialiste vire thatchérien

Il y a trois ans et demi, l'intellectuel affirmait qu'après un début conventionnel, Hollande « devra opérer le tournant radical rendu inévitable par l'approfondissement de la crise ». Si Todd a bien anticipé le fait que les mesures prises en début de quinquennat allaient aggraver la crise, en revanche, il s'est lourdement trompé sur les conséquences politiques. Il disait alors qu'il y avait « deux conditions pour que la présidence socialiste ne soit pas un désastre : sortir de l'euro et déclarer que des secteurs d'avenir technologiques (…) doivent être protégés ». Trois ans et demi après, l'existence de la monnaie unique européenne semble être moins en danger qu'alors, la Grèce de Syriza ayant fait le choix de la soumission austéritaire et antisociale plutôt que de se libérer du joug de ses créanciers inhumains.

Et concernant les secteurs d'avenir technologiques, nous avons assisté à une véritable bérézina : Alstom a été racheté et dépecé par General Electric, Alcatel par Nokia, Lafarge par Holcim… Les Chinois font leur marché en France : PSA, Club Med et plus récemment Accor. Et, comme on pouvait l'anticiper, placé face aux conséquences désastreuses de ses politiques, Hollande n'a pas tourné casaque, comme l'espérait Todd à l'automne 2012. Bien au contraire, il va plus loin encore dans cette logique. D'où le choix de laisser-faire le dépeçage de notre industrie et la mise en place d'un contre-choc social, où il arrive à dépasser la droite par la droite en accordant 50 milliards aux entreprises et en déconstruisant le droit du travail. Nous arrivons à un point où il pourrait même tenir bon face à la contestation.


Non seulement le hollandisme ne s'est pas révélé révolutionnaire, ni même timidement socialiste. Mais Il pourrait au contraire marquer le passage de la France à une période contre-révolutionnaire, une sorte de moment thatchérien où un parti dit socialiste détruit le code du travail malgré les contestations et les grèves.

Nouvelle semaine tendue entre mouvements sociaux et ouverture de l’Euro de football

Nouvelle semaine tendue entre mouvements sociaux et ouverture de l'Euro de football

Une nouvelle semaine tendue s'annonce, mais même si je comprends la lassitude de mes compatriotes, je tiens à leur rappeler que ce n'est surtout pas le moment de lâcher prise, car c'est justement là-dessus que compte le gouvernement pour imposer le diktat de Bruxelles

Une grève des cheminots qui dure, un nouvel appel à la grève dans l'énergie, et un préavis des pilotes d'Air France : alors que l'Euro de football démarre vendredi, la semaine s'annonce encore périlleuse sur le front social pour le gouvernement.

Coincé entre l'opposition au projet de loi travail et des revendications plus catégorielles, l'exécutif a multiplié les gages, au cas par cas, mais refuse de plier sur le texte de la ministre du travail, Myriam El Khomri. Le premier ministre, Manuel Valls, a appelé à la « solidarité » avec les Français, du fait des intempéries, tandis que le président François Hollande, évoquant l'Euro 2016, a estimé dimanche que « personne ne comprendrait que les trains ou les avions (…) puissent empêcher le bon déroulement, non pas de la compétition elle n'a rien à craindre , mais le bon déroulement du déplacement des spectateurs ».

En face, l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL appelle à « renforcer la mobilisation » avec, en ligne de mire, la manifestation nationale du 14 juin à Paris.

Trafic toujours perturbé à la SNCF

La grève lancée mercredi à la SNCF a encore fortement perturbé le trafic ferroviaire ce week-end, et a été reconduite jusqu'à lundi, jour de l'ultime table ronde consacrée au nouvel accord sur l'organisation du temps de travail à la SNCF.

Pour la CGT et SUD-Rail, l'accord d'entreprise qui doit être proposé lundi n'est « pas au niveau » pour préserver les dispositions actuelles pour les cheminots. Les deux organisations réclament aussi la réouverture des négociations au niveau de la branche pour obtenir une première convention collective commune à toutes les entreprises du rail (fret/voyageurs, privé/public) plus ambitieuse que celle soumise à signature jusqu'au 8 juin.

A ces revendications s'ajoute leur opposition à la loi travail. Décidée à obtenir le retrait d'un texte porteur de « régressions sociales », l'intersyndicale appelle à poursuivre la mobilisation cette semaine « dans les secteurs professionnels et sur tout le territoire ».

Lire le reportage :   Grève à la SNCF : « Je ne vais pas m'asseoir sur mes conditions de travail pour 2,5 millions de footeux »

Le trafic ferroviaire sera donc encore perturbé lundi, mais s'améliorera légèrement, avec en moyenne six TGV sur dix, et la même proportion de TER, selon les prévisions de la SNCF. Les Intercités rouleront au rythme d'un train sur trois (aucune circulation la nuit) et les Transiliens, touchés à la fois par le mouvement social et les crues, d'un sur deux.

Si un trafic normal est annoncé sur le RER A, toutes les autres lignes sont impactées par la grève et/ou les crues : un train sur trois annoncé sur le RER B (pour sa portion au nord de Gare du Nord), un sur quatre sur le RER C, dont la circulation est interrompue dans Paris intra-muros par la crue de la Seine.

A l'international, le trafic sera quasi normal. Les Eurostar, comme les Alleo (Allemagne), circuleront normalement. Mais les trains Thalys, Lyria (Suisse), Ellipsos (Espagne) et SVI seront touchés dans des proportions allant d'un train sur quatre (SVI) à trois sur quatre (Thalys, Lyria).

Lire :   Grève SNCF : les raisons de la mobilisation

Pétrole, énergie, déchets, aviation, RATP : les mouvements « s'étendent »

Pour l'intersyndicale, c'est le gouvernement qui est « responsable de la situation de blocage », « par son silence et son mépris ». Et, avec la perspective de la manifestation nationale le 14 juin à Paris, à laquelle plusieurs organisations de taxis appellent aussi à participer, les mouvements « s'étendent », affirme-t-elle.

  • Ils ont gagné le secteur des déchets, avec le blocage depuis lundi du plus gros centre de traitement et incinérateur d'Ile-de-France, celui d'Ivry-Paris 13, et d'autres actions en régions.
  • Côté pétrole, si l'approvisionnement des stations-service en carburant s'est amélioré, plusieurs raffineries restent à l'arrêt. Total a annoncé vendredi vouloir lancer le redémarrage à Grandpuits (Seine-et-Marne) et Donges (Loire-Atlantique) après des votes de salariés, mais le processus prendra quelques jours.
  • Quant au secteur de l'énergie, ses salariés sont appelés à une nouvelle journée de grève et d'« intervention sur l'outil de travail » jeudi. La semaine dernière, leur action s'était traduite notamment par une coupure d'électricité géante dans la région de Saint-Nazaire.
  • Enfin, dans les transports parisiens, SUD devrait rejoindre vendredi la grève illimitée à la RATP lancée par la CGT jeudi dernier. Un mouvement qui pour l'instant ne perturbe que légèrement le tronçon sud du RER B.
  • Malgré le déminage par le gouvernement d'un conflit des contrôleurs aériens, tous les syndicats de pilotes d'Air France appellent à la grève du 11 au 14 juin inclus pour défendre l'emploi et protester contre une modification de règles de rémunération. Des négociations avec la direction débutent lundi.

Lire aussi :   Un compromis est-il possible entre la CGT et le gouvernement ?

Lassitude de l'opinion publique

L'opinion publique semble toutefois être gagnée par une certaine lassitude : selon un sondage BVA pour i-Télé et Orange publié dimanche, 54 % de Français désapprouvent désormais la poursuite des grèves et manifestations contre la loi travail.

Interrogés sur leur perception du mouvement social, 45 % des Français l'approuvent, alors que le projet de loi est examiné par le Sénat, après son adoption à l'Assemblée via le recours à l'article 49-3. Il y a trois semaines, la même enquête avait donné un résultat exactement inverse, avec 54 % des Français approuvant les grèves et manifestations, contre 45 %.

Les sympathisants des partis à la gauche du PS approuvent à une écrasante majorité (94 %) le mouvement social, ceux d'Europe Ecologie-Les Verts aussi (55 %). En revanche, ceux du PS ne sont que 36 % à l'approuver. A droite, les sympathisants du FN approuvent aussi majoritairement la fronde (52 %), alors que globalement, sept sympathisants de droite sur dix sont contre.


Rappel : Analyse détaillée du projet de loi EL KHOMRI / MACRON 2 par Gérard Filoche

 

Source : Le Monde.fr

Informations complémentaires :

 
Des passagers, Gare de Lyon, le 2 juin à Paris. CHARLES PLATIAU / REUTERS 

 

Bruxelles et l’Eurogroupe mettent fin aux dissonances sur la France

Bruxelles et l'Eurogroupe mettent fin aux dissonances sur la France

“Bonne nouvelle” 🙁

Source : Le Nouvel Obs, AFP, 03-06-2016

Le commissaire européen Pierre Moscovici à Sendai au Japon, le 20 mai 2016 ((c) Afp)

Le commissaire européen Pierre Moscovici à Sendai au Japon, le 20 mai 2016 ((c) Afp)

Paris (AFP) – La Commission européenne et l’Eurogroupe ont mis fin vendredi à leurs dissonances sur la France de ces derniers jours en rappelant fermement à Paris son objectif de ramener son déficit inférieur sous la barre de 3% en 2017.

“Nous serons vigilants, nous serons exigeants et il n’y a pas d’autre alternative que d’être en-dessous de 3% en 2017”, a affirmé le commissaire européen Pierre Moscovici sur LCP, après l’appel du président néerlandais de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à plus de fermeté à l’égard de Paris.

L’Eurogroupe est la réunion des ministres des Finances des États membres de la zone euro.

Dans ses propos, le commissaire européen n’a pas voulu laisser transparaître le moindre signe d’un traitement spécial pour la France à un an des présidentielles et après les nouvelles dépenses annoncées par le gouvernement ces dernières semaines.

“Si ces dépenses sont faites, il faudra que l’équilibre soit respecté et que l’on passe en-dessous de 3% en 2017”, a martelé M. Moscovici. “Il faut que cet équilibre soit sérieux, que les choses ne soient pas optiques. La France a pris des engagements. Elle doit les tenir”, a-t-il insisté.

“Il faut que ce soit vraiment sous 3% en 2017, vraiment”, a-t-il encore répété, en réaction aux déclarations dans le Figaro de M. Dijsselbloem, qui s’était ému des récentes déclarations du président de la Commission, Jean-Claude Junckersur la France.

Dans un entretien à la chaîne Public Sénat cette semaine, ce dernier avait expliqué qu’il ne cessait de donner des dérogations à la France en matière budgétaire “parce que c’est la France” et “qu’on ne peut pas appliquer le pacte de stabilité de façon aveugle”.

Une déclaration qui n’est pas du tout du goût de M. Dijsselbloem: “Une chose est sûre: si la Commission n’affiche de fermeté qu’avec les petits pays, l’effet sera dévastateur pour la confiance entre les capitales de l’euro”, a plaidé le ministre des Finances néerlandais et chef de file de l’Eurogroupe.

“Si la Commission ferme les yeux sur l’un, elle sera obligée de le faire pour d’autres et au bout du compte, c’est toute l’union monétaire qui sombre dans l’aveuglement”, a-t-il insisté.

Selon lui, “la Commission devrait se soucier davantage de sa crédibilité. Lorsque vous apprenez que son président dit que la perspective est différente dans le cas de la France (…) c’est bien sûr dommageable”.

“Comment voulez-vous redynamiser l’union monétaire, après le vote britannique par exemple, si vous traitez ainsi les règles existantes? Personnellement, je trouve que c’est très inquiétant. Nous avons besoin de clarté”, a-t-il encore exigé.

Le pacte de stabilité, renforcé suite à la crise de la dette, impose aux pays européens des plafonds de dette et de déficit public, sous peine de sanctions.

Mais la France, malgré ses promesses, n’a pas réussi à ramener sous 3% du PIB son déficit public et a obtenu plusieurs délais de grâce, le dernier en date jusqu’à 2017.

L’Espagne et le Portugal ont échappé récemment à des sanctions, Bruxelles ayant reporté de quelques mois sa décision sur le sujet, notamment en raison d’une échéance électorale en Espagne.

Source : Le Nouvel Obs, AFP, 03-06-2016

Le dollar plonge au moment où le monde prend le risque d’esquiver ses responsabilités, par Ambrose Evans-Pritchard

Le dollar plonge au moment où le monde prend le risque d'esquiver ses responsabilités, par Ambrose Evans-Pritchard

Source : The Telegraph, le 03/05/2016

Les marchés parient que Janet Yellen, la présidente de la Fed, ne durcira pas sa position. Ils pourraient avoir tort | CREDIT: JACQUELYN MARTIN/AP PHOTO

Les marchés parient que Janet Yellen, la présidente de la Fed, ne durcira pas sa position. Ils pourraient avoir tort | CREDIT: JACQUELYN MARTIN/AP PHOTO

Par Ambrose Evans-Pritchard | 3 mai 2016

Le dollar américain a plongé à son niveau le plus bas depuis 16 mois, lors de la dernière en date des manœuvres chaotiques qui affectent le système financier mondial, resserrant ainsi l’étau monétaire sur la zone euro et le Japon au moment où ils se débattent pour sortir du piège de la déflation induit par la dette.

L’indice du dollar, surveillé de près, est passé sous la barre des 92 pour la première fois depuis janvier 2015, catapultant l’or à 1300 dollars l’once en début de séance et provoquant de fortes chutes dans les Bourses d’Asie et d’Europe.

Les dernières données en date de la Commission à terme des marchandises des É-U montrent que les spéculateurs sont passés à une position de vendeur à la baisse pour le dollar.

Cette attitude montre que les esprits ont changé profondément depuis la fin de l’année dernière quand les investisseurs pariaient tous azimuts que la Réserve fédérale des États-Unis réfléchissait à une série de hausses des taux, qui attirerait un afflux de capitaux dans les actifs en dollars.

Les marchés ont maintenant, pour une bonne part, exclu une augmentation des taux en juin et n’estiment qu’à 68% la probabilité d’une hausse cette année.

La baisse du dollar a été une planche de salut pour les emprunteurs étrangers qui ont 11 000 milliards de dollars (soit 7500 milliards de livres sterling) de dette en devise américaine, et cela concerne surtout des sociétés de Chine, du Brésil, de Russie, d’Afrique du sud et de Turquie qui se sont repues des liquidités américaines à bas prix quand le robinet de la Fed était ouvert, et qui se sont trouvées ensuite piégées par d’abominables restrictions quand la Fed a refermé le robinet et que le dollar s’est envolé en 2014 et 2015.

L'indice du dollar plonge alors que les marchés mettent la Fed au pied du mur | CREDIT: STOCKCHARTS.COM

L’indice du dollar plonge alors que les marchés mettent la Fed au pied du mur | CREDIT: STOCKCHARTS.COM

Cette baisse accroît cependant les difficultés pour la zone euro et le Japon au moment où leurs devises montent en flèche. Le monde risque, en effet, gros dans ce jeu d’esquive des responsabilités avec des pays surendettés qui essaient, par tous les moyens, d’exporter leurs problèmes déflationnistes chez les autres en faisant baisser légèrement les taux de change.

Le yen japonais s’est apprécié à 105.6, son niveau le plus élevé depuis septembre 2014, ce qui a consterné les exportateurs qui comptaient sur une moyenne de 117.5 cette année. Les décisions chaotiques des dernières semaines ont mis à mal la stratégie de reprise du Japon. Des analystes de Nomura ont affirmé qu’Abenomics était maintenant « mort dans l’œuf ».

La zone euro aussi est en danger, même si, dans le premier trimestre, elle a vu avec plaisir sa croissance augmenter légèrement. L’euro a touché, en début de journée, la barre des 1.16 face au dollar. Il a grimpé de 7% en données corrigées des échanges commerciaux depuis que la Banque centrale européenne a lancé son assouplissement quantitatif dans un effort déguisé pour faire baisser le taux de change.

L'indice en données corrigées de l'euro continue à monter depuis que, sous les yeux horrifiés des dirigeants de l'EU, l'assouplissement quantitatif a commencé | CREDIT: ECB

L’indice en données corrigées de l’euro continue à monter depuis que, sous les yeux horrifiés des dirigeants de l’EU, l’assouplissement quantitatif a commencé | CREDIT: ECB

Les prix ont chuté de 0.2% en avril et la déflation s’installe plus profondément dans l’économie de la zone euro, dépourvue de filets de protection contre un choc extérieur. La Commission européenne a, cette semaine, réduit fortement ses prévisions d’inflation à 0.2% pour cette année, alors qu’en novembre dernier seulement on prévoyait encore 1.0%.

Il n’y a pas grand-chose que la Banque du Japon ou la BCE puissent faire pour arrêter cette appréciation malvenue. L’administration Obama a averti ces pays, au sommet du G20, en février, que toute nouvelle utilisation de taux d’intérêt négatifs serait considérée par Washington comme une dévaluation déguisée et ne serait pas tolérée.

« Ces banques centrales ont atteint les limites de ce qu’elles peuvent accomplir avec la politique monétaire pour influencer le taux de change de leur monnaie, et cette attitude fait actuellement courir des risques à toute leur économie, » a déclaré Hans Redeker, le directeur du département des devises chez Morgan Stanley.

L’Europe et le Japon opèrent dans « une trappe à liquidité » keynésienne. Nous approchons d’un point critique comparable à celui de 2012 où on a failli assister au dégagement du marché des actifs. Cependant, nous n’y sommes pas encore, » a-t-il précisé.

Les spéculateurs parient maintenant que le dollar va baisser, ce qui reflète un spectaculaire changement d'état d'esprit | CREDIT: ANZ RESEARCH

Les spéculateurs parient maintenant que le dollar va baisser, ce qui reflète un spectaculaire changement d’état d’esprit | CREDIT: ANZ RESEARCH

Stephen Jen de chez SLJ Macro Partners, a affirmé que la Fed menait une « politique du dollar faible », en réagissant aux événements mondiaux d’une façon radicalement nouvelle. « Ils forcent les économies plus faibles à apprécier leur monnaie. C’est irrationnel, » a-t-il souligné.

Il se pourrait cependant que cela ne dure pas très longtemps si l’économie américaine repart à la hausse lors du second trimestre, après une période de légère dépression. « Je doute cependant que cela ne marque, pour le dollar, la fin d’une compétition qui dure depuis de nombreuses années, » a-t-il dit.

Selon Neil Mellor, de chez BNY Bellon, la hausse de l’euro va finir par se corriger toute seule puisque la zone euro ne va pas pouvoir supporter encore longtemps les difficultés qu’elle engendre, et quand ça deviendra une évidence il commencera de nouveau à baisser.

M. Mellor a affirmé que les données des flux des dépôts ont indiqué, ces dernières huit semaines, une envolée des sorties de capital effectuées par des « investisseurs en argent réel » hors de la zone euro. Ce mouvement a concerné surtout l’Espagne et le Portugal où les politiques menées inquiètent.

Ces éléments suggèrent que les flux spéculatifs à court terme font, en ce moment, monter l’euro. La banque BNY ayant 29 000 milliards d’actifs en dépôt — le plus important du monde —, elle a donc une excellente connaissance des actifs cachés.

Les flux des investissements cachés montrent que les capitaux sont en train de quitter la zone euro, même si les spéculateurs enchérissent sur l'euro | CREDIT: BNY MELLON

Les flux des investissements cachés montrent que les capitaux sont en train de quitter la zone euro, même si les spéculateurs enchérissent sur l’euro | CREDIT: BNY MELLON

Le destin du dollar dépend maintenant de la Fed. Les marchés parient que Janet Yellen, sa présidente, va continuer à retenir le feu, mais cela pourrait être une erreur de jugement.

Eric Rosengren, le directeur de la succursale de la Fed à Boston, une colombe de longue date, a averti deux fois ces derniers jours que les marchés sous-estimaient le rythme des hausses des taux d’intérêt cette année. Ces avertissements ont trouvé un écho dans les paroles prononcées à Londres, vendredi, par Robert Kaplan, le directeur de la succursale de la Fed à Dallas.

Si la Fed est en repli en mars, c’est surtout en raison du resserrement des conditions financières, ce qui vaut trois hausses de taux, selon Lael Brainard, son gouverneur. Cette situation s’est cependant renversée depuis : la panique à propos de la Chine s’est calmée, le marché des matières premières a repris et un dollar plus faible est, en soi, un stimulant pour les États-Unis.

Le professeur Tim Duy du Conseil de surveillance de la Fed a déclaré que cette institution mourait d’envie de se remettre à faire des plans avec des hausses de taux de trois quarts de point, de préférence dès juin, septembre et décembre, en sachant que tout retard supplémentaire pourrait la laisser à la traîne.

« Attention ! Si les données changent, on regardera de très près ce qui se passera en juin. Je ne serais pas surpris de voir des colombes se défaire de leurs plumes pour nous montrer les faucons qu’elles abritent, » a-t-il déclaré.

Si le professeur Duy a raison, sans doute le dollar va-t-il remonter de plus belle et de nombreux spéculateurs et fonds spéculatifs pourraient bien se trouver piégés, du mauvais côté de certains gros paris sur les devises, les obligations et les actions, et cela dans le monde entier. »

Source : The Telegraph, le 03/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

La vérité sur le général qui façonnera probablement l’avenir de la Libye

La vérité sur le général qui façonnera probablement l'avenir de la Libye

Source : AL Monitor, le 09/05/2016

L’étoile du général Khalifa Hifter semble s’élever à nouveau en Libye, et ce n’est qu’une question de temps avant que nous le voyions devenir une figure dans un pays qui n’en a pas mais en désire désespérément une.

Le général Khalifa Hifter parle durant une conférence de presse à Abyar, à l'est de Benghazi, le 31 mai 2014. (photo by REUTERS/Esam Omran Al-Fetori)

Le général Khalifa Hifter parle durant une conférence de presse à Abyar, à l’est de Benghazi, le 31 mai 2014. (photo by REUTERS/Esam Omran Al-Fetori)

Ses ennemis à Misrata et Tripoli ont toujours remis en questions ses motivations et intentions, mais il reste à voir s’il sera un dirigeant rassembleur dans un pays divisé ou un politicien clivant poussant la Libye vers encore plus de divisions.

Durant le mois de mars, Hifter a quasiment complètement libéré Benghazi et commencé à déplacer ses troupes pour reprendre Syrte dans l’ouest de la Libye, où l’Etat islamique (EI) a pris le contrôle depuis plus de deux ans. Les troupes de Hifter ont encerclé la ville, attendant ses ordres pour attaquer l’EI, qui a mené des combats dans l’ouest et le sud-ouest de la ville, prenant plus de territoires et de petits villages tels qu’Abou Grain et Zamzim.

Le but déclaré de Hifter est de libérer la Libye des islamistes, mais sa prochaine action reste incertaine une fois qu’il aura pris Syrte. La prochaine grande ville sur le chemin de Tripoli est Misrata, qui a la plus puissante milice de Libye. Misrata est déjà un ennemi de Hifter, ce qui signifie que l’attaquer déclenchera dans le pays une guerre plus longue et dévastatrice.

Alors, qui est cet homme qui a été sur et en dehors de la scène politique durant les 40 dernières années, changeant de positions selon le changement de sa fortune, de loyal à Mouammar Kadhafi à prisonnier de guerre puis ennemi juré de Khadafi et – plus récemment comme chef de l’état-major de l’armée libyenne sous le gouvernement reconnu internationalement de Tobrouk ?

Né dans un important clan de la plus grande encore tribu d’al-Firjan, prédominante à la fois à Ajdabiya et Syrte, Hifter a été recruté comme jeune officier par le défunt Kadhafi pour rejoindre le mouvement des officiers libres inspiré par le dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser. Le mouvement était secrètement financé par Kadhafi dans les années 60 et utilisé pour renverser le roi Idris I de Libye en 1969 et prendre le pouvoir.

Hifter a atteint le grade de colonel en 1986 et est devenu le commandant des troupes terrestres libyennes dans la guerre civile tchadienne. Il a été capturé en 1987 lorsque sa base a été envahie par les forces tchadiennes, et a été emmené au Tchad. Kadhafi, niant avoir des troupes au Tchad, a désavoué Hifter et l’a abandonné, ainsi que 300 hommes de ses troupes, aux mains des autorités tchadiennes. Sous la pression de l’Occident, et particulièrement de la France, qui soutenait les factions d’opposition tchadiennes, Kadhafi n’a jamais admis qu’il avait de quelconques troupes au Tchad.

Les États-Unis, qui avait déjà essayé à plusieurs reprises de chasser Kadhafi du pouvoir – notamment en bombardant sa résidence en avril 1986 après l’avoir accusé de soutenir le terrorisme – sont venus au secours de Hifter avec l’espoir d’obtenir son aide contre Kadhafi.

En échange de la libération des prisons tchadiennes, il a été demandé à Hifter de rejoindre le groupe d’opposition nouvellement formé, le Front de salut national libyen, qui bénéficiait du soutien militaire et financier américain. Hifter, déjà en colère d’avoir été laissé sans espoir dans les prisons tchadiennes, a rejoint le front et a été amené aux États-Unis par la CIA avec les troupes désirant le rejoindre.

Hifter vivait confortablement en Virginie, assez près du siège de la CIA, du début des années 1990 à 2011. Il est apparemment même devenu citoyen américain, mais n’a jamais oublié sa rancune contre Kadhafi.

Ses relations avec la CIA ne sont pas claires. Beaucoup d’aspects de sa vie en banlieue de Washington sont difficile à expliquer – par exemple, comment subvenait-il à ses besoins et à ceux de sa famille. On suppose qu’il est devenu un homme de la CIA contre Kadhafi. Il a maintenu des liens avec les groupes d’opposition libyens en exil et l’opposition militarisée à Kadhafi à l’étranger, mais sans succès jusqu’à la révolte contre Kadhafi qui a éclaté en 2011.

Sentant que le moment était venu de régler ses comptes avec Kadhafi, Hifter est revenu dans l’Est de la Libye en mars 2011 et a joué un rôle de direction des rebelles dans la lutte contre le régime, sous la couverture aérienne de l’OTAN.

Après que le régime a été renversé, Hifter est tombé dans l’oubli à nouveau, et n’a refait surface qu’en octobre 2012 pour un temps bref lorsque le nouveau gouvernement a décidé d’envahir Bani Walid, une ville au Sud-Ouest de Tripoli accusée d’accueillir les anciens représentants du régime. Il n’y a aucune information sur sa participation aux combats actuels.

Hifter a encore disparu en février 2014, puis est soudainement apparu à la télévision, en faisant une déclaration s’apparentant à une annonce de chef militaire prenant le pouvoir. Dans l’annonce, il a lancé une “Opération dignité” contre les milices islamistes à Benghazi ; toutefois, personne n’a pris Hifter au sérieux à ce moment-là étant donné qu’il n’avait ni rôle militaire officiel ni de milice ralliée à sa personne pour combattre. Il s’est avéré qu’il était encore en train de préparer ses forces militaires.

Hifter disparut de nouveau du devant de la scène, passant les mois suivants à se déplacer entre al-Marj et Benghazi en essayant d’organiser d’anciens officiers militaires dans une unité de combat, en comptant sur les anciennes allégeances parmi les vestiges de l’armée libyenne et de ses connections tribales. Il s’est arrangé pour cultiver un soutien politique à l’intérieur du gouvernement basé à Tobrouk et reconnu à l’intérieur du pays, qui l’a nommé chef d’état-major de son armée naissante en mars 2015.

Après avoir gagné une légitimité politique et militaire, Hifter s’est concentré sur le combat des islamistes à Benghazi, toutefois avec peu de succès. Son plus grand ennemi juré était Ansar al-Sharia, le groupe terroriste le plus important de Benghazi à ce moment-là, que les États-Unis avaient déjà déclaré comme organisation terroriste après qu’il a été accusé de tuer l’ambassadeur américain en 2012.

Hifter comptait énormément sur ses connections tribales dans l’Est de la Libye et capitalisait sur la situation d’insécurité à Benghazi. En mai 2015, il croyait avoir assez de force pour déclarer la guerre au terrorisme à travers la Libye, et pas juste à Benghazi, où des centaines d’anciens agents de sécurité, d’officiers de l’armée et de militants civils et politiques ont été assassinés. Dans un sens il se défendait lui-même sachant qu’il pouvait être le prochain sur la liste.

Son offensive à Benghazi est restée bloquée pour un temps, les fragments d’armée qu’il s’est débrouillé à réorganiser étant peu nombreux et manquant d’entraînement et d’équipement. Par-dessus tout, beaucoup d’anciens officiers professionnels ne l’avaient pas rejoint car ni ses motivations ni ses objectifs n’étaient clairs.

Toutefois, cela changea fin 2015 et au début de cette année. En mars 2016, Hifter a établi un contact avec un groupe d’anciens officiers professionnels et de politiciens exilés en Égypte. Al-Monitor a appris que deux anciens politiciens haut placés du régime lui ont rendu visite et sont tombés d’accord pour lui fournir davantage d’anciens officiers de l’armée avec un certain savoir-faire, notamment une connaissance des mines et des techniciens d’entretien pour les avions militaires.

L’accord comprenait le retour sans condition de tout ancien officiel ou officier de l’armée souhaitant revenir en Libye sans être poursuivi ou menacé. Au moins un ancien politicien de haut rang a déjà été accueilli en Libye. Tyeb al-Safi, un ancien ministre et proche adjoint de Kadhafi, est retourné dans l’Est de la Libye sous la protection de sa propre tribu.

Alors que les intentions militaires définitives de Hifter sont inconnues après Syrte, ses intentions politiques sont également peu claires. Il s’est à plusieurs reprises distancé des politiques, mais sa popularité croissante, surtout dans l’Est de la Libye, pourraient bien se développer en un phénomène d’ampleur nationale le poussant à adopter un rôle politique ou même à se présenter comme Président aux prochaines élections. Dans l’Est de la Libye aujourd’hui, Hifter est le chef de facto alors qu’il essaie d’étendre son leadership vers l’Ouest. Les forces qui lui sont ralliées contrôlent déjà des parties de l’Ouest et du Sud de la Libye.

Une chose, cependant, est certaine : Hifter est là pour rester, et il jouera un rôle dans le façonnage de la scène politique libyenne, à l’intérieur du gouvernement d’accord national ou dans les coulisses.

Source : AL Monitor, le 09/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.