samedi 25 août 2012

Après les traders les journalistes remplacés par des robots

Reposez vous, je gère tout


Des ordinateurs à la place des journalistes. L’idée se concrétise aux États-Unis où des algorithmes sont capables de transformer des données chiffrées brutes en brèves. Véritable progrès pour certains permettant de décharger le journaliste d’une tâche simple et répétitive, il représente un menace pour l’information pour d’autres. Retour sur ce phénomène en devenir.



Les articles du futur seront-ils écrits par des ordinateurs? Aux États-Unis, la pratique est déjà en marche. Le principe est simple : des algorithmes transforment des données brutes et chiffrées en articles. Pas de place pour la subtilité ou l’analyse, mais ce système peut s’avérer utile pour des brèves dans l’actualité sportive – pour les résultats par exemple- ou dans le domaine des affaires – pour les résultats comptables.

Mieux, pour être plus proche de la réalité l’ordinateur est capable d’adapter son ton et de changer d’angle en fonction de son lectorat et de son lieu d’habitation.

Chez Narrative Science, une société basée à Chicago qui travaille sur ce type d’ordinateurs depuis plus de dix ans, des articles concernant 370.000 matchs de base-ball de ligues mineures ont déjà été transmis l’année dernière. Parmi ses 40 clients, l’entreprise compte même Forbes, publication économique de référence. Le magazine fait appel aux automates pour rendre plus accessibles des données brutes et autres tableaux.


Un gain de temps et d’argent?

Menace dangereuse pour certains, les “ordinateurs-journalistes” représentent un progrès majeur pour d’autres. Se chargeant de tout ce qui simple et répétitif, les algorithmes “permettent au reporter qui les aurait écrits d’utiliser son temps pour faire des choses plus intéressantes”, observe auprès de l’AFP Ken Doctor, analyste spécialisé dans le monde des médias.

Un argument qui ne tient pas aux yeux de Dominique Wolton

“L’argument du gain de temps est idiot. Que va faire le journaliste, des enquêtes? des reportages? Il n’y a pas d’argent”, explique le directeur de l’Institut des sciences de la communication au CNRS contacté par le JDD.fr.”Plus on va faire des tâches automatiques moins il y aura d’argent pour les enquêtes d’ailleurs”, répond-t-il à ceux qui voit dans “l’ordinateur-journaliste” une solution à la précarité économique de nombreuses entreprises de presse.

“L’information n’est pas universelle et rationnelle“

“Une brève n’est pas qu’un simple résultat quantitatif”, poursuit-il. En outre, l’ordinateur est capable pour l’heure de s’occuper des données statistiques ou chiffrées. Mais, si un match est interrompu par la météo ou compte un blessé, il ne le mentionnera pas ne sachant pas le prendre en compte. “Ces pratiques renforcent l’idée que l’information est objective, universelle et rationnelle. Or, ce n’est pas vrai!, estime Dominique Wolton.

De même, tous les articles ne sont pas relus par des journalistes, certains sont transmis directement sans aucune intervention humaine. Une relecture demanderait trop de temps et irait donc à l’encontre du but recherché. Conscient de toutes ces lacunes qui peuvent s’avérer dangereuses pour l’information, Kristian Hammond, directeur technologique de Narrative Science, se base sur les “excellents retours” qu’il a eus. Et d’assurer : “Jusqu’à présent nous n’avons pas fait d’erreurs”. Le débat est lancé.

Les journalistes remplacés par des ordinateurs? - leJDD.fr

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