La théorie du « retour de flamme » concernant les Saoudiens et leur rôle dans la guerre syrienne n’est pas forcément bonne, selon Gary Brecher (1). Selon cette théorie, l’Arabie saoudite joue un dangereux double jeu – fermant les yeux sur les jihadistes dont elle favorise le passage en Syrie et assurant, en même temps, les Occidentaux de son implication dans la guerre contre le terrorisme. Mais, toujours selon cette théorie, elle a subi un « retour de flamme » lorsque les Jihadistes, dont Ben Laden, ont quitté l’Afghanistan et elle risque d’en subir un nouveau dans un avenir proche, lorsque les mêmes Jihadistes reviendront de Syrie.
Selon Gary Brecher, cette théorie est erronée, fondée sur le principe que les Saoudiens sont des « riches idiots jouant avec des choses trop puissantes pour qu’ils puissent en garder le contrôle ». Ce qui est totalement faux. Selon lui, les Saoudiens savent parfaitement ce qu’ils font. « Ils sont, en fait, très fort pour exporter le chaos afin de maintenir l’ordre chez eux. » Ce qui explique pourquoi « ils sont encore au pouvoir et domine la péninsule arabique après un siècle, et après avoir enterré un tas de groupes plus modernes dont les Al Rashidi qui étaient plus cosmopolites, tolérants et adaptables. »
Puis, explique Gary Brecher, il y eut le communisme. Personne ne se souvient qu’il y a 50 ans, il y existait au Moyen-Orient une foule d’Arabes formé à l’université, intelligents, et marxistes qui étaient en train de balayer les vieilles monarchies. « Aujourd’hui, les derniers marxistes en Syrie représentent une milice très réduite qui combat avec Assad contre un raz-de-marée jihadiste shttp://revolutionsociale2011.blogspot.com/2013/12/les-saoudiens-savent-ce-quils-font-ils.htmlunnite. »
« Le Ba’ath qui avait sécularisé et modernisé le monde arabe, a vu son idéologie disparaître complètement, si bien que même ceux qui combattent pour les soi-disant ba’athistes comme Assad combattent ouvertement pour leur secte et non pour le socialisme panarabe. Le Moyen Orient a été « saoudisé » tandis que nous observions et ricanions sur ces Saoudiens ridicules qui ne comprenaient pas le progrès. Il ne faut pas s’étonner qu’ils se soient contentés de jouer aux crétins. Si nous les avions pris sérieusement en considération, ils auraient été terrifiés. »
Les Saoudiens, dit Gary Brecher, ont la grande capacité à aller jusqu’au bout. Par exemple, ils ne se contentent pas de « fermer les yeux » sur les jeunes Jihadistes qui partent au combat, ils les encouragent. Ainsi, font-ils d’une pierre deux coups. Ils se débarrassent d’un danger et l’exportent ailleurs, créant souffrance et chaos. « Ils ont envoyé de l’argent, des sermons et des volontaires en Afghanistan, en Bosnie et dans le Nord-Caucase russe tout comme ils le font, aujourd’hui, en Syrie. C’est un deal, si vous voulez de l’argent, vous devez accepter le Wahabisme et ses volontaires. Et cela marche. »
C’est ce qui s’est passé en Tchétchénie où les volontaires saoudiens ont montré qu’ils étaient des guerriers et des religieux sérieux, contrairement aux imams quasiment cooptés par les Soviétiques que les Tchétchènes avaient connus auparavant. Des Saoudiens comme Ibn al-Khatab, Abu al-Walid, et Muhannad (tous noms de guerre) ont offert le seul vrai travail qu’un jeune pouvait avoir en Tchétchénie et ont embourbé les Tchétchènes dans une guerre interminable qui a fait environ 160 000 morts, a forcé les femmes à vivre dans l’isolement à la saoudienne, et finalement mis le pays sous le contrôle de Ramzan Kadyrov, commandant d’escadrons de la mort de seconde génération.
C’est là le résultat typique de l’aide saoudienne : un désastre pour les bénéficiaires, les Tchétchènes, et leurs ennemis, les Russes, mais un gain immense pour l’Arabie saoudite. La même chose se passe dans le reste du Nord-Caucase russe, particulièrement au Daghestan où les parents des auteurs de l’attentat du Marathon de Boston vivent. L’un des aspects de cette victoire est l’élimination d’hommes jeunes, potentiellement fauteurs de troubles, qui auraient pu agir en Arabie saoudite. Les trois principaux chefs jihadistes, Khattab, Walid et Muhannad sont morts de mort violente. L’Irak et la Syrie sont et continuent d’être des victoires stratégiques à peu de frais pour l’Arabie saoudite. Le prix payé par ceux qui vivent dans ces pays est élevé, mais à Riyadh, on s’en moque.
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