« Sous contrôle » ?
« Trois réacteurs nucléaires qui doivent être refroidis en permanence avec des milliers tonnes d’eau qui deviennent à leur tour radioactives et que l’opérateur local, Tepco, n’a pas les moyens ni d’entreposer, ni de décontaminer, je n’appelle pas cela une situation sous contrôle », juge Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du laboratoire de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Son laboratoire, basé à Valence dans la Drôme, avait notamment été à l’origine de l’information indépendante sur les retombées en France du nuage de Tchernobyl, en 1986. Quand les pouvoirs publics français se faisaient l’écho de la fable du « nuage arrêté aux frontières ».
Minimiser le désastre
« Les autorités japonaises ont minimisé les retombées de l’accident nucléaire de Fukushima dès les jours qui ont suivi le tsunami du 11 mars 2011", se souvient Bruno Chareyron, et cela de trois façons : en ne distribuant pas de pastilles d’iode aux habitants les plus exposés, en établissant un périmètre dérisoire d’évacuation de 20 km autour de la centrale, et en ne prenant pas assez en compte, avec des normes sévères, la question de la consommation des aliments contaminés.
Zone contaminée
« Aujourd’hui, plus de deux ans après la catastrophe, un vaste territoire est encore gravement contaminé, bien au delà des 20 km évacués et aussi de la dose maximale de 1 millisievert (msV) par an, la limite admise. Il faut dire que le seuil de cette norme internationale, appliquée d’ailleurs à Tchernobyl, a été relevé arbitrairement par les autorités japonaise à 20 msV sur 12 mois. Pourtant, dans la ville de Fukushima même (400 000 habitants), située à 65 km de la centrale, des mesures récentes du CRMS ont montré des taux de radiation de 10 à 20 fois supérieurs à la normale. »
(Kolin Kobayashi journaliste japonais auteur de de Tchernobyl à Fukushima (éditions Ibun-sha)
Dècés par irradiations internes
Le Dr Eisuke Matsui, médecin radiologue, est connu comme membre de l’association des citoyens et des scientifiques pour les recherches sur les irradiations internes.
"J’ai ainsi personnellement examiné 20 enfants de Fukushima qui sont nés, depuis mars 2011, avec des malformations cardiaques », affirme-t-il. D’ailleurs, la carte qu’il montre au début de sa conférence prouve que les vents ont amené des particules radioactives jusque dans la banlieue de Tokyo, à Chiba, à plus de 200 km de Fukushima.
Le lobby nucléaire en coulisse
De Tepco aux principaux partis politiques japonais, en passant par les experts de l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique) à ceux du CIPR et même AREVA, personne ne veut voir remis en cause l' atome.
D’où la volonté affichée par le nouveau gouvernement de faire redémarrer les 50 réacteurs nucléaires existant au Japon. D’autre part, les autorités japonaise sont paniquées à l’idée de devoir évacuer une population encore plus importante qui viendrait grossir les rangs des 100 000 réfugiés actuels. Dans un petit pays à la densité urbaine très forte, ils ne savent tout simplement pas comment faire. »
http://www.lavie.fr/actualite/ecologie/ce-que-cache-le-ciel-bleu-de-fukushima-10-09-2013-43840_8.php
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