LE SONDAGE SUR LE FRANC QUE CACHENT LES ADORATEURS DE L’EURO
du 8 janvier 2013.
Jacques Nikonoff est porte-parole du M’PEP et ancien membre du collège exécutif du PCF, ex-président d’Attac. Derniers ouvrages publiés :
- « Sortons de l’euro ! Restituer au peuple la souveraineté monétaire » (Mille et une nuits, 2011).
–« La confrontation. Argumentaire anti-FN » (Le Temps des Cerises, 2012).
Fin décembre 2012 l’Institut français d’opinion publique (Ifop) a publié un sondage intitulé « Le regret du franc » qui est une véritable bombe. Une seule question a été posée : « Onze ans après la mise en place de l’euro, regrettez-vous le franc ? ».
Aucune radio, aucun journal télévisé, aucun quotidien national, du Figaro à L’Humanité en passant par Le Monde et Libération, n’a rendu cette information publique. L’omerta a joué à fond, le tabou de l’euro devait rester debout…
Bien entendu, il ne s’agira pas ici de faire des extrapolations et d’interpréter abusivement les résultats de ce sondage comme une volonté de revenir au franc. Mais il n’y a qu’un pas à franchir, pour ceux qui regrettent le franc, pour souhaiter revenir à notre monnaie nationale… C’est une nouvelle preuve que l’euro est un greffon en cours de rejet.
Quels sont les principaux enseignements de ce sondage ?
Une nette majorité de Français (62%) regrette le franc
Ils étaient 39% en 2002, témoignant ainsi de la détestation croissante de cette monnaie dont les citoyens mesurent aujourd’hui les nombreux aspects néfastes. Certes, on observe un petit recul sur 2010 (69%), mais à cette époque la crise de l’euro était à son apogée. Les décisions de la Banque centrale européenne (BCE), de septembre 2012, d’acheter « sans limite », sur le marché secondaire obligataire, les titres des États de la zone euro a calmé provisoirement la crise. Mais aucun problème de fond n’est réglé, les divergences économiques et sociales entre pays vont s’approfondir et relancer, tôt ou tard, la crise de l’euro. Et probablement lui donner son caractère terminal.
Ceux qui regrettent le plus le franc sont, dans l’ordre, les électeurs du FN, les électeurs de gauche et les électeurs de droite
Les dirigeants du Front national, qui prétendent avec beaucoup d’ambiguïtés et d’inefficacité vouloir sortir de l’euro, sont en phase totale avec leur électorat : 95% regrettent le franc.
Les dirigeants de la gauche (on peut certainement mettre le Parti socialiste et le Front de gauche dans cette catégorie), ont du souci à se faire car ils sont en profond décalage avec leur électorat. Étant favorables à l’euro, leurs électeurs regrettent pourtant le franc à 58%.
Quant aux dirigeants de droite, ils sont eux aussi en décalage avec leur électorat, mais moins que la gauche. Ce sont en effet 51% des électeurs de droite qui regrettent le franc.
Ceux qui regrettent le plus le franc sont les femmes, les moins de 35 ans, les ouvriers et employés, ceux qui gagnent moins de 1 499 euros par mois, ceux qui ont voté Le Pen et Mélenchon à la présidentielle
À 70% contre 54% pour les hommes, les femmes déclarent regretter le franc.
Concernant l’âge :
• Les 18 à 24 ans répondent oui (regretter) à 60%.
• Les 25 à 34 ans répondent oui à 69%.
• Les 35 à 49 ans répondent oui à 71%.
• Les 50 à 64 ans répondent oui à 68%.
• Les 65 ans et plus répondent oui à 37%.
Concernant les professions :
• Les ouvriers répondent oui (regretter) à 80%.
• Les employés répondent oui à 75%.
• Les artisans et les commerçants répondent oui à 72%.
• Les professions libérales et les cadres supérieurs répondent oui à 41%.
Concernant les revenus :
• Les Français qui gagnent moins de 1 499 euros par mois répondent oui (regretter) à 74%.
• Les Français qui gagnent de 1 500 à 2 299 euros par mois répondent oui à 70%.
• Les Français qui gagnent de 2 300 à 2 999 euros par mois répondent oui à 61%.
• Les Français qui gagnent de 3 000 à 4 500 euros par mois répondent oui à 54%.
• Les Français qui gagnent plus de 4 500 euros par mois répondent oui à seulement 35%.
Concernant la proximité politique :
• Front national (regret à) 95%.
• Front de gauche 75%.
• Europe-Écologie-Les-Verts 56%.
• Parti socialiste 52%.
• UMP 51%.
• UDI 32%.
En conclusion, plusieurs partis sont en décalage plus ou moins prononcé avec leur électorat. Le cas le plus flagrant est celui du Front de gauche dont les dirigeants clament dans les médias « l’euro est à nous », alors que 75% de leurs électeurs regrettent le franc. À un moment ou à un autre cet équilibre va se rompre soit par l’adoption, par le Front de gauche, de positions plus critiques vis-à-vis de l’Union européenne et de l’euro, soit par le départ de ses électeurs.
Le Parti socialiste et Europe-Écologie-Les-Verts sont dans une situation assez semblable, mais moins prononcée que celle du Front de gauche.
Même chose pour l’UMP où on peut constater qu’il demeure des traces de l’hostilité du gaullisme à la construction européenne.
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