Nicolas Hulot idiot utile de l' écologie fantôme... |
A Bruxelles, la France agit contre les énergies renouvelables
23 janvier 2014 | Par Jade Lindgaard via Démocratie réelle et maintenant des Indignés de Nîmes
Malgré ses déclarations volontaristes, la France a œuvré en coulisse à Bruxelles pour que les objectifs européens sur les énergies renouvelables en 2030 ne s’imposent pas aux pays. Pour Greenpeace, « c’est une rupture ».
La stratégie de l’Union européenne au sujet du climat ressemble de plus en en plus à un périlleux jeu d’équilibriste. Mercredi 22 janvier, la Commission a publié ses recommandations pour le « paquet-énergie climat 2030 », les trois directives structurant sa politique « bas carbone » : baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre (par rapport à 1990), « au moins » 27 % d’énergies renouvelables et pas d’objectif pour l’efficacité énergétique. Le premier chiffre satisfait la France, hôtesse de la conférence de l’ONU sur le climat en 2015, qui craignait le ridicule si l’Europe plafonnait ses ambitions à - 35 % – comme l’envisageait Bruxelles dans un premier temps – alors que le Giec préconise une baisse de 80 % d’ici 2050 pour les pays industrialisés. L’absence de chiffrage sur les économies d’énergie arrange beaucoup de monde, car elles sont à la fois difficiles à mettre en œuvre et ardues à valoriser auprès des électeurs.
José Manuel Barroso et François Hollande à Bruxelles en mars 2013 (Reuters).
La discussion autour de la part des renouvelables est la plus révélatrice. Bruxelles propose que l’Union se dote d’un objectif contraignant de 27 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, mais se garde bien d’en imposer les déclinaisons nationales. Alors que le « paquet énergie climat 2020 », actuellement en vigueur, oblige chaque État-membre à respecter des pourcentages minimaux de renouvelables dans leur production d’énergie (pour la France, 23 % en 2020), ce ne sera plus le cas pour la décennie suivante.
Quelle portée peut bien avoir une contrainte partagée à vingt-huit pays ? Une source européenne invoque « la nécessité de donner plus de flexibilité aux États » considérant que « c’est une garantie d’efficacité ». En France, le syndicat des énergies renouvelables (SER) s’est dit « préoccupé » par ces recommandations.
Et Paris dans tout ça ? En décembre, Philippe Martin, ministre de l’écologie et de l’énergie, a bien cosigné une lettre avec plusieurs homologues européens réclamant « un objectif pour les énergies renouvelables pour 2030 ». Le 22 janvier, il « se félicit(ait) de la volonté d'afficher un objectif européen d'énergies renouvelables en 2030 dans la consommation énergétique de l’Union » et de ces « engagements ambitieux ». La France, championne de l’éolien, du solaire et de la biomasse ? Pas si simple. En réalité, ces derniers jours, elle a œuvré pour que les objectifs concernant les renouvelables ne s’imposent pas aux pays nominalement.
« La France a fait un lobbying clair pour qu’il n’y ait pas d’objectifs contraignants au niveau des États, explique Cyrille Cormier de Greenpeace France. Elle est sortie de sa position attentiste pour passer à l’offensive, c’est une vraie rupture. »
« Oui, c’est en partie vrai, reconnaît Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la planète, la position de la France a été d’établir des objectifs spécifiques par pays dans un second temps, de manière à assurer la cohérence avec l’objectif de réduction des gaz à effet de serre en fonction du mix énergétique de chaque partenaire européen. » Ces derniers jours, Hulot a signé et diffusé la pétition de l’ONG Avaaz réclamant une baisse de 50 % des rejets de gaz à effet de serre en 2030.
Embarras dans l’entourage de Philippe Martin : « Il est vrai que compte tenu du "contexte" et des équilibres européens, on a poussé plus fort sur les 40 % de gaz à effet de serre (plutôt que 35). Charge à nous, en vertu du principe de subsidiarité, de doter la France d'objectifs renouvelables ambitieux ! On y travaille. »
Au départ, la France défendait une stratégie en deux temps : d’abord un bon objectif sur les gaz à effet de serre, ensuite sur les renouvelables. « C’était une position bancale mais pas offensive contre les objectifs nationaux », décrit Célia Gautier, du Réseau action climat (RAC). Mais entretemps, il s’est produit un déchaînement de lobbying : par le Royaume-Uni, vent debout contre des objectifs nationaux contraignants, et par des groupes énergéticiens (GDF Suez, E-ON, RWE, ENI, Enel, Iberdrola…). En privé, des conseillers de l’exécutif ne cachent pas leur ambition d’exporter des réacteurs nucléaires en Pologne et en République tchèque, en plus des deux EPR en cours d’achat outre-Manche. Des perspectives commerciales qui se verraient mécaniquement limitées par une poussée obligatoire des renouvelables.
« C’est un net recul par rapport au système actuel, qui oblige les États à rendre des comptes et à se faire contrôler par la Commission », regrette Celia Gautier, pour qui « le gouvernement français nous montre qu’il n’est pas sérieux sur sa transition énergétique ». Les propositions de la Commission doivent encore être approuvées par le parlement européen et les chefs d’État, réunis en conseil de l’énergie les 20 et 21 mars prochains.
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