« On ne peut mentir tout le temps à tout le monde »
Voici venu le moment où phrases creuses et mensonges à répétition ne suffisent plus. Le rejet, doublé d’une colère grandissante, tend à s’exprimer sous toutes les formes. Il n’y a pas d’autre explication à l’élection de Brignoles. Pas d’autre explication non plus à l’échec de la ministre Carlotti, réputée pourtant favorite, aux élections internes du Parti socialiste à Marseille.
« On peut mentir une fois à tout le monde, on peut mentir tout le temps à une personne, mais on ne peut mentir tout le temps à tout le monde », écrivit naguère Abraham Lincoln.
Les salariés de Gad savent qu’au moment où 900 emplois sont supprimés, des montagnes de capitaux cherchent avidement à réaliser du profit sur toutes les places de la planète. Les travailleurs confrontés à la contre-réforme des retraites savent que ceux-là même qui rallongent la durée de cotisation à 43 annuités sont les mêmes qui ouvrent tout grand les coffres-forts de la Banque centrale européenne pour renflouer les banques afin que celles-ci abondent de capitaux, toujours et encore, spéculateurs et banquiers. Les jeunes confrontés au chômage généralisé, les centaines de milliers de foyers modestes qui, pour la première fois, ont dû payer des impôts cette année, tout comme les familles confrontées à la dislocation de l’école par la réforme Peillon et les travailleurs qui voient leurs hôpitaux fermés, leurs maternités liquidées, leurs bureaux de poste supprimés, tous savent qu’ils font face à un mur de mensonge, résumé dans la formule assénée, à droite comme à « gauche », depuis trente ans :
« On ne peut pas faire autrement, c’est la crise, ce sont les directives européennes, etc. »
Comme le dit une ouvrière de l’agroalimentaire, en Bretagne, face à une élue : « C’est pas normal. Qu’est-ce que vous foutez ? A chaque fois, on se refile la patate : c’est pas nous, c’est la droite, c’est pas nous, c’est la gauche. Mais nous, en attendant, comment on va faire pour vivre ? »
Sonne l’heure où le mensonge n’a plus prise. « On ne peut pas faire autrement ? » Allons donc. Les travailleurs le constatent : «on » ne peut pas faire autrement parce qu’« on » décide de ne pas remettre en cause le régime de la propriété privée des moyens de production. « On » ne peut pas faire autrement parce qu’« on » se soumet aux diktats des capitalistes, des spéculateurs, des banquiers et de leurs institutions, celle du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l’Union européenne.
Ils savent, les travailleurs et les jeunes, que chaque jour la spéculation brasse des centaines de milliers de milliards de dollars, des montants sans aucune mesure avec les prétendus déficits de la Sécurité sociale sur lesquels on pleure des larmes de crocodile à la télévision et à la radio.
Le voile du mensonge commence à se déchirer. Le rejet et la colère deviennent la matière brute de toute la crise politique qui ne fait que s’approfondir. On ne s’en sortira pas sans remettre en cause le « on ne peut pas faire autrement », c’est-à-dire sans des mesures concrètes et pratiques de rupture avec la dictature du capital financier et de l’Union européenne.
Cette question est posée de manière immédiate devant tout le pays.
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