Oskar Freysinger : « La Suisse est le supermarché des cambrioleurs »
Swisecurity.ch
Nos derniers articles ont démontré que Genève en particulier, mais aussi toute la Suisse romande en général, connaissait une recrudescence de criminalité, notamment en termes de cambriolages. Il n’est donc pas anormal que nous questionnions des hommes politiques sur le sujet. Cet entretien, avec Oskar Freysinger, est le premier d’une série, de sorte à confronter sur le sujet une juste représentation du Parlement de notre pays.
A toutes fins utiles, nous rappelons que nous ne sommes lié à aucun parti politique.
Question : M. Freysinger, à Genève le taux de cambriolages a augmenté de 30% en une année, quelle est pour vous la cause de cette recrudescence de criminalité ?
Oskar Freysinger : Cette situation est principalement due aux accords de Schengen, et plus précisément l’absence de contrôles aux frontières. Dès l’instant ou vous ouvrez les frontières, vous aboutissez ce que j’appelle le « principe des vases communiquant », c’est à dire que vous ouvrez la porte aux criminels des pays qui bordent la Suisse, et qui sont plus nombreux que chez nous. C’est automatique. On nous avait promis que Schengen assurerait notre sécurité. Nous constatons aujourd’hui que c’est l’inverse qui se produit.
Pensez-vous qu’un retour en arrière est possible, que les accords de Schengen peuvent être dénoncés ?
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il est tout à fait possible de dénoncer ces accords, de rétablir les contrôles aux frontières – même s’il est entendu que l’on ne peut pas contrôler 100% de la circulation des flux migratoires. Néanmoins on peut arriver à une plus grande maitrise de la situation que celle que nous subissons actuellement. C’est également au retour de cette criminalité transfrontalière qu’il convient d’agir, en arrêtant les voyous quand ils tentent de quitter la Suisse. Imaginez que récemment, ici, dans le canton du Valais, des voyous venus de Marseille ont récemment braqué une banque. Cela n’est possible que depuis que les contrôles aux frontières sont devenus quasi inexistants.
Vous pensez-donc que la Suisse est un attrait pour les criminels ?
C’est pire que ça, la Suisse est devenu un supermarché pour les voleurs. On vient, on sert et on repart.
Pensez-vous que les moyens des forces de police doivent être renforcés ?
Je suis contre l’idée d’un Etat policier. Si on arrive à créer un cordon sanitaire crédible, traditionnellement appelé frontière, cela nous évite de transformer le pays en Etat policier, ce qui pourrait donner lieu à une suspicion généralisée à l’encontre de tous les citoyens. C’est déjà le cas avec les « contrôles volant » actuellement mis en place : tout le monde devient suspect et doit être contrôlé. Encore une fois, le correctif doit être focalisé sur les frontières. Augmenter les forces de police à l’intérieur du pays est une mesure qui couterait horriblement chère. Le problème n’est pas le manque de personnel, mais l’objectif de leur mission.
La privatisation de certaines des tâches de police vous semble être une solution possible pour combattre la criminalité ?
Ca me pose un problème grave parce que cela signifie que l’Etat de droit ne remplit plus sa fonction. Dans notre constitution, c’est le citoyen qui délègue la sécurité à l’Etat. C’est une question très sensible. Seul l’Etat peut garantir le bien commun. Dès l’instant où l’on charge une entreprise privée, qui se base sur des critères économiques, on sort de ce cadre étatique. Plus grave encore, si nous cédons à cette tendance, il y a aura un moment où les quartiers de populations riches auront les moyens de faire assurer leur protection par des sociétés privées, et que les plus défavorisées seront laissé à eux-mêmes, comme on le voit déjà dans certains pays. C’est quelque chose qu’il faut absolument éviter, car dès ce moment nous ne seront plus dans le « vivre ensemble » qui est le socle même de notre pays.
Propos recueillis par Adrien Jacot-Descombes pour Swisecurity
Reproduction autorisée avec indication des sources
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