mardi 5 avril 2016

Le grand retour du protectionnisme aux Etats-Unis

Le grand retour du protectionnisme aux Etats-Unis

Dans le débat mondial sur le libre-échange, jusqu'à présent, les pays dits développés défendaient tous une plus grande libéralisation, quand les pays asiatiques continuent largement à se protéger. Les Etats-Unis se sont toujours montrés plus pragmatiques que nos pays européens, pour qui l'anarchie commerciale reste un veau d'or inquestionnable, en protégeant leur sidérurgie et leurs pneus par exemple. Les primaires révèlent une forte évolution du débat public en faveur du protectionnisme.

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De Trump, à Sanders, en passant par Clinton

La campagne pour les élections présidentielles aux Etats-Unis pourrait révéler ce que Paul Krugman qualifie de « moment protectionniste » sur son blog. L'économiste note que tant Donald Trump que Bernie Sanders critiquent les excès du libre-échange, le premier parlant d'imposer des droits de douane de 45% contre les importations venues de Chine, le second s'opposant aux traités de libre-échange actuellement en cours de discussion. Pour lui « il est aussi vrai que la majorité de la ligne de défence de la globalisation des élites est basiquement malhonnête : de faux arguments d'inévitabilité, des tactiques de peur (le protectionnisme cause des récessions), des revendications largement exagérées de gains du libre-échange », d'autant plus qu'il a des effets sur la distribution des revenus, admise par The Economist.

Et comme l'a noté Marianne, le succès des arguments de Donald Trump et Bernie Sanders pousse même Hillary Clinton à mettre un peu d'eau protectionnisme dans son vin libre-échangiste. Alors qu'elle défendait le traité transpacifique au gouvernement, elle a dit que « selon ce que j'ai appris, je ne peux pas soutenir cet accord (…) les accords commerciaux que nous avons conclu ces dernières années finissent par faire plus de mal que de bien au familles américaines dont les salaires ont à peine bougé ces dernières années ». En clair, pour que l'actuelle favorite de l'élection en tienne ce genre de propos face à un probable adversaire ouvertement protectionniste, il faut bien que la mythologie autour du libre-échange se dissipe petit à petit outre-Atlantique. Dommage que le débat ne progresse pas en Europe.


La tonalité du ton dans cette campagne devrait inciter à un débat plus ouvert chez nous où les médias se comportent d'une manière à peine plus ouverte sur la question du libre-échange que les médias Chinois par rapport à la question démocratique. L'anarchie commerciale ne profite qu'aux multinationales et à une petite minorité, même si, bien sûr, l'autarcie n'est pas la solution non plus.

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