lundi 27 août 2012
Zone Euro : Mieux vaut une fin dans la douleur qu'une douleur sans fin
Contrairement à ce que les médias nous rabâchent à longueur de journée, sortir de l’Europe reste la seule solution pour la Grèce qui deviendra au moins maîtresse de son destin, pourra imprimer sa propre monnaie et donc dévaluer afin de retrouver à terme une compétitivité accrue du fait de cette dévaluation.
Ici, tout le monde sait que c’est la seule solution comme l’a montré il n’y a pas si longtemps l’Argentine.
Des efforts supplémentaires ? c'est une blague !
En Grèce, la population s’épuise en sacrifices colossaux. Ceux qui décident d’en finir sont de plus en plus nombreux, s’alarme la Süddeutsche Zeitung.
Voilà plus de deux ans que les Grecs se battent pour sauver leur pays de la faillite. La plupart d’entre eux a renoncé à une bonne partie de ses salaires ou de ses traitements, a accepté des vagues de licenciements massifs et une augmentation considérable du prix des denrées alimentaires et du carburant. Les Grecs ont protesté contre l’introduction de nouveaux impôts – avant de se résigner à les accepter. Tout cela pour pouvoir rester dans la zone euro.
Il semble pourtant, d’après les dernières annonces, que leur combat ait été vain. En juillet, le taux de chômage frôlait les 24 %, et des milliers de personnes s’agglutinent dans les files d’attente des soupes populaires pour avoir un repas chaud. Incapables de nourrir leurs enfants, les parents les confient aux services d’urgence.
Sans salaires depuis des mois
Rien que cette année, plus de 300.000 Grecs ont renoncé à leur voiture parce qu’ils n’avaient plus les moyens de la garder. Selon les autorités du surveillance du marché du travail, près de 500.000 des deux millions d’employés en CDI dans des entreprises privées n’ont pas reçu de salaire depuis des mois. Certaines personnes ont reconnu à la télévision avoir volontairement contracté le VIH pour recevoir une aide de l’Etat. Ceux qui sont en bonne santé mais sans travail perçoivent environ 400 euros par mois, indépendamment de leurs revenus antérieurs, pendant un an. Puis plus rien.
La Grèce n’a plus d’aide à attendre de la part de l’Europe. Le ministre des Finances de Bavière, Markus Söder [CSU], a récemment déclaré que “la Grèce doit servir à montrer que la zone euro peut aussi montrer les dents. Les responsables des problèmes de la Grèce, ce sont les Grecs, et personne d’autre“. Pour l’heure, la troïka (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne) vérifie que le pays remplit les conditions nécessaires au déblocage des fonds consentis. Si sa conclusion est négative, les partenaires européens n’enverront pas d’aide à la Grèce, qui n’aura alors plus d’autre choix que de se déclarer en faillite, de sortir de la zone euro et de revenir à la drachme. De l’avis de nombreux spécialistes, cela pourrait être le début d’un effondrement complet.
Défendre sa dignité
Pendant que sa situation économique défraie la chronique, la Grèce enregistre la plus forte augmentation du nombre de suicides de son histoire : sur l’année 2008, près de 300 Grecs s’étaient donnés la mort, soit, d’après l’Organisation mondiale de la santé, le taux de suicide le plus faible d’Europe. Depuis le début de la crise, ce chiffre a plus que triplé. L’ONG Klimaka estime que plus de 2.000 Grecs se sont suicidés depuis le début de l’année 2010.
Fin juin, un employé de banque de 45 ans s’est jeté du haut de l’Acropole, faisant une chute de plus de cent mètres, sous les yeux de nombreux touristes. Début avril, le suicide d’un retraité de 77 ans sur la place Syntagma, devant le Parlement grec, a suscité une vague d’indignation dans tout le pays. Cet ancien pharmacien avait laissé une lettre expliquant qu’il ne voulait pas en être réduit à faire les poubelles pour se nourrir, qu’il avait encore sa dignité à défendre.
“Ce ne sont que deux cas qui ont fait parler d’eux, sur deux ou trois mille suicides, explique Aristidis Violatsis, psychologue de Klimaka. Et nous pensons que le chiffre officiel est encore bien en dessous de la réalité“. Car, explique-t-il, le suicide reste un sujet largement tabou en Grèce. Religion d’Etat, l’Eglise orthodoxe est omniprésente et concerne 97% de la population. Les morts par suicide n’ayant généralement pas le droit à des funérailles chrétiennes, bon nombre de familles les font passer pour des morts accidentelles. Sur les plages aussi, des gens viennent mourir volontairement, ainsi que le reconnaît – officieusement – la police portuaire.
“Presque toutes les victimes se donnent en fait la mort à cause de graves difficultés financières, explique Ioannis Xousos, président du syndicat de l’EKAV (centre national pour le soins médicaux d’urgence) en Attique [région d'Athènes]. Ce sont souvent de petits entrepreneurs qui ont fait faillite ou des pères de famille qui ont pris un crédit immobilier avant la crise et ne peuvent plus le rembourser après avoir perdu leur emploi“. En juin, l’EKAV a reçu plus de 350 appels d’urgence pour des tentatives de suicide. Les sauveteurs sont arrivés trop tard dans cinquante cas.
Courrier International
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