samedi 1 septembre 2012
Hémorragie de capitaux en Espagne : déja 220 milliards évaporés
En Espagne, près de 220 milliards d’euros ont pris la poudre d’escampette au premier semestre. Les investisseurs étrangers, mais aussi espagnols, sont responsables de cet exode massif de capitaux selon la Banque d’Espagne. Il s’agit de prêts et de dépôts, mais aussi de portefeuilles d’actions et de titres de dette souveraine. Les sorties de capitaux s’accélèrent : durant le seul mois de juin, 56,6 milliards d’euros ont été comptabilisés. Au cours du premier semestre, cette fuite à été le triple de celle qui avait été enregistrée en 2011. La Bourse de Madrid a perdu 15 % de sa valeur durant la même période et la part de la dette publique détenue par les investisseurs étrangers à chuté en un an de 56,3 % à 36,1 % en juin dernier.
Constaté également en Grèce, ce même phénomène pourrait aussi apparaître en Italie de manière encore plus massive. Les investisseurs en question anticipent la sortie de tel ou tel pays de la zone euro, et au final son éclatement, contribuant ainsi à les réaliser. C’est ce contre quoi Mario Monti vient de mettre en garde.
Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, y a vu lors de son intervention à l’université d’été du Medef « les signes avancés d’un délitement du marché unique des capitaux en Europe » et constate que l’intégrité de l’euro « est menacée ».
Mais qui sont donc ces investisseurs qui portent une telle lourde responsabilité et que Benoît Coeuré appelle à retrouver « confiance dans l’euro » ? « Il est très important que les banques continuent de prêter au-delà de leurs frontières », a-t-il fait remarquer, dévoilant du coup leur identité. Le système bancaire européen continue donc son travail de sape au sein de la zone euro. Après avoir déserté le marché obligataire et laissé le champ à une intervention de la BCE très attendue, il rapatrie ses capitaux vers des cieux plus cléments et fait plonger les banques qui ont le malheur de ne pas y être domiciliées. Le FESF/MES doit en conséquence renflouer d’urgence les banques espagnoles déjà sous le coup de l’éclatement de la bulle immobilière. Coup double : non seulement des États, mais des banques aussi sont frappées !
Tel est le prix supplémentaire qu’il faut payer pour que la face visible du système financier conserve ses couleurs. Qui sont donc les responsables de la menace qui s’accentue sur l’euro, les États trop dispendieux qui doivent s’amender ou les banques qui prennent leurs petites précautions ? Qui sont à condamner, les agences qui attisent le feu par leurs prophéties auto-réalisatrices ou les banques qui les réalisent ?
Quelle constance étonnante dans ce détournement des responsabilités !
Blog de Paul Jorion » L’actualité de la crise : IL NE FAUT PAS CHERCHER BIEN LOIN ! par François Leclerc
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