L'Allemagne a unilatéralement décidé du Grexit
http://www.eric-verhaeghe.frLa gestion de la crise grecque constitue une remarquable illustration du risque auquel l'Europe s'expose en laissant à l'Allemagne prussienne la conduite des opérations. Depuis l'élection de Syriza, Angela Merkel a décidé de sortir la Grèce de la zone euro. Pour y parvenir, l'Allemagne organise un jeu de dupes dont les principaux acteurs sont ses pions: Jeroen Dijsselbloem, chargé de s'assurer qu'aucun compromis n'est passé en dehors des points décidés à Berlin, les nouveaux entrants dans l'Union (choisis par l'Allemagne), comme les Slovaques, les gouvernements « centristes » mais eurosceptiques du Nord de l'Europe (comme en Finlande…) et bien entendu Jean-Claude Juncker lui-même.
Tous ces acteurs organisent le jeu de façon très répétitive. Des sommets sont organisés pour évaluer des propositions grecques qui n'interviennent jamais. Indéfiniment, les alliés européens de l'Allemagne déplorent donc l'absence de progrès grecs, et laissent au cruel docteur Schaüble, ministre allemand des Finances, le rôle du méchant génie qui ponctue les réunions par une remarque très attendue: la Grèce s'approche du Grexit.
Le sommet de Riga de vendredi n'a pas dérogé à la règle. Il était d'ailleurs annoncé comme ne devant déboucher sur aucune solution. Il a toutefois donné lieu à une innovation: pour la première fois, un ministre des Finances a osé demander tout haut ce qui se passerait si aucun accord avec la Grèce n'était trouvé. C'est évidemment un pion de l'Allemagne qui a levé le lièvre, en l'espèce le ministre slovène des Finances (rappelons que l'Allemagne a imposé la Slovénie dans la zone euro).
Cette question opportunément posée a permis à Wolfgang Schaüble de répondre à la presse:
« si un politique responsable répond oui à cette question, vous savez ce qui va se passer, s'il répond non, vous ne me croirez pas. »L'Allemagne a-t-elle bien mesuré les risques qu'elle fait courir à l'Europe en organisant la première sortie non volontaire de la zone euro? L'avenir nous le dira…
Le Grexit préparé pour le 11 mai
Ce calendrier a sa cohérence: le 12 mai, la Grèce doit rembourser 948 millions d'euros au FMI, et devrait théoriquement officialisé son défaut ce jour-là. Tsipras a eu l'illusion de pouvoir y échapper en mobilisant toute la trésorerie publique existante, mais il n'aurait récupéré que 500 millions d'euros de cette façon, au lieu des 2 milliards attendus.
La Grèce en plein coup d'Etat qui ne dit pas son nom
Face à l'urgence, Tsipras multiplie les décisions d'exception qui laissent perplexe sur l'état de la démocratie grecque. En particulier, Tsipras a promulgué un décret contraignant toutes les collectivités publiques à confier leurs liquidités à la banque nationale grecque. Cette décision ahurissante prouve, s'il le fallait, que la Grèce est d'ores et déjà en situation de faillite. Elle revient à confisquer autoritairement l'ensemble du pouvoir en Grèce au profit du gouvernement.Pour la Grèce, cette décision est très mauvais signe: elle organise la chute systémique de l'ensemble de la structure publique grecque. Elle préfigure une crise politique de grande ampleur, déjà évoquée par le gouvernement Tsipras lorsqu'il évoque un retour aux urnes pour susciter un plébiscite sur sa politique.
Tsipras voit-il le coup venir?
D'ores et déjà, la Grèce a donc bâti son plan « B », c'est-à-dire son sauvetage par le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). En attendant, il multiplie les vexations vis-à-vis de l'Allemagne (et les cadeaux à l'administration américaine) en écartant par exemple un consortium allemand des privatisations qu'il décide.
Tsipras, redisons-le, est bien téméraire d'accorder à l'Allemagne une intelligence suffisante pour éviter le scénario du pire. On penche plutôt pour l'inverse: l'Allemagne ne se fera pas prier face au défaut grec, et sortira les impétrants sans ménagement de la zone euro.
Les frises du Parthénon, dernière farce européenne
Ce sera peut-être sa principale victoire.
http://www.eric-verhaeghe.fr/pourquoi-il-faut-demembrer-lallemagne/
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