samedi 26 mai 2012

Vers la fin de l’hégémonie allemande grace à François Hollande ?

Grâce à la nouvelle orientation défendue par Paris, le rapport de force interne à l’Union européenne devient défavorable à Berlin et à la rigueur prônée par l’Allemagne. Ces circonstances permettent aux Grecs d’entrevoir le bout du tunnel et de reprendre espoir, se félicite-t-on à Athènes.


Giorgos Malouhos
Le sommet extraordinaire d’hier soir avait quelque chose de différent par rapport à ce qu’on a pu connaître ces deux dernières années : il n’y avait pas de “ligne directrice” préparée quelques heures à l’avance par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français. François Hollande n’a pas poursuivi la “tradition” de Nicolas Sarkozy. Son “baptême du feu” à Bruxelles était “direct”, et non via Berlin.


Ce sommet avait aussi une autre particularité. L’Allemagne devait, pour la première fois depuis très longtemps, faire face à un ordre du jour qu’elle n’avait pas dicté : celui des questions liées à la croissance. Peut-être qu’aucune décision n’a été prise mercredi soir, mais il est un constat clair : l’hégémonie allemande est désormais remise en cause par l’Europe. Et Berlin le sait très très bien : les dirigeants allemands sentent déjà qu’on les a chassés de leur trône.


La domination de l’Allemagne est activement contestée.  Et cela affecte directement la Grèce. Hier, avant le début du sommet, la banque centrale allemande a dévoilé publiquement un rapport indiquant qu’il ne devrait plus y avoir aucun geste envers la Grèce. Et que si elle faisait faillite, ce serait un moyen “d’en finir avec cette histoire”… Au même moment, François Hollande réaffirmait son soutien et sa confiance au pays et au peuple grec.


Plus personne ne soutient la politique d'Angela Merkel
Cependant, le nouvel équilibre européen qui prend forme en ce moment se retrouve dans les conclusions du sommet : “Nous ferons en sorte que les fonds européens et tous les moyens soient mobilisés pour mettre la Grèce sur la voie de la croissance et de la création d'emplois.”


L'hégémonie allemande en Europe se termine. Comme une très grande partie de la presse allemande le souligne depuis hier, Angela Merkel est plus isolée que jamais face à ses partenaires, mais pas seulement. En réalité, sa politique n'a plus aucun allié. Des organisations internationales aux États-Unis en passant par Paris et Madrid, plus personne ne la défend.


Que vont faire les Allemands ? Tout oublier et s'adapter aux nouvelles réalités, comme si rien ne s'était passé ? Certainement pas. Ils se battront, et même beaucoup. Ils ont la volonté et la puissance. Mais ils ne sont plus seuls aux commandes. Ils ne déterminent plus à eux seuls la politique à mener. Cela engendre d'énormes espoirs pour l'Europe, et surtout pour la Grèce.


La Grèce aperçoit le bout du tunnel
Pour notre pays, les circonstances ont radicalement changé ces derniers temps. La Grèce a désormais la possibilité de se battre pour revendiquer un meilleur avenir. Bien entendu, il faudra qu’elle tienne ses promesses, comme le souligne la grande majorité de nos partenaires.  C'est un fait. Mais il y a un mois, personne n’anticipait ce qui s’est passé hier, ce nouvel équilibre européen. Les “engagements” auxquels tous se réfèrent, et à juste titre, ne sont plus un ensemble de dogmes hermétiques auxquels on ne peut toucher. Le paramètre de la “croissance”, maintenant mis sur la table, change la donne.


La Grèce peut se baser là-dessus, comme elle peut faire bien plus encore. Elle peut se battre, tout simplement parce que nous atteignons la fin du rigorisme derrière lequel se cachait la politique nationaliste allemande. Berlin n'est plus notre seul interlocuteur... Nous devrions maintenant commencer à avoir des résultats, par exemple, sur les privatisations, ou dans le secteur de l'énergie. A quel point est-il important, surtout en ce moment, de procéder à ces avancées ?


Le pays sort du tunnel du désespoir dans lequel l’avait poussé l'hégémonie allemande. Mais nous devons montrer que nous croyons pouvoir devenir un véritable Etat européen qui souhaite ne pas vivre avec des béquilles. Nous devons faire ce qui est de toute façon absolument nécessaire pour ne pas mourir, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Europe. Et nous pouvons le faire beaucoup plus facilement maintenant que l'état d’asphyxie est en voie de disparition.


Notre avenir est aujourd’hui beaucoup plus entre nos mains qu'il ne l’était hier. Cela est de bon augure. Mais il faut une politique. Et la politique est l'art du possible. Par conséquent, le fanatisme est maintenant le plus grand ennemi. Des fanatiques, nous en avons beaucoup, et de tous les côtés. Que peut-on faire contre ? La première observation que nous devons faire aujourd'hui, c'est que la position de la Grèce ces dernières semaines, en dépit de ce qui s’est dit, s’est déjà améliorée.


Il faut s’agripper à ce rayon de lumière qu’on aperçoit au bout du tunnel, et se battre pour changer notre sort. Maintenant, nous le pouvons. L'Europe n'est plus ce qu'elle était il y  a encore quelques semaines. Le contexte est différent. En outre, ce changement est le résultat de l'expression de la volonté de deux peuples, les Français et les Grecs. Les Français avaient le pouvoir de contester le Tout-Puissant allemand qui avait complètement subjugué l'ancien président jusqu'à le faire changer. Et les Grecs ont eu la force de montrer, à travers leur vote, leur mécontentement. Aujourd'hui, avec le repli du Tout-Puissant allemand, la voie européenne de la Grèce est de nouveau ouverte. Montrons que nous comprenons et que nous allons nous battre pour reconquérir notre avenir. Les conditions, en tout cas,  existent désormais.


source:presseurop.ue

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