Cabinet noir de l’Elysée : le scoop de “ Valeurs actuelles ”
auteur : Barbara Lambert
Et puisqu’on parle de décider, ou de ne pas décider, “ Valeurs actuelles ” nous balance ce jeudi un scoop à sa façon… En juillet dernier, souvenez-vous, le magazine nous informait de l’existence à l’Elysée d’une “ cellule officieuse (veillant) à orchestrer les affaires judiciaires contre Nicolas Sarkozy ”. Cette semaine, le journal publie le témoignage de “ l’ex-chef du service des télécommunications et de l’informatique ” du palais présidentiel, Bernard Muenkel, qui s'est "fait évincer pour avoir refusé d'exécuter des ordres illicites". D’après Muenkel, “ le commandant militaire de l’Elysée Eric Bio-Farina ” l’aurait chargé “ de faire une recherche sur l’ensemble des supports informatiques, fichiers, etc., auxquels (il avait) accès ” sur “ des personnalités issues, pour la plupart, de la précédente majorité ou en lien avec elle ”. Parmi elles, Bernard Tapie, Christine Lagarde, Claude Guéant, ou encore Maurice Lantourne, avocat de Tapie…
Comment Muenkel sauve les données du cabinet Sarkozy
Arguant qu’il n’est “ pas habilité à faire ce genre de recherche, que notre système a été reconstruit, qu’on ne trouvera rien sur les disques et serveurs ”, Muenkel est prié aussi sec par Bio-Farina “ d’(aller) dans les archives de la précédente présidence (…) ”. “ Bref, résume “ VA ”, “ de violer le protocole d’accord signé par Nicolas Sarkozy avec les Archives nationales afin de régler l’accès aux archives de son quinquennat, dont l’ancien président reste le seul propriétaire ”. Bien décidé à les protéger, Muenkel “ s’assure qu’il n’existe aucune sauvegarde des données du cabinet de Sarkozy ” et, surprise, se “ rend compte que le disque dur de l’ancien cabinet n’a pas été remis aux archives ”. Résultat, indique le journal : “ Le 10 avril, Muenkel décide, de son propre chef, pour empêcher que ne soit violée la procédure, d’emmener ce disque au service des archives de l’Elysée ”.
Le mensonge de Bio-Farina
Comme l’article est long, on vous résume la suite… Apprenant la remise du disque dur au service des archives, Eric Bio-Farina pique une grosse colère contre Muenkel qui est convoqué chez Sylvie Hubac (directrice de cabinet de François Hollande, ndlr) le 15 avril : “ Le 15, raconte-t-il, je me présente dans son bureau, je suis seul face à elle et à M. Zabulon (ancien directeur adjoint de cabinet de Hollande, actuel coordonnateur national du renseignement, ndlr). Ils m’adressent une quantité de reproches, mais ne me parlent à aucun moment de mon refus de fouiller. Mme Hubac dira, en revanche : “ Heureusement que M. Bio-Farina a remis le disque dur aux Archives nationales ”. Là, je comprends qu’on change la vérité. Elle me dit : “ Vous vous rendez compte dans quelle situation vous mettez le président de la République, surtout dans le contexte politique actuel ? ” Je rétorque que ce n’est pas lui qui a remis le disque, mais bien moi. Ce qui me dérange, à ce moment-là, c’est que je sais que M. Bio-Farina a menti ”. Effectivement, si c’est vrai, il y a de quoi être “ dérangé ”…
Les archives Guéant et les factures du quinquennat Sarkozy utilisées ?
Bio-Farina a-t-il agi sur ordre ou de son propre chef ? “ Valeurs actuelles ” ne se pose pas la question. “ L’Elysée orchestre-t-il le rythme des affaires qui touchent la droite, et plus précisément l’entourage de Nicolas Sarkozy ? Deux anecdotes suffisent à répondre à cette question, affirme l’hebdo. Le 8 avril 2013, (…) six cartons d’archives de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée entre 2007 et 2011, doivent être remis aux Archives nationales. Durant leur transfert entre le “ stock tampon ”, à l’Elysée, et les Archives, le colonel Bio-Farina s’interpose. (…) Problème : quelques semaines après cette date du 8 avril, “ Le Point ” publie, sous le titre “ Cet e-mail qui compromet Claude Guéant ”, le fac-similé d’un message adressé par ce dernier, en 2009, à l’époque où il était à l’Elysée, à l’un de ses amis, l’oligarque russe Oleg Deripaska. Or cet e-mail ne peut provenir que des archives de Guéant lorsqu’il était à l’Elysée ”. La deuxième anecdote, enfin, concerne l’utilisation qui aurait été faite des factures du quinquennat Sarkozy, conservées par l’ancien directeur des services financiers du palais, Bernard Trichet, dont le journal indique qu’il a “ été “ remercié ” en février 2013 ”. Sûr que ces infos, si elles s’avèrent exactes, ne sont pas du meilleur effet… On avait bien besoin de ça, je vous jure !
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