dimanche 11 septembre 2016

[2002] 11/09/01 : Les ascenseurs, une catastrophe au sein de la catastrophe

[2002] 11/09/01 : Les ascenseurs, une catastrophe au sein de la catastrophe

11/09/2001, 8h46…

Source : USA Today, le 04/09/2002

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Les ascenseurs du World Trade Center

Le World Trade Center disposait d’un des plus importants systèmes d’ascenseurs au monde — il en comptait 198 parmi les ascenseurs les plus grands et les plus rapides jamais construits. Le matin du 11 septembre, cette merveille technologique s’est retournée contre les personnes qui travaillaient là. USA TODAY estime qu’au moins 200 personnes ont péri dans les ascenseurs du World Trade Center, l’accident d’ascenseur le plus meurtrier de l’histoire. Certains sont morts dans la chute provoquée par la rupture de câbles détruits lorsque les avions détournés se sont écrasés dans les bâtiments. D’autres sont morts brulés vifs par des jets de flamme au travers des puits. Et d’autres qui étaient piégés à l’intérieur d’ascenseurs bloqués sont morts lors de l’effondrement des bâtiments.

Le chef de bataillon Joseph Pfeifer travaille à un poste de contrôle dans le hall d'accueil de la tour nord, sur cette photo du documentaire de CBS sur le 11 septembre. Les ascenseurs de l'arrière n'avaient pas été vérifiés. CBS

Le chef de bataillon Joseph Pfeifer travaille à un poste de contrôle dans le hall d’accueil de la tour nord, sur cette photo du documentaire de CBS sur le 11 septembre. Les ascenseurs de l’arrière n’avaient pas été vérifiés. CBS

Le système d’ascenseur a constitué une exception tragique à une évacuation par ailleurs réussie puisqu’elle a abouti à la survie de 99% des personnes qui travaillaient en-dessous des étages percutés par les avions.

USA TODAY a identifié 21 personnes piégées derrière des portes d’ascenseur verrouillées et qui ont dû lutter pour en sortir. Environ 80 autres personnes qui étaient dans les ascenseurs au moment de l’impact ont survécu parce que les portes étaient ouvertes à ce moment-là ou se sont ouvertes automatiquement sans l’intervention des occupants.

USA TODAY n’a pas pu trouver un seul cas dans lequel le personnel d’intervention d’urgence a réussi à secourir des personnes coincées dans des ascenseurs, bien que certains pompiers soient morts en essayant.

Une mauvaise communication entre les équipes d’urgence a provoqué la non prise en charge des ascenseurs, même après que des occupants piégés ont utilisé l’intercom pour signaler leurs localisations, parfois à quelques mètres des pompiers. La plupart des occupants n’ont pas pu se sauver eux-mêmes : les systèmes de sécurité, conçus pour empêcher les gens de chuter à travers les puits, les ont piégés dans les ascenseurs au moment où ceux-ci ont dysfonctionné.

Et quand le second avion a frappé la tour sud à 09:03, 16 minutes et demi après l’attaque sur la tour nord, les mécaniciens en charge des ascenseurs du World Trade Center ont décidé de quitter les bâtiments. Ils étaient censés revenir plus tard pour aider les pompiers mais ne l’ont jamais fait.

D’une certaine manière, les ascenseurs ont joué un rôle héroïque ce matin-là. Ils ont aidé des milliers de personnes à évacuer la tour sud avant l’impact du deuxième avion. Mais les puits d’ascenseur sont aussi devenus le vecteur de propagation de la catastrophe, semant la mort et la destruction à travers les tours.

Les puits d’ascenseur se sont comportés comme des cheminées, canalisant une fumée irrespirable vers les étages situés au-dessus des impacts. Les puits ont aussi conduit le kérosène enflammé au sein des deux tours. Le feu s’est déplacé non seulement verticalement mais aussi horizontalement, de puits en puits, provoquant des explosions dans les halls d’ascenseurs et dans les sanitaires situés à côté des puits.

USA TODAY a fait tout ce qu’il pouvait au cours des six derniers mois pour établir ce qui est arrivé aux ascenseurs du World Trade Center. Des reporters ont interrogé plus de 50 personnes qui étaient dans les ascenseurs au moment de l’impact des avions ou quelques instants avant.

Le résultat est le premier regard en profondeur sur une partie importante mais négligée de la catastrophe du World Trade Center.

USA TODAY a trouvé :

  • Les systèmes de sécurité nouvellement installés ont condamné à la mort de nombreuses personnes.

Afin de se conformer aux normes du bâtiment, le World Trade Center a été doté de verrous depuis 1996 qui rendent impossible pour les passagers de forcer l’ouverture des portes des cabines d’ascenseurs. Ces verrous, appelés “limiteurs de porte”, ont été ajoutés sur environ la moitié des 198 ascenseurs des tours jumelles. On ne sait pas si quelqu’un a pu s’échapper d’un ascenseur verrouillé par un limiteur de porte. Le World Trade Center a suivi une approche approuvée de longue date concernant les sauvetages dans les ascenseurs : laisser les individus à l’intérieur des cabines jusqu’à ce que les professionnels puissent effectuer des sauvetages. Les ascenseurs avaient trois mécanismes, notamment les limiteurs, conçus pour empêcher que les individus tombent accidentellement dans les puits d’ascenseurs. Un nombre non-communiqué de personnes étaient toujours piégées lorsque les immeubles se sont effondrés.

  • Peu d’ascenseurs ont fonctionné correctement car la plupart, même ceux situés aux bas étages, ont arrêté leur fonctionnement au moment de l’impact des avions.

Au cours d’un incendie, un ascenseur est programmé pour revenir à son étage le plus bas et maintient ses portes ouvertes. Or, durant le 11 septembre, beaucoup d’ascenseurs situés bien en-deçà des zones d’impact ne l’ont pas fait, bien qu’ils aient continué à être alimentés en électricité. La raison de cet échec n’est pas claire. Certains sont revenus à leurs étages les plus bas mais les portes ne se sont pas ouvertes. Ceci a rendu difficile pour les pompiers de savoir si les ascenseurs étaient revenus aux premiers étages ou étaient bloqués quelque part plus haut. Les portes de presque 50 ascenseurs du hall d’entrée nord étaient bloquées.

  • On n’avait pas systématiquement vérifié s’il restait des personnes piégées dans les ascenseurs.

Les pompiers n’ont pas pu inspecter les ascenseurs aux portes fermées, même ceux situés les plus proches du poste de commandement dans la tour du hall d’entrée nord. Huit passagers se sont échappés tout seuls de ces ascenseurs ; un homme l’a fait seulement cinq minutes avant l’effondrement de l’immeuble.

  • Les mécaniciens en charge de réparer les ascenseurs ont quitté les immeubles.

Huit mécaniciens préposés aux ascenseurs étaient en service ce matin dans les tours. Ils étaient à seulement quelques pas des personnes qui nécessitaient une assistance. Cependant, les mécaniciens, qui craignaient pour leur propre sûreté, se sont enfui de leur propre initiative lorsque la tour sud fut impactée à 09:03. Un responsable de l’Autorité du Port de New York et du New Jersey, lequel était propriétaire du World Trade Center, a appelé par radio les mécaniciens environ 45 minutes plus tard pour dire que les pompiers avaient besoin de leur aide. La tour sud s’est effondrée au moment où deux contrôleurs étaient sur le chemin du retour.

Les ascenseurs révolutionnaires

Les ascenseurs sont la forme la plus sûre de déplacement mécanisé lorsque qu’on la mesure par rapport aux voyages effectués : Seulement une douzaine de passagers meurent dans 200 milliards de voyages effectués chaque année dans les 600 000 ascenseurs des États-Unis. La plupart des décès sont causés par la chute dans les puits.

En dépit des craintes communes, il n’est arrivé qu’une seule fois qu’un ascenseur contenant un passager sectionne tous ses câbles et tombe au sol, selon Elevator World. Cela est arrivé en 1945 quand un ascenseur est tombé de 78 étages après le crash d’un avion militaire sur l’Empire State Building. La femme à l’intérieur était vivante.

Avant le 11 septembre, le World Trade Center n’avait jamais eu de cas mortel en ascenseur, même si chaque ascenseur express pouvait effectuer 95 000 km par an. Bien qu’âgé de 30 ans, le système est resté une attraction touristique dans le monde entier pour les gens impliqués dans l’industrie des ascenseurs. Les publications commerciales n’ont jamais écrit avec un tel romantisme sur les ascenseurs du Sears Tower pourtant plus hauts à Chicago ou dans d’autres gratte-ciel.

Le système d’ascenseurs du World Trade Center avait une conception révolutionnaire qui a permis de construire des tours de 110 étages. Les ascenseurs étaient grands et rapides et utilisaient beaucoup moins d’espace au sol que les modèles précédents. Le système d’ascenseurs a été le premier à obliger les gens à en prendre deux pour atteindre la plupart des étages supérieurs.

Les passagers prenaient les ascenseurs express non-stop du rez-de-chaussée jusqu’aux halls d’ascenseurs aux 44ème et 78ème étages. Là, ils  traversaient un couloir pour les plus petits ascenseurs locaux qui allaient aux étages supérieurs. Il fallait environ cinq minutes pour aller de l’entrée du rez-de-chaussée au 105ème étage.

Chaque tour n’avait que deux ascenseurs qui allaient non-stop de bas en haut — au restaurant Windows on the World dans la tour nord et au pont d’observation dans la tour sud.

Le grand avantage était économique. Avant le World Trade Center, la hauteur des gratte-ciel était limitée par l’espace nécessaire aux ascenseurs qui arrivaient dans le hall d’entrée de chaque étage. En exigeant des transferts, le World Trade Center a réduit de moitié le nombre de cages d’ascenseur nécessaires, de sorte que plus d’espace pouvait être loué.

Des serrures de sécurité ont piégé les passagers

Le 11 septembre, les ascenseurs du World Trade Center sont tombés en panne de diverses façons. La plupart se sont arrêtés après la frappe de leur tour.

Les portes d’ascenseur étaient presque impossibles à ouvrir, sauf si une nacelle était à moins de 45 cm d’un étage d’arrivée. Souvent, l’ascenseur devait être à moins de 10 cm d’un étage avant que tous les mécanismes de verrouillage de porte se libèrent pour permettre l’ouverture. Les tours jumelles avaient 25 km de cages d’ascenseur. Mais seulement 1,7 km étaient à moins de 45 cm d’un étage. Il y avait donc peu de chances d’être à proximité d’un étage.

Pour sortir d’un ascenseur, un passager devait passer par deux portes et être à proximité d’un étage. La porte intérieure est fixée à la cabine d’ascenseur elle-même. La porte extérieure faisait partie du bâtiment, maintenant les gens dans les couloirs avant de leur permettre d’entrer dans une cage d’ascenseur. Un moteur sur le toit de la cabine ouvre les deux portes simultanément lorsque l’ascenseur atteint un palier. Les gens coincés à l’intérieur des ascenseurs ont dû composer avec des serrures sur les deux ensembles de portes.

Les ascenseurs du World Trade Center ont piégé les passagers de trois manières :

  • Les bloqueurs de porte font chuter une tige d’acier, comme une serrure de sûreté, dans le mécanisme qui ouvre les portes de l’ascenseur. Le verrou est activé quand un ascenseur fonctionnant correctement quitte un étage. Si l’ascenseur est arrêté soudainement ou n’a plus d’électricité, le bloqueur rend impossible l’ouverture de la porte intérieure de plus de 10 cm. Le verrou pouvait être libéré — et les portes complètement ouvertes — uniquement à partir du toit de la cabine.
  • Sur tous les ascenseurs, à la fois ceux avec et ceux sans bloqueurs de portes, la pression des moteurs garde les portes fermées jusqu’à ce que la cabine approche d’un étage. Plusieurs hommes forts peuvent maîtriser ces moteurs. Un manque d’électricité peut également libérer les portes.
  • Toutes les portes de l’extérieur ou de couloir ont des serrures appelées “verrouillages” qui empêchent l’ouverture des portes. Cela a rendu difficile aux passants d’aider les gens coincés dans les ascenseurs. Mais il était possible pour les personnes dans un ascenseur de libérer ce verrou, si elles avaient été en mesure d’ouvrir d’abord la porte intérieure de la cabine. Le mécanisme de déverrouillage est sur le côté de la porte.

Les bloqueurs de portes se sont avérés les plus meurtriers des trois dispositifs de verrouillage. Dans les ascenseurs sans bloqueurs de porte, quelques personnes ont réussi à forcer les deux autres verrous. Dans deux cas, les gens se sont échappés des ascenseurs dont les portes étaient fermées par les moteurs de porte. Dans un autre cas, les passagers ont forcé indirectement le verrouillage des portes de couloir en utilisant des pinces coupantes pour sectionner le câble qui tenait les portes fermées.

Le débat sur les bloqueurs de porte

L’administration portuaire avait ajouté des bloqueurs à la moitié des ascenseurs du World Trade Center pour un coût d’environ 400 dollars chacun. Appelé HatchLatch, le dispositif de blocage pouvait être libéré seulement à partir du toit de la cabine. Cela exige habituellement l’intervention d’un mécanicien arrivant par le haut.

« HatchLatch veut dire sortie impossible », proclame son fabriquant, les Ascenseurs de Niles, dans son catalogue.

Contrairement au modèle HatchLatch, d’autres types de bloqueurs de portes peuvent être ouverts de l’extérieur d’un ascenseur bloqué et ne nécessitent pas l’accès au toit de la cabine. L’administration portuaire envisageait l’achat de ces bloqueurs faciles d’accès, mais aucun ne s’adaptait aux ascenseurs du World Trade Center lorsque les travaux de rénovation ont commencé, déclare Thomas Stack, un ancien conseiller en ascenseurs aux tours jumelles.

Le personnel des ascenseurs du World Trade Center était en désaccord sur l’installation éventuelle de bloqueurs partout. Certains ont dit que les verrous ne convenaient pas pour un bâtiment vulnérable au terrorisme. Ils se souvenaient de l’explosion du camion piégé en 1993 où plusieurs personnes avaient été bloquées à l’intérieur des ascenseurs du Trade Center pendant 10 heures.

« Je me suis battu contre les bloqueurs pendant deux ans, » affirme Alan Forziati Sr, qui était l’ingénieur de sécurité responsable des ascenseurs jusqu’à sa retraite en décembre 2000. « Si nous avions eu ces bloqueurs en 1993, Dieu sait ce qui serait arrivé. C’est peut-être dangereux pour sortir d’un ascenseur, mais quand vous êtes coincé à l’intérieur lors d’une catastrophe, vous avez besoin de cette option. »

Dave Bobbitt, contrôleur des ascenseurs au World Trade Center pour l’Administration portuaire, pense que c’était une décision difficile. Il y a plusieurs années, un de ses amis a fait une chute mortelle dans un autre gratte-ciel en essayant de s’échapper d’un ascenseur. « Il a choisi de ne pas attendre un mécanicien, et cela lui a coûté la vie, » dit Bobbitt. « D’un autre côté, il y a de bons arguments contre les bloqueurs de portes. »

Le 11 septembre, les bloqueurs de portes ont failli coûter la vie à un collègue. Anthony Savas, 72 ans, vérificateur de construction pour l’Administration portuaire, a été pris au piège dans un ascenseur au 78ème étage de la tour nord quand le premier avion a frappé le bâtiment 18 étages plus haut. Il a dû frapper des poings sur les portes.

Non loin de là, Keith Meerholz, 35 ans, cadre d’assurance chez Marsh & McLennan, a été renversé et brûlé en tentant d’ouvrir une porte d’ascenseur. Il entendait Savas frapper à l’intérieur.

Meerholz, 1m 90 120 kg et un autre homme ont tenté de forcer l’ouverture des portes de l’ascenseur à la main. Les portes se sont ouvertes de seulement 5 cm. A l’intérieur, Meerholz voyait Savas, aux cheveux blancs, calme, indemne, vêtu d’un uniforme et tenant un talkie-walkie. Savas a dit qu’il avait envoyé un message radio pour appeler à l’aide.

Quelques minutes plus tard, trois collègues de l’Administration portuaire sont venus au secours de Savas. Deux des hommes se sont assis dos à dos, en mettant les pieds dans la fente de 5 cm et ont poussé de toutes leurs forces. La porte ne voulait pas bouger. Savas a dit à ses collègues de ne pas insister, que les pompiers allaient le secourir plus tard. Savas n’a pas survécu.

La chute des ascenseurs

USA TODAY a basé son estimation d’au moins 200 morts dans les ascenseurs sur des entretiens avec des survivants, les familles des victimes et le personnel d’urgence, ainsi que des photographies, des vidéos et des plans architecturaux. L’information a été analysée dans une base de données. Le nombre de morts pourrait atteindre les 400, bien que le nombre exact de décès ne puisse être connu avec certitude.

La plupart des décès sont survenus dans les ascenseurs express des deux tours qui vont des halls vers le 78ème étage et dans les ascenseurs près des étages supérieurs des bâtiments. Soixante-quatre des 198 ascenseurs des tours jumelles avaient des câbles qui passaient à travers les étages dévastés par les avions détournés, et les câbles ont probablement été détruits.

Quarante-huit de ces 64 ascenseurs n’ont pas de survivants connus. Même dans les ascenseurs où les gens se sont échappés — principalement parce que les portes se trouvaient être ouvertes au moment de l’impact — ils ont laissé derrière eux un grand nombre de personnes qui ont été brûlées à mort ou ont été tuées lorsque les bâtiments se sont effondrés.

La quasi-totalité des occupants des 10 ascenseurs express géants de la tour sud ont été tués, ils ont été relevés de la navette qui va du rez-de-chaussée au 78ème étage après la frappe de la tour nord. Seulement quatre personnes ont survécu.

Les quatre survivants — deux dans deux cages adjacentes — étaient dans les ascenseurs qui ont plongé et ont été arrêtés par les freins d’urgence 2 à 5 mètres au-dessus du sol du hall. Environ 40 personnes sont mortes dans ces deux ascenseurs. Les malheureux passagers ont appelé leurs proches dans deux autres ascenseurs express de la tour sud coincés près du 12ème étage dans un cas, et au 19ème étage dans un autre.

Les ascenseurs express de la tour nord contenaient huit survivants dans deux ascenseurs. Dans les huit autres ascenseurs express, il n’y a pas eu de survivant.

Les rescapés des ascenseurs en haut des immeubles ont vu des gens brûler vifs et plusieurs ascenseurs tomber vers le sol.

Gerry Wertz, un responsable des ressources humaines chez Marsh & McLennan, était dans un ascenseur de la tour nord quand il s’est arrêté au 91ème étage. Le seul autre passager à s’en sortir est l’artiste Vanessa Lawrence.

By Todd Plitt, USA TODAY

By Todd Plitt, USA TODAY

Gerry Wertz, avec sa fille Rylan âgée de 2ans. Il a sauté d’un ascenseur qui se désintégrait en flammes.

« Elle sortait de l’ascenseur lorsque l’avion a frappé, » se souvient Wertz. « Il y a eu une explosion sur le dessus de l’ascenseur comme si quelqu’un avait jeté une grenade à main. J’ai sauté, je suis tombé au sol et j’ai regardé derrière moi. J’ai vu l’ascenseur se désintégrer dans une boule de flammes et tomber dans le puits. Il y avait un grand trou dans le plafond au-dessus de l’ascenseur. J’ai vu les câbles se replier comme s’ils venaient de se détacher. Cela n’a pas duré plus de deux secondes. »

Cet ascenseur vide a probablement chuté de 14 étages dans une fosse au 77ème étage. Wertz et Lawrence se sont évacués en toute sécurité par les escaliers, tout comme 18 autres personnes du 91ème étage.

Harry Waiser, 50 ans, avocat fiscaliste chez Cantor Fitzgerald, était seul dans un ascenseur en feu qui a effectué ce qui était programmé en cas d’urgence : il est revenu à son étage le plus bas — le 78ème — et a ouvert ses portes. Waizer a survécu avec des brûlures sur 40% de son corps. Il a terminé sa descente à pieds jusqu’en bas.

Pourquoi les sécurités d’ascenseurs n’ont pas fonctionné

Le 11 septembre, les gens se sont battus par leurs propres moyens pour essayer de sortir des ascenseurs ou bien ils sont morts. USA TODAY n’a pu localiser aucun sauveteur professionnel aidant les gens coincés dans les ascenseurs. Le service d’incendie de New York et l’Administration portuaire ne peuvent également citer aucun sauvetage réussi.

Des tentatives de sauvetage étaient en cours lorsque les bâtiments se sont effondrés. Les pompiers de l’échelle 4 et de l’engin motorisé 54 — qui faisaient partie d’une caserne de pompiers de la 48ème rue et de la Huitième Avenue — ont utilisé les mâchoires de leur équipement de sauvetage pour délivrer des gens pris au piège dans un ascenseur dans le hall de la tour sud. Les pompiers sont morts quand la tour s’est effondrée à 09:59. Leurs corps ont été retrouvés près d’un ascenseur avec leur outil de sauvetage.

Les actions de secours dans les ascenseurs ont été exécutées à partir du bureau de sécurité incendie de chaque hall. Des consoles numériques montrent l’emplacement de chaque ascenseur. Les bureaux de sécurité incendie ont également un système d’interphone pour parler aux gens à l’intérieur des ascenseurs. Le service d’incendie a mis en place des postes de commandement à côté des bureaux de sécurité incendie.

Dans chaque tour, un surveillant de l’Administration portuaire essayait de prendre contact avec chaque ascenseur.

Bobbitt, le responsable de l’Administration portuaire en contact avec les ascenseurs de la tour nord, a, dit-il, parlé aux gens dans environ 10 ascenseurs en panne. Il a contacté 75 des 99 ascenseurs de la tour nord avant que l’autre tour ne s’effondre, et il a évacué. Bobbitt n’a pas pu contacter les 20 ascenseurs situés au-dessus du 78ème étage. La console n’avait aucune lecture de ces ascenseurs, ce qui suggère qu’ils étaient très probablement détruits.

Lorsque Bobbitt situait des personnes piégées dans un ascenseur, un collègue, Don Parente, inscrivait le numéro d’ascenseur et son emplacement. « Nous avons noté les informations et les avons données aux pompiers, » dit Bobbitt. « Chaque binôme de pompiers attrapait chacun une paire de listes, mais je ne sais pas ce qui est arrivé ensuite. »

Pour des raisons qui ne sont pas claires, même les sauvetages les plus faciles n’ont pas été tentés, comme libérer les gens bloqués dans les ascenseurs du hall au rez-de-chaussée. Par exemple, Chris Young, 33 ans, travailleur temporaire, s’est échappé par ses propres moyens du poste de commandement du service d’incendie de la tour nord, seulement cinq minutes avant que le bâtiment ne s’effondre. Il avait par deux fois signalé son emplacement par l’intercom. Et les passagers qui se sont échappés d’un ascenseur adjacent ont dit qu’ils avaient entendu des pompiers parler à l’homme pris au piège. Il n’a été en mesure d’ouvrir les portes que lorsque le courant a été coupé, et que le moteur ne maintenait plus les portes fermées.

La fuite des mécaniciens

Le 11 septembre, la société ACE Elevator de Palisades Park, N.J, avaient 80 mécaniciens d’ascenseurs à l’intérieur du World Trade Center.

Suivant le plan d’urgence de l’Administration portuaire, après la première frappe de la tour nord, des mécaniciens d’ascenseurs des deux tours ont signalé le fait au bureau de la sécurité incendie de la tour sud pour avoir les instructions de la police ou des pompiers. Environ 60 mécaniciens étaient arrivés dans le hall de la tour sud, et d’autres étaient en contact radio lorsque le second avion a frappé ce bâtiment.

« Nous étions là, essayant de nous compter, quand le second avion a frappé (la tour sud), » a déclaré Peter Niederau, le responsable du projet de modernisation chez ACE Elevator. « Des morceaux du hall et du verre brisé tombaient tout autour de nous, donc nous sommes tous sortis aussi vite que possible. »

Ils sont partis dans des directions différentes. Certains sont allés vers le centre commercial souterrain. D’autres sont sortis sur Liberty Street. S’ils étaient restés, ils auraient été à environ 30 mètres de deux ascenseurs express où les pompiers essayaient en vain de sauver les gens. Un autre mécanicien était dans le hall d’ascenseur du 78ème étage de la tour nord — où Savas et d’autres personnes ont été piégées — lorsque le premier avion a frappé. Le mécanicien a été renversé dans le hall, puis a été évacué en toute sécurité, disent les responsables d’ACE Elevator.

« (Nous) sommes sortis dans la rue pour évaluer les dégâts et revenir au besoin, » dit James O’Neill, le responsable d’entretien de ACE Elevator. Le plan était de revenir à la construction plus tard dans la journée pour aider au sauvetage. La stratégie avait été mise au point après l’attentat terroriste de 1993, alors que bon nombre des mêmes mécaniciens — travaillant pour les ascenseurs Otis, qui avaient le contrat à l’époque — ont été salués comme des héros.

Le 11 septembre, les mécaniciens ont été laissés à eux-mêmes, sans instruction de la police ou des responsables incendie. Des responsables d’ACE Elevator disent que c’était cohérent avec le plan d’urgence. Tous les mécaniciens ont survécu. « Nous avions une procédure. Nous avions une procédure à suivre, et ils (les mécaniciens) l’ont suivi, » a déclaré Niederau.

Seulement l’Administration portuaire affirme que le plan d’urgence demandait aux mécaniciens de rester et d’aider au sauvetage. « Les manuels tiennent compte de nombreux scénarios d’urgence et décrivent en détail le rôle des mécaniciens dans la réponse à ces urgences, » dit le porte-parole de l’Administration du port, Allen Morrison. « Il n’y avait aucune situation dans laquelle les mécaniciens devaient quitter les lieux de leur propre chef. Ils étaient, selon la situation, envoyés à divers postes d’urgence ou devaient répondre à diverses difficultés des passagers et aider la police, ou le personnel d’incendie et des autres secours. »

A environ 09h45, depuis le hall de la tour sud, Joseph Amatuccio, le gestionnaire d’ascenseurs de l’Administration portuaire, a appelé par radio les responsables d’ACE Elevator sur leur canal radio privé. O’Neill se souvient leur avoir demandé : « Pouvez-vous venir à l’intérieur et voir ce qui se passe parce que je suis ici avec le service d’incendie, ils me posent des questions et je ne peux pas répondre. »

O’Neill a appelé par radio John Menville, un responsable d’ACE Elevator formé au sauvetage, et les deux ont essayé d’entrer dans le bâtiment. Les responsables avaient des badges d’identification spéciaux à rayures rouges qui leur ont permis de franchir les lignes de police. Les badges ont été délivrés après l’attentat de 1993.

Alors que Menville approchait, la tour sud s’est effondrée. Amatuccio et ses collègues ont été tués. Bobbitt et d’autres pompiers ont commencé à évacuer la tour nord qui allait bientôt s’effondrer.

L’opération de secours aux ascenseurs était terminée.

L’analyse des données est de Paul Overberg. Avec la participation de George Staci et Nafeesa Syeed

Source : USA Today, le 04/09/2002

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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