En annonçant à la surprise générale qu’elle voterait la motion de censure de la Nupes -qui a finalement été rejetée lundi à l’Assemblée-, Marine Le Pen piège le gouvernement, et les oppositions.
Le coup d’éclat
Aucun commentateur de la vie politique ne l’a vu venir. Lundi 24 octobre, Marine Le Pen a en effet annoncé que son groupe voterait pour la motion endossée par les députés de la Nupes, revenant sur de précédentes déclarations. Certes, le nombre cumulé d’élus des groupes d’opposition n’a pas suffi pour renverser le gouvernement, mais ce revirement met en difficulté le gouvernement et a placé les députés LR dans une position délicate.
Il faut reconnaître qu’entre les termes des textes des deux motions de censure présentés, il n’y avait rien que l’un ou l’autre des frères ennemis (NUPES et RN) ne pouvaient renier. Seuls les signataires permettaient de distinguer l’origine de ceux-ci.
Le coup d’éclat de Marine Le Pen et de son groupe aura donc fait trois victimes !
Le RN n’a pas peur de la dissolution
Le président de la République a été clair : en cas de censure du gouvernement, il prononcera la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette menace semblait suffire d’autant que la majorité présidentielle au Palais Bourbon, « Renaissance » en tête comptait bien sur la division des oppositions pour ne pas avoir à faire usage de cette arme.
Mais le RN n’a pas peur (ou feint de ne pas avoir peur de la dissolution).
Marine Le Pen a clamé à la tribune du Palais-Bourbon et sous les applaudissements de ses 89 députés :
« Au Rassemblement national, nous ne craignons pas les menaces de dissolution. Le vent nouveau qui s’est levé le 19 juin 2022 n’est pas près de retomber. Nos places ne nous importent pas. »
Et, en effet, en cas de dissolution de la chambre basse, combien de macronistes sauveront-ils leur tête lors de législatives anticipées ?
Les LR vont-ils s’auto-dissoudre ?
À vouloir poursuivre plusieurs lièvres à la fois, en se compromettant avec Emmanuel Macron tout en se voulant une opposition républicaine à l’Assemblée nationale, les LR ont fini de perdre leur âme.
La dirigeante du RN a publié dans la foulée sur Twitter :
« Désormais, il n’y a plus aucun doute Ils sont les alliés d’Emmanuel Macron ».
On peut se poser la question. Les dirigeants LR ne peuvent continuer à courir les plateaux TV ou radio, ou à publier dans la presse écrite qu’il est impératif de faire jouer l’alternance politique, en donnant l’image d’une force d’appoint au gouvernement lorsque la survie politique de celui-ci se joue à quelques voix.
Alors que la France n’a jamais autant été à droite, on assiste à la disparition d’un mouvement politique qui a (ou avait) devant lui une autoroute libérale et conservatrice à construire. Gageons qu’au prochain déclenchement du 49-3, les députés L.R. déposeront LEUR motion de censure pour s’éviter le ridicule…
Le RN prend l’avantage sur la Nupes
Marine Le Pen fait une troisième victime en reprenant, avec cette offensive, le leadership de la contestation à la NUPES.
C’est en effet son groupe qui fait trembler le gouvernement. Elle devient ainsi le chef de l’opposition numéro un à Emmanuel Macron. Cet avantage paraît d’autant plus flagrant que face à la composition hétérogène des députés NUPES (et dont le chef charismatique ne siège plus au palais Bourbon) se tient un groupe RN, homogène, dirigé par un « chef qui cheffe », auréolé de ses succès électoraux.
Dans cette nouvelle configuration, il ne manque pas grand-chose pour voir le gouvernement renversé sur un autre 49-3. Un texte plus controversé comme la réforme des retraites pourrait suffire à faire l’appoint de voix.
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