Bouclier antimissiles : le dangereux « Oui, mais » de François Hollande.
Lors du sommet de l’OTAN des 20 et 21 mai à Chicago, le Président français François Hollande a, après qu’il eut annoncé que la France retirerait ses troupes d’Afghanistan comme prévu, malheureusement donné son accord à la première phase du bouclier antimissiles américain pour l’Europe, dont l’activation immédiate est considérée comme casus belli par la Russie.
Cette première phase est composée d’un puissant radar en Turquie, plusieurs frégates armées de missiles SM3 en Méditerranée, et d’intercepteurs (des batteries de missiles patriote) déjà installées en Pologne et en Roumanie.
Hollande, qui avait fait part avant le sommet de ses fortes réticences à l’égard de ce plan, s’est finalement déclaré rassuré et a fini par donner son accord après avoir imposé certaines conditions :
Afin de sanctuariser la « force de frappe » française, le bouclier antimissiles devrait être considéré seulement comme un « complément » et non pas un substitut à la dissuasion nucléaire classique.
Hollande veut que le bouclier antimissiles soit placé sous contrôle « politique », et espère que la France soit en position de co-décideur via un système d’avertissement précoce.
La France, qui est censée contribuer 2 à 3 milliards d’euros à ce système, devait bénéficier des retombées industrielles, technologiques et scientifiques. Seuls les Etats-Unis devaient jusqu’à maintenant bénéficier de ces retombées.
Hollande a lourdement insisté sur le fait qu’une reprise du dialogue avec la Russie est obligatoire et que le système ne devrait pas déstabiliser l’équilibre stratégique.
Hollande a refusé jusqu’à maintenant d’apporter sa caution pour les trois prochaines phases, et l’ensemble de sa mise en service fera l’objet d’une réévaluation approfondie en France avant d’aller plus loin.
Le Figaro commente que le sommet de l’OTAN s’est conclu avec une « unité de façade » par rapport à ce bouclier antimissiles. L’article conclut que la « France ne s’est cependant pas beaucoup engagée sur le bouclier à Chicago. La participation française aux prochaines étapes fera l’objet d’une longue réflexion en France, où de nombreux obstacles l’attendent : la crise financière et l’attachement français à la dissuasion nucléaire. L’impulsion politique et financière devrait donc encore, à court et moyen terme, revenir aux Américains. »
Politiquement, la décision de François Hollande est surtout un cadeau politique à Barack Obama, pourtant connu pour avoir soutenu vivement la réélection de son adversaire, Nicolas Sarkozy.
Obama, sous les attaques d’une opposition républicaine belliqueuse, se doit d’apparaître comme déterminé face aux menaces iraniennes et russes contre la sécurité des Etats-Unis.
Peu importe les motivations et les petits calculs des uns et des autres, tous se comportent comme des pions aveugles incapables de voir l’ensemble du grand échiquier britannique où l’on joue avec la paix mondiale.
source :S&P.org
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