Pourquoi la rémunération de Carlos Tavares pose problème
Le doublement du salaire du patron de PSA, à 5,24 millions d'euros pour 2015, en incluant sa rémunération variable, a déclenché une polémique médiatique, l'Etat se hâtant de dire qu'il avait voté contre cette mesure. Une nouvelle illustration du nécessaire débat sur les inégalités. Passer de 150 à 300 SMICs en une année ! Bien sûr, certains défendent le doublement du salaire de Carlos Taverez, en soulignant que Carlos Ghosn gagne trois fois plus que lui, que cela serait la juste récompense de la réussite de son plan de redressement de PSA. D'autres pourraient dire que sa rémunération ne dépasse que légèrement la moyenne de ceux du CAC 40, ou même que les salariés de PSA ont touché 2000 euros de prime de résultats l'an dernier. Pierre Gattaz a estimé qu'il fallait le « féliciter du redressement exceptionnel qu'il a fait de PSA (…) Quand il y a de réussite, ça ne me choque pas qu'on récompense la réussite ». Sauf que le patron des patrons oublie que les récompenses de la réussite n'ont pas le même poids en haut et en bas. En bas, elle est au mieux de 10%, pour le patron, c'est 100%. Deux poids, deux mesures. Qui plus est, il faut rappeler ici que les écarts de rémunérations ont explosé en deux décennies. Au début des années 1990, Jacques Calvet avait choqué quand le Canard Enchainé avait révélé qu'il touchait alors plus de deux millions de francs par an, environ 300 000 euros aujourd'hui, soit 35 SMICs de l'époque. Raymond Lévy, son homologue de Renault, émargeait à un million de francs par an, soit un peu plus de 15 SMICs de l'époque. Aujourd'hui, Carlos Ghosn gagne environ 15 millions d'euros pour ses deux postes, environ 1000 SMICs. Non seulement les rémunérations des grands patrons progressent beaucoup plus vite que celles des autres employés, mais en plus, l'écart a explosé en 20 ans. Et on peut ajouter que le taux maximum d'impôt sur le revenu est passé de 56,8 à 45% dans le même temps ! Il est bienheureux que l'envolée de la rémunération du patron de PSA provoque une polémique. Car cela montre que nos sociétés sont en train de toucher des niveaux d'indécence dans les inégalités qui pousse l'opinion publique à réagir. Le temps du sursaut démocratique approche. |
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