Travail clandestin d’enfants au coeur de Paris
Une boutique de luxe qui vend des chaussons de danse chic. L’inspecteur du travail demande comment le catalogue de promotion publicitaire des produits est fabriqué. On lui explique que la société fait elle-même les photos pour ses catalogues, par des séances, avec des photographes et des studios engagés et loués par ses soins, à partir de jeunes modèles sélectionnés… sur leur bonne mine et selon la bienveillance des clients parents.Comment une maison aussi réputée peut-elle violer un droit aussi fondamental que celui concernant le travail des enfants ? Il apparaît que c’était une pratique ancienne et persistante chez eux. Pourtant chacun sait depuis le célèbre « bébé Cadum » que ce travail est extrêmement réglementé : autorisations préalables, passage par des agences agréées, contrôle contre les employeurs et parents abusifs. Là rien de tout ça : l’inspecteur découvre des listings de petites filles, avec des annotations manuelles sur leurs caractéristiques physiques, sur les séances photographies et même un synopsis de film tourné en « deux jours » avec des scènes bien précises :
Extraits :
« Le visage angélique de la petite fille apparaît… Elle se dirige immédiatement à l’une des barres ou d’autres petites filles sont déjà alignées » « Le professeur s‘approche de l’une d’elles et la redresse avant qu’elle ne tombe… » « Nous remontons le long des jambes pour découvrir une danseuse d’une dizaine d’années… ; » « Son visage juvénile est éprouvé par l’effort et la concentration… » « On finit sur le visage de la jeune fille exténuée »
Ce n’est pas un petit tournage, mais un travail de professionnels. Sans professionnelles !
Car le droit des enfants a été totalement violé ! Il n’y a pas eu de déclaration préalable à l’embauche, pas de passage par une agence agréée pour le travail des enfants, pas de demande d’autorisation auprès des services publics de contrôle concernés, le travail est demeuré dissimulé de bout en bout, il n’y a pas eu de bulletin de paie, les enfants ont été spoliés d’éléments de salaires qui devaient être conservés jusqu’à leur majorité, ils n’ont pas suivi de visites médicales, la durée du travail a dépassé ce qui est autorisé pour des enfants de cet âge. L’entreprise a réalisé de solides économies d’agences, de gestion, de salaires, de cotisations sociales, en pratiquant ainsi. les enfants sont payés en “bons d’achat” maison ! Ceci existe en plein coeur de Paris, dans une entreprise riche et connue !
C’est devenu à la mode chez les patrons : le responsable de l’entreprise tente de discréditer la visite de l’inspecteur contraint, sinon il devenait l’accusé, de rétablir point par point la légalité de ses contrôles. Au lieu de reconnaître les faits, l’employeur tente de les nier, puis de les minorer, se déclarant « surpris », allant jusqu’à feindre l’ignorance des lois et s’étonnant de se voir poursuivi.
Chronique « au boulot » HD n°93 : travail clandestin d’enfants au coeur de Paris – Le blog de Gérard Filoche
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