Un Président entouré de larbins c'est pas convenable, ça propage des vents de colère! |
Des "experts" au service du pouvoir
Les intellectuels de gauche ont été bien silencieux au cours des deux dernières années, et on ne les a pas vus sur les plateaux de télévision lors de la campagne puis des soirées électorales. Celles-ci ont même donné le spectacle, très « post-démocratique », selon l’expression du politologue anglais Collin Crouch, de débats au sein d’un petit monde, et, plus largement, d’une démocratie réduite aux acteurs purement politiques, et aux représentants des médias et des instituts de sondages.
La gauche à la dérive
La leçon en est claire : ce n’est pas tout le système politique français qui est en crise, mais la gauche au pouvoir. Celle-ci est aujourd’hui à la dérive, et il est malheureusement trop facile de décrire les errements du chef d’Etat, son absence de vision à long terme, son incapacité à équilibrer justice sociale et efficacité économique, ses méthodes actuelles de gouvernement, collant à l’actualité, et faites d’avancées vite suivies de recul, de refus d’aborder de front certaines difficultés. Le vote aux municipales est venu dire que tout ceci n’était plus acceptable, ni accepté, et qu’il ne s’agit pas d’un simple problème de communication.
Il y a deux ans, François Hollande recevait le soutien sans nuances ni réserves de tous ceux qui s’étaient sentis concernés par les primaires socialistes, qu’ils aient été de son côté ou de celui des autres candidats. Tous ont joué le jeu, et depuis lors, la plupart ont refusé d’étaler leurs critiques ou leurs divergences de vues. Le Parlement n’a guère compliqué le travail de l’exécutif, et les intellectuels de gauche n’ont guère fait preuve d’esprit particulièrement critique.
Mais cela ne saurait durer. Si une autre politique doit s’inventer à gauche, mobilisatrice, réaliste aussi, conjuguant justice sociale et réussite économique, alors, elle ne peut venir que d’autres que ceux qui ont failli, alors qu’ils détenaient, jusque-là, tous les pouvoirs à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans la plupart des villes, dans les régions. La pression pour le changement doit être incitative, et pourrait mobiliser au moins deux groupes importants : les parlementaires et les intellectuels.
Les parlementaires de gauche savent très bien qu’une prochaine étape de la descente aux enfers les emportera, et ils incarnent un pouvoir législatif beaucoup trop à l’écoute des demandes du pouvoir exécutif. Il est grand temps qu’ils fassent entendre leur voix, qu’ils élaborent des propositions politiques collectives, et qu’ils fassent savoir qu’ils ne voteront pas comme des godillots la confiance qui leur sera demandée dans quelques semaines.
Face à la débâcle des socialistes, les intellectuels doivent sortir de leur silence | Michel Wieviorka
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