dimanche 5 août 2012

Crise de l'Euro : aimer son pays et sa culture n'est-ce pas être un peu nazi sur les bords ?

Les délires européens se multiplient, à mesure que la crise de l'euro s'aggrave. Il y a quelques jours, Laurent Pinsolle avait exprimé sa stupeur en découvrant les propos farfelus (et inquiétants) tenus par Cecilia Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, concernant l'immigration. Selon elle, il faudrait "s'élever au-dessus des contingences nationales" et exiger toujours plus de migrants, car il s'agit là d'une politique "nécessaire" et même d'une "chance". Une vision d'un dogmatisme absolu, qui ne tient manifestement pas compte de la réalité sociale d'une Europe en crise...


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Aujourd'hui, c'est l'existence d'un "peuple européen" qui aveugle nos croisés de l'européisme. Une tribune parue dans le Monde nous en donne une consternante illustration. L'article commence très fort :

"La récente victoire d'Obama à la Cour Suprême des États-Unis, actant la réforme d'un système de santé profondément injuste à nos yeux, nous rappelle combien l'État providence est pour nous autres Européens, une évidence partagée."

Il s'agit d'une évidence tellement frappante que la Commission n'a cessé d'oeuvrer dans le sens du libéralisme, au point d'en faire une "véritable forteresse" (pour reprendre les termes d'Aurélien Bernier), en participant en particulier au démantèlement des services publics et en louant les bienfaits des "réformes structurelles"... mais notre exalté de la cause européenne ne s'arrête pas là, bien au contraire :

"L'antiquité grecque nous a légué la démocratie et la raison, l'Empire Romain le droit, le Christianisme et la philosophie le concept d'individu tandis que les Lumières ont apportés les idées d'égalité et de liberté. Les deux guerres mondiales y ont adjoint l'impératif de paix. L'humanisme est tout cela à la fois, et il est européen."

Le message implicite est clair : toute personne s'opposant à l'Europe telle qu'elle se construit actuellement a donc, nécessairement, quelque chose d'inhumain. Ce qui se confirme quelques lignes plus bas :

"L'enjeu n'est donc pas de créer une identité commune ex-nihilo, puisqu'elle existe déjà, mais d'en prendre conscience. C'est ici que l'histoire, encore elle, nous joue des tours. Nous quittons deux siècles où les identités nationales ont été exacerbées, comme le succès des parties d'extrême droite européens nous l'a rappelé récemment. Si les frontières politiques ont disparu, les barrières psychologiques entre nations sont encore rarement franchies. Consciemment ou non, le voisin, et Bruxelles en tête, demeure un objet de méfiance."

Bon sang, mais c'est bien sûr ! Le peuple européen existe et personne ne nous l'avait dit ! Qu'importe l'arrêt de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui énonce on ne peut plus clairement que ce fameux "peuple européen" n'est, pour l'heure, qu'une vue de l'esprit : quand la réalité ne convient pas, il suffit de s'en affranchir.

Et puis, au fond, aimer son pays et sa culture, son identité nationale, n'est-ce pas être un peu nazi sur les bords ? Face à ces politiciens qui ne "comprennent rien" au progrès formidable que représenterait un fédéralisme imposé par la force à des peuples qui n'en veulent manifestement pas, notre moine-soldat de Bruxelles conclut en décrivant ses espoirs pour l'avenir : il attend l'arrivée au pouvoir des "meilleurs esprits", représentés par les étudiants participant au programme Erasmus, comme d'autres attendent le Messie.

Qu'importe le fait qu'ils ne représentent, au mieux, que 4% des étudiants européens (selon les chiffres de la kommandantur commission européenne) : ils forment le "camp du bien", une armée de missionnaires prête à mettre à mal les "fossoyeurs du projet européen". Le privilège de civiliser ces hordes de primates avinés que sont les citoyens aux réflexes nationalistes leur revient de droit. Amen ! Mais au fait, sur quoi se baserait notre communauté de destin, exactement ?

"Sans même connaître nos valeurs, ils savent notre attachement au football, l'engouement des jeunes clubbers pour une musique électronique typiquement européenne (Carl Cox, David Guetta, Ellen Alien). S'ils ont visité un jour quelques capitales du Vieux Continent, ils savent aussi que l'on peut déguster le même kebab dans les rues de Copenhague et de Rome : une tradition importée par les migrants, mais qui trace les contours d'une street food culture à l'européenne."

D'accord. L'Europe, c'est donc manger des kébabs, jouer au foot et écouter David Guetta. Sont-ils seulement sérieux ?

On ne peut d'abord que ressentir une certaine consternation à la lecture d'un texte aussi inepte et éloigné de la réalité. Puis vient l'inquiétude : nous avons en effet déjà eu l'occasion, au cours du XXème siècle, de constater les ravages d'idéologies factices qui ne s'appuient pas sur des faits mais sur des fantasmes. En Grèce, en Espagne, en Italie, nous commençons à percevoir clairement les effets désastreux d'un tel manque de bon sens.

Comment, dès lors, ne pas craindre pour l'avenir de la démocratie sur le continent ?

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