Quiconque s’intéresse au conflit en cours est fondé à conclure que la Russie ment. Et elle ne ment pas beaucoup, comme on pourrait s’y attendre de la part d’un pays en guerre, ni énormément, comme s’y emploient en général les tyrannies, mais tout le temps. Depuis neuf mois, a-t-on entendu le Kremlin énoncer une seule vérité claire et nette ? Jamais. Moscou émet un flot ininterrompu de trucages, de désinformation et de contre-vérités, au point qu’elle semble incapable de reconnaître que deux et deux font quatre. Et c’est le cas. Un phénomène quasi surnaturel, dont il convient de définir les motifs historiques.
La Russie tsariste mentait
Les fameux « villages Potemkine » sont devenus des cas d’école de l’illusionnisme étatique. Ce n’était qu’un début.
Au XXe siècle, la Russie a traversé soixante-dix ans de communisme pur et dur. L’intensité du totalitarisme a varié selon les époques, avec plus ou moins de terreur, de déportations de masse et d’exécutions sommaires, mais il est un élément du système qui n’a jamais varié d’un iota : la langue de bois. De la prise du pouvoir par Lénine à l’effondrement du système sous Gorbatchev, le seul langage politique officiel, le seul autorisé et obligatoire, a été cette langue glaciale, aveugle, mécanique, d’une rigidité d’acier, d’où toute humanité, toute émotion, toute ironie sont exclues. Innombrables, les innocents qui ont fini au Goulag, ou se sont vu ficher une balle dans la nuque parce qu’ils refusaient de la parler.
La langue de bois est le langage de l’idéologie. Comme l’a parfaitement vu Orwell dans 1984, elle est l’âme du totalitarisme, le démon qui vous possède et fait de vous un mutant, un zombie. Alain Besançon a cette formule décisive : « La langue de bois ne veut pas être crue, elle veut être parlée. » Peu importe que vous soyez sincère ou non, fidèle au régime ou secrètement opposant : dès l’instant où elle sort de votre bouche, vous lui appartenez, vous participez à la fiction qui veut remplacer la réalité et vous prêtez main-forte à la destruction du monde. Les Russes ont vécu soixante-dix ans sous le joug de cette dictature linguistique. Leurs esprits ont été profondément contaminés par le néant.
Dans la vision métaphysique de Lénine, la vérité telle que nous la concevons n’existe pas : elle n’est qu’un reflet de la matière, laquelle est pur mouvement. Ce qui est vrai un jour peut se révéler faux le lendemain et redevenir vrai le surlendemain. L’Histoire universelle mène à la révolution, mais les chemins qui peuvent déclencher l’embrasement final et salvateur sont en nombre infini. Dans un tel contexte philosophique, le mensonge au sens chrétien – d’une participation au mal – n’existe pas non plus : le bolchévique qui ment au capitaliste participe à la vérité (notez l’étrange jouissance dans les yeux de Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il assène une énormité : elle est le fruit de cette métaphysique léniniste. Il se sent pleinement justifié, secrètement sanctifié par son bobard).
La langue de bois ne tente donc jamais d’entrer en contact avec la vérité, ni à travers elle avec la réalité. Elle est un espace autonome, abstrait, où ce qui est et ce qui n’est pas sont parfaitement interchangeables. Réversibilité admirablement décrite par Orwell avec les guerres entre l’Océania, l’Estasia et l’Eurasia, dont la combinaison change sans cesse, chacune devant être acceptée comme la seule possible, immuable, par les esclaves de Big Brother. Mais revenons à Poutine – qui, ô surprise, a fait interdire la lecture de 1984 sur le territoire russe.
(Ici, je me permettrai d’évoquer une anecdote. Je vis dans une campagne française isolée. L’essentiel de la population est paysanne : très peu de militants, aucun idéologue. Or peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, à la terrasse d’un café, dans un minuscule village, j’ai entendu cette phrase lancée par un cinquantenaire : « De toute façon, les Ukrainiens, c’est tous des nazis ! » Je n’ai pas pu m’empêcher de penser : « Joli coup, Vladimir. » Un mensonge moscovite échappé d’un bureau du Kremlin tel un virus du laboratoire P4 de Wuhan, avait réussi à se frayer une route jusque dans la cervelle d’un villageois français.)
(supprimer les parenthèses ?)
Poutine ment tout le temps
Il ment pour trois raisons majeures.
D’abord, parce qu’à l’instar de Lénine, il ne croit pas un seul instant à l’existence de la vérité.
Il pense que le goût pour le vrai est la lubie des faibles, des idiots et des gogos. Élevé dans l’étau brejnevien, la langue de bois est sa langue maternelle. Ensuite, élève très appliqué de l’école du KGB, il a appris toutes les techniques soviétiques de l’art de la désinformation politique. Plus qu’un simple vecteur du mensonge, il a appris à incarner la fausseté : elle est inscrite dans sa chair, dans son ego. Les fausses identités ont formé son modus vivendi. Enfin, il est entouré de spin doctors issus des mêmes cursus que lui et qui ont agrégé aux cours magistraux et aux travaux pratiques du KGB les découvertes de la psychologie et du marketing occidentaux. Le résultat est une usine à mensonges d’une prodigieuse efficacité.
Les Français les plus lucides sur le poutinisme ont tendance à considérer nos compatriotes russolâtres comme de fieffés imbéciles ou des traîtres patentés. Pour la plupart, c’est les juger trop vite. Car, depuis vingt-deux ans qu’il est au pouvoir, Poutine a mis en place une campagne de communication politique aux dimensions du continent, extraordinairement performante. En matière publicitaire, on juge l’arbre à ses fruits et les faits sont là : des millions d’Européens regardent Vladimir le Grand comme un sage, un maître à penser, un glorieux conquérant. Il suffit de se pencher sur les couronnes de laurier que lui lancent, avec des yeux embués, les milieux catholiques traditionalistes pour juger de la puissance de son emprise intellectuelle sur notre pays. Oui, que cela plaise ou non, certains parlent de lui comme de « notre sauveur ». Il ne voient même plus qu’ils plongent dans l’idolâtrie que vomit leur Seigneur. Comme le dit Alain Besançon, « ils croient qu’ils savent, ils ne savent pas qu’ils croient ». En divinisant inconsciemment Poutine, ils quittent l’orbite de la chrétienté : voilà de quoi est capable le mensonge russe. Ces pauvres gens ne sont pourtant pas des aliénés mentaux, mais Moscou est capable de les rendre momentanément fous à lier, comme il a fait avec les ouvriers français dans les années 1940 à 1970.
Le pouvoir russe est addict au mensonge.
Sans lui, la supercherie de la « puissance eurasienne qui va sauver la civilisation » se verrait à l’œil nu et les foules – pas seulement en Russie – lui montreraient les dents. Sans le mensonge systématique et systémique, Poutine serait perçu pour ce qu’il est : un mafieux XXL, membre émérite des services secrets les plus meurtries du XXe siècle et prédateur insatiable de son propre peuple. Tout le contraire du patriote et de l’homme d’ordre devant lequel tant de droites européennes mettent un genou à terre. Il ne survivrait sans doute pas à la chute de son masque. Il est celui qui ne peut plus être lui-même.
Et puis, ultime raison, peut-être la plus décisive, Poutine ment tout le temps parce qu’il ignore dans quel univers il vit.
Comme le signalent Galia Ackerman et Françoise Thom, il ne lit pas les journaux, ne sait pas se servir d’un ordinateur ni d’un smartphone : il n’accède à l’information locale et mondiale que via la télévision russe qui répète en boucle ce qu’il pense et les rapports que lui remettent les officiers du FSB qui le craignent bien trop pour le confronter à l’exactitude des faits. Il ne dit jamais la vérité parce qu’il ne la voit pas, il ne l’entend pas, il ne la fréquente en aucune manière. Et si d’aventure il l’entendait, il la punirait, car ce vieillard mégalomane, paranoïaque, multimilliardaire sans mérite enfermé dans son bunker, au cœur d’une guerre absurde qu’il n’aurait jamais dû déclencher et qui fait de lui un paria, n’est plus en mesure de détecter l’écart chaque jour plus abyssal entre son délire et le verbe être.
Nous avons besoin de nous débarrasser du mensonge russe bien plus encore que de Vladimir Poutine. Ce sera long et difficile : la douloureuse mission de toute une génération, au bas mot.
http://dlvr.it/SdTMKx
lundi 28 novembre 2022
dimanche 27 novembre 2022
Une incroyable découverte archéologique relance les débats sur l’origine du basque
Le langue basque est mystérieuse car elle n’est reliée à aucune autre langue, contrairement à presque toutes les langues d’Europe, qui sont issues de l’indo-européen. PS : on dirait que France Culture a du mal à laisser diffuser le terme « indo-européen », pourtant essentiel en linguistique. L’évocation d’un lien de parenté avec une langue …
L’article Une incroyable découverte archéologique relance les débats sur l’origine du basque est apparu en premier sur Contre-Info.
http://dlvr.it/SdR6Rg
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samedi 26 novembre 2022
Une ancienne peinture murale redécouverte dans le nord du Pérou après plus d'un siècle
Une équipe d'étudiants archéologues a redécouvert une fresque murale multicolore vieille de 1000 ans représentant une divinité entourée de guerriers; elle a été vue pour la dernière fois il y a un siècle dans le nord du Pérou.
http://dlvr.it/SdP1K4
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vendredi 25 novembre 2022
Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, ridiculise les journalistes en plateau de BFMTV
Quel plaisir que d'entendre un homme politique en remontrer à quelques laquais du pouvoir oscillant entre mensonges et faux airs scandalisés ! Alors qu'ils reprochent sans vergogne à Piotr Tolstoï d'être responsable des milliers de morts de cette guerre dont l'Occident seul porte la responsabilité, celui-ci leur a renvoyé en pleine figure les centaines de milliers de morts des guerres impériales menées par le camp du Bien, que ce soit en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, etc. Il est des plaisirs - Novembre / Économie, Politique, International, Défense, Géopolitique, Histoire, Médias, Opinions, Tradition, Désinformation, OTAN, Vladimir Poutine, Vu de Russie
http://dlvr.it/SdLL7g
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jeudi 24 novembre 2022
René Girard et Peter Thiel, aux origines du néofascisme algorithmique
Fondateur de PayPal et de Palantir Technologies et ancien numéro deux de Facebook, le milliardaire américain Peter Thiel s'est imposé comme un incontournable de la politique américaine. Ancien membre de l'équipe de transition de Trump, il vient de dépenser près de 30 millions de dollars (trois fois plus que Trump lui-même !) pour tenter de faire gagner 16 candidats républicains trumpistes, tout en annonçant : « Je suis un gay républicain », révèle un article du Figaro du 6 novembre 2022.
En tant que (...)
- Actualités / Benjamin Bak, Politique, Texte, Amérique du Nord, Sécurité
http://dlvr.it/SdHXgt
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mercredi 23 novembre 2022
Congrès des maires de France : il faut dénoncer le système
Le renforcement des contraintes environnementales pour l’élaboration et le contrôle des documents d’urbanisme met de nombreux maires dans une situation de plus en plus inconfortable car ils sont incapables d’expliquer à leurs administrés pourquoi ils sont contraints de déroger au principe d’égalité des citoyens devant les charges du service public, principe inscrit dans la Constitution et fondement du droit administratif.
Un bon sujet de réflexion au risque de parler de ce qui fâche
Personne mieux qu’Edgard Pisani, qui fut ministre de l’Équipement puis de l’Agriculture, n’a dénoncé un système à la fois injuste et corrupteur :
« Tant que le tire-ligne de l’urbaniste et de l’ingénieur fera et défera les valeurs sans justification claire nous pourrons craindre deux phénomènes également graves :
* Nul ne peut supputer que les fonctionnaires qui tranchent resteront toujours et partout à l’abri des tentations. Lorsque l’acte administratif fait et défait les fortunes, la morale publique est bien vite menacée et c’est miracle que notre administration ait si bien résisté.
* Nul n’est en droit de penser que les citoyens auront durablement le respect des disciplines urbanistiques, s’ils ont le sentiment que la décision urbaine est livrée au hasard, à l’arbitraire et à la concussion. »
La multiplication des condamnations pour corruption de nombreux maires démontre l’irréalisme d’une législation dont témoigne en outre la médiocrité des documents traduisant plus la pression des propriétaires fonciers que le souci de protéger l’environnement.
Le respect des contraintes aboutit aussi à la pénurie de terrains constructibles en France, qui est pourtant le pays le moins densément peuplé d’Europe.
L’interdiction d’indemniser les servitudes administratives généralisée en juin 1943 par le régime de Vichy et depuis pieusement reprise est certes inique mais commode pour la puissance publique et les puissants.
Il est grand temps de constater que la négation des droits de propriété et la multiplication des réglementations sont impuissantes à protéger l’environnement.
Il importe aux maires de France d’au moins dénoncer un système avant d’envisager d’autres solutions adoptées dans d’autres pays.
http://dlvr.it/SdDb02
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mardi 22 novembre 2022
Infolettre: Nouvelle guerre mondiale…
Sélection d’articles :
La nouvelle guerre mondiale de l’Occident
Par Manlio Dinucci, 20 novembre 2022
Le bombardement médiatique avec les armes de distraction de masse s’intensifie. Il y a quelques jours la Pologne annonce avoir été frappée par deux …
http://dlvr.it/Sd9MjD
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lundi 21 novembre 2022
dimanche 20 novembre 2022
Les centres du progrès (20) : Vienne (musique)
Un article de Human Progress.
Notre vingtième Centre du progrès est Vienne, surnommée la « Ville de la musique ». De la fin du XVIIIe siècle à la majeure partie du XIXe siècle, la ville a révolutionné la musique et produit certaines des plus grandes œuvres des époques classique et romantique. Le parrainage de la dynastie des Habsbourg, alors puissante, et des aristocrates de la cour impériale de Vienne a créé un environnement lucratif pour les musiciens, attirant ces derniers dans la ville. Certains des plus grands compositeurs de l’histoire, dont Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Joseph Haydn, Franz Schubert et Wolfgang Amadeus Mozart, ont vécu et créé de la musique à Vienne. Nombre des symphonies, concertos et opéras les plus importants de l’histoire ont ainsi vu le jour à Vienne. Aujourd’hui encore, les pièces composées pendant l’âge d’or de Vienne continuent de dominer les représentations de musique orchestrale dans le monde entier.
Aujourd’hui, Vienne est la capitale et la ville la plus peuplée d’Autriche, avec près de deux millions d’habitants. La ville est célèbre pour ses icônes culturelles, notamment ses nombreux palais et musées historiques, ainsi que pour ses cafés, ses magasins haut de gamme et sa qualité de vie élevée. Le centre historique de la ville est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. La ville s’affiche toujours comme la « capitale mondiale de la musique » et accueille de nombreux concerts. En plus de son rôle historique dans la révolution de la musique, Vienne a continué à inspirer les musiciens à une époque plus récente. Le site officiel du tourisme de Vienne indique que la ville a fait l’objet de plus de trois mille chansons, dont deux des anciens Beatles et le tube éponyme de Billy Joel.
Le site situé près du Danube, où se trouve aujourd’hui Vienne, est habité depuis au moins 500 avant J.-C., lorsque des preuves suggèrent que d’anciens Celtes vivaient dans la région. Vers 15 avant J.-C., le site a accueilli un fort romain. L’emplacement de Vienne le long du Danube en a fait une plaque tournante naturelle pour le commerce. Des pièces de monnaie de l’Empire byzantin sont arrivées à Vienne au VIe siècle de notre ère, ce qui indique que la ville pratiquait un commerce de grande envergure. En 1155, Vienne est devenue la capitale du margraviat d’Autriche, qui a été élevé au rang de duché l’année suivante. Au fil des siècles, la richesse et l’importance politique de la région n’ont cessé de croître. Au milieu du XVe siècle, Vienne est devenue le siège de la dynastie des Habsbourg et la capitale de facto du Saint-Empire romain germanique. Les Habsbourg faisaient autrefois partie des familles royales les plus influentes d’Europe. Bien que son pouvoir ait considérablement diminué, la famille reste active en politique jusqu’à aujourd’hui (pour la petite histoire, l’actuel chef de la famille Habsbourg a été la première personne de la famille royale à contracter le covid).
En tant que centre de commerce et de culture de plus en plus important, la ville est devenue la cible d’attaques militaires et vulnérable aux maladies étrangères. Vienne a subi l’occupation hongroise au XVe siècle, des tentatives d’invasions ottomanes aux XVIe et XVIIe siècles et une épidémie dévastatrice (probablement la peste bubonique) en 1679 qui a tué un tiers de ses habitants. Aujourd’hui encore, on peut voir dans le centre-ville une colonne ornée de sculptures célébrant la fin de l’épidémie. En 1804, alors que les guerres napoléoniennes font rage, Vienne devient la capitale du nouvel Empire autrichien. Malgré les guerres et les maladies, le statut de Vienne en tant que haut lieu de la culture n’a fait que croître.
La famille Habsbourg et la cour impériale ont cherché à accroître leur prestige en finançant les arts, en particulier la musique. Grâce à leurs liens étroits avec l’Italie et l’Église catholique, les Habsbourg ont fait venir à Vienne plus d’une centaine de musiciens italiens dès le XVIIe siècle et ont introduit dans la ville des innovations musicales italiennes de pointe telles que l’opéra et le ballet ainsi que des productions de plus en plus extravagantes de musique sacrée. Dans le cadre de la contre-réforme, l’Église catholique a encouragé les grands projets musicaux et artistiques.
En 1622, le chef de la famille Habsbourg, l’empereur romain germanique Ferdinand II (1578-1637), épouse une mélomane, Eleonora, la princesse de Mantoue (1598-1655). On attribue au mécénat artistique de l’impératrice Eleonora le mérite d’avoir fait de la cour de Vienne un centre de musique baroque et de formes théâtrales naissantes comme l’opéra. Alors que les Habsbourg finançaient des spectacles musicaux de plus en plus somptueux pour célébrer des occasions familiales telles que des anniversaires et des spectacles de musique religieuse grandioses, l’incitation financière attirait dans la ville de plus en plus de musiciens de toute l’Europe. Dans les années 1760, la musique était tellement ancrée dans la culture viennoise que les membres de la noblesse mais aussi de la classe moyenne prospère ont commencé à agir en tant que mécènes.
Le compositeur autrichien Joseph Haydn (1732-1809), souvent appelé le « père de la symphonie » et le « père du quatuor à cordes », est parti d’origines modestes, fils d’un charron et d’une cuisinière, pour devenir le compositeur le plus célèbre d’Europe pendant un certain temps. Il a fait ses premières armes comme musicien de cour pour une riche famille dans un domaine éloigné, mais il a finalement été attiré par Vienne où il a reçu de nombreuses subventions et a été traité comme une célébrité. L’opus magnum de Haydn, La Création, un oratorio célébrant le livre biblique de la Genèse, a été créé lors d’une représentation privée pour une société de nobles mélomanes viennois. La Création a été présentée en public au Burgtheater de Vienne en 1799 et a affiché complet bien avant la représentation. Pendant son séjour à Vienne, Haydn est devenu le mentor de Mozart (1756-1791) et le tuteur de Beethoven (1770-1827).
Fils d’un professeur de musique de Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart se produit pour la première fois au château de Schönbrunn à Vienne alors qu’il n’a que six ans, aux côtés de sa sœur de dix ans. L’impératrice des Habsbourg, Marie-Thérèse (1717-1780), a payé 100 ducats d’or au frère et sa sœur et leur a offert des vêtements coûteux en remerciement. Mozart est largement considéré comme l’un des plus grands compositeurs de tous les temps. C’est à Vienne qu’il a connu la plus grande réussite financière de sa carrière. Là, lui et sa femme louaient un appartement élégant, achetaient des meubles coûteux, avaient plusieurs domestiques, envoyaient leur fils Karl dans une école prestigieuse (à Prague) et menaient un style de vie luxueux. Le fils et successeur de Marie-Thérèse, Joseph II (1741-1790), nomma Mozart au poste de compositeur de musique de chambre de la cour, lui donnant un salaire en plus des revenus qu’il tirait de ses concerts et d’autres mécènes.
Cependant, Mozart a souffert financièrement durant ses dernières années. Alors que la guerre austro-turque (1788-1791) fait rage et réduit la prospérité de Vienne et de ses aristocrates, il devient plus difficile d’obtenir des fonds pour les musiciens. Alors même que ses revenus diminuent, ses dépenses restent élevées et il s’endette. Il avait commencé à se rétablir financièrement en trouvant de nouveaux mécènes en dehors de Vienne lorsqu’il meurt brusquement à l’âge de 35 ans d’une maladie qui pourrait être une grippe ou une infection à streptocoque (certains avoquent du poison). L’un de ses plus grands chefs-d’œuvre, le Requiem, est resté inachevé. Pour ajouter au caractère mystique de l’œuvre, sa veuve a affirmé qu’un mystérieux étranger l’avait commandé et que Mozart avait l’impression de composer la messe de sa propre mort.
Beethoven compte également parmi les compositeurs les plus aimés de l’histoire. Il quitte Bonn pour Vienne à l’âge de 21 ans. Il acquiert rapidement une bonne réputation en tant que pianiste et devient un des favoris de la cour impériale. L’archiduc Rodolphe (1788-1831), cardinal de l’Église catholique et membre de la famille Habsbourg, est l’un de ses plus éminents mécènes. Les concerts les plus rentables de Beethoven sont les reprises de son œuvre célébrant la défaite de Napoléon par le duc de Wellington (opus 91) et de sa Septième Symphonie (opus 92), également inspirée des guerres napoléoniennes. Les réalisations de Beethoven sont d’autant plus impressionnantes qu’il est devenu pratiquement sourd à la fin de sa vie mais a continué à composer de la musique innovante. Sa plus grande est sa Neuvième Symphonie (opus 125), créée à Vienne en 1824. Elle reste l’une des pièces musicales les plus jouées dans le monde entier.
Schubert (1797-1828), originaire de Vienne, a produit un ensemble d’œuvres acclamées dans sa courte vie grâce au patronage de l’aristocratie de la ville. Sa plus grande œuvre, Winterreise (voyage en hiver), dont les paroles sont tirées d’une série de poèmes de Wilhelm Müller, explore les thèmes de la solitude et de la souffrance. Il est mort à l’âge de 31 ans, probablement de la fièvre typhoïde ou peut-être de la syphilis.
Brahms (1833-1897), né à Hambourg, a également travaillé pendant la majeure partie de sa vie professionnelle à Vienne. Sa Quatrième Symphonie est souvent citée parmi ses meilleures œuvres. Brahms croyait en la « musique absolue », c’est-à-dire une musique qui ne « parle » de rien en particulier et qui ne fait pas explicitement référence à une scène ou à un récit spécifique. Certains spécialistes pensent cependant que la Quatrième Symphonie pourrait avoir été inspirée par la pièce de Shakespeare, Antony and Cleopatra.
Après les époques de la musique classique et de la musique romantique, Vienne a continué à jouer un rôle majeur dans l’innovation culturelle. Elle a été au centre du mouvement Art nouveau au XXe siècle et a produit des artistes célèbres tels que Gustav Klimt (1862-1918), né à Vienne. Mais Vienne reste surtout connue pour ses réalisations musicales aux XVIIIe et XIXe siècles.
La musique anime l’existence humaine depuis la préhistoire
La datation au carbone suggère que les flûtes excavées en Allemagne et sculptées dans de l’ivoire de mammouth, ont entre 42 000 et 43 000 ans. La plus ancienne mélodie écrite, conservée sur une tablette cunéiforme en argile, est une ode à une ancienne déesse des vergers, composée pour la première fois aux alentours du XIVe siècle avant Jésus-Christ. La plus ancienne composition musicale entièrement intacte et traduite, comportant à la fois des paroles et une mélodie, pourrait remonter à 200 avant J.-C. et est écrite en grec ancien. Elle est gravée sur une colonne de marbre marquant la tombe d’une femme nommée Euterpe (littéralement, « bien se réjouir »). Elle portait comme il se doit le nom de la Muse de la musique. Les paroles de la chanson, que l’on pense avoir été écrites par le veuf d’Euterpe, se lisent comme suit :
« Tant que tu vis, brille
N’aie aucun chagrin
La vie n’existe que pour un court instant
Et le temps exige son tribut ».
L’air est joyeux, une célébration de la vie d’Euterpe. Vous pouvez entendre une interprétation grecque de cet air ici.
Des siècles plus tard, à Vienne, Beethoven a lui aussi cherché à transmettre le sentiment de joie dans le mouvement symphonique le plus aimé et le plus joué de l’histoire, l’Ode à la joie de la Neuvième Symphonie. En tant que moyen puissant d’exprimer et de susciter des émotions, la musique a toujours joué un rôle important dans la vie des Hommes, élevant les esprits à travers les générations. L’humanité n’a cessé de créer de nouvelles techniques et de nouveaux styles musicaux. Mais l’exploit culturel de Vienne est considérable. En produisant tant de compositions musicales qui ont révolutionné le domaine et continuent de résonner auprès du public des siècles plus tard, Vienne a mérité son surnom de « ville de la musique ».
L’héritage musical de Vienne a enrichi l’humanité. La ville a également démontré le rôle de la prospérité dans le financement des grandes œuvres d’art. Vienne a radicalement changé la façon dont la musique est interprétée, a donné au monde plus de compositeurs révolutionnaires que n’importe quelle autre ville et a été le lieu de naissance de compositions qui, pour beaucoup, représentent le sommet de la réussite musicale. Vienne a donc mérité sa place de vingtième Centre du progrès.
Traduction Contrepoints
—
Sur le web
http://dlvr.it/Sd43g3
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Taxe foncière : puisez, puisez… jusqu’au tarissement !
Pour des raisons évidemment électorales, le président Macron a supprimé la taxe d’habitation, ainsi que la taxe audiovisuelle qui y était attachée. Mais comme les collectivités qui en bénéficiaient sont obligées d’équilibrer leurs budgets, il faut bien se rattraper sur quelques-uns.
C’est ainsi que la taxe foncière est appelée à prendre le relais de leur financement et que les propriétaires et les bailleurs vont financer ce que les locataires n’ont plus à payer !
Il n’y avait aucun risque à prendre cette décision, l’immobilier étant par définition non délocalisable, puisque les propriétaires ne peuvent emmener hors de France leur capital immobilier.
Les propriétaires bailleurs ont été rodés à la pratique, la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) a été incluse dans l’appel des taxes foncières, à charge pour eux de la répartir et de la récupérer auprès de leurs locataires, avec toutes les complications et les risques de litiges et d’impayés. Le bailleur est devenu malgré lui collecteur d’impôt sans rémunération.
Les taxes foncières sont calculées à partir de taux déterminés chaque année par les municipalités applicables à la valeur locative, elle-même déterminée par l’administration.
Valeur locative : définition
« La valeur locative représente le niveau de loyer annuel théorique que la propriété concernée pourrait produire si elle était louée.
C’est l’une des bases servant au calcul de la taxe foncière.
Elle est calculée forfaitairement à partir des conditions du marché locatif de 1970 (1975 pour les DOM) pour les propriétés bâties et de 1961 pour les propriétés non bâties.
Cette valeur locative 70 est modifiée par des coefficients forfaitaires d’actualisation et de revalorisation.
Elle peut également évoluer au fil des années en fonction des changements, constatés par l’administration, comme l’agrandissement de la surface habitable, l’accomplissement de gros travaux ou l’achat ou construction d’équipement(s) supplémentaire(s) (garage, piscine, véranda,….). Toute modification d’une construction doit faire l’objet de déclaration aux fins d’actualisation. »
Réactualisation facile
Malgré les réajustements forfaitaires, le montant constaté des taxes foncières ne correspond pas à la définition de base. Mais l’État a tous les éléments pour l’appliquer à la lettre. Tout propriétaire privé bailleur a l’obligation de remplir le formulaire Cerfa 2044 dans lequel sont listés tous les locaux loués, leurs loyers bruts, les charges inhérentes et le revenu net.
Avec ces éléments, l’État peut à tout moment réactualiser les valeurs locatives avec un suivi possible, facile et annuel. Ainsi, une petite extrapolation a permis de constater sur un exemple issu de comptabilité fiscale :
Propriétés Bâties Taux d’appel taxes foncières en % de la valeur locative
Commune
Inter communes
Taxes spéciales
TEOM
GEMAPI
Taux Total
40,85
2,82
0,18
13,49
0,4454
57,79
Propriétés non bâties Taux d’appel taxes foncières en % de la valeur locative
Commune
Inter communes
Taxes spéciales
Chambre Agriculture
GEMAPI
Taux Total
24,55
6,76
0,463
12,3
1,07
45,14
Depuis 2021, la part départementale de la taxe foncière sur les propriétés bâties a été affectée aux communes.
En actualisant de manière brutale la définition légale de l’administration des impôts, on obtient (chiffres issus de la comptabilité fiscale) :
Logement 1 chiffres 2021
Taux en %
Taxe foncière
Valeur locative actuelle
949
57,79
548
Revenu locatif annuel net
5603
57,79
3238
Mais comme la taxe foncière est déductible des revenus locatifs, le revenu deviendrait :
(5603 + 548) -3238 = 2910 ce qui ramènerait la taxe foncière à 2910 x 57,79 % = 1682 euros
Revenu locatif net
Taxe foncière
Prélèvements sociaux 17,2 %
Impôt sur le revenu 8 %
Fiscalité totale
Actuel 5603
548
964
448
1960
Futur ? 2910
1682
501
233
2416
Ce qui représenterait une augmentation de la charge fiscale de 23,27 %.
Détermination des taux : de très grandes disparités
Comme on peut le constater, les taux étant votés par les municipalités, les valeurs locatives étant très variables selon leur localisation, on assite à un éventail invraisemblable de valeurs (Source DGFiP) :
Taxes foncières 2021 en France
Propriétés bâties
Propriétés non bâties
Taux de prélèvement
Montant 2021
Montant 2020
Taux de prélèvement
Montant 2021
Montant 2020
Maxi
83,20 %
3260,00
3281,00
501,80 %
2423,00
2690,00
Moyenne
53,97 %
1509,63
1543,32
90,26 %
146,17
149,01
Mini
21,40 %
880,00
899,00
11,40 %
45,00
44,00
Au vu de ce qui précède, les propriétaires devront être très vigilants lors de toute modification des critères de calcul des taxes foncières.
On voit dans l’exemple ci-dessus que la charge fiscale passerait de 34,98 % à 83,02 % du revenu net immobilier.
Ce serait confiscatoire, une pseudo nationalisation déguisée, qui ravirait tous les partisans de la répartition généreuse de l’argent des autres.
Un risque de crise du logement
Alors que la loi Alur impose des critères de mise aux normes énergétiques des logements qui obligent les propriétaires à des investissements conséquents dans un contexte où les loyers sont de plus en plus encadrés, toute augmentation des taxes foncières aura un effet catastrophique sur la disponibilité des logements. Afin d’éviter la saisie, les propriétaires devront privilégier le paiement des taxes foncières au détriment des disponibilités de financement pour des travaux visant à économiser l’énergie.
La vacance des logements locatifs augmentera, les logements hors normes étant progressivement interdits selon leur niveau de diagnostic de performance énergétique obligatoire (DPE).
Le partage du foncier et du bâti
Pour lutter contre l’inflation du prix des terrains et permettre aux accédants d’acheter ou de construire à meilleur prix, il est envisagé de créer le principe d’un bail libre de longue durée.
Les terrains seraient achetés ou confiés à des organismes publics : Office Foncier Libres ou Offices Fonciers Solidaires consacrés par la loi du 20 juillet 2016. Les acheteurs du bâti sur ces terrains devraient payer un loyer pour ces terrains et accéder à la propriété du bâti sans avoir à financer initialement le prix du sol. Une manière astucieuse de transformer les propriétaires en locataires. Sans savoir si l’expulsion pourra être prévue en cas de non-paiement du bail.
Il n’est pas certain que la taxe foncière du bâti serait minorée dans ce cas de figure.
À moins que la création de ces offices fonciers précités soit une première étape dans l’accaparement par l’État des valeurs immobilières pour rééquilibrer son bilan budgétaire ?
Une inquiétude grandissante
Au vu de l’augmentation de la pression fiscale qui résultera de la réactualisation des valeurs locatives, les investisseurs se tourneront rapidement vers des horizons moins contraints et plus rémunérateurs.
On entend souvent certains courants politiques et syndicaux prétendre que les revenus du capital sont moins taxés que les revenus du travail. Force est de constater que les prélèvements sociaux sont de 9,2 % pour les revenus du travail, mais de 17,2 % pour les revenus du capital, dont les revenus fonciers.
L’héritage et les droits de succession
Un courant de pensée de plus en plus insistant entend faire de la suppression de l’héritage un instrument de remise à égalité des citoyens.
D’après Le Monde, si on prenait l’ensemble des héritages transmis par an, estimé à 250 milliards d’euros, et qu’il était redistribué à parts égales à tous les Français à leur majorité, chacun recevrait environ 310 000 euros.
Formidable idée qui complète la notion de revenu universel, selon laquelle on a un droit par le simple fait d’exister. Sauf que la vie collective, qu’elle soit familiale, nationale ou internationale ne peut se concevoir paisiblement que dans l’harmonie, l’équilibre et l’équité des échanges et des relations.
Supprimer l’héritage, c’est renier la volonté et le courage de créer, aux prix d’efforts et de sacrifices, pour léguer à ceux qu’on aime et qui nous aiment le fruit de notre court passage sur Terre. D’autant que ceux qui jalousent cet héritage en profitent indirectement par le jeu des droits de succession qui sont répartis par les subventions et les aides financées par l’impôt. Le montant de ces aides n’est pas anodin, car au-dessus des abattements légaux, le taux des droits de succession varie de 20 % à 45 % en ligne directe (père, mère, enfants et petits-enfants) et va jusqu’à 60 % pour les héritiers extra familiaux.
Il faut que l’instinct créatif des propriétaires soit chevillé au corps et à l’esprit pour accepter de se priver de loisirs ou de choses plus essentielles, pour créer un patrimoine pérenne, en payant tout au long de leur vie une taxe foncière censée leur garantir de la part de l’État la sécurité de leur propriété. Il leur faut encore plus d’abnégation pour accepter de payer des droits de succession qui permettront à ceux qui les détestent de profiter d’une part de leur patrimoine et de leurs efforts.
Que l’État réfléchisse bien avant d’aliéner le droit de propriété. Sans la récompense de l’effort accompli, point de création de richesses, et pour maintenir la paix sociale, on ne peut redistribuer davantage de richesses qu’on en crée. Si on dilapide les richesses anciennes, on court à la ruine et à la guerre civile.
Un article publié initialement le 25 octobre 2022.
http://dlvr.it/Sd43VW
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samedi 19 novembre 2022
Taxons les riches et tout ira mieux
Le Covid-19, le dérèglement climatique, la montée des dictatures et des guerres, les pénuries et l’inflation qui en résulte, tout cela est inintéressant : rétablissons l’ISF, taxons les dividendes et ces problèmes disparaîtront !
Les besoins financiers de l’État ont explosé avec le « quoi qu’il en coûte » et les divers « boucliers » anti-inflation. Les tribunes se multiplient pour réclamer d’augmenter la pression fiscale sur « les riches ».
La folie égalitaire est à la mode, se répand sur les réseaux sociaux et même dans des journaux réputés sérieux, tel que Le Monde. Dénoncer les inégalités à grand renfort d’articles choc rapporte des lecteurs et permet de gagner des voix.
Mais pas la mienne.
Quand on parle de « taxer les riches » ou de « réduire les inégalités », on oublie toujours de parler des conséquences économiques à court et moyen terme : l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.
Mais la mode égalitariste est toute-puissante même quand ce sont les pauvres qui y perdent…
Commençons par un bref rappel historique expliquant pourquoi l’égalitarisme imprègne si profondément la mentalité française, contrairement aux pays anglo-saxons et aux protestants qui honorent la réussite professionnelle.
Un égalitarisme très français
Les racines historiques de l’égalitarisme en France
La revendication égalitariste date en France du siècle des Lumières, dont les philosophes réagissaient aux privilèges de la noblesse et du clergé.
Ces deux classes sociales étaient divisées : au sommet, on fréquentait la cour royale, inventée par Louis XIV pour maintenir sous sa coupe les nobles qui s’étaient révoltés lors de la Fronde, tandis qu’à la base de la noblesse et du clergé, on était beaucoup plus près du peuple et imprégné par les idées de réforme.
D’où la transformation des états généraux convoqués par Louis XVI pour augmenter les impôts, en une Chambre des députés décidant les réformes. La base de la noblesse et du clergé s’est alors alliée au tiers état, en grande partie composé de bourgeois, et ce sont ces groupes bien au courant des questions de production qui ont répandu l’image d’une noblesse de cour parasite.
Remarquons qu’il s’agit d’une caractéristique française, alors qu’en Angleterre les gentlemen farmers n’étaient pas à la cour mais modernisaient leurs exploitations agricoles. Leur utilité sociale était évidente et la pression égalitariste moins forte. Par ailleurs, cette révolution agricole a permis de nourrir les ouvriers de la révolution industrielle, qui démarre justement à ce moment-là dans ce pays.
À cela s’est ajouté, lors des troubles de la Révolution française, un courant violemment égalitariste, illustré notamment par Gracchus Babeuf qui milite pour « l’égalité parfaite », notamment par la nationalisation intégrale des activités. De multiples manifestations et écrits rejettent la « révolution bourgeoise », un terme qui sera popularisé plus tard par les marxistes. Il s’adresse aux « sans-culottes », à « la populace » disent ses adversaires. Il finit guillotiné en 1797 après avoir lancé « la conjuration des égaux » et restera une référence de plusieurs courants politiques français.
Quelques dizaines d’années plus tard, Karl Marx va lancer le communisme qui vise lui aussi le clergé et les nouveaux nobles, les capitalistes.
L’égalitarisme servira d’argument électoral pour des partis communistes ou analogues, alors qu’en URSS et dans les autres pays soviétisés, les anciennes classes sociales favorisées sont remplacées par une nomenklatura comblée d’avantages en nature ainsi que d’occasions de trafics et de corruption.
Remarquons que le Parti communiste s’est massivement implanté en France et en Italie mais pas dans les pays protestants, anglo-saxons, germaniques ou scandinaves.
L’égalitarisme c’est quoi ?
Wikipédia en donne la définition suivante : « L’égalitarisme est une doctrine politique prônant l’égalité des citoyens en matière politique, économique et/ou sociale, selon les contextes. Dans un sens plus général, l’égalitarisme désigne une école de pensée qui donne la priorité à l’égalité de tous. »
J’y suis opposé pour une raison de principe et une raison pratique : la limitation de la liberté et le nivellement par le bas.
Quelques réflexions sur l’égalitarisme
L’égalitarisme est non seulement une atteinte à la liberté mais aussi une idée très théorique de la vie, qui imagine le même fleuve tranquille pour des individus pourtant profondément différents.
En pratique, on nivelle par le bas car c’est facile : pour les adultes, il suffit d’augmenter les impôts, alors que la redistribution est maladroite et coûteuse.
Pour les enfants, il suffit de « simplifier » les programmes scolaires et de distribuer le bac à presque tout le monde. Il ne faut pas s’étonner ensuite des mauvais résultats des élèves français dans le classement international PISA.
Une redistribution de l’ensemble de la richesse démotive ceux qui veulent travailler pour améliorer leur sort. Symétriquement, moins un individu génère de richesse, plus il bénéficiera de la redistribution.
Cette démotivation d’une partie des meilleurs producteurs et la passivité des moins bons conduisent à l’appauvrissement général et notamment à la fin de la redistribution ! Nous aurons ainsi enfin l’égalité, mais dans la pauvreté.
Cela a été réalisé partiellement en URSS : la grande masse s’est retrouvée dans cette situation mais le pays a quand même continué à fonctionner partiellement en distribuant des privilèges importants en argent et en nature à l’élite économique et politique ; par exemple des logements et des voitures de fonction, deux biens qui étaient très rares et motivaient fortement.
C’est ainsi que l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.
Parlons donc un peu moins des inégalités et un peu plus de diminuer la pauvreté, en augmentant par exemple les qualifications. Pour cela, nous avons les modèles suisses et allemands à nos portes. Ce modèle inspire enfin la réforme actuelle de l’apprentissage : pour une fois le problème est pris par le bon bout !
Pour encourager la production de la richesse nationale, dont tous bénéficient directement (profits) ou indirectement (redistribution), la taxation du capital ne doit pas décourager les investisseurs ni les entrepreneurs et doit au contraire s’inscrire dans le contexte européen et mondial.
Pourtant, on entend de nouveau s’élever les voix pour demander le rétablissement de l’ISF.
La querelle sur l’ISF rebondit
De la création de l’IGF à l’ISF
Nous sommes en 1981, Mitterrand a une élection à gagner. Il promet la retraite à 60 ans et une dure taxation des grandes fortunes : c’est l’IGF, l’impôt sur les grandes fortunes.
Une fois élu, il applique ces deux bêtises mais doit rétropédaler sur la deuxième devant le massacre des PME et le chômage corrélatif qu’il entraîne.
Déjà expert en infox (fake news), il dira « Le chômage, on n’y peut rien, on a tout essayé ». Mais devant la catastrophe, il finit par alléger considérablement l’IGF.
Chirac, Premier ministre de cohabitation à partir de 1986, supprime l’ISF et est battu à la présidentielle de 1988 notamment parce qu’il a « favorisé les riches ».
Je passe sur les différentes réformes de l’ISF pendant les 30 ans qui suivent, tous les gouvernements étant pris entre l’évidence de la nuisance de cet impôt qui écarte de la France les employeurs, nationaux comme étrangers et la crainte d’être accusés de « favoriser les riches ».
Macron et l’ISF
Et voilà qu’arrive 2017. Le candidat Macron est direct :
« L’ISF fait fuir des investisseurs français et décourage des étrangers d’investir chez nous, ce qui explique une partie de notre chômage ».
Une fois élu, il supprime l’ISF (ou plus exactement le remplace partiellement par un impôt sur l’immobilier, l’IFI), et ça marche : les « exilés fiscaux » reviennent, les étrangers investissent et le chômage diminue jusqu’au début de la pandémie.
« Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 3,3 % en 2019 en France […] Sur le marché du travail, le millésime 2019 aura été l’un des meilleurs de la décennie écoulée », écrivait Le Monde le 27 janvier 2020.
Et après la pandémie, la reprise d’activité a été très forte et le nombre de chômeurs sans activité en France a baissé de 12,6 % en 2021, à son plus bas niveau depuis la fin de 2012 (chiffres Pôle emploi). Depuis début 2022, le taux de chômage oscille entre 7,3 % et 7,4 % à un niveau inférieur de 0,9 point à celui d’avant la crise sanitaire (Insee).
Est-il besoin de rappeler que la diminution des dépenses de chômage dégage des ressources pour tous les autres postes de dépenses ? Et que chaque personne remise en activité contribue par sa production, ses cotisations sociales et sa consommation à enrichir la nation ?
Cela n’empêche pas les égalitaristes de clamer immédiatement que « supprimer l’ISF va augmenter les inégalités », et la campagne pour son rétablissement rebondit : « Macron est le président des riches ».
Suppression de l’ISF : des critiques démagogiques et infondées
Il faut rappeler que l’objectif de cette suppression de l’ISF était non seulement de ne pas décourager les étrangers d’investir en France et d’y implanter des cadres supérieurs très bien payés, mais aussi de diminuer l’exil fiscal, les deux privant le trésor français de contribuables intéressants, et faisait courir le risque que ces Français, devenus étrangers, laissent peu à peu tomber leurs entreprises françaises pour en développer d’autres dans leur nouveau pays.
Nous avons vu que le premier objectif a été atteint, avec l’amélioration de l’image de la France qui avait la réputation de taxer les entreprenants et le retour des investisseurs étrangers. Le second a été atteint également puisque l’exil fiscal a diminué.
Évolution des départs et retours des contribuables assujettis à l’ISF (jusqu’en 2017) puis à l’IFI
Les articles dénonçant la suppression de l’ISF oublient également souvent d’énoncer qu’il n’a pas été totalement supprimé puisqu’il reste l’IFI qui taxe les grands propriétaires immobiliers, « parce que l’accroissement de la valeur de leur appartement ne vient pas d’une activité d’entrepreneur. »
Bref, sur cette question, on voit fleurir des articles démagogiques non fondés économiquement.
Même Le Monde, réputé sérieux, s’y est mis dans la foulée de la tribune régulière de Piketty qui répète sa dénonciation des inégalités sans se pencher sur les conséquences économiques des mesures fiscales qu’il propose.
Se souvient-il de l’expérience suédoise, pays libéral économiquement mais à fortes fiscalité et redistribution, qui a été obligé de rétropédaler devant l’émigration des entrepreneurs et des cadres ? En effet, à partir d’un certain niveau d’impôt, la Suède a constaté que ses cadres émigraient, ce qui non seulement diminuait ses recettes fiscales mais surtout freinait l’ensemble de l’économie… avec pour effet de réduire encore plus les impôts perçus in fine.
La querelle sur les dividendes des entreprises
Il y a une querelle du même tonneau sur les dividendes reçus par les personnes physiques : surtaxés depuis 2013, ils s’étaient beaucoup réduits.
Notre nouveau président ramène en 2017 leur imposition au niveau européen moyen et voilà les dividendes qui reviennent à la normale, donc ré-augmentent en 2018 et 2019.
Scandale vite dénoncé par la presse. Sans doute faudrait-il que les riches renoncent à chercher une rémunération pour leurs investissements… mais continuent d’investir quand même !
On oublie qu’après 2013, l’État a été perdant malgré la hausse nominale de la fiscalité, la baisse des dividendes ayant généré moins d’impôt.
Au contraire, on constate que la baisse de la taxe sur les dividendes en 2017 a généré beaucoup plus de recettes fiscales du fait de l’élargissement de l’assiette en 2018 et 2019.
Cela provient notamment du retour en France des contribuables recevant beaucoup de dividendes et d’une baisse des nouveaux départs de ces contribuables.
Ce sont les résultats issus du troisième rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital, publié en octobre 2021 et réactualisé par France Stratégie en octobre 2022, pour poursuivre l’analyse des réformes engagées notamment au titre de la transformation de l’ISF en IFI et de l’instauration du prélèvement forfaitaire unique et libératoire de 30 % – le PFU – sur les revenus du capital mobilier. On a constaté un changement d’état d’esprit des investisseurs internationaux pour qui la France a perdu sa réputation de taxation des entrepreneurs et de leurs cadres dirigeants. N’oublions pas que ce sont ces derniers qui, concrètement, décident des implantations à l’étranger.
Cinq ans après ces réformes, le recul est maintenant suffisant pour confirmer que l’exil fiscal a diminué. Ce sont autant de gros contribuables qui restent en France pour le plus grand bénéfice de Bercy. Et non seulement eux mais aussi les entreprises qu’ils auraient développées à l’étranger s’ils étaient partis.
Il faut également rappeler que l’argent des dividendes circule. Une partie va aux fonds de pension et finit dans la poche de modestes retraités, notamment américains et anglais, une autre est replacée par les bénéficiaires privés dans de nouvelles entreprises. C’est un moyen essentiel du renouvellement de notre tissu entrepreneurial.
Trop d’impôt tue l’impôt
Mais vous ne lirez rien de tel dans la presse égalitariste, dont le lecteur pense au contraire qu’une hausse du taux de l’impôt augmente les recettes de l’État et que sa baisse les diminue.
C’est ignorer les enseignements des courbes de l’économiste Arthur Laffer, suivant lesquelles il n’est pas fiscalement rentable de dépasser un certain taux de prélèvement car une hausse des taux diminue in fine l’assiette fiscale.
Pas besoin d’être scientifique pour comprendre qu’il vaut mieux pour l’État toucher 25 % de 1000 euros de dividendes distribués, soit 250 euros de recette fiscale, que de taxer à 33 % des dividendes réduits à 600 euros, soit 200 euros de recette fiscale.
C’est l’adage bien connu : « trop d’impôt tue l’impôt. »
Et c’est d’autant plus vrai que les acteurs économiques peuvent choisir de s’établir dans des pays à la fiscalité plus douce.
Surtaxer les riches appauvrit tout le monde
Or, comme une grande part des dépenses de l’État a un objectif social, diminuer les recettes en augmentant comme en 2013 l’impôt sur les dividendes, c’est appauvrir les pauvres.
De la même façon, la suppression de l’ISF a entraîné une baisse des recettes fiscales beaucoup moins importante que prévu et cette petite baisse a été compensée par les impôts sur les activités générées.
Au mépris d’un examen sérieux du résultat, la fin partielle de l’ISF et la taxation normale des dividendes sont ainsi présentées comme des scandales. Peu importe que l’emploi et le trésor public y gagnent !
Le titre de l’article du journal Le Monde, mis à jour le 9 octobre, donne le ton : « Après la suppression de l’ISF, les revenus des 0,1 % les plus riches ont explosé en France ».
C’est un manque de sérieux flagrant, l’augmentation de leurs revenus provenant de la hausse des dividendes et non de l’absence d’ISF, et n’étant qu’un retour à la normale européenne, comme expliqué plus haut.
Enfin, se polariser sur les 0,1 % c’est réduire l’analyse à des cas très particuliers, dont beaucoup sont probablement accidentels. Je veux dire par là qu’ils ne figurent dans cette liste que pour une raison ponctuelle et donc n’en feront pas partie l’année suivante.
« Non seulement ils sont riches, mais en plus ils en profitent »
La presse égalitariste fourmille également de ce que j’appelle « des doublons logiques » qui enfoncent des portes ouvertes tout en criant au scandale pour faire vendre.
Par exemple, cette presse exploite l’enquête Epicov coordonnée par l’Inserm, rendue publique le 9 octobre 2020 et dont la conclusion est que « le Covid-19 a accru les inégalités ».
Les riches sont mieux logés
En effet, premier « doublon », la « découverte » que les riches habitent dans des logements plus grands que les pauvres.
C’est présenté comme un scandale et cette enquête souligne que de plus cela les met à l’abri de la promiscuité qui répand le virus chez les moins bien logés.
Les logements des « riches » sont déjà taxés via l’impôt sur la fortune immobilière mais visiblement ça ne suffit pas. Qu’inventer pour établir une égalité de confort et de risque face au virus ? Interdire la propriété de logements de plus de 15 m² par personne ?
Les riches bénéficient du télétravail
Deuxième « doublon logique », les riches en général ne travaillent pas de leurs mains et peuvent donc télétravailler à partir d’une agréable résidence secondaire ou de tout autre endroit pittoresque. Ils peuvent éviter ainsi des heures de transport quotidien et donc échapper encore plus au virus !
Alors que les pauvres doivent se rendre sur leur lieu de travail pour y être ouvrier, caissière, employé de banque… Il faut donc interdire le télétravail, tant pis si les contaminations augmentent !
Notez au passage que sont oubliés les médecins, notamment hospitaliers, pourtant en première ligne face au virus…
Les riches vivent mieux
Indépendamment de la pandémie, j’entends aussi que les riches mangent davantage bio bien que ce soit plus cher, qu’ils peuvent se payer un abonnement à une salle de sport, ou, scandale, à un club de golf !
On ajoute qu’ils peuvent faire des voyages confortables. Interdisons donc le bio, le sport et les voyages dans des hôtels de plus de deux étoiles !
Les riches ont plus d’argent
Le Monde enfonce le clou en écrivant : « L’épargne accumulée depuis le confinement est très majoritairement détenue par les Français les plus aisés » (octobre 2020). Quelle surprise ! Quel scandale !
On pourrait continuer longtemps ainsi, résumons par un doublon logique général : « Non seulement ils sont riches, mais, en plus, ils ont de l’argent ! »
Les ravages de la jalousie et du populisme sont dévastateurs.
http://dlvr.it/Sd1vcV
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vendredi 18 novembre 2022
Sam Bankman-Fried a adhéré au capitalisme des parties prenantes et a prouvé que c’est une idéologie désastreuse
Sam Bankman-Fried a adhéré au capitalisme des parties prenantes et a prouvé que c’est une idéologie désastreuse PAR JADE · PUBLIÉ 13 NOVEMBRE 2022 · MIS À JOUR 13 NOVEMBRE 2022 Aube Digitale Alors que de nombreux […]
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jeudi 17 novembre 2022
Politique française : les Républicains en position d’arbitres
Les moyens de dissuasion ne sont utiles que tant que l’on ne s’en sert pas. Le vote d’une motion de censure, c’est l’arme de destruction massive de l’Assemblée nationale. On presse le bouton et boum !
Avec ses 62 députés, l’alliance de la droite conduite par les Républicains a entre ses mains l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du gouvernement d’Élizabeth Borne. Dans l’hypothèse d’une dissolution qui suivrait une éventuelle éjection manu militari de l’exécutif, elle détient également le sort des 577 députés de l’actuelle Assemblée.
Il suffirait pour cela qu’à l’occasion d’une mention de censure déposée par la gauche et votée mine de rien par le Rassemblement national la droite décide de se joindre au vote pour déclencher une crise politique qui viendrait rebattre toutes les cartes dans le pays.
La droite française se retrouve donc bizarrement et malgré elle avec davantage de responsabilité que si elle était au pouvoir ou y participait.
La destruction créatrice
Ironiquement, cette situation ambiguë et instable a le mérite de clarifier les choses.
Certains élus ont d’ores et déjà choisi de se retirer pour ne pas être embarqués dans l’aventure, comme c’est le cas du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. On se souvient par ailleurs de ceux qui avaient anticipé cette situation et avaient grossi les rangs de la coalition de circonstance agglutinée autour du chef de l’État, comme Éric Woerth et plusieurs autres.
En même temps (comme si la simultanéité était devenue la marque de l’époque), le sort même du parti Les Républicains est suspendu à la nomination de son prochain président. L’indécision plane au-dessus des résultats des trois candidats, avec en coulisse les agissements des tribus et des barons dont l’existence et l’importance caractérisent la vie politique française depuis Vercingétorix et plus particulièrement la droite, soucieuse de conserver cette tradition bien française.
On peut ici citer de nombreux noms : Gérard Larcher, l’indéboulonnable président du Sénat dont on oublie tout le temps qu’il est quand même le second personnage de l’État ; David Lisnard, aux commandes de la silencieuse mais fondamentale Association des maires de France ; les présidents de cinq régions tenues par LR et dont Laurent Wauquiez se démarque après le fiasco de Valérie Pécresse et les pas de danse de Xavier Bertrand ; François-Xavier Bellamy, le chef des députés européens ; sans compter les nombreux maires et principaux opposants de grandes villes, même si les Républicains y ont subi pas mal de défections et de déboires ces derniers temps.
Pressés à la fois par le poids de la responsabilité d’avoir le sort du gouvernement entre leurs mains et le besoin pressant de réagir à la dynamique compressive opérée par la majorité présidentielle, les Républicains dans la forme actuelle vont disparaître. Ce n’est ni une prévision ni une spéculation. En fait ils ont déjà disparu et chacun de leurs membres restants a engagé depuis belle lurette l’inventaire que la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy avait étouffé sous un écran de fumée au lendemain de la défaite présidentielle de 2012.
La grande lessive
Bruneau Retailleau, François-Xavier Bellamy et Julien Aubert ont ouvert le grand déballage par une tribune parue début octobre dans L’Express et qui est loin d’être passée inaperçue. De nombreux actuels et anciens LR, l’ancien président en tête, ont failli s’étrangler en voyant que l’on osait s’en prendre aux symboles du passé. Ce passé n’est pourtant pas très glorieux. Il a quand même conduit à la situation actuelle dans laquelle se trouvent à la fois le Vieux Grand Parti et le pays.
Quitte à dresser un inventaire du passé, autant remonter carrément aux origines.
La France n’a pas vu un budget équilibré depuis 1974. Mettons de côté toutes les bonnes et mauvaises excuses : la Cinquième République n’a pas survécu au Général de Gaulle et à son Premier ministre Georges Pompidou. Non seulement la Cinquième République n’y a pas survécu mais la droite française non plus.
Depuis la présidence de Valery Giscard d’Estaing, le pays est divisé, en déficit, en pente descendante dans de nombreux domaines : industrie, éducation, sécurité, libertés publiques… miné par un chômage chronique, rincé par des polémiques quotidiennes et bloqué par l’ambiguïté populiste.
Bêtement, stupidement, la droite française a cru bon de supporter cette lente descente par le simple argument qu’elle devait assurer ce qu’elle considérait comme étant l’héritage du Général.
Il y a fort à parier qu’avec sa gouaille de militaire de carrière le grand Charles aurait dit ce qu’il avait expliqué à un tankiste français en mai 1940 qui venait de se faire par trois fois poivrer par les Allemands et avait à chaque fois rebroussé chemin en abandonnant son char d’assaut détruit pour en reprendre un autre : « Et maintenant, qu’est-ce que vous attendez pour y retourner ? »
Le vrai et le faux conservatisme
Il y a deux définitions du conservatisme : l’une est de droite, l’autre est de gauche.
Celle de gauche est que les conservateurs sont réactionnaires et veulent à tout prix empêcher le progrès et conserver le passé ou tout du moins les choses telles qu’elles sont. Cette position finit bien souvent avec des paradoxes totalement ridicules comme celui de défendre l’école publique laïque et républicaine ou de célébrer la Révolution française sous prétexte que ces sujets contre lesquels la droite de l’époque s’est furieusement élevée et même violemment battue font dorénavant partie du passé et donc de l’héritage de la Nation.
Celle de droite consiste à dire que la conservation des choses, via la propriété, est le fondement des sociétés occidentales selon une longue tradition légaliste datant d’avant l’Empire romain et qui a bon gré mal gré traversé les âges. Selon cette définition, le conservatisme consiste à défendre cette organisation de la société et à la faire évoluer pour plus de liberté et d’épanouissement des individus.
Le problème c’est que dire en 2022 que la Révolution française a été une catastrophe pour le pays, ce n’est pas être à droite selon les critères moraux actuels du politiquement correct ; c’est être tellement à droite que l’on sort carrément du spectre politique pour se retrouver en dehors de l’orbite terrestre, voire en dehors du système solaire.
Une droite plus communiste que les communistes
La droite française a fini par coopter tout une série de choses contraires à ses principes, à la fois par conformisme historique et par opportunisme électoral. Ainsi, le « meilleur système que le monde entier nous envie » imposé par les communistes à la libération et accepté en se bouchant le nez par de Gaulle afin d’éviter une guerre civile et également de négocier le soutien ou la neutralité de Moscou à son statut de grande puissance, est-il devenu un fleuron national défendu bec et ongles par la droite.
La question n’est pas de savoir si la droite française survivra : elle survivra ne serait-ce que parce qu’aucun système politique n’est jamais consensuel, ce qui est au passage un très sérieux argument mettant à mal cette vision angélique de la Nation, avec son identité unique, sa culture commune, son intérêt général et tout le reste.
La question est de savoir si la droite française conservatrice au premier sens énoncé (le conservatisme expliqué par la gauche) saura sortir du piège ontologique dans lequel elle a été ou s’est enfermée elle-même et que l’on verra apparaître une droite française conservatrice au sens du conservatisme d’Edmond Burke et d’Alexis de Tocqueville.
Un sacré nettoyage en perspective
Pour tourner la page de 40 ans de post-gaullisme et disons le tout net de socialisme de droite, la droite a un sacré chantier devant elle.
Il faut tout d’abord qu’elle explique gentiment aux nostalgiques de l’Empire (et plus particulièrement à ceux de l’Algérie française) qu’ils se sont vraiment fait mettre minable une première fois en 1942 et une seconde fois en 1962 et qu’il est temps de passer à autre chose. Le but de la Cinquième était de rompre avec le républicanisme gauchiste de la Troisième et de la Quatrième République, pas de devenir une caisse de résonnance de revanchards toujours obsédés par l’idée de casser du bronzé et du Yankee 60 ans après les accords d’Alger et 80 ans après le débarquement des GI à Alger et à Oran.
Le gros problème est qu’à force de cultiver l’ambiguïté avec le nationalisme et le socialisme (les deux étant les deux faces de la même pièce), il va être très difficile de clarifier les choses et d’expliquer que la France a mieux à faire que de mener des combats d’arrière-garde.
Mais enfin ! Pensez-vous vraiment que c’est en ajoutant le beyaz peynir et le labneh à la liste des 248 fromages que l’on va rendre ce pays ingouvernable ?
Pensez-vous vraiment que le programme du Front Populaire, rebaptisé programme du Comité national de rassemblement populaire en 1935 ; puis programme du Comité d’action socialiste en janvier 1943 ; puis programme du Comité français de libération nationale en juillet 1943 ; puis programme de la CGT en septembre 1943 ; puis programme du Comité national des Études en novembre 1943 ; puis programme du Front National en janvier 1944 ; puis enfin programme d’action de la Résistance en mars 1944 et finalement programme du Conseil national de la Résistance à la libération, soit vraiment un programme politique de droite ?
Pour se faire de nouveau entendre, la droite doit impérativement cesser d’être la caisse de résonnance de tous ces déçus du socialisme qui réclament encore plus de socialisme pour sauver le socialisme.
http://dlvr.it/Scvw2N
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mercredi 16 novembre 2022
Un tribunal militaire condamne le PDG de Moderna,...
... Stéphane Bancel ! Par Michel Baxter - mardi 15 novembre 2022 322e REAL RAW NEWS en 4 langues (FR,NL,DE,GB) ...
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mardi 15 novembre 2022
Nourrir l’humanité, de Malthus à 2050
Le XVIIIe siècle se termine mal : émeutes déclenchant la Révolution française et les réflexions de Malthus sur une famine inévitable.
Depuis, deux camps s’affrontent : les malthusiens et les techno-optimistes qui pensent que tout problème a des solutions techniques…
L’objet de cet article est de tirer les conséquences de plus de deux siècles d’histoire en analysant concrètement les données du problème et en rappelant les évolutions techniques.
L’alimentation dépend du nombre d’hommes à nourrir, de la productivité agricole et de ses composants, comme le dérèglement climatique.
Nous allons successivement aborder ces trois points.
Rappel rapide de la démographie mondiale
L’argument clé de Malthus était que la population avait « une croissance géométrique » (on dirait aujourd’hui exponentielle).
Sa faiblesse était qu’il supposait un rythme constant alors que l’histoire nous a montré que ce rythme, qui reflète la différence entre la fécondité et la mortalité, pouvait considérablement varier… et même mener à une diminution, comme c’est le cas dans de nombreux pays actuellement.
La démographie des pays occidentaux au XXe siècle
Dans les décennies qui suivent l’alerte de Malthus, la population se met effectivement à augmenter très rapidement. Au Royaume-Uni, elle passe ainsi de 12 millions en 1801 à 41 millions en 1901. Il en va de même dans tous les pays occidentaux, étant précisé que ces derniers comprennent les pays en cours de peuplement par l’Europe. Cet « Occident » est bouleversé par d’importants mouvements migratoires, notamment vers les États-Unis, mais ça ne change pas sa population globale.
Dans la deuxième partie du XIXe siècle, cette croissance démographique de l’ensemble occidental ralentit tandis que de nouvelles terres agricoles sont mises en exploitation notamment sur le continent américain.
Le ralentissement démographique occidental continue dans la première moitié du XXe siècle : le Royaume-Uni met ainsi 50 ans pour passer de 42 à 50 millions d’habitants.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, on constate une légère reprise de la fécondité de sa population et surtout la forte accentuation d’une immigration en provenance des pays du Sud, donc une reprise de la hausse de la population, puis de nouveau un fort ralentissement de la fin du XXe siècle à nos jours, ce qui mène le Royaume-Uni à compter environ 66 millions d’habitants aujourd’hui.
L’évolution de la démographie des pays du Sud
L’évolution de la démographie des pays du Sud n’est pas du tout parallèle.
Leur population reste faible au XIXe siècle et au début du XXe siècle, et probablement relativement stagnante dans la mesure où on peut l’évaluer, faute de statistiques.
Ensuite, la colonisation génère une croissance de plus en plus rapide de la population avec d’une part la fin de l’esclavage et des luttes tribales, et d’autre part un début de diffusion de la médecine et surtout de l’hygiène.
Il semble que l’équilibre démographique ancien était de huit enfants par femme, dont deux survivaient, avec le décès d’un grand nombre de mères autour de cette huitième naissance, donc avant la fin de leur vie féconde.
Cet équilibre fut rompu par la survie de plus de deux enfants, mais les familles n’en étaient pas conscientes ou ne voulaient pas prendre le risque de n’avoir que deux enfants qui pouvaient mourir. C’est ainsi qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle, la croissance de la population du Sud devient extrêmement rapide : 6 puis 7 enfants sur 8 survivent au lieu de deux… la population est multipliée par trois à chaque génération !
Mais de la fin du XXe siècle à nos jours, l’urbanisation accélère la prise de conscience de la meilleure survie des enfants et par ailleurs augmente leur coût : scolarisation, logement, fin de l’aide aux champs. La fécondité se met donc à baisser très rapidement en Asie orientale et du Sud-Est mais également assez rapidement ailleurs dans le monde.
Par contre, en Afrique, cette baisse arrive plus tardivement et plus lentement, ce qui explique l’explosion démographique de ce continent : environ 100 millions vers 1900 (auparavant il n’y a aucune évaluation valable), environ 300 millions d’habitants dans les années 1960 et 1,64 milliard actuellement, puis probablement nettement plus de 2 milliards en 2050. Cette augmentation vient de l’Afrique du Nord en début de période et de l’Afrique subsaharienne actuellement.
J’ai pris comme horizon l’année 2050 parce que les prévisions démographiques sont assez bonnes jusqu’à cette date, tout simplement car les parents de 2050 sont déjà nés et que l’on en connaît donc le nombre.
Les estimations sont actuellement d’une population mondiale d’environ 9,5 milliards en 2050 contre environ un milliard en 1800. Après 2050, aucune hypothèse n’a de base solide et la population mondiale peut aussi bien continuer à croître que commencer à décroître. Pour l’instant, la croissance de la population africaine fait plus que compenser la diminution de celle du reste du monde.
Maintenant que nous avons une idée du nombre des hommes, voyons la productivité agricole.
Une productivité agricole qui a plutôt précédé la démographie
Dans ce qui suit, je prendrai le terme de productivité au sens le plus concret du terme : le nombre de litres de lait par vache et par jour (soit une trentaine en Occident aujourd’hui, 5 à 10 jadis ou en Inde aujourd’hui), le nombre de quintaux de blé ou de riz à l’hectare, etc.
Cette productivité a progressé de manière continue au Nord dès le XIXe siècle, et même avant, puisque l’on sait maintenant que c’est la révolution agricole initiée par les gentlemen farmers britanniques qui a rendu possible la révolution industrielle, car sans elle on n’aurait pas pu nourrir les ouvriers.
Et cela a continué jusqu’à nos jours : comme tous ceux de ma génération, j’ai lu Paris et le désert français où Jean-François Gravier pointait le retard de l’agriculture française et expliquait comment imiter les Néerlandais qui avaient des vaches et des champs bien plus productifs que les nôtres.
Paris et le désert français (1957) : résoudre le déséquilibre démographique ville campagne.
Dans le Sud, la croissance de la productivité a été plus tardive. Elle s’est accélérée avec la révolution verte de la deuxième partie du XXe siècle.
Cette évolution a été particulièrement suivie par l’agronome Gilbert Étienne qui repassait périodiquement dans le même village de l’Inde et du Pakistan et constatait les progrès en irrigation et en intrants chimiques qui généraient de fortes augmentations de production et du niveau de vie.
Il y a eu des évolutions analogues, notamment dans les rendements en riz avec des semences mieux sélectionnées aux Philippines, en Indonésie et probablement ailleurs.
C’est grâce à cette révolution verte que l’on a pu nourrir l’explosion démographique du Sud.
Elle est aujourd’hui critiquée à juste titre pour l’épuisement des nappes phréatiques et la dégradation des sols par les engrais et des pesticides.
Mais remarquons que cela arrive au moment où la croissance de la population du Sud ralentit nettement.
En résumé, les grandes lignes de l’évolution de la productivité agricole ont été parallèles à celles de la démographie. Est-ce vraiment un hasard ?
Vous me direz que l’exception démographique africaine contredit ce parallélisme grossier. À mon avis, ce n’est pas certain.
Certes, l’Afrique a pris du retard en matière de productivité agricole parce que ses dirigeants ont préféré importer de la nourriture bon marché du Nord plutôt que de perfectionner leur agriculture. Il y a à cela des raisons de maintien de l’ordre, c’est-à-dire de celui des régimes en place, en évitant les « émeutes du pain » dans les grandes villes.
D’autres raisons proviennent de choix politiques sur la nature du régime, avec par exemple la nationalisation stérilisante des terres en Algérie – où le paysan ne travaille plus pour lui mais pour une administration – nationalisation qui n’a été levée qu’autour de l’an 2000.
Il en va de me même de l’expropriation des colons du Zimbabwe et de la distribution de leurs terres aux amis du président qui les délaissent.
Et plus généralement la mauvaise gouvernance dans beaucoup de pays.
Mais cela me paraît être en train de changer :
* d’une part, on prend conscience de l’importance des terres agricoles africaines non cultivées ou très mal cultivées et de grandes entreprises, notamment chinoises, sont en train de coloniser de vastes espaces,
* d’autre part, parce que l’Afrique part d’une productivité agricole très basse pouvant donner lieu à un rattrapage rapide même s’il est partiel, car l’Afrique va bénéficier des progrès techniques agricoles accumulés au Nord.
Mais, dit-on de plus en plus souvent, le dérèglement climatique va avoir des effets catastrophiques.
L’impact du dérèglement climatique et des maladresses antérieures
Rappelons d’abord que la hausse des températures génère des gagnants.
Par exemple, la Russie va voir d’immenses espaces échapper au gel permanent et devenir cultivables. Et jusqu’à présent, le réchauffement entraîne la remontée de nombreuses espèces végétales et animales vers le Nord et non une diminution de la production agricole.
Plutôt que la hausse des températures, ce sera le manque d’eau à certains endroits qui peut menacer la production. Mais là aussi il y a eu des progrès : on consomme beaucoup moins d’eau qu’il y a quelques années pour irriguer et on sélectionne des plantes résistant mieux à la sécheresse.
L’appauvrissement des sols est bien réel mais les techniques de culture commencent à en tenir compte, par exemple par des comportements bio (au sens très général du terme plutôt qu’au sens commercial actuel de labellisation).
Enfin, la grande percée technique me semble être l’apparition des « viandes » végétales ou de culture. On commence à commercialiser massivement des imitations de viande à partir de protéines végétales, et on progresse en laboratoire vers la production cellule de « vraies viandes » cultivées in vitro sans passer par l’élevage puis la mort d’un animal.
Ces « nouvelles viandes » devraient énormément diminuer les émissions de méthane, avec un effet très positif et assez rapide sur la hausse de la température, car le méthane est beaucoup plus « réchauffant » que le gaz carbonique. De plus, il disparaît plus rapidement, ce qui fait que les énormes émissions aujourd’hui pourront être gommées bien plus rapidement que celles de CO2.
Ces nouvelles viandes libéreront d’immenses espaces dédiés à l’élevage et aux cultures destinées aux animaux, notamment de soja brésilien, qui est une des causes de la déforestation de l’Amazonie. On peut également penser au maïs, grand consommateur d’eau et dont une grande partie est destinée aux animaux. Au total, plus de 60 % de la surface agricole mondiale serait consacrée directement ou indirectement aux animaux.
Il y a un domaine où les écologistes jouent un rôle négatif : celui des OGM qui sont un excellent moyen d’adaptation rapide des plantes à la sécheresse, à la diminution des insecticides etc. Pour des raisons politiques, l’Europe a bloqué sa recherche et leur pratique alors que les États-Unis et surtout la Chine s’y mettent au contraire à grande échelle.
En conclusion, je constate que jusqu’à présent l’humanité a résolu toutes les pénuries et je pense que ça va continuer. La véritable inconnue est le temps que les nouvelles techniques prendront pour être massivement employées dans le monde entier. Il y a une course entre cette diffusion et l’augmentation des températures, et je ne sais pas ce qui va l’emporter.
De plus, des erreurs politiques peuvent aggraver la situation, y compris celles venant de bonnes intentions comme le rejet des OGM et du nucléaire. Bref, je ne suis pas prophète…
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Sur le web
http://dlvr.it/Scnk1d
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lundi 14 novembre 2022
Terrorisme d'État en Turquie - 10 octobre 2015 - Erdogan Assassin - 100 morts ! vidéos
Erdogan assassine son peuple !
Ces deux attentats terroristes simultanés contre une manifestation d'opposants pacifiques, à trois semaines d'élections où Erdogan joue sa peau, ont évidemment été commandités par Erdogan lui-même ! Erdogan assassine son propre peuple !
"Suruç, Diyarbakir et maintenant Ankara, tous l'oeuvre du meurtrier Erdogan. Nous allons faire tomber le palais", a déclaré Tarik, un étudiant de 21 ans, qui se trouvait à moins de 50 mètres des explosions du samedi 10 octobre 2015
La place Taksim d'Istanbul est envahie par des manifestants
qui accusent Erdogan d'avoir commandité l'attentat terroriste
Enregistré lors du Soir 3 du 10 octobre 2015
Extrait court
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
L'attentat n'aurait pas pu avoir lieu sans, au minimum,
la complaisance de l'État turc
Extrait de BFM le 11 octobre 2015 après 03h58.mp4
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Au lendemain du massacre, de puissantes manifs accusent les services secrets turcs d'avoir organisé le double attentat terroriste
Extrait complet du 13h de France 2 du 11 octobre 2015
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Manifestation à Paris dans l'après-midi du lendemain
Enregistré le 11 octobre 2015 sur France 3 vers 19h29
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
La place du peuple n'est pas dans les urnes, elle est dans la rue !
Enregistré le 11 octobre 2015 sur France 2 lors du 20h
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Bien sûr, comme à la fin des deux dernières vidéos ci-dessus, la télé française nous fait d'une façon adroitement subliminale de la propagande électoraliste dans le style :
« Allez voter au lieu de faire grève ! Ne soutenez pas les salariés d'air France dans la rue ! Allez plutôt voter contre Hollande, si vous n'êtes pas content de lui ! Allez voter, au lieu de vous révolter comme ceux d'Air France ! »
Mais, voter pour quoi faire ? Pour mettre la droite au pouvoir qui fera encore pire ? ce serait contre-productif ! Si voter pouvait changer quelque chose, ce serait interdit !
UNE SEULE SOLUTION ! LA RÉVOLUTION !
Extrait complet (5'07'') du Soir 3 du 10 octobre 2015
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Extrait complet (2'38'') du 19h30 de France 3 - 10 octobre 2015
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Erdogan Assassin !
Extrait du 20 heures de TF1 du 10 octobre 2015
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
France 2 conclue par la rumeur propagée par Erdogan
Enregistré le 10 octobre 2015 lors du 20h. de France 2
Cliquer ici pour télécharger la vidéo.
Déjà la rumeur organisée à coup de petites déclarations de “responsables” de l'AKP, le parti du président, font courir le bruit d'un attentat volontairement provoqué par des Kurdes pour s'attirer les bonnes grâces électorales en se donnant un statut de victime.
Référence : http://mai68.org/spip/spip.php?article9334
Un double attentat dans le centre d'Ankara fait 86 morts
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN0S40AG20151010?sp=true
Samedi 10 octobre 2015 18h27
par Ece Toksabay et Orhan Coskun
ANKARA (Reuters) - Un double attentat à la bombe a fait 86 morts et 186 blessés samedi lors d'une manifestation rassemblant des militants de gauche et des sympathisants pro-kurde devant la principale gare ferroviaire d'Ankara.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé samedi trois jours de deuil national. Des preuves solides suggèrent que la double explosion est le fait de deux kamikazes, a-t-il ajouté.
Il a évoqué comme suspects potentiels l'Etat islamique, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupuscule révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C).
L'attentat intervient à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc.
Des corps recouverts de drapeaux et de bannières, dont ceux de la formation pro-kurde Parti démocratique des peuples (HDP) gisaient éparpillés sur le sol parmi des taches de sang et des morceaux de corps.
"Comme les autres attaques terroristes, celle de la gare ferroviaire d'Ankara vise notre unité, notre solidarité, notre fraternité et notre avenir", a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan. Il a appelé à la "solidarité et à la détermination".
Selon un bilan du ministre de la Santé, Mehmet Muezzinoglu, donné lors d'une conférence de presse, le double attentat a fait 86 morts et 186 blessés dont 28 sont en soins intensifs.
D'après des témoins, les deux explosions se sont produites à quelques secondes d'intervalle peu après 10h00 (07h00 GMT) alors que les participants à une "marche pour la paix" commençaient à se rassembler pour dénoncer la reprise des violences dans le sud-est du pays à l'appel de syndicats et d'associations de la société civile.
La double explosion n'a pas été revendiquée.
Mais la Turquie, Etat membre de l'Otan, vit en alerte renforcée depuis que Recep Tayyip Erdogan, a déclenché en juillet une "guerre synchronisée contre le terrorisme", à la fois contre l'Etat islamique (EI) à en Syrie et contre des bases arrière des séparatistes du Parti des travailleurs des Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.
Le double attentat de samedi, en nombre de victimes, est encore plus meurtrier que ceux qui avaient touché en 2003 deux synagogues, le siège de la banque HSBC à Istanbul et le consulat britannique, qui avaient fait 62 morts. Les autorités avaient attribué ces attentats à Al Qaïda.
Les attentats de samedi ont eu lieu alors qu'on s'attendait à ce que le PKK annonce un cessez-le-feu unilatéral et rétablisse ainsi de fait la trêve qu'il observait depuis 2013 et qui a pris fin en juillet. C'est ce qui a été fait par le PKK quelques heures après l'attentat.
"COMME À DIYARBAKIR ET SURUÇ"
Le gouvernement avait par avance rejeté cette trêve qui s'annonçait, la qualifiant de "tactique" préélectorale visant à soutenir le HDP après son succès électoral de juin. Le parti AKP, la formation du président Recep Tayyip Erdogan, espère retrouver aux élections de novembre sa majorité absolue perdue en juin.
Le dirigeant du HDP, Selahattin Demirtas, a déclaré que l'attaque d'Ankara s'inscrivait dans la continuité des attaques commises contre un rassemblement électoral de son parti à Diyarbakir, où deux personnes avaient été tuées et une centaine d'autres blessées à l'avant-veille des élections du 7 juin, et à Suruç, dans le sud de la Turquie, près de la frontière syrienne, où un attentat suicide imputé à l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) a fait 32 morts le 20 juillet dernier.
"Nous sommes face à un massacre très lourd. Une attaque féroce et barbare a été menée. C'est un prolongement ressemblant exactement à ce qui s'est passé à Diyarbakir et à Suruç", a dit Selahattin Demirtas à la télévision.
Certains voient la main de l'Etat dans ces trois attentats contre des intérêts kurdes et accusent Erdogan et l'AKP de chercher à attiser le sentiment nationaliste, accusation que les dirigeants turcs rejettent avec véhémence.
"Suruç, Diyarbakir et maintenant Ankara, tous l'oeuvre du meurtrier Erdogan. Nous allons faire tomber le palais", a déclaré Tarik, un étudiant de 21 ans, qui se trouvait à moins de 50 mètres des explosions de samedi.
Les autorités enquêtent sur les informations selon lesquelles les deux explosions seraient le fait de kamikazes, ont dit deux responsables du gouvernement. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a annulé ses engagements de campagne électorale pour les trois prochains jours et a tenu une réunion d'urgence avec les chefs de la police et des agences de renseignement.
Le président français François Hollande a condamné un "odieux attentat terroriste". Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, a dénoncé "une attaque implacable et barbare contre des manifestants pacifiques".
"La liberté de rassemblement et la liberté d'expression sont des piliers fondamentaux de la démocratie", ajoute-t-il.
(Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)
Turquie - 86 morts dans l'attentat contre une manifestation pour la paix
http://www.lesdebats.com/editions/111015/Les%20debats.pdf
AFP
Au moins 86 personnes ont été tuées hier dans le plus grave attentat jamais commis dans la capitale turque Ankara, qui a visé une mani- festation pour la paix organisée par l'opposition pro-kurde à trois semaines des élections législatives anticipées.
À 10h04 locales (7h04 GMT), deux fortes explosions ont secoué les alentours de la gare cen- trale d'Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l'appel de plusieurs syndicats, d'ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes.
Cette double déflagration a transformé l'esplanade en scène de guerre, avec de nombreux corps sans vie jonchant le sol au milieu de bannières « Travail, paix et démocratie », et provoqué la panique dans la foule.
Selon un bilan encore provisoire rapporté par le ministre de la Santé, Mehmet Müezzinoglu, 86 personnes sont mortes et 186 autres blessées.
Dans une déclaration, le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé une « attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays » et promis « la réponse la plus forte » contre ses auteurs.
Les autorités turques ont très rapidement évoqué l'hypothèse d'un attentat. « Nous soupçonnons qu'il existe un lien terroriste », a confirmé sous le couvert de l'anonymat à l'AFP, un responsable gouvernemental.
Ces explosions interviennent à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre, alors que les affrontements, meurtriers et quotidiens, font rage entre les forces de sécurité turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie.
La chaîne d'information NTV a diffusé des images vidéo prises par un amateur montrant des groupes de militants chantant et dansant, la main dans la main, avant d'être précipités au sol par la violence de la déflagration.
« On a entendu une grosse et une petite explosion et il y a eu un gros mouvement de panique, ensuite nous avons vu des corps qui jonchaient l'esplanade de la gare », a déclaré à l'AFP, Ahmet Onen, un retraité de 52 ans qui quittait les lieux avec sa femme. « Une manifestation destinée à promouvoir la paix a été transformée en massacre, je ne comprends pas », a-t-il ajouté.
Après l'attentat, la police a été contrainte de tirer des coups de feu en l'air pour disperser des manifestants en colère qui protestaient contre la mort de leurs camarades aux cris de « Policiers assassins », a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans un climat de fortes tensions attisées par le conflit kurde et les échéances électorales, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a appelé hier la Turquie à « rester unie contre les terroristes ». Le président français, François Hollande, a condamné une « attaque terroriste odieuse », alors que son homologue russe, Vladimir Poutine, a adressé ses condoléances à M. Erdogan.
Le principal parti prokurde de Turquie, qui appelait à la manifestation, a dénoncé un « terrible massacre » et mis en cause la responsabilité du gouvernement. « C'est une attaque barbare qui a été commise », a réagi le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas. « Nous sommes confrontés à un État meurtrier qui s'est transformé en mafia ».
« C'est comme à Suruç », a commenté à l'AFP, un témoin, Sahin Bulut, membre de l'Association des ingénieurs d'Istanbul venu de la principale ville de Turquie pour participer à la manifestation.
Terrorisme en Turquie - 11 octobre 2015 - Le gouvernement nie toute implication dans l'attentat de samedi :
http://mai68.org/spip/spip.php?article9333
Le dictateur de turquie, le frère musulman Recip Tayep Erdogan, ose accuser les autres. Il nie toute implication dans le double attentat du samedi 10 octobre 2015 et prétend qu'il y a trois commanditaires possibles :
1°) L'État islamique (EI). Le problème avec cette "hypothèse", c'est qu'Erdogan aide autant que faire ce peut l'EI, c'est-à-dire DAECH, dans son combat en Syrie contre le régime antisioniste représenté par Bachar el-Assad. Donc, si c'est l'EI qui a commis cet attentat, ce ne peut qu'être à la demande d'Erdogan lui-même.
2°) Les nationalistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK d'Occalan). Ce qui est impossible, de nombreux Kurdes sont morts dans l'attentat ! En plus, le PKK étant communiste, il ne ferait jamais un truc pareil !
Et 3°) Un groupe révolutionnaire d'extrême gauche, le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). Impossible aussi, le DHKP-C participait lui-même à la manifestation. Et, de toute façon, n'aurait évidemment jamais fait un truc pareil.
Les manifestants turcs ne se sont pas trompés de coupable et accusent à juste titre Erdogan.
Cliquer ici pour l'article et les commentaires
Terrorisme en Turquie - 11 octobre 2015 - le donneur d'ordre Erdogan avait menacé ses opposants, et cela sur le territoire français :
http://mai68.org/spip/spip.php?article9335
Le massacre qui a eu lieu le 10 octobre 2015 à Ankara, était-il prévisible ?
Le 5 octobre dernier, le président Erdogan a tenu un meeting électoral, non pas en Turquie chez lui, mais à Strasbourg.12 000 Turcs venus des pays limitrophes sont venus écouter son discours, celui d'un chef de guerre. L'ennemi en question n'était nullement Daech contre lequel, en tant que membre de l'OTAN, M. Erdogan était éventuellement habilité à faire une déclaration publique dans un autre pays de l'alliance. Que nenni, il désignait, une fois de plus, près d'un tiers de sa propre population, autrement dit les Kurdes, l'opposition HDP, ainsi qu'il l'a dit, de façon à la fois littérale et métaphorique : Tous ceux qui veulent se détacher de nous, nous (…) le leur ferons regretter .
Quel est ce cauchemar sans fond dans lequel nous sommes plongés ? De toute évidence,les auteurs de ce dernier massacre à Ankara n'ont pas besoin de signer leur forfait puisque le donneur d'ordre a menacé en toutes paroles, et cela sur le territoire français.
Cliquer ici pour l'article et les commentaires
Terrorisme en turquie - 11 octobre 2015 - Erdogan est le commanditaire :
http://mai68.org/spip/spip.php?article9334
Samim Akgonul, chercheur au CNRS, historien et politologue : « Tous les indices montrent qu'il y a une implication de l'État même. C'est une impression que l'on a maintenant dans la mesure où il serait impossible de perpétrer un tel attentat à un kilomètre du ministère de l'intérieur en Turquie, à trois kilomètres de la présidence de la République, à deux kilomètres du chef d'État major… Il serait impossible de faire ceci sans qu'il y ait l'implication directe ou indirecte de ce qu'on appelle ‘l'État profond' qui oeuvre justement contre la paix. »
Cliquer ici pour l'article et les commentaires
http://dlvr.it/SckfSZ
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dimanche 13 novembre 2022
Vladimir Poutine, le scarface du KGB
Le 6 novembre 1997 est une date-clé dans l’histoire de l’anticommunisme : le Livre Noir du communisme paraît dans les librairies françaises.
L’anticommunisme tient enfin sa Bible
Jamais, nulle part dans le monde jusqu’à ce jour, des historiens n’avaient tenté de compiler, expliquer et analyser les crimes commis par les régimes marxistes-léninistes. Cette impressionnante recension de 850 pages, avalanche de faits, de chiffres, de preuves, fait l’effet d’une bombe. En France, la classe politique s’en empare. À l’Assemblée nationale, le débat fait rage, on s’invective, le Premier ministre Lionel Jospin prend la parole pour défendre l’honneur du communisme français. Une formule-choc figure en bonne place sur la couverture du Livre Noir : « 100 millions de morts ».
Elle va faire l’objet de controverses qui n’ont jamais vraiment cessé depuis.
L’auteur de ce panorama historique est Stéphane Courtois. Historien et professeur d’université, l’homme est également un combattant. Militant maoïste à la fin des années 1960, il a connu intimement le pouvoir de fascination du totalitarisme rouge : il s’est laissé hypnotiser, manipuler et moralement salir par l’idéologie collectiviste. Alors, comme celles d’Annie Kriegel ou d’Alain Besançon, autres grands spécialistes du communisme, sa carrière sera une longue revanche sur la tromperie intellectuelle dont il a été victime dans sa jeunesse. Il ne veut pas seulement étudier, comprendre et décrire les conséquences planétaires d’Octobre 1917 : il entend faire rendre gorge à la tyrannie. Le Livre Noir du communisme est un succès considérable : traduit dans trente langues, il s’écoule à 120 000 exemplaires en France, plus d’un million à l’étranger. L’anticommunisme tient enfin sa Bible.
Stéphane Courtois frappe à nouveau
Cette semaine, il publie le Livre Noir de Vladimir Poutine.
Comme son illustre prédécesseur, l’ouvrage est le fruit de la collaboration entre les meilleurs experts de la chose russe. Galia Ackerman, Françoise Thom, ont retroussé leurs manches pour, comme le dit Courtois, « planter les derniers clous dans le cercueil » du maître du Kremlin. Car l’objectif est bel et bien d’allier la science à l’éloquence et de frapper le plus fort possible l’autocrate qui asphyxie le peuple russe et menace l’ordre du monde depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Vladimirovitch Poutine. La guerre en Ukraine est l’occasion rêvée pour sonner la charge : les démocraties semblent enfin commencer à comprendre combien cet homme est menteur, criminel, follement dangereux.
Le temps est venu de leur démontrer qu’il est bien pire qu’elles n’imaginent.
400 pages de texte et ses 50 pages de source et d’index : ici, pas de place pour le bavardage. Hubert Védrine n’est pas convié. Courtois, Ackerman, Thom, Hamant, Vaissié et de nombreux autres grands noms de l’étude des affaires russes scannent avec froideur et toute la sévérité nécessaire le pouvoir poutinien.
Le livre est divisée en trois grandes parties.
La première traite de la personne de Poutine, de son essence kagébiste et des raisons de son irrésistible ascension.
La deuxième trace une vaste fresque de la nouvelle géopolitique du Kremlin, avec un accent particulier mis sur la guerre en Ukraine.
La troisième examine les différentes dimensions de la dictature en place, avec ses puissantes techniques de désinformation et d’oppression.
L’ensemble est bien entendu fort sombre mais ni plaintif ni indigné : chirurgical et énergique comme le veut la meilleure tradition de la soviétologie, science où excellent les Français.
Qu’y apprend-t-on ?
Mille choses, que l’on soit un connaisseur ou un néophyte. Car le poutinisme est secret, retors, opaque et chapitre après chapitre, l’équipe de Stéphane Courtois lui arrache tous ses masques.
Considérons, par exemple, le chapitre 5, signé par Françoise Thom : « La création de l’Homo post-soviéticus : l’ingénierie des âmes sous Poutine ». La soviétologue la plus en vue de 2022 dissèque l’effroyable humanité générée par le poutinisme. Elle explique que les hommes du FSB veulent « se créer un peuple à leur image, totalement cynique, dépourvu de morale, fasciné par la violence et la délinquance, galvanisé par l’instinct de la meute, téléguidage à volonté grâce à des injections de haine et de paranoïa, dressé à suivre aveuglément ses chefs jusque dans un précipice, comme les rats ensorcelés par le joueur de flûte de Hamelin ».
Le résultat de cette expérimentation est un peuple désespéré et désespérant, digne rejeton de la masse soviétique, tristement célèbre pour son esprit de parasitisme, son abandon de toute éthique et sa veulerie mais dans une version plus barbare et plus chaotique. L’homo sovieticus était un robot dysfonctionnel, égoïste, alcoolique et pessimiste. L’homo post-sovieticus ajoute à ces traits un goût prononcé pour l’agressivité décomplexée et l’indécence assumée. Le refus de se comporter de manière civilisée est encouragé par le dressage, la propagande la corruption. Poutine a greffé sur le droïde les pulsions d’un charognard. D’où l’immense succès des mafias en Russie : sous la haute protection du FSB, elles symbolisent, structurent et systémisent l’âme malade d’un peuple rendu fou. On ne s’étonnera donc pas que l’armée russe soit désorganisée, misérable, incapable de conquérir et surdouée pour échouer.
Qu’on ne s’y trompe pas : le Livre Noir de Vladimir Poutine n’a rien d’une somme russophobe. Ces auteurs aiment les Russes : ils n’ont d’autre intention que de les aider à sortir du bourbier où ils se noient. Mais s’interdisant tout angélisme, ils balancent par-dessus bord le sentimentalisme russophile et kitsch des gaullistes, des communistes et des nationalistes français confrontés au problème russe. Au centre de gravité de l’actualité, ce Livre Noir est l’encyclopédie de la nuisance poutinienne.
À lire avec un gilet pare-balles.
Stéphane Courtois, Le Livre noir de Vladimir Poutine, Robert Laffont, 2022, 464 pages.
http://dlvr.it/SchQ00
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