La bulle Macron est-elle vraiment solide ?
38% de ceux qui ont répondu à un sondage sur le Figarodéclarent penser qu'il sera au second tour de la présidentielle, des sondages qui le pointent à 24% au premier tour, devant Marine Le Pen, et le qualilfient face à Fillon. La bulle Macron continue à gonfler. Est-ce à dire que les jugements antérieurs étaient faux ou est-ce seulement la continuation d'un phénomène qui s'essoufflera ?
Entre nouveauté, vide, artifice et favoritisme
Le nouveau sondage des Echos est assez stupéfiant, donnant 23 à 24% à l'ancien ministre de l'économie, en absence de François Bayrou et si Manuel Valls, au coude à coude pour Marine Le Pen pour affronter un François Fillon, estimé entre 26 et 28%. Cependant, il convient d'avoir la plus grande prudence à l'égard de tels chiffres, non seulement du fait des erreurs de 2016, mais aussi du fait que le champion de l'hiver dans les sondages l'est rarement au final. Ségolène Royal, Lionel Jospin, Edouard Balladur ou Raymond Barre semblaient bien partis à un même stade des campagnes 2007, 2002, 95 ou 88. Début 95, certains se demandaient si Balladur pouvait l'emporter dès le premier tour !
En outre, Macron bénéficie de plusieurs atouts non négligeables. D'abord, le champ de ses concurrents principaux n'est pas forcément engageant, ayant tous un passif non négligeable, surtout pour sa première cible, les classes supérieures et moyennes supérieures urbaines. Ensuite, son positionnement très central en fait le réceptacle de beaucoup de Français déçus par la politique, un peu comme Bayrou en 2007. Mieux, ce positionnement lui garantit le soutien effarant d'une grande partie des média, qui couvrent de manière bien complaisante sa campagne et lui accordent une attention telle qu'elle doit expliquer en partie ses sondages, à un stade encore très précoce de la campagne.
Enfin, sa rupture avec Hollande le place dans une situation proche de celle de Sarkozy en 2007, en étant issu d'une majorité impopulaire, tout en s'en différenciant suffisamment pour paraître nouveau. La réduction de la politique à des commentaires dérisoires est aussi une opportunité pour ce candidat au programme bien léger, et dont une des percées conceptuelles pour lutter contre le chômage est la baisse du coût du travail, que la majorité a suivie… Mais quel espace pour Macron s'il affronte Valls et Bayrou et quelle légitimité à se présenter sans passer par les primaires ? Et on peut douter que les Français, dans l'isoloire, choisissent un tel profil, avec de telles idées, ce chouchou des élites.
Même si on ne peut pas totalement exclure que Macron, s'il parvient à avoir les 500 signatures, soit la surprise de l'élection, justifiant les craintes que semblent avoir ses adversaires, je continue à ne pas y croire, mais mon léger parti-pris à son sujet pourrait brouiller quelque peu l'objectivité de mon jugement. Mais ce qui me semble apparaître dans ses sondages, c'est le caractère plus ouvert qu'on ne le croit de l'élection. Après tout, cinq candidats semblent pouvoir atteindre le second tour, entre Fillon, Le Pen, Mélenchon, Macron et le candidat du PS, surtout si c'est Valls. Il est aussi frappant de constater l'effritement des scores de Fillon et Le Pen, qui montre que le choix des Français n'est pas fait.
Malgré tout, je persiste à penser que Macron n'est qu'une bulle élitaire superficielle gonflant du fait des faveurs effarantes des médias, et qui explosera, comme d'autres avant lui, quand les Français se rapprocheront de leur véritable choix. Même si les limites de ses adversaires semblent lui créer un espace, je ne peux pas croire que l'impasse superficielle qu'il propose ne soit pas démasquée.
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