Le Parti Socialiste déjà dans l’après-Hollande
Auteur : Gilles Devers - Source : Actualités du droit
Hollande est parti en Afrique pour refaire le monde par de beaux discours, mais il est entrain de tout perdre en France. Les sondages sont en berne, et le premier vrai scrutin, au sein du PS, est cruel. Cinq mois à peine après l’élection présidentielle, les militants PS se désintéressent de l'action d'Hollande et, déjà, préparent la suite. François / Pierrette, même combat ?
50% d’abstention
160 000 adhérents, et… 80 000 votants. Ouah, la latche ! Ce chiffre dit tout. Les adhérents du PS se battent les flancs de l’action du Gouvernement.
Il faut s’arrêter sur ce chiffre. Le congrès de Toulouse a été organisé comme celui du soutien à l’action de Hollande, maître de la Présidence, de l’Assemblée, du Sénat, et venu pour sauver la France. Ouaip,… mais les militants s’en fichent ! Un sur deux est resté à la maison, ayant mieux à faire que de voter son soutien au leader minimo.
Pour la motion stalinienne : 68% des votants, soit 34% des inscrits
Ayrault et Aubry partagent le souhait de voir la Gauche réussir, et même s’ils se mésestiment gentiment, ils savent que rien n’est possible sans un PS fort. Ils avaient aussi fait le choix de présenter une motion commune, en imposant à tous les ministres de la rejoindre, ce qui a été fait. L’affaire paraissait blindée.
Mais la base militante est tellement estourbie par la politique de Droite conduite par le Gouvernement, qui vote le traité européen de Sarko, colle aux délires financiers des banques, et idolâtre le consensus sécuritaire Valls-Sarko, qu’elle a refusé cet hara-kiri collectif. Sur les 50% de militants qui se sont déplacés, seuls 68% ont voté pour la liste stalinienne.
Donc, premier enseignement : Désir est gravement minoritaire dans le PS, avec seulement 34 % des effectifs.
Désir, enfant de la trouille
Ayrault et Aubry souhaitaient que Cambadellis prenne la tête du PS, car la rue de Solferino ne marche que s’il y a un patron.
Mais un trio de cornichons – Mosco, Peillon et Valls – en a été chagriné,… car ces supermecs se voient tous futurs présidents. Ils ont donc besoin d’un premier secrétaire du PS en pâte à modeler. Alors, ils ont fait pression sur Hollande, en expliquant que si Cambadellis était premier secrétaire, il deviendrait le premier opposant, et préparerait la piste de décollage de Martine pour 2017.
Comme Hollande a une peur bleue de Martine, il a choisi Désir… croyant trouver la paix, molle.
Donc, à ce stade, Mosco, Peillon et Valls frétillent de bonheur, alors qu’Ayrault et Aubry font du boudin. Aubry est tellement écœurée d’avoir été lâchée par le leader minimo, qu’elle démissionne de sa fonction sans avoir prévenu personne, et en contradiction avec les statuts. Comme cela, l’intérimaire Désir, tombé du paquetage, se colle la préparation du congrès, pendant que tous les cumulards lui font un bras d’honneur ! C’est génial et on voit le résultat.
32 % d’opposants, et…
Emmanuel Morel fait partie de la poignée de notables du PS qui a refusé la consigne de l’ordre établi, et il a présenté sa motion sans trop y croire. Mais hier, bingo ! Il ressort à deux chiffres – 13% – et du coup, il annonce qu’il sera candidat contre Désir.
Le lunaire Hessel, fort du succès de son cahier de recettes « Indignez-vous » (mais surtout ne faites rien) – rafle 12 % des votes ! Hessel, une sorte de Sainte-Vierge des socialistes déboussolés.
Le match va se poursuivre…
On devrait bien rigoler avant le congrès de Toulouse, dans quinze jours, car le feuilleton va se poursuivre.
D’abord, les bonnes places
Les petits chefs à plumes avaient dealé en direct avec Hollande les places dans les instances PS sur la base d’un brillant succès à 90%. Les 32% inattendus vont réclamer leur pourcentage de bonnes places. Il va falloir reprendre tous les calculs, et comme derrière les calculs, il y a les bonnes places, ça va être sympathique et détendu.
Ensuite, le cas de Désir et de ses bienfaiteurs
C’est le dilemme d’Ayrault et Aubry, compagnons d’infortune : « On soutient Désir, car ce grand nigaud après sa branlée est définitivement inoffensif, ou on finit de le fragiliser ». Là, le problème n’est pas l’inconsistant Désir, mais le trio de lascars qui le soutient : Mosco, Valls et Peillon. Flinguer Désir, en faisant voter en douce pour Morel, c’est excellent, car un bon score de Morel, qui va récupérer une part du vote Hessel, c’est un missile contre les insupportables Mosco, Valls et Peillon.
Dans les troupes d’Ayrault et d’Aubry, personne ne peut piffrer ces trois mecs. Et comme ces prétentieux se la jouent vraiment trop ces jours-ci, à commencer par Valls l’UMP-PS (qu’Aubry voulait virer du PS), un renforcement du score de Morel n’est pas à exclure, loin de là. Valls le prétendant avait fait 6%. Si Morel fait 20%, ça sera rigolo.
Hollande, élu par défaut, s’est grillé deux fois : en refusant de nommer Aubry Premier ministre, car il en a peur, et de soutenir Cambadellis Premier secrétaire du PS, car il en a peur. Avec de telles bases, on ne va pas loin, et cinq mois après son élection (Embrasse-moi…), il est déjà has been au PS. Chacun se positionne en fonction de l’après-Hollande et franchement, c’est de la lucidité.
D’où la question : « L’homme Hollande / Pierrette est-il assez entré dans l’Histoire ? »
Congrès de Toulouse du PS, octobre 2012
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