Par Philippe Lacoude, depuis les États-Unis.
J’admire, un peu narquois, les grands experts de la science politique américaine qui peuvent prédire des mois à l’avance les résultats des élections présidentielles américaines. Une prévision fiable des résultats de la présidentielle
Souvent aidés par le fait qu’ils disposent d’un compte Twitter, d’un grand stock de modestie trempée à l’humilité, d’une bonne dose de monolinguisme et d’une résidence permanente en Europe, ils ont tous ces avantages que je ne peux pas offrir aux lecteurs de Contrepoints!
Ayant travaillé sur Capitol Hill, consulté pour le gouvernement américain pendant deux décennies, partageant ma vie entre les Démocrates urbains de la finance en semaine et les Républicains ruraux de mes compétitions de tir durant les week-ends, jâ™avoue nâ™avoir aucune idée de ce qui va se passer dans 60 jours⦠à part que lâ™Ã©lecteur médian américain va à coup sûr choisir comme président un septuagénaire dépensier qui nâ™aura pas toute sa tête et à peu près aucune notion de ses limites, fera preuve de népotisme, tweetera des bêtises à tort et à travers, et cherchera par tous les moyens à se soustraire à lâ™Ã©troit carcan constitutionnel imaginé par les Pères fondateurs. Lâ™Amérique survivra
Comme le secteur non-gouvernemental fait la force de tous les pays en général et des États-Unis en particulier, tout ceci ne les empêchera probablement pas de dominer en 2024.
Lâ™Ã©conomie se portera à peu près bien malgré le futur président, les universités domineront les sciences, la (vraie) « stateupe naichieunne » sera toujours à lâ™ouest, et Jeff Bezos aura peut-être même accumulé 300 milliards de dollars de fortune personnelle si personne ne lui a coupé la tête. Elon Musk sera en train de préparer le pays à un retour sur la lune et la NASA aura même enfin mis le James Webb Space Telescope en orbite.
Les contribuables américains auront juste au moins 4000 milliards de dettes fédérales supplémentaires.
La routine, quoi ! La convention démocrate
Comme lâ™aile gauche du parti démocrate fait beaucoup de bruit â“ câ™est-à -dire fait peur à lâ™Ã©lecteur médian américain vaguement de centre droit â“, la convention démocrate a commencé par un défilé amusant de vieux républicains « has been » de lâ™Ã¨re du président George W. Bush.
Ce qui a provoqué la colère de la député dâ™extrême gauche Alexandria Ocasio-Cortez qui nâ™a reçu que 60 secondes pour faire un « discours » (pré-enregistré !) où elle a nominé⦠le Sénateur Bernie Sanders comme président. Le parti démocrate « aurait pu faire plus pour rallier lâ™enthousiasme de la participation de la base de notre parti. [â¦] Les musulmans ont une représentation nulle, ce qui est tout simplement fou » selon elle.
Les démocrates ont largement évité de commenter les incendies criminels, les pillages, les bris de vitres et les agressions qui sévissent dans les grandes villes américaines, notamment New York, Chicago, Minneapolis, Seattle et Portland, qui sont toutes contrôlées par des chefs de police démocrates nommés par des maires démocrates dans des États dirigés par des gouverneurs démocrates.
à la fin, lâ™ancien vice-président Joe Biden est sorti de sa cave pour faire un discours sans avoir lâ™air hagard, sans raconter nâ™importe quoi, et sans marmonner. Comme il nâ™Ã©tait pas en public, il nâ™a pas eu de comportement étrange.
La barre était placée tellement bas que lâ™ancien conseiller du président Obama, Van Jones, a dit sur CNN après le discours dâ™investiture que le « bruit que vous entendez à travers tout le pays est un soupir de soulagement » que le candidat Biden nâ™ait pas fait de gaffe majeure. La convention républicaine
La convention républicaine tenue une semaine plus tard était à peu près aussi soporifique.
Même si elle a trouvé peu dâ™audience, la première soirée a été plutôt positive avec en particulier des bons discours du Sénateur Tim Scott, de lâ™ambassadeur Nikki Haley, et surtout de Donald Trump Jr., le fils du président, qui a posé la question-clef de cette campagne : pourquoi est-ce que lâ™ancien vice-président Joe Biden avec une carrière de plus de quatre décennies en politique qui a contribué à créer un certain nombre des problèmes actuels serait lâ™homme pour résoudre ces derniers ?
De son côté, la première dame, Melania Trump, a prononcé un discours quâ™elle nâ™avait pas écrit mais qui nâ™Ã©tait pas plagié, un immense progrès par rapport à 2016.
Finalement, au bout de trois jours de cérémonies, le président Trump a fait un discours très stéréotypé à la Maison Blanche loin de ses habituels rassemblements électoraux exubérants qui lui ont valu la présidence il y a 4 ans.
Câ™est probablement une occasion ratée car lâ™homme dâ™affaires nâ™a pas gagné la Maison Blanche en lisant des discours sur un prompteur devant des apparatchiks mais au contact de ses militants qui lui ont permis de discerner ce qui les fait réagir. Des résultats anormaux
Les circonstances exceptionnelles de cette année bizarre ont conduit à lâ™annulation de ces fêtes politiques fastueuses que sont les conventions des grands partis politiques américains. Point de confetti ou de ballons bleus, blancs et rouges.
Normalement, la convention est lâ™occasion pour un parti de montrer son candidat sous le meilleur jour et, à chaque fois, câ™est lâ™occasion dâ™engranger 1 ou 2 % dans les sondages.
En général, je laisse ces derniers aux politologues. La littérature économique a montré depuis longtemps que les sondages sont moins fiables que les marchés politiques où les acteurs perdent de lâ™argent sâ™ils font de mauvaises prévisions (ici, ici et là ).
Tout au plus, les sondages sont utiles lorsquâ™on les compare à divers moments : le niveau est généralement faux mais lâ™Ã©volution importe parfois. Par exemple, le 9 septembre 2016, la secrétaire dâ™Ã‰tat Clinton détenait un avantage de 6,2 % sur le président Trump dans la moyenne Real Clear Politics pour la Pennsylvanie, un État quâ™elle a perdu. Actuellement, le vice-président Biden détient une avance moyenne de 4,3 %.
Au Michigan, elle avait un avantage de 7,3 % dans les sondages, un État quâ™elle a également perdu. Le vice-président Biden a une avance de 3,2 %.
En Floride, le vice-président Biden fait mieux aujourdâ™hui (1,2 %) que la secrétaire dâ™Ã‰tat il y a 4 ans (0,3 %) : le président Trump doit-il sâ™en inquiéter ?
Dans lâ™Ohio, lâ™Ã©lection semble décidée en faveur du candidat démocrate sauf quâ™il a moins dâ™avance aujourdâ™hui (2,4 %) que la candidate malheureuse en 2016 (3,8 % au 4 septembre 2016).
De plus, les sondages prennent plusieurs jours à être réalisés. Les marchés politiques sont instantanés : une bonne ou une mauvaise nouvelle pour un candidat change immédiatement la valeur des contrats.
Enfin, cette année, il nâ™y a pas autant de sondages quâ™Ã lâ™habitude. On ne sait pas vraiment quelle est la situation au niveau des États qui vont déterminer lâ™Ã©lection.
En dâ™autres termes, la situation est encore moins claire quâ™en 2016 et ceux qui font des prévisions sur les réseaux sociaux ou dans les médias traditionnels sont de pires charlatans de la politique quâ™Ã lâ™accoutumée.
Force est de constater que les marchés dâ™options sur les résultats de lâ™Ã©lection présidentielle nâ™ont absolument pas changé de direction pendant ou à la suite des deux conventions, démocrate puis républicaine.
En gros, lâ™Ã©norme avance du vice-président Biden a continué de fondre lentement sous le soleil de lâ™Ã©té : aujourdâ™hui, un contrat qui verse un dollar de gain si un candidat est élu vaut 46 centimes pour Trump et 53 centimes pour Biden.
En dâ™autres termes, les acteurs de ces marchés considèrent implicitement que les probabilités de gagner de ces deux candidats sont de 46 % et 53 %, respectivement.
Données anecdotiques
Si la convention nationale républicaine a enregistré 147,9 millions de vues au total à la télévision et en ligne, celle des démocrates nâ™a enregistré que 122 millions de spectateurs.
Cependant, lorsque le président Donald Trump a accepté la nomination de son parti à la réélection, seulement 23,8 millions de personnes étaient à lâ™Ã©coute sur 13 chaines de télévision.
Câ™Ã©tait moins que les 24,6 millions de personnes qui ont regardé le discours du vice-président Biden lorsquâ™il a accepté la nomination démocrate à la présidence sur 12 chaînes â“ une de moins â“ le dernier soir de la convention de son parti.
En termes de levée de fonds de campagne, pendant les conventions, le camp de lâ™ancien vice-président a obtenu 70 millions de dollars contre 76 millions pour lâ™hôte de la Maison Blanche qui avait un avantage jusquâ™en juillet. Les chiffres dâ™août ont été très défavorables au président qui a levé « seulement » 210 millions de dollars contre 364,5 millions pour son adversaire. Des campagnes bizarres
Aux États-Unis, si lâ™Ã©lection présidentielle se finance dans les bastions des partis, elle se gagne en dehors de ces bastions. Il ne suffit pas dâ™aller chercher de lâ™argent en Californie et au Texas.
Un candidat doit aller sur le terrain dans les États où la population est divisée à peu près également entre les deux camps principaux. Les circonstances particulières de cette année ont empêché les candidats de vraiment faire campagne. Pour le moment, on a seulement vu le vice-président Biden donner un discours à Pittsburgh devant une minuscule audience et faire une séance photo à Kenosha. Quant au Président Trump, ses habituels meetings sont sérieusement amputés.
De plus, les émeutes dans les villes démocrates effraient la population centriste. à lâ™Ã©chelle des États, cela joue contre les maires â“ tous démocrates â“ qui les dirigent. à lâ™Ã©chelle du pays, cela joue contre le président Trump et renforce lâ™impression de chaos qui a commencé dès le premier jour de sa présidence.
Je ne serais pas très surpris si un voyageur du futur venait nous dire aujourdâ™hui que le président a, à la fois, gagné lâ™Ã©lection dans le Minnesota, un État quâ™aucun républicain nâ™a gagné depuis lâ™Ã©crasante victoire de Richard Nixon en 1972, et perdu en Géorgie, un bastion républicain, dont la capitale, Atlanta a été fortement secouée par les émeutes.
Si cela est un exemple sans préjuger du résultat dâ™ensemble, on peut cependant sâ™attendre à des résultats locaux bizarres. Alors quelle prévision pour lâ™Ã©lection présidentielle ?
Tout cela joue en faveur du candidat démocrate. Pendant que les chaînes de télévision déversent leur bile habituelle sur le président ⓠà tort (souvent) et à raison (parfois) ⓠpersonne ne pose aucune question difficile au vice-président Biden.
En particulier, le public nâ™a aucune idée de lâ™incroyable collection de squelettes politiques quâ™il a accumulé en 40 années dans les placards du Sénat, à Washington, DC. Apparemment, tout le monde a oublié la raison pour laquelle sa campagne présidentielle de 1988 sâ™est arrêtée net.
Mais en 2020, les boules de cristal sont très opaques. Il est impossible de prévoir lâ™avenir. Surtout en politique et surtout presque deux mois à lâ™avance. Jâ™aurais tendance à penser, comme les marchés politiques, quâ™un contrat Biden vaut un contrat Trump, soit environ 50 centimes pour un dollar⦠Je reprendrais bien un peu de déficitâ¦
Si le face à face de 2020 signifie une nouvelle fois un choix entre socialisme et nationalisme avec une sérieuse dose de dépenses publiques financées par des montagnes de dettes nouvelles, lâ™Ã©lectorat est de moins en moins partisan dans un pays où seulement 31 % sâ™identifient comme démocrates et seulement 26 % comme républicains.
Ce nâ™est pas du tout étonnant que ni le président Trump, ni le vice-président Biden nâ™arrivent à 50 % dâ™opinions favorables. Ils sont archi-minoritaires. Leurs plus ardents partisans sont dâ™ailleurs des remèdes à la politique et dégoûtent les gens raisonnables.
Sâ™il nâ™y a pas dâ™option libérale, la pluralité de 41 % qui se dit « indépendante » est relativement fiscalement conservatrice et libérale de mÅ“urs. Le libéralisme est donc moribond en politique mais pas dans le pays. Tout nâ™est pas perdu ! Ces articles pourraient vous intéresser: États-Unis : Joe Biden, un désastre potentiel Kamala Harris, la gauche⦠en pire ! Républicains et Démocrates : les convergences dont on ne parle jamais Les élections américaines pour les nuls
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lundi 14 septembre 2020
Les taxes sur la richesse nuisent aux gens ordinaires
Par Gaël Campan.
Un article de l’Institut Economique de Montréal
L’idée d’un impôt sur la richesse est toujours considérée par certains comme viable, en dépit des signaux d’avertissements clairs et des conséquences économiques graves qui ont accompagné chacune de ses implantations. Sa simplicité explique son attrait: « Laissez-nous prendre lâ™argent là où il se trouve ! Les riches peuvent se le permettre. »
En suivant cette logique facile, le gouvernement sâ™en prend aux plus fortunés sans risque politique puisque ces derniers représentent une petite fraction de lâ™Ã©lectorat1
Preuve de lâ™attrait dâ™une telle mesure, le directeur parlementaire du budget répondait encore le 8 juillet 2020 à une question dâ™un député du NPD portant sur ses coûts2. Pas plus tard que le 13 juillet 2020, des médias rapportaient lâ™appel public de 83 « super riches », dont lâ™héritière Abigail Disney, en faveur de lâ™instauration dâ™un impôt sur la fortune afin de financer les efforts dâ™aide liés au Covid-193.
En effet, les sommes importantes dépensées par les gouvernements dans la foulée du confinement sévère et généralisé de 2020 conduisent certains à réclamer de nouveau un impôt sur la richesse. Au Canada, câ™est notamment le cas de lâ™Institut Broadbent4.
Or, la rhétorique de la lutte des classes qui sous-tend ces initiatives fiscales fait fausse route. Il a été démontré que les riches sont particulièrement affectés par cette taxe. Leur capacité limitée à investir â“ et leur exode éventuel â“ a des effets négatifs significatifs sur lâ™ensemble de lâ™Ã©conomie, et donc sur tous les segments de la société.
De plus, lâ™impôt sur la richesse se montre ultimement inefficace pour augmenter les revenus de lâ™Ã‰tat. Si le gouvernement souhaite ainsi maintenir son niveau de dépenses, les contribuables moins fortunés devront payer la facture une fois que les riches se seront prémunis contre cet impôt.
Aussi, dans une société comme celle du Canada â“ où il y a de la mobilité sociale â“ une partie substantielle des « pauvres » dâ™aujourdâ™hui est vouée à être les « riches » de demain5, et elle subira éventuellement les effets directs de lâ™impôt sur la richesse. Oui, les riches sont affectés par lâ™impôt sur la richesse
Afin de comprendre les effets dâ™une taxe sur la richesse sur les ménages ciblés, il faut tout dâ™abord saisir la différence entre les revenus et les actifs. Lâ™impôt sur la richesse est calculé en fonction de la valeur estimée du portfolio dâ™actifs, même si ces actifs ne génèrent pas directement des revenus, comme une résidence familiale, par exemple.
Si ces personnes nâ™ont pas suffisamment de revenus pour payer lâ™impôt, elles pourront être contraintes de vendre des actifs afin de payer le fisc. Souvent, ces actifs ne sont pas liquides, entraînant ainsi des ventes sous la valeur du marché. En fait, lâ™OCDE a identifié le manque de liquidités comme étant une embûche fréquente aux paiements de lâ™impôt sur la richesse6.
Ces taxes ont un effet plus important quâ™anticipé sur les revenus. Prenons lâ™exemple dâ™un ménage de retraités ayant un patrimoine de 10 millions de dollars générant des revenus dâ™investissement annuels de 6 %. Ils sont déjà taxés à hauteur dâ™environ 50 % sur ces revenus ; ou plus dans certaines provinces.
Un impôt sur la richesse additionnel de 3 % viendrait dans les faits éliminer complètement leurs revenus. Les dépenses courantes devront ainsi être couvertes partiellement par la vente dâ™actifs. Bref, en piochant dans leurs épargnes.
Au cours des années suivantes, leur patrimoine amoindri va produire moins de revenus imposables que les années précédentes, forçant ce ménage à vendre de plus en plus dâ™actifs afin de maintenir son train de vie.
Bien entendu, plusieurs ménages fortunés vont réagir en reconfigurant leur portfolio dâ™actifs ou en relocalisant leurs actifs et eux-mêmes à lâ™extérieur du pays afin de se prémunir contre lâ™impôt.
Cet impôt va également modifier leurs comportements face à lâ™Ã©pargne et à la consommation. Si les épargnes investies sont imposées davantage, ils préféreront consommer et faire des dons, accélérant ainsi la réduction de leur patrimoine.
Les nouvelles entreprises â“ la principale source de création dâ™emplois â“ seront privées de liquidités alors que les investisseurs préféreront des entreprises plus établies qui génèrent des revenus, au détriment dâ™entreprises jeunes et nécessitant des investissements.
Même si les gouvernements sous-estiment initialement lâ™importance de lâ™exode des capitaux, les expériences ratées sont claires. Alors que 12 pays européens imposaient la richesse en 1990, huit dâ™entre eux avaient mis au rancart cette politique en 2017 (voir Figure 1)7.
Les pays qui lâ™ont conservée ont compensé ses effets en abolissant lâ™impôt sur les successions (comme la Suisse en 2004 et la Norvège en 2014), en nâ™ayant pas de taxe sur le gain en capital dès le départ (comme la Suisse) ou en déléguant ce pouvoir de taxation (comme lâ™Espagne, où Madrid établit son propre impôt sur la richesse à 0 %)8. â‹Lâ™impôt sur la richesse est contre-productif
Lâ™impôt sur la richesse est également plus difficile à collecter que les autres taxes. Quand lâ™Autriche a abrogé son impôt sur la fortune en 1994, elle a reconnu un « coût administratif élevé lié au processus de collection de données »9. Par exemple, la valeur des actions dans des entreprises non cotées en bourse est difficile à évaluer.
Estimer la valeur de certains biens â“ comme des Å“uvres dâ™art, de la bijouterie ou des meubles rares â“ est fastidieux lorsque le prix du marché nâ™est pas connu. Leur évaluation demande une expertise coûteuse et lâ™exercice dâ™estimation demeure subjectif, susceptible à la manipulation et la fraude.
Les ménages riches et éduqués disposent de temps, dâ™avocats, de comptables et dâ™experts pour se défendre contre ce quâ™ils peuvent percevoir comme des demandes arbitraires du fisc. Les coûts bureaucratiques, en ressources humaines et financières, y seront probablement les plus élevés par dollar perçu â“ ce qui contribue au fait que les revenus collectés par ces impôts ne sont jamais à la hauteur des attentes10.
Lâ™impôt sur la richesse en Europe représentait une ponction dâ™en moyenne 0,2 % du PIB, avec un maximum de 1 % en Suisse (voir Figure 2)11. Avec ses coûts élevés et ses résultats mitigés, lâ™inefficacité de la taxe est claire. Mais à cela sâ™ajoutent des pertes indirectes causées par lâ™exode des capitaux.
Le cas français est notoire en raison de la durée de lâ™expérience menée avec lâ™impôt sur la richesse et à cause des études dâ™impact qui ont été réalisées, tant par le gouvernement que par des tiers.
Vu le départ du pays dâ™en moyenne 510 ménages fortunés par année pendant 33 ans, la migration des capitaux a été estimée à entre 143 et 200 milliards en euros constants de 201512. Cela représente pour la France une perte importante dâ™opportunité dâ™investissements, de création dâ™emplois et des recettes fiscales qui en découlent, et un gain pour les pays qui ont accueilli ces migrants.
Pendant que lâ™assiette fiscale rétrécit, les contribuables doivent compenser la réduction des entrées fiscales causées par lâ™exode des capitaux. Dans une perspective de réduction des inégalités, un impôt sur la richesse est contre-productif.
Une fois que les riches les plus mobiles sont partis, de nouveaux impôts doivent pallier le manque à gagner créé par lâ™exode, et ces derniers devront être payés par un grand nombre de contribuables moins fortunés et moins mobiles. Pas juste un problème de riches
Diviser les citoyens en grandes catégories ⓠles riches et les pauvres ⓠcomme si leurs intérêts ne pouvaient pas se recouper est une bien mauvaise idée. La convergence des intérêts est importante dans une société ouverte et démocratique.
Cibler les riches en tant que groupe nuit au succès éventuel dâ™un entrepreneur émergent et de façon correspondante aux opportunités sâ™offrant aux personnes en recherche dâ™emploi.
La richesse est la première source de création de nouveaux emplois. Si vous nâ™Ãªtes pas un entrepreneur en position de créer une entreprise générant assez de revenus pour combler vos besoins, vous êtes forcément un employé. Câ™est un entrepreneur qui vous fournit cet emploi.
La quantité et la qualité des emplois disponibles dépendent de lâ™Ã©tendue à laquelle les entrepreneurs sont libres de prospérer. Cela implique, quoique indirectement, que lâ™impôt sur la richesse est largement payé par des travailleurs gagnant de petits salaires, et par les chômeurs privés dâ™un revenu.
De plus, nous vivons dans une société où la mobilité sociale est tangible. Une étude sur la mobilité menée au Canada indique que chez les 20 % moins fortunés au Canada en 1990, pas moins de 87 % avaient accédé à un palier plus élevé en 2009.
Mieux encore, 40 % dâ™entre eux avaient atteint lâ™un des deux quintiles les plus élevés au cours de la même période de 20 ans13. Si vous combinez le fait que la barre ne cesse de baisser afin dâ™appartenir au 1 % (à cause de lâ™exode des ménages riches) et le nombre important dâ™individus connaissant une ascension sociale, il est possible que bien des anciens « pauvres » deviennent « riches » plus tôt que prévu.
En effet, la richesse est créée, et non héritée14. La plupart dâ™entre nous ne sommes pas nés avec une cuillère dâ™argent dans la bouche, et lâ™entrepreneuriat est une façon de connaître du succès.
Les entrepreneurs en ascendance aujourdâ™hui pourraient accéder au 1 % des gens les plus riches en seulement cinq à dix ans. à long terme, cela ferait davantage de mal aux non-riches quâ™aux très riches qui, en dépit des apparences de justice sociale de lâ™impôt sur la richesse, sont les plus en mesure de sâ™en prémunir.
Finalement, les gens tendent à sous-estimer leur propre richesse15. Le nombre de Canadiens potentiellement affectés par cet impôt aujourdâ™hui ou demain pourrait être plus grand quâ™on lâ™imagine.
Par exemple, un retraité de la fonction publique fédérale profite de 20 ans ou plus dâ™espérance de vie avec quelques millions de dollars en revenus de pension actualisée. Il ne se considère sans doute pas éligible à payer une taxe sur la richesse, mais il pourrait lâ™Ãªtre dépendamment des critères16. Le même principe sâ™applique aux joueurs de hockey et aux artistes populaires, dont la fortune pourrait être évaluée selon leurs contrats ou revenus futurs de droit dâ™auteur.
Les fonctionnaires ne sont peut-être pas très mobiles, mais les athlètes et les artistes peuvent facilement déménager dans des pays plus fiscalement cléments, au grand dam des équipes locales et des fans. Conclusion
Lâ™idée voulant que lâ™on puisse facilement taxer les riches en toute impunité est erronée. Puisque la majorité de leur fortune est investie dans des firmes, lâ™impôt sur la richesse pourrait excéder leurs revenus.
Au fur et à mesure quâ™ils agissent pour limiter leur exposition à cet impôt, ce qui peut inclure leur exode, les taxes perçues auprès dâ™eux de façon directe ou en lien avec leurs investissements créateurs dâ™emplois commencent à se faire plus rares.
Ce sont les contribuables moins fortunés qui doivent alors assumer un fardeau plus lourd.
Lâ™expérience indique que lâ™impôt sur la richesse génère peu de recettes fiscales malgré un coût élevé dâ™administration et de collection, ce qui les rend aussi inefficaces que contre-productives pour réduire les inégalités.
Conséquemment, elles ont été abandonnées ou diluées de façon importante par la plupart des pays qui les ont implantées. Nous devrions apprendre de leur expérience plutôt que dâ™en souffrir nous-mêmes.
Finalement, en ciblant les riches aujourdâ™hui, on détériorerait les conditions qui permettent aux jeunes entrepreneurs dâ™atteindre de nouveaux sommets dans lâ™avenir. Et comme les plus mobiles parmi les riches quittent, les critères dâ™admissibilité à ce groupe sélect ne cessent de baisser, nous rapprochant tous de celui-ci.
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Sur le web
* Concernant le volet théorique des motivations et incitations du gouvernement comme acteur politique, voir lâ™ouvrage de Brennan et Buchanan, The Power to Tax: Analytical Foundations of a Fiscal Constitution, Cambridge University Press, 1980. ↩
* Bureau du directeur parlementaire du budget, « Impôt sur le patrimoine net pour les familles économiques résidant au Canada », 8 juillet 2020. ↩
* Matthew Lavietes, « Tax us: Abigail Disney among 83 worldâ™s super-rich calling for wealth tax to fund COVID-19 relief », The Globe and Mail, 13 juillet 2020. ↩
* Institut Broadbent, « The Case for a Wealth Tax in Canada », 18 juin 2020. ↩
* Charles Lammam, Towards a Better Understanding of Income Inequality in Canada, Institut Fraser, 30 novembre 2017. ↩
* OCDE, « The Role and Design of Net Wealth Taxes in the OECD », 2018, p. 64. ↩
* Ibid., p. 16. ↩
* Une concurrence entre les régions dâ™un même pays est susceptible dâ™amoindrir lâ™assiette fiscale des régions qui maintiennent une taxe sur la richesse. ↩
* Marcus Drometer et al., « Wealth and Inheritance Taxation: An Overview and Country Comparison », Ifo Dice Report 16, no 2, 2018, p. 49. ↩
* La seule exception serait les taxes sur la richesse visant lâ™immobilier qui sont probablement les seules taxes sur la richesse efficientes, mais qui devraient demeurer sous la gouverne des autorités locales. ↩
* OCDE, op. cit., note 6, p. 18. ↩
* Corentin Droz-Georget, « Ce que lâ™ISF a fait perdre à la France », IFRAP, 2019 Coe-Rexecode, « Les conséquences économiques des expatriations dues aux écarts de fiscalité entre la France et les autres pays », 2017, p. 53-60. ↩
* Charles Lammam, op. cit., note 5, p. 131. ↩
* Aux États-Unis, seulement 15 % du 1 % a hérité de sa fortune alors que 85 % ont fait leur propre fortune. Chris Edwards, « Taxing wealth and Capital Income », Cato Institute, Tax and Budget Bulletin no 85, 1er août 2019; Edward N. Wolff et Maury Gittleman, « Inheritances and the Distributions of Wealth or Whatever Happened to the Great Inheritance Boom ? », Bureau of Labor Statistics, Working Paper no 445, janvier 2011, Tableau 8, p. 50. ↩
* à titre de comparaison, il fallait gagner 236 000 dollars en 2017 afin dâ™appartenir au 1 % canadien (selon Statistiques Canada, Tableau 11-10-0055-01 : Les déclarants à revenu élevé, au Canada, 2019). ↩
* Le seuil français était à seulement 790 000 euros. La Tribune, « Fillon met fin au bouclier fiscal et rabote lâ™ISF », 3 mars 2011. ↩
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Rimbaud et Verlaine au Panthéon : paradoxal et réducteur
Par Nathalie MP Meyer.
Faire entrer Rimbaud et Verlaine «ensemble » au Panthéon eu égard à leurs génies poétiques respectifs dâ™une part et à leur relation homosexuelle dâ™autre part â“ au départ, cette idée fut lancée sur le ton de la blague par un trio de rimbaldiens désespérés de découvrir le manque de charme de la sépulture de leur héros à Charleville-Mézières.
Comment lâ™imaginer moisir éternellement dans le sinistre cimetière dâ™une ville quâ™il jugeait « supérieurement idiote entre les petites villes de province » ?
Sans trop y croire, le trio constitué de lâ™Ã©diteur Jean-Luc Barré, qui préparait une réédition de la biographie de Rimbaud écrite par Jean-Jacques Lefrère, du journaliste Frédéric Martel, qui avait accepté dâ™en écrire la préface et de lâ™Ã©crivain Nicolas Idier, plume actuelle de Jean Castex, se promet dâ™obtenir un jour le transfert des cendres du poète au Panthéon et dâ™inclure Verlaine dans cette opération qui consacrerait ainsi en même temps lâ™univers poétique et la lutte contre lâ™homophobie.
Mais peu à peu, la blague sâ™infiltre dans le monde des arts et des lettres ainsi que chez les anciens ministres de la Culture. Elle séduit tellement les milieux culturels, les associations de lutte contre lâ™homophobie, le critique littéraire Angelo Rinaldi et lâ™ex-maire de Paris Bertrand Delanoë que mercredi 9 septembre dernier, elle est devenue pétition officielle au Président de la République et nâ™a eu aucun mal à conquérir le cÅ“ur tendre et enthousiaste de Roselyne Bachelot !
Il faut dire que notre nouvelle ministre de la Culture adore Rimbaud. Il lui arrive même dâ™entrer en Conseil des ministres avec les premiers vers du Bateau ivre sur les lèvres ! a-t-elle révélé récemment pour expliquer les raisons de son soutien à la pétition, humour involontaire (ou pas) en prime. Mais elle pourrait tout aussi bien réciter du Verlaine ; il suffit de demander.
Et surtout :
« Lâ™histoire dâ™amour insensée entre Rimbaud et Verlaine reflète tous les engagements que jâ™ai pris dans ma carrière politique contre toutes les formes de discrimination. » (Le Point, 9 septembre 2020)
De bien douces paroles aux oreilles de tous ceux qui ont mis leur point dâ™honneur à débusquer partout avec la dernière intransigeance toutes les formes possibles de discrimination. Colbert déboulonné, mais Rimbaud au Panthéon ?
Prenez Louis-Georges Tin par exemple. En tant que fondateur de la Journée mondiale contre lâ™homophobie et la transphobie, il a signé la pétition.
Et lâ™an dernier, en tant que Président dâ™honneur du Conseil représentatif des associations noires (CRAN), il nâ™a pas hésité une seconde à sâ™associer à lâ™UNEF pour empêcher par la force la représentation de la pièce dâ™Eschyle Les Suppliantes à la Sorbonne au motif que les masques cuivrés des acteurs, tel le « blackface » en vogue dans les milieux ségrégationnistes américains, nâ™Ã©taient rien dâ™autre que de la « propagande afrophobe, colonialiste et raciste » en bonne et due forme !
Colonialisme ? Parlons-en ! Que faisait Arthur Rimbaud à Harar ou à Aden si ce nâ™est exploiter les possibilités offertes par lâ™esprit colonial qui imprégnait son époque et qui le conduira même à se livrer un temps au commerce â“ certains disent trafic â“ dâ™armes ?
Si lâ™on devait suivre le raisonnement quelque peu anachronique de tous les déboulonneurs de statues, dont notamment Georges-Louis Tin qui appelait il nâ™y a pas si longtemps à supprimer de lâ™espace public toutes les références à Colbert, coupable dâ™avoir été lâ™instigateur du Code noir, il faudrait bien évidemment faire une impasse définitive sur lâ™idée de panthéoniser Rimbaud.
Mais M. Tin a signé la pétition, faisant de son côté lâ™impasse sur des faiblesses petites ou grandes qui révulsent dâ™habitude les purs de lâ™antiracisme et de lâ™anti-machisme. à ses yeux, lâ™homosexualité (et la poésie, naturellement) aurait-elle le don de gommer ponctuellement tout le reste au gré de ses combats ?
Il est cependant assez amusant de penser que lâ™entrée de Rimbaud et Verlaine au Panthéon constituerait dâ™une certaine façon « un Non définitif au déboulonnage des statues et au retranchement des plaques dâ™hommage », comme le dit Frédéric Martel, lâ™un des trois instigateurs de la pétition, dans un texte où il avance ses arguments en faveur du projet :
« Aucune des figures qui reposent au Panthéon nâ™est un Saint ou un surhomme. Tous ont commis des fautes, des excès, des erreurs. Certains ont été colonialistes ; dâ™autres ont participé à des guerres injustes ; André Malraux a participé au pillage de certaines Å“uvres, et ainsi de suite⦠»
Des fautes, des excès, des erreurs ? De ce côté-là , avec Verlaine et Rimbaud, nous sommes servis ! Alcool, drogue, armes, violence
Le premier, perpétuellement sous lâ™emprise de lâ™absinthe, battait sa femme Mathilde et rudoyait férocement leur bébé. Quant à la relation homosexuelle quâ™il a entretenue avec Rimbaud, 17 ans à lâ™Ã©poque, loin dâ™Ãªtre idyllique, elle a tout dâ™Une saison en Enfer. Émaillée de violences alcoolisées, elle sâ™achève définitivement dix-huit mois plus tard, le 10 juillet 1873, par deux coups de revolver tirés par Verlaine dont lâ™un atteint Rimbaud au bras. Ce dernier venait dâ™annoncer à son amant quâ™il allait le quitter.
Pour le biographe de Rimbaud Jean-Jacques Lefrère que jâ™Ã©voquais plus haut :
« Cette aventure serait purement sordide si elle nâ™Ã©tait pas celle de deux poètes de génie. »
Quâ™en pensent les féministes ? Quâ™en pensent les contempteurs inlassables des violences conjugales ? Quâ™en pensent les avocats inlassables de la reconnaissance du matrimoine ? Et quâ™en pense Emmanuel Macron, qui a fait de lâ™Ã©galité entre les hommes et les femmes la grande cause de son quinquennat et à qui revient seul, en tant que Président de la République, de décider qui entre ou pas au Panthéon ?
Si le seul critère officiel dâ™admission se limite à la mention « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » qui figure au fronton du monument, il existe cependant des critères implicites forgés au fil du temps. Pour Les Décodeurs du Monde qui se sont livrés à une petite enquête à lâ™Ã©poque du transfert des cendres de Simone Veil en 2018 :
« On attend une personnalité exemplaire, qui incarne les idéaux de la République, et dont le combat fait écho aux valeurs du chef de lâ™Ã‰tat. »
Câ™est peu dire que nos deux candidats sont assez loin de cette sage description. Câ™est peu dire dâ™ailleurs quâ™ils nâ™ont jamais eu ni lâ™un ni lâ™autre la moindre ambition dâ™Ãªtre exemplaires et fondus dans les canons dâ™une bienséance républicaine empesée.
De plus, Rimbaud nâ™a jamais ménagé ses piques contre la France jusquâ™Ã juger Musset « exécrable » tant tout, dans son oeuvre, était « français, câ™est-à -dire haïssable au suprême degré » !
Quant à Verlaine, les promoteurs de la pétition ne trouvent à le rattacher à la République que par le biais des « sanglots longs des violons de lâ™automne » utilisés ultérieurement par les résistants français pour annoncer en code lâ™imminence du débarquement de Normandie. Un peu tiré par les cheveux comme argument. Réduire Rimbaud et Verlaine à leur homosexualité ?
Plus fondamentalement, il me semble que lier à tout prix Rimbaud et Verlaine pour en faire « deux symboles de la diversité » qui « durent endurer lâ™homophobie implacable de leur époque » (comme lâ™Ã©crit la pétition) revient à effacer les poètes sublimes quâ™ils furent lâ™un et lâ™autre pour ne plus voir en eux â“ qui nâ™ont rien demandé de tel â“ quâ™un argument contre lâ™homophobie par récupération opportune dâ™une courte liaison terminée avec fracas dont on voit mal en quoi la nation leur devrait reconnaissance.
Câ™est aussi une façon dâ™ouvrir le Panthéon à une sorte de concurrence victimaire où lâ™on ne distingue plus les individus et ce quâ™ils réalisent de grand par eux-mêmes mais seulement des appartenances communautaires réductrices.
Quant aux grands poètes, romanciers et dramaturges de notre vaste littérature, la plus belle reconnaissance ne serait-elle pas plutôt de les éditer et rééditer, de les lire et les réciter, de les jouer sur toutes les planches, de les étudier, les traduire et les faire connaître le plus largement possible ?
En attendant, quelle que soit lâ™issue de la pétition publiée mercredi dernier, elle nâ™est pas perdue pour ses auteurs car elle est tombée à pic pour accompagner dès le lendemain la sortie de lâ™Arthur Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère réédité par Jean-Luc Barré et préfacé par Frédéric Martel, comme je lâ™indiquais plus haut :
#LeSaviezVous Arthur #Rimbaud a écrit toute son Å“uvre, lâ™une des plus belles de notre langue, entre seize et vingt ans. Véritable ouvrage de référence, sa biographie par Jean-Jacques Lefrère paraît aujourdâ™hui chez #Bouquins. https://t.co/nugkLUqET2 pic.twitter.com/jy61OznntW
â” @ColBouquins (@ColBouquins) September 10, 2020
De là à nâ™y voir quâ™un instrument efficace de buzz et de controverse médiatique à but promotionnel en cette rentrée littéraireâ¦
En tout cas soyons rassurés : comme il lâ™a confié à lâ™hebdomadaire Le Point, Frédéric Martel « ne (va) pas faire de grève de la faim si Macron refuse ; tout cela est aussi un jeu. »
On se disait aussi⦠Et de toute façon, aux dernières nouvelles, la famille de Rimbaud sâ™oppose au projet.
â”
Sur le web
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