Parité: les ministres ne donnent pas l'exemple
source : Mediapart
Ce mercredi, Najat Vallaud-Belkacem ne présentera pas son projet de loi sur l’égalité femmes-hommes en terrain conquis. Car quelques minutes plus tard, comme toutes les semaines en conseil des ministres, au moment des annonces de nominations aux postes clés de l’administration française (ambassadeurs, recteurs, préfets, etc.), on comptera bien plus de directeurs que de directrices, comme le montrent les statistiques auxquelles Mediapart a eu accès et que nous avons compilées ministère par ministère.
Au sein de l’administration française, moins d’un poste de direction sur trois (29 %) est aujourd’hui attribué à une femme, malgré une progression continue depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée qui avait fait de la parité une de ses promesses de campagne.
Sans surprise, les pires élèves sont les ministères de l’intérieur et de la défense, des fiefs historiquement masculins. Nettement plus étonnant, les ministères du logement de Cécile Duflot et de l’écologie de Delphine Batho (jusqu’à mardi) ne nomment même pas un quart de femmes à des postes de direction. Pire : au cours des six derniers mois, on tombe à 12,5 % pour ces deux ministères ! Cécile Duflot a pourtant souvent affiché ses convictions féministes par le passé comme lorsqu’elle demandait sous forme de devinette l’an passé : « Quel est le féminin de candidat aux cantonales ? C’est suppléante ! » Interrogé hier après- midi, son cabinet, visiblement gêné, n’a pas donné suite à notre demande.
Le score est aussi très faible dans les ministères des affaires sociales : 26 % de femmes nommées. Chez Marisol Touraine, on tente de rassurer en expliquant que « pour les emplois de management, qui sont les top management de demain, on compte beaucoup plus de femmes, environ 48 %. Ce qui laisse présager pour l’avenir une féminisation des postes les plus élevés ». Et on explique que déjà, «à compétence égale, la ministre privilégie les femmes ».
À chaque fois, ce sont les mêmes arguments qui sont soulevés par les équipes ministérielles. Et d’abord la « faiblesse du vivier ». En clair, il n’y a pas assez de femmes cadres susceptibles d’être nommées à des postes de direction. « Elles se heurtent au plafond de verre très tôt, ou alors elles sont trop âgées », explique-t-on au gouvernement. Par exemple, au quai d’Orsay, l’écart entre hommes et femmes dans la tranche d’âge où les diplomates peuvent espérer un poste d’ambassadeur est très élevé et si les femmes sont très largement majoritaires aux postes subalternes (68 % parmi les catégories C), elles sont très minoritaires parmi les catégories A (30 %). Elles ne représentent aujourd’hui que 14 % des ambassadeurs, même si, depuis le début de l’année, les femmes représentent un tiers des nominations aux postes les plus prestigieux.
Même chose au ministère de la culture où le nombre de femmes à diriger des grandes scènes nationales est infime, en dépit du volontarisme affiché par Aurélie Filippetti. « C’est un milieu assez misogyne et les femmes n’ont pas passé la première étape consistant à diriger un établissement plus petit pour espérer être nommées à des postes plus importants », décrypte un des conseillers chargés du dossier.
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