Le régime syrien en passe de reconquérir Alep
On ne discute pas avec les terroristes.
INFOGRAPHIE - Les rebelles, qui ont dû quitter leur bastion de la vieille ville, sont désormais confinés dans le Sud, dans 3 ou 4 quartiers. Assad refuse tout cessez-le-feu.
Appuyée par des combattants iraniens, du Hezbollah libanais et des miliciens chiites irakiens, l'armée syrienne a repris mercredi le contrôle de la vieille ville d'Alep, tenue jusque-là par les rebelles anti-Assad. Depuis le début de leur offensive, lancée le 15 novembre avec un appui aérien russe, les loyalistes ont reconquis plus des trois quarts des quartiers est d'Alep, bastions des opposants syriens. La chute d'Alep-Est pourrait n'être qu'une question de jours. Les fiefs des insurgés tombent les uns après les autres. Pour la seule journée de mardi, cinq de ces enclaves ont été abandonnés par les rebelles, dont celle d'al-Chaar, ce qui a permis au régime de couper Alep-Est.«C'est le quartier résidentiel le plus important au cœur d'Alep-Est», relève l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres. Selon son directeur, Rami Abdelrahman, «les rebelles sont maintenant acculés dans la partie sud d'Alep-Est, le régime peut accentuer sa guerre d'usure» contre ses opposants, à peine dix mille hommes en armes, dominés par des islamistes.
Mercredi, certains d'entre eux ont appelé à un cessez-le-feu immédiat de cinq jours pour permettre l'évacuation des civils vers une autre région aux mains des insurgés, dans le nord de la Syrie. Mais quelques heures auparavant, le gouvernement syrien avait rejeté une telle demande «tant que les organisations terroristes n'auront pas évacué le secteur». Le président syrien, Bachar el-Assad, a affirmé ce mercredi soir qu'une victoire des forces gouvernementales à Alep représenterait une «étape énorme» en vue de la fin de ce conflit qui dure depuis 2011, même si elle «ne signifie pas la fin de la guerre en Syrie». Au moins 15 personnes, dont un enfant, ont été tuées mardi à Alep-Est.
80.000 civils ont fui
À l'Ouest, tenu par le gouvernement, trois enfants ont également péri ainsi que huit adultes, atteints par des tirs rebelles. De son côté, un colonel russe a succombé à ses blessures, quelques jours après un bombardement des insurgés. L'avancée des pro-Assad, dont l'objectif était de reprendre Alep-Est d'ici à l'intronisation de Donald Trump, le 20 janvier, semble aller plus vite que prévu. «Il n'y a pas que l'intensité des frappes pour l'expliquer», relève un expert qui s'interroge sur l'absence de bataille dans la vieille ville où les anti-Assad n'ont pas utilisé un vaste réseau de tunnels pour résister. Selon une source progouvernementale, une centaine de rebelles ou de proches de ces derniers se seraient rendus aux autorités.
Faute de pouvoir les évacuer de leurs dépôts avant l'avancée des loyalistes, les rebelles manqueraient d'armes lourdes. «Que peuvent-ils faire, confinés dans trois ou quatre quartiers?, s'interroge l'expert. Ni les Syriens, ni les Russes ne veulent les laisser partir.» Quant aux civils, 80.000 ont fui Alep-Est depuis le 15 novembre. Combien sont-ils encore prisonniers des violences? Un peu plus de 100.000, si on ajoute aux familles des combattants qui tiennent probablement à demeurer auprès des leurs tous ceux qui sont restés coincés entre les pressions des rebelles les plus extrémistes qui les empêcheraient de fuir et les représailles gouvernementales à leur sortie d'Alep-Est.
Impuissants, les pays occidentaux cherchent à convaincre les rebelles de quitter la ville pour éviter un bain de sang. «Les Américains nous ont demandé si nous voulions partir ou rester, nous leur avons dit que c'est notre ville et que nous la défendrions», affirmait mardi à l'agence Reuters Zakaria Malhifji, un responsable du groupe Fastakim, membre de l'Armée syrienne libre, basée en Turquie. Mais d'autres, en privé, reconnaissent qu'ils n'auront probablement pas d'autre choix. Les revers qu'ils ont subis sont aussi la conséquence des divisions entre groupes rebelles, écrit le correspondant du journal qatarien al-Qods al-Arabi à Alep. «Les groupes ont oublié l'obligation religieuse de s'unir entre eux», explique le journal prorebelle, qui cite un responsable, Abdul Razzak al-Mahdi, se lamentant: «On aurait dû se regrouper en une seule faction comme un mini-État.»
Source : Le Figaro.fr
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