Victoire de Fillon, impasse pour la France
Il est bien évident que je ne me suis pas déplacé hier pour voter. Non seulement, je ne goûte guère ces manières importées des Etats-Unis, mais en plus, le spectacle donné par les sept candidats était affligeant de conformisme ultralibéral et de superficialité pseudo communiquante. Dimanche prochain, le nouveau chouchou du moment, Fillon semble bien parti pour devenir le candidat de 2017.
Impasse ultralibérale et communiquante à tous les étages
Le vainqueur d'hier, le nouveau chouchou des sondages, des médias et des élites, François Fillon, l'incarne bien. Bien sûr, on peut porter à son crédit une certaine cohérence austéritaire depuis dix ans, au moment même où tout le monde ou presque (BCE et commission européenne inclus) finit par admettre que c'est une erreur. Mais, entre 2012 et 2017, il a viré bien plus libéral pour ne pas être dépassé par François Hollande… Et évoquer comme il le fait Philippe Séguin ou son vote de 1992 contre Maastricht pour tenter de séduire l'électorat souverainiste est une immense fraude, lui qui a soutenu la trahison démocratique du vote du traité de Lisbonne et qui défend aujourd'hui la politique qui mène au Munich social si brillamment et justement dénoncé par celui qui était alors son mentor en politique.
Alain Juppé fait penser à Edouard Balladur, lui qui a géré avec une prudence maladive et la fausseté confondante de son sourire et de sa bonhommie permanents son avance qui s'est effondrée dans la dernière ligne droite. Il n'est pas sûr que s'afficher comme le plus modéré de la bande soit le pari gagnant, à un moment où tout le monde sent bien qu'il faut un vrai changement. Il devrait être balayé dans six jours, n'ayant aucune réserve de voix pour le second tour. Nicolas Sarkozy reste l'homme contre qui j'ai eu la motivation de reprendre la politique et de créer un blog il y a près de 10 ans, m'opposant à lui en 2007 et votant blanc au second tour de 2012. Terminer troisième de la primaire va lui imposer la retraite qu'il n'avait pas voulu respecter après 2012. C'est bien mérité.
Bruno Le Maire a échoué en prenant des postures totalement incrédibles pour tenter de se différencier par la forme, sachant que le fond des candidats est extrêmement proche. NKM s'est distinguée sur la forme en allant plus loin que tous les autres dans les délires ultralibéraux, proposant une « flat tax » ultra-inégalitaire. L'échec de Copé est aussi réjouissant que le personnage est antipathique. Jean-Frédéric Poisson pouvait apparaître comme le plus acceptable dans les sphères souverainistes par ses critiques de l'UE. Mais, outre un discours sociétal avec lequel je suis largement en désaccord, le détail des débats, du premier au dernier, montre qu'il cède largement au vent ultralibéral, que son discours sur l'Europe est bien timide, et il a ajouté un soutien choquant aux excès du communautarisme Corse.
En un sens, le ras-de-marée filloniste exprime le rejet du duel annoncé des médias. L'élimination de Sarkozy et le dégonflement brutal de la bulle hors sol de Juppé sont réjouissants. Malheureusement, le programme économique de François Fillon est un contre-sens absolu. Loin de redresser le pays, il ne ferait qu'accentuer et prolonger les erreurs du quinquennat de François Hollande. Malheureusement encore, cela peut être le produit d'une époque où les idées ultralibérales gagnent, pour le moment, dans notre pays. Il faut noter que cette victoire représente sans doute un mieux pour le PS par rapport à Juppé, puisque le programme très droitier de Fillon pourrait donner plus d'espace aux socialistes, surtout si Bayrou n'y va pas, donnant alors une meilleure configuration que même avec Sarkozy.
Je ne parvenais déjà pas à trouver le moindre des septs candidats suffisamment marginalement moins pire que les autres pour me pousser à apporter mon scrutin hier. La victoire très probable de François Fillon ne laisse rien augurer de bon car son programme va souvent dans le sens contraire de celui que je pense le bon pour la France. Il n'y a vraiment rien de bon à attendre des dits Républicains.
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