samedi 23 juillet 2016

Juncker se plaint du fait que les Premiers ministres écoutent trop les électeurs, par Matthew Holehouse

Juncker se plaint du fait que les Premiers ministres écoutent trop les électeurs, par Matthew Holehouse

Source : The Telegraph, le 05/05/2016

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à Rome, avec Martin Schulz, président du Parlement

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à Rome, avec Martin Schulz, président du Parlement

Par Matthew Holehouse, Bruxelles | 5 mai 2016

Selon Jean-Claude Juncker, les Premiers ministres doivent cesser d’écouter à ce point leurs électeurs et au lieu de cela agir comme des “Européens à plein temps”.

Selon lui, les dirigeants élus se rendent la vie “difficile” car ils passent trop de temps à penser à ce qu’ils peuvent retirer de l’Union européenne et à plier face à l’opinion publique, plutôt que travailler à des projets historiques tels que l’Euro.

Le président de la commission européenne se moque des dirigeants britanniques en ce qu’ils agissent en fonction de “réflexes nationaux” et qu’ils disent aux électeurs qu’ils ont défendu avec succès l’intérêt national du pays dans les conférences de presse qui suivent les sommets, plutôt que de “parler de l’Europe de la bonne manière”.

Il a affirmé : “Je me souviens de la période si passionnante où nous préparions le traité de Maastricht, et étape par étape nous avancions dans la direction de la monnaie unique… Il y avait un sentiment partagé des ministres des Affaires étrangères et des Premiers ministres que nous étions chargés d’une mission historique. Cela a totalement disparu.”

“Nous avons des Européens à plein temps lorsqu’il s’agit de prendre, et nous avons des Européens à mi-temps lorsqu’il s’agit de donner,” a déclaré Juncker, ancien Premier ministre du Luxembourg qui a passé plus de 30 ans à proximité des institutions européennes.

“Trop d’hommes politiques écoutent exclusivement leur opinion publique. Et si vous écoutez votre opinion publique, vous ne développez pas ce qui devrait être un sens commun européen et un sentiment de nécessité de mettre nos efforts en commun. Nous avons trop d’Européens à mi-temps.”

Le débat s'est tenu au musée du Capitole, à Rome, là où furent signés le Traité de Rome de 1957 qui fonda l'Union Européenne et le traité constitutionnel de 2004, voué à l'échec.

Le débat s’est tenu au musée du Capitole, à Rome, là où furent signés le Traité de Rome de 1957 qui fonda l’Union Européenne et le traité constitutionnel de 2004, voué à l’échec.

Son reproche vient alors que le rythme de l’intégration européenne semble faiblir face aux multiples crises, avec entre autres la Grèce, le Brexit, l’immigration, le terrorisme, et une vague anti-Union européenne qui s’exprime dans les urnes à travers le continent.

Donald Tusk, le président polonais têtu du Conseil européen et allié de David Cameron, l’a réprimandé, en disant que les vétérans de l’Union européenne ont besoin d’abandonner leur “utopie complètement irréaliste” d’une Europe fédérale.

“C’est une opinion assez répandue à Bruxelles que l’Union européenne a toujours un problème avec ses États membres et que nos vies seraient bien plus faciles sans États membres,” affirmait-il.

“Je peux comprendre pourquoi c’est un rêve pour certains de mes collègues de Bruxelles, mais je pense qu’il est temps de redéfinir nos rêves pour l’Union européenne comme projet.”

“Cela signifie qu’aujourd’hui nous devons admettre que ce rêve d’un État européen avec un intérêt commun, et peut-être à l’avenir une nation commune, était une illusion.”

Les hommes débattaient dans le musée du Capitole, à Rome, où le traité constitutionnel de 2004 a été signé avant d’être rejeté par les référendums français et hollandais. “La seule chose que j’aie c’est les stylos,” affirmait Juncker, disant que le lieu lui rappelait de mauvais souvenirs.

Source : The Telegraph, le 05/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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