Pourquoi Fillon ?
Même si sa remontée était évidente, au point où tout le monde avait bien intégré que nous étions passés d'un duel à un combat à trois, le score de François Fillon, plus du double de Nicolas Sarkozy, plus de 15 points devant l'ancien favori, a surpris tout le monde. Mais quelles sont les raisons qui ont permis à l'ancien Premier ministre de s'imposer à ce point lors du premier tour ?
Positionnement, forme et fond
Si j'étais loin d'avoir anticipé le score de François Fillon, ni vu toutes les raisons qui pouvaient l'expliquer, il y a un point que j'avais vu la semaine dernière, c'est le fait que la campagne l'avait placé au centre de gravité de son parti. En effet, Alain Juppé se positionne comme le plus modéré du lot, y voyant l'équation gagnante face à Nicolas Sarkozy, et ce dernier pensait l'emporter par la droite en s'inspirant même parfois de Donald Trump. Mais en visant les ailes, les deux favoris de la majeure partie de la campagne ont oublié le cœur du parti, qui s'est largement tourné vers l'ancien Premier ministre. Pas sûr que l'argument de la modération soit l'argument gagnant pour Juppé en vue du second tour…
Fillon a aussi gagné sur la forme. Face au mercurial et sans gène Sarkozy, le seul des trois à avoir couper la file pour voter dimanche, son ancien collaborateur est poli, pondéré, tout en ayant la gravité qui sied à la fonction. Fillon a sans doute aussi gagné face à Juppé sur la forme : ce dernier use et abuse des conseils de communiquants. Depuis un an, pour casser son image austère, il apparaît toujours souriant : mais cela sonne tellement faux que, non sans une certaine ironie, c'est l'austère Fillon qui l'a battu. Et aujourd'hui il ne recule devant aucune outrance pour attaquer son rival, évoquant le pape, lançant une mauvais polémique sur l'avortement ou tentant de le disqualifier en l'associant à Sarkozy. Mais cela ressemble aux manœuvres désespérées de Balladur en 95. Juppé devient l'agité…
Enfin, on peut, malheureusement, penser que Fillon a aussi gagné sur l'idée, où, il faut le reconnaître, il a montré une relative constance. La métamorphose de Juppé, passé de chef de la casse sociale en 1995 au grand modéré est-elle véritablement crédible ? En outre, même si tout le monde s'accorde pour dire que Fillon va plus loin que lui, l'inspiration est la même et les programmes ne sont pas si éloignés. En outre, son plus grand conservatisme sociétal plaît sans doute à des citoyens fatigués de l'appel bien trop unilatéral des élites politico-médiatiques aux changements relativistes pseudo-modernistes. En résumé, en comparaison, Juppé semble bien être être un Hollande de droite…
Pour tout cela, Fillon devrait largement l'emporter dimanche, un Juppé assez détestable se plaçant lui-même du mauvais côté du débat. Mais cela n'enlève rien au fait que je m'opposerai à celui qui se voit comme un Thatcher français, et qui renforcerait bien de nos problèmes économiques au lieu de les résoudre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire