Piège en Centrafrique
Après douze jours d’opération Sangaris en Centrafrique, les militaires français poursuivent le désarmement des groupes armés à Bangui, où la tension règne malgré les appels à mettre un terme aux massacres inter-religieux qui ensanglantent le pays et ont engendré 210 000 déplacés en deux semaines.
La République centrafricaine est toujours en proie aux troubles. Malgré l’intervention militaire des forces françaises en appui aux forces africaines, la situation reste très tendue et le climat sur place est toujours très violent. L'Onu a rapporté de nouveaux affrontements entre milices chrétiennes et musulmanes, une semaine après les tueries inter-religieuses qui ont fait près de 600 morts dans le pays. Et l’enthousiasme soulevé par le déploiement des troupes françaises de l’opération Sangaris, il y a une dizaine de jours pour ramener un peu de sécurité en Centrafrique, s’est un peu étiolé.
Les membres des Séléka, cette milice composée de Tchadiens, de Soudanais et de Centrafricains vivent mal la présence des Français, qui ont réduit de façon significative leur marge de manœuvre. Ce sont eux qui ont renversé en mars dernier l’ancien président François Bozizé avant de placer à la tête du pays un des leurs, Michel Djotodia. Les mercenaires de cette milice ont semé la terreur dans le pays, multipliant les exactions, notamment contre les chrétiens. Désormais sous surveillance française, un peu plus de 7 000 hommes auraient été désarmés à Bangui au cours de ces dix derniers jours et seraient consignés en ce moment dans leurs casernes.
Chargés de désarmer toutes les milices du pays, les soldats français ont eu dans un premier temps plus à faire avec les kalachnikovs des hommes des Séléka qu’avec les machettes des milices chrétiennes. Conséquence : le message d’impartialité martelé par les autorités françaises passe mal chez les musulmans minoritaires dans le pays (environ 20 %) qui accusent l’ancien colon d’assurer uniquement la sécurité des chrétiens. Et ce alors que les soldats poursuivent leur mission de désarmement et ont mené mardi dans la capitale une nouvelle opération, visant cette fois les milices chrétiennes « anti-balaka », ces groupuscules armés de fusils et de machettes apparus depuis septembre dans le nord-ouest du pays et en lutte contre les Seleka.
Devant ce climat délétère, plusieurs autorités locales, dont l'archevêque catholique de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, très respecté dans le pays, ont lancé des appels au dialogue et à la réconciliation. Quand le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a annoncé ce mardi 18 décembre que des pays européens déploieront bientôt des troupes au sol en Centrafrique, aux côtés des soldats français. Aucune précision sur leur nombre n'a toutefois été donnée.
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