samedi 5 septembre 2020

Et si…

ALLAN ERWAN BERGER� — L’art dit ce qui ne peut se dire autrement. «Contre toutes les puissances de l’oubli, le livre nous reconduit sans cesse à notre liberté, il nous est école de dissidence.» La citation est de Michel Le Bris, dans une note, Introduction à Une amitié littéraire, correspondance entre Henry James et Robert Louis Stevenson, Verdier 1987. Et si… Je m’en doutais, nous nous en doutions, vous vous en doutiez, et maintenant ça commence à devenir officiel : les prix littéraires sentent le moisi. Luis de Miranda : « Les prix littéraires tuent car, chaque année, ces offices du bon goût élèvent artificiellement au rang de best-seller une littérature parfois frelatée, sans dimension épique, sans réelle ambition stylistique, créative ou sociétale. Je ne compte plus les lecteurs qui m’avouent, entre la honte et la colère, avoir été déçus par l’achat d’un livre portant la mention Prix Goncourt, Renaudot ou autre. Â» Cette phrase révoltante, ou révoltée, ou les deux, est tirée d’un billet que l’on peut lire avec profit ici : Les prix littéraires tuent. Oui monsieur oui madame. Il y a plus de mille maisons d’édition publiant des romans en France, nous dit Miranda. En première approximation, aucune n’a accès à une quelconque des prix majeurs â€“ Renaudot, Interallié, Goncourt etc. Voilà l’état de la littérature. J’entends : de la littérature papier. Or, puisque ce qui donne du rayonnement à la litérature passe, en ce siècle peu vertueux, par le simulacre d’un jugement rendu par un jury désuètement snob farci de conflits d’intérêt à la sauce consanguine, et qu’on ne saurait sauter aux yeux du lecteur moyen sans en passer par le rituel du prix, puisqu’enfin c’est ce prix qui donne tout son prix à l’acte de lire et d’écrire, j’en viens à me demander s’il ne faudrait pas, nous autres les pure players de la littérature, singer ces crapuleuses institutions mais en montrant tout ce qu’elles ne sont pas, en étant simplement ce que nous sommes. Et que sommes-nous ? Nous sommes des amoureux. Nous sommes nourris de désirs, nous sommes dépourvus de toute avidité, nous ne sommes pas ennemis ni même concurrents – pas encore – puisque nous nous sentons, éditeurs numériques, membres d’une fraternité. Or, Régis Debray nous l’a suggéré il y a peu, la fraternité se construit contre un adversaire. L’adversaire ici n’est pas le livre en papier, cette pauvre chose prise en otage. Non, il est en amont, il est si ancien ; c’est le même à travers les siècles, il veut tout, il ne laisse rien, il ne sait qu’être ogre ; il vend de la bouffe, des équipements, des bidules électroniques, de la « culture Â», des crédits, de la sécurité. Son but est toujours de tout manger. À commencer, dans le cas de la littérature, par les jurys, les éditeurs et les auteurs, pour finir par les lecteurs. Ligotez-moi tout ce petit monde ! ordonne-t-il dans ses fantasmes. Et si nous organisions un prix ? Par exemple que chaque éditeur numérique choisisse, dans son catalogue, un livre à soumettre aux autres. Que ces cinq, huit ou quinze livres soient lus, étudiés, pendant trois mois, six mois. Puis que chaque éditeur vote pour un livre édité chez un autre. Un petit programme bidouillé sur un coin de table, un peu de php entre deux cafés et c’est dans la poche : numéro un, numéro deux, numéro trois. Les résultats sont publiés. Les lauréats ainsi mis en avant susciteront d’abord l’intérêt des lecteurs numériques. Les candidats non retenus y trouveront aussi leur compte, par le simple fait qu’ils auront été exposés (ne donnons pas les scores de ceux-là). Voilà. Et si, nous aussi, profitant de notre jeunesse et de notre pureté actuelle, nous nous amusions à donner un prix à ce qui n’en a pas ?
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Extinction Rebellion : comment finit une secte

Par David Zaruk. Un article du Risk-Monger Lorsqu’une secte perd son emprise sur quelqu’un, il se produit une sorte de réveil. Cela implique de revenir à une société qui n’est pas gérée par les slogans des gourous, les chants des enfants ou les informations transmises par un canal dogmatique unique qui présente le monde sous une forme simplifiée. De très nombreux jeunes en Occident sont en train de se réveiller à la suite de leur expérience avec la secte Extinction Rebellion qui les a subjugués pendant une longue et intense période de l’année 2019. Beaucoup d’émotions sont à gérer lors d’un réveil post-sectaire : l’amertume d’avoir été trompé, la honte de se sentir personnellement vulnérable, le pardon demandé aux proches qu’on a pu blesser, l’inquiétude envers ceux qui sont toujours sous l’emprise des gourous, la fragilité du retour dans la société. Est-ce que cette expérience doit être occultée, minimisée ou évaluée ? Une catharsis peut être nécessaire pour se débarrasser du pouvoir que cette secte a exercé en dominant la liberté de la personne. Pendant environ un an, Extinction Rebellion a maintenu sous son emprise beaucoup d’idéalistes jeunes et vulnérables en exploitant de nombreuses méthodes utilisées par les sectes. Quels sont ces outils de manipulation utilisés ? Pendant la période grisante de 2019, Extinction Rebellion a�: * présupposé que l’apocalypse de la fin du monde arriverait dans les dix prochaines années ; * défini un chemin simplifié pour le salut et le renforcement de la vertu ; * déclaré une guerre dogmatique contre le mal sur le mode « eux contre nous » ; * créé une atmosphère amusante de carnaval avec des chants communautaires lors de leurs événements ; * développé une série de rites spirituels de type païen avec des prêtresses emblématiques. Mais cette secte n’était qu’une façade superficielle et trompeuse. L’objectif des organisateurs Roger Hallam et Rupert Read, à la pointe de l’activisme, était de renverser l’État capitaliste. Une armée de jeunes endoctrinés qui dansaient, chantaient et pleurnichaient tous ensemble dans la rue était, sur le papier, une diversion idéale. Ajoutez quelques célébrités vieillissantes, quelques farces astucieuses dans la rue et une myriade d’occasions de signaler sa vertu… la stratégie était géniale ; même si l’organisation et la mise en Å“uvre étaient du pur Monty Python. La vaste Église de la Nature Les sectes se construisent sur la fin des systèmes de croyances religieuses. Toutes les religions ont leurs extrémistes – les fanatiques, les dogmatiques, les fondamentalistes, les gourous sectaires manipulateurs… J’ai souvent écrit en quoi l’écologisme est notre nouvelle religion, avec son large éventail de croyants pratiquant des rituels variés (recyclage, sacrifices culinaires, réductions d’émissions carbone…), prêchant la fin du monde (le changement climatique) et proposant la rédemption du péché originel (la consommation), le tout avec toute une collection d’anges, de saints et de démons dont chaque Église a besoin. Cette Église de la Nature s’est construite sur les cendres du déclin de la foi des religions traditionnelles dans un Occident opulent. Nous ne sommes pas devenus trop évolués pour la religion ; elle a juste revêtu d’autres robes et occupé d’autres temples. La religion apporte un sens à l’existence, des vertus, de l’inspiration. Dans un contexte communautaire, elle protège les croyants de leurs peurs et inquiétudes les plus profondes. Dans la congrégation de l’Église de la Nature, la plupart veulent vivre une vie honnête et se sentir quelqu’un d’honorable. Ils écoutent les sermons contre la consommation mais profitent de certains des meilleurs plaisirs de la vie. Ils donnent quand la corbeille de quête passe, mais ne sont pas des militants actifs. À l’extrême de l’Église de la Nature se trouvent les organisations sectaires qui commandent aux vrais croyants, aux croisés et aux missionnaires : les fanatiques qui apportent l’oxygène religieux permettant au clergé de respirer et aux feux de brûler.   Mais le problème avec la menace des flammes de l’enfer est que lorsque l’indignation et la condamnation enflamment les esprits, elles peuvent détruire des temples. La tactique de la secte d’Extinction Rebellion a discrédité les sciences du climat, elle a poussé l’écologisme vers la gauche dure anticapitaliste et a laissé bien peu d’espace au compromis politique. Lorsque ces groupes ont utilisé des enfants pour faire honte aux adultes (« Comment osez-vous ! Â»), le discours politique a été abandonné pour laisser la place au grand spectacle. En 2019 la secte Extinction Rebellion a pris toute la place et l’Église de la Nature a perdu ses membres modérés. Cela a gravement atteint l’ensemble du mouvement militant car le cynisme et le désenchantement ne se traduisent pas en dons ni en engagement au sein de l’Église dans son ensemble. Extinction Rebellion : la grâce perdue Extinction Rebellion avait atteint son zénith en tant que secte bien avant que la pandémie de covid-19 chasse son sujet de la Une des journaux, réduisant au silence sa machine de guerre de marketing média. Le virage a peut-être été la station de métro de Canning Town lorsque des banlieusards qui partaient travailler se sont transformés en foule en colère en bousculant deux hippies du groupe qui avaient tenté d’arrêter leur rame. Le même jour, le blocus de Londres qui devait durer deux semaines a été discrètement annulé bien avant d’avoir atteint ses objectifs. Lorsque les confinements liés à l’épidémie ont commencé à sévir et que chacun a eu l’occasion d’apprécier les conséquences des exigences d’Extinction Rebellion (pas de travail, pas de voyage, pas de boutiques…) et l’absence de toute interaction sociale que les rebelles auraient pu perturber, l’organisation est entrée en hibernation. J’ai participé à une conférence Zoom d’XR en mai 2020, où leurs principaux gourous ont dévoilé leur stratégie pour la prochaine vague d’actions post-Covid-19. Au moment où leur philosophe en chef, Rupert Read, a pris le micro, il n’y avait que 42 auditeurs au compteur, 41 si on exclut le Risk-Monger, alors que Read avait l’habitude d’attirer des millions d’auditeurs. Aujourd’hui les diverses pages Twitter d’Extinction Rebellion ont peu d’interactions ou de réactions. Une secte sans adeptes n’est tout au plus qu’un club. La révolution s’est évanouie et a fait pschitt – une anecdote gênante dans l’histoire de la lutte pour le climat.  Extinction Rebellion s’est… éteinte. Même Greta est retournée à l’école. Il reste tout de même une difficulté : gérer le réveil. La chute rapide de cette secte puissante a laissé une génération de jeunes encore plus cyniques et technophobes. Désenchantés, sans imagination, les victimes des campagnes de la secte fatale du climat à qui on a dit le plus grand mal de l’humanité n’ont plus rien de positif à quoi rêver. Qui fournira à tous ces jeunes vulnérables les réponses qu’ils désirent tant ? Comment ces victimes rescapées d’une secte peuvent-elles se réinsérer dans un monde qui leur sert de plus grandes peurs (virales) ? Qui pourra inspirer les jeunes qui se désespèrent en attendant quelque chose ou quelqu’un en qui croire ? Leur dire combien tout est horrible n’entraîne que du cynisme et de la méfiance et ouvre grand la porte au prochain gourou opportuniste.  Cette secte est peut-être morte, mais les problèmes et les menaces sont toujours là. Que retenir de l’ascension et la chute d’Extinction Rebellion pour les autres organisations militantes ? Lorsque le cofondateur d’Extinction Rebellion, Roger Hallam, affirmait que les associations écologistes ont stagné pendant les 30 années précédentes, il n’avait pas tort. J’écrivais déjà à propos glissement du modèle activiste il y a presque quatre ans. Le monde des militants se transforme, et d’une structure organisationnelle dirigée par des associations il devient un tissu informel de gourous et de réseaux dirigés depuis la base par leurs membres. Qu’ont donc appris les dinosaures de cette menace d’extinction ? * Les mouvements d’aujourd’hui ont très peu de temps pour attirer l’attention, instiller des changements et laisser une trace. Dans notre culture du hashtag, les 15 minutes de célébrité sont devenues 15 secondes sur TikTok. Les actions doivent donc être rapides, pertinentes et médiatiques (« On installe un bateau rose à Oxford Circus ! Â») *  La révolution doit être menée par un message simple et vague dénué de détails (une assemblée citoyenne pourra s’occuper de tout ça une fois qu’on aura éliminé les méchants). La plupart des associations sont devenues trop centrées sur la politique alors que ceux qui sont sensibles aux sectes veulent juste un slogan à scander et un rêve auquel se raccrocher. * Il n’y a pas de nuance en matière d’environnement, c’est eux contre nous. Ils mentent ; nous disons la vérité. Ils veulent des profits ; nous voulons sauver le monde. Ils polluent ; nous faisons attention. Lorsqu’elles sont effrayées, les personnes vulnérables sont facilement embarquées dans ce monde binaire du bien contre le mal alors qu’elles ont besoin de confiance et d’être rassurées. Aucun compromis ou alternative modérés ne sont tolérés. * Les gens ont besoin d’entendre des promesses et de prendre des engagements faciles, sans sacrifice, qu’ils arborent comme des médailles honorifiques. Seul un idiot ou l’un d’entre eux qui s’en fout, resterait à l’écart. * Les actions militantes ne devraient pas être ouvertement dirigées par des activistes ou sembler organisées, mais elles doivent plutôt être ouvertes, spontanées, des événements qui font du bien pour changer le monde avec des gestes faciles signalant une vertu ostentatoire. XR a créé un parcours de formation pour les petites cellules de rebelles indépendants, avec très peu de comptes à rendre. * Il faut que des armées d’enfants marchent devant les caméras. Leur pureté et leur innocence sont indiscutables et ils croient et font ce qu’on leur dit. Essayez aussi de mettre en selle des enfants plus âgés. Il n’est pas difficile de recruter des adolescents avides d’attention en leur donnant l’occasion de se déchaîner contre la génération de leurs parents. Et si quelqu’un critique cette tactique, concentrez-vous sur le premier mâle blanc d’âge moyen qui ose s’exprimer… et la suite de l’histoire s’écrit toute seule. * Les cibles de l’indignation doivent être multiples, externes et non spécifiques (commerce international, capitalisme, finance…). Les contradictions peuvent facilement être noyées dans une indignation générale fourre-tout ; comme ça je peux protester contre les voitures en m’enchaînant à un véhicule de transport en commun et les gens auront de la sympathie pour mon anxiété. Que retenir du pschitt d’Extinction Rebellion ? Ceux qui sont suffisamment effrayés peuvent croire les choses les plus stupides et agir en conséquence lorsqu’ils sont soumis à des campagnes de communication bien rôdées sur le thème de la fin du monde. Le cauchemar goebbelsien se révèle très facile à réaliser lorsqu’est répétée incessamment la même affirmation renforcée par des slogans (la « dernière génération ») et de la peur (la « fin de l’humanité »). Un journal comme le Guardian peut créer de toutes pièces un mouvement mondial et fournir la matière pour produire des gros titres, et ce pendant presque un an. Non seulement il a pu dynamiser la carrière et les honoraires de conférenciers de ses journalistes, mais de plus le Guardian visait une nouvelle génération de contributeurs passionnés. Comme pour la secte des chimiophobes pilotée par Le Monde en France, les grands médias se transforment en groupes d’activistes militants ; et alors que leur lectorat se répartit en tribus sur les médias sociaux, il n’y a plus moyen de mettre en doute l’objectivité de leurs « infos ». Ce qui me stupéfie c’est que personne n’y prête vraiment attention. Les leaders mondiaux à l’ONU, à Davos… et les groupes militants n’ont pas de souci éthique, pas le moindre, à susciter l’émotionnel avec des enfants pour promouvoir leurs intérêts à court terme. Le niveau atteint par cette exploitation au vu et au su de tous est glaçant. S’il y a un jour un cours sur l’éthique des militants, il devrait y avoir un chapitre sur la manière dont Greta a été exploitée par les recruteurs de la stratégie de Parkland. Les dirigeants des États européens et d’entreprises sont vite désarmés et harcelés jusqu’à ce qu’ils plient sous les exigences ridicules des militants et ignorent les données fondamentales au lieu d’avoir le courage de résister pour défendre les apports sociétaux de valeur qu’ils viennent de s’engager à abandonner. Lorsqu’ils sont sous le feu des caméras nos dirigeants choisissent d’éviter la confrontation avec les sectaires à propos de la réalité, et préfèrent les féliciter pour leur engagement. Affronter ces sectes est dangereux pour votre réputation. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été décrit, en particulier par un petit groupe de justiciers étudiants en sciences de la communication, comme un mâle blanc d’âge moyen négationniste du climat et faisant une fixette sur Greta car j’attirais l’attention sur les organisateurs manipulateurs et ridicules de la secte. Les gens qui cessent d’écouter et deviennent enragés sont très rapidement stupides, même les diplômés en sciences. Un renouveau d’espoir… Alors que l’emprise de cette secte climatique sur les jeunes et les vulnérables s’effondre rapidement jusqu’à devenir négligeable, je garde un peu d’espoir. Est-ce que d’autres sectes écologistes irrationnelles pourraient se retrouver dans la même situation d’évaporation de leur pouvoir ? Alors que nous entrons dans la réalité économique et financière du cauchemar post-Covid, est-ce que d’autres suiveurs activistes vont se réveiller de leurs engagements naïfs pour des gourous manipulateurs ? Les dons vont-ils s’assécher alors que le monde s’éloigne des problèmes créés par des privilégiés élitistes pour se concentrer sur ce qui fait bouillir la marmite ? Par exemple : La secte du bio anti-technologies agricoles pourrait-elle vaciller face à la famine ?   Alors qu’une deuxième vague de sauterelles ravage les récoltes dans la corne de l’Afrique et en Asie du sud et alors que le mauvais temps a réduit les rendements dans les greniers à blé occidentaux, les famines et les difficultés de sécurité alimentaire pourraient faire prochainement les gros titres, si nos structures logistiques et commerciales ne parviennent pas à résister à la pression politique actuelle. Les sectes naturophiles de l’alimentation bio se sont développées grâce aux succès de l’abondance de nourriture grâce aux technologies agricoles. Les conséquences du retrait de ces technologies pourraient être le germe de la disparition de ces sectes. La secte chimiophobique pourrait-elle s’évanouir avec l’exigence d’hygiène et de santé publique ? C’est drôle, je n’ai vu récemment aucune demande du public pour des produits non toxiques de désinfection des mains. Je n’ai vu personne militer contre l’utilisation des équipements de protection personnelle à usage unique. Il n’y a pas beaucoup de demandes pour des gants en coton bio. Peut-être que la pandémie a montré la vacuité superficielle de la secte chimiophobe qui milite pour éliminer les produits chimiques que le grand public réclame à grands cris. Ce que nous avons vu par contre c’est notre perte de capacité à faire monter en régime la production d’équipements de protection personnelle et de produits d’hygiène. Je me demande ce que ces sectes anti-chimie pensent des gens qui exigent davantage de produits chimiques. Les naturophiles antivaccins pourraient-ils être marginalisés dans une dystopie post-Covid ? Les antivax, les anti-masques, les anti-5G, les anti-OGM – ces sectes paranoïaques se sont alignées pour combattre bizarrement la véritable source du mal : Bill Gates.   Plus ces naturophiles font de bruit, plus ils deviennent ridicules et moins ils ont d’influence sur les populations vulnérables. Lorsque les gens commenceront à prendre conscience des risques que ces groupes tentent d’imposer aux autres, les conséquences pour la société et les possibilités de pertes de biens sociaux, cette secte grillera plus vite qu’une antenne 5G. Il est difficile de succomber à des forces ridiculisées et auxquelles sont attribuées des catastrophes et des pertes d’avantages sociaux. Donnez à Vandana Shiva et Robert Kennedy Junior davantage de microphones ; ils sont grotesques à mourir de rire. Bien que certains de ces opportunistes sectaires soient trop malins pour tomber dans le piège de l’extrémisme populiste qui a été fatal à Extinction Rebellion, la meilleure leçon de la chute de cette secte, c’est que l’orgueil et l’ambition ont leurs propres fusibles. Les sectes ne peuvent pas survivre à l’examen du plus grand nombre tout en maintenant un dogme fanatique. La radicalité amplifiée se transforme rapidement en ridicule et menace d’implosion tout mouvement de masse. … et la menace du désespoir Mais cet espoir porte un avertissement. Les jeunes ont été brisés par le cynisme et la polarisation militante de ces sectes. Alors que la force des dogmes fondamentalistes s’est affaiblie, il ne reste rien pour les inspirer à présent. Je parle souvent avec des étudiants de leur vision de l’avenir, et elle est souvent très sombre. Plutôt que des aspirations et des mentors, ils ont des slogans et des menteurs. Alors qu’ils renaissent en sortant de leur expérience de la secte, il leur faut autre chose que l’usage de drogues et des troubles mentaux. Dans mon univers professionnel, le confinement lié au coronavirus a mis cette vulnérabilité en évidence. Les jeunes ont besoin de leaders inspirants. Demandez à n’importe qui pourquoi il a choisi sa profession et c’est probablement un mentor ou une personnalité qui a fait naître l’étincelle dans un moment clé. Mais il semble que nous sommes coincés dans un monde de sous-tribus sans leader où les exemples motivants sont éliminés plus vite qu’ils ne peuvent émerger. Les médias sociaux identifient des trolls de référence, promeuvent le cynisme et dégonflent l’esprit positif en créant un terreau favorable à de telles sectes écologistes. Au travers de leurs gourous les sectes proposent aux jeunes de l’espoir, une promesse et de l’inspiration. Si nous ne pouvons pas combler ce manque dans leurs vies, en apportant des idéaux positifs pour l’humanité par la technologie et la science, en restaurant la confiance et en proposant des modèles, nous devrions nous préparer à ce que d’autres sectes écologistes mortifères alimentent le désespoir des jeunes, formulent des exigences exorbitantes, fassent obstacle aux développements technologiques et répandent toujours davantage de cynisme et de peur. — Traduction de Cult Reawakening: An Extinction Rebellion Post-Mortem par Contrepoints. Ces articles pourraient vous intéresser: La décroissance, cette gauche qui a renoncé au progrès
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La 5G, une nouvelle phase de la révolution digitale, mais plutôt pour 2025-2035

Par Valery Michaux.1. Un article de The Conversation Entre le 20 septembre et le 30 septembre 2020 seront lancées en France les enchères sur les fréquences de la 5G. Entre enthousiasme et crainte, les tensions entre les promoteurs et les détracteurs sont fortes. La 5G peut-elle être une révolution, à court, moyen, long terme ? La 5G en quelques mots La 5G est la cinquième génération en matière de réseau de téléphonie mobile. Elle repose sur une technologie cellulaire à haut débit. Il s’agit d’une norme internationale sur laquelle tout le monde s’est accordé. Elle permettra d’offrir un service « sans couture » à l’échelle planétaire. Stricto sensu, la 5G apporte une amélioration d’un facteur 10 par rapport à la 4G, tant pour le débit que pour le temps de latence. Le débit concerne la quantité de données. Le temps de latence désigne la rapidité de transit d’une donnée entre le moment où elle est envoyée et celui où elle est reçue. Débit et latence vont permettre une instantanéité des échanges. Dans un premier temps, on pourra faire ce que l’on fait aujourd’hui avec son smartphone, mais beaucoup plus rapidement. Le moteur majeur du développement de la 5G restera au démarrage les limites de la 4G et les problèmes d’encombrement de la bande passante auxquels nous faisons déjà face. Néanmoins, ce sont les nouveaux usages potentiels qu’elle rend possibles qui vont dans un second temps servir de locomotive. En effet, la 5G offre une capacité à connecter un nombre croissant d’objets aux humains et d’objets ensemble. On annonce un million d’objets connectés au km². La 5G représente une « potentialité » technologique… ce qui ne dit rien de ce qui peut réellement se passer. Par exemple, en 2013, on prévoyait 50 milliards d’objets connectés en 2020, mais fin 2019, on avait seulement 7,6 milliards d’objets connectés, si on exclut les ordinateurs et les smartphones. La 5G c’est aussi une promesse de nombreuses applications dans le domaine de la santé (Source T-Mobile).De la difficulté à appréhender l’influence future des technologies Quand on cherche à appréhender l’impact d’une technologie, on surestime les changements induits à court terme en se laissant influencer par des effets de mode. On nous annonce depuis quelques années que la blockchain révolutionnerait la finance. On attend toujours. Mais si on surestime la vitesse de diffusion des innovations à court terme, on sous-estime par contre les transformations induites par les technologies à plus long terme – c’est le paradoxe relevé par Bill Gates. Les bouleversements induits peuvent être très profonds au sein de la société. 2010-2020 : 4G, une réelle révolution sociétale Pour mieux comprendre la dynamique de la révolution 5G, il est indispensable de comprendre la dynamique des quatre révolutions télécoms précédentes : 1G, 2G avec EDGE et GSM, 3G et 4G constituent des révolutions très lentes. La 3G, qui a émergé au niveau recherche dans les années 1990, a fait l’objet de premières offres commerciales en 2001 un peu partout dans le monde. Elle a pris une bonne quinzaine d’années pour arriver à son apogée, période durant laquelle le monde bascule du téléphone filaire au smartphone. La 5G va débloquer des applications de réalité virtuelle bloquée par les problèmes de débit en 4G : exemple, l’immersion totale en réalité virtuelle dans Google Earth. � De même, les premières offres commerciales de la 4G apparaissent entre 2009 et 2011, après 10 ans de recherche. À cette époque, l’iPhone était sorti il y a à peine 3 ans et Apple nous initiait à un tout nouvel objet : la tablette. On n’avait encore jamais entendu parler d’Uber, lancé en 2009, de Airbnb lancé en 2008 ou de Netflix qui était tout juste en train de tester le streaming. Dix ans après, on mesure la distance avec ces années 2010 et les profondes transformations de notre paysage quotidien. La 4G a été une vraie révolution sociétale. Il n’est donc pas exclu que la 5G puisse bouleverser aussi notre quotidien en seulement 10 ans. En réalité, les transformations observables aujourd’hui ne sont pas dues seulement à la 4G, mais à la convergence de la 4G, du streaming, du cloud et du wifi. D’une part, cette convergence a révolutionné notre façon de nous informer, d’acheter, d’échanger, de regarder la télévision. D’autre part, elle a rendu la « révolution cloud » possible : le secteur informatique dans les entreprises s’est renouvelé complètement avec de nouvelles manières de stocker et d’analyser les données. Une simple PME de 20 personnes peut « louer » aujourd’hui une intelligence artificielle pour quelques heures en fonction de ses besoins. 2025-2035 : la 5 G, une nouvelle phase de la mutation digitale La 5G, elle, a émergé dans la recherche au milieu des années 2010. Il existe déjà quelques offres commerciales dans quelques pays, souvent d’ailleurs à l’échelle seulement d’un quartier restreint : États-Unis, Corée du Sud, Chine, Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni et Suisse. En dehors de quelques expérimentations, en France, on en est simplement aujourd’hui à la négociation des fréquences avec les opérateurs pour une ouverture commerciale à la fin de l’année 2020 voire au début de l’année 2021. Exemple d’un projet qui pourrait potentiellement démarrer avec l’arrivée de la 5G : au lieu d’écouter la radio, le chauffeur d’une voiture autonome va s’immerger dans une réalité virtuelle utilisant les mouvements de la voiture.    Néanmoins, les opérateurs télécoms installent plutôt une 4G+ qu’une « vraie 5G » en continuant à utiliser le cÅ“ur des réseaux 4G tout en ajoutant petit à petit des antennes 5G. Les nouveaux smartphones 5G pourront bénéficier de cette première avancée dès cette année. Les opérateurs n’annoncent la « vraie 5G », ou 5 G Standalone, avec une infrastructure réseau dédiée, qu’à l’horizon 2023-2025. En effet, les investissements nécessaires sont colossaux. L’apogée de la 5G est donc plutôt pour 2035, sauf accélération inattendue. Il est d’ailleurs possible que la 4G et la 5G cohabitent encore un bon moment. La 5G permettra de faire converger les autres réseaux et jouera le rôle d’un réseau des réseaux. La 6G émerge déjà dans le monde de la recherche, mais il faudra compter au moins une dizaine d’années pour un démarrage. Comme pour la 4 G, ce n’est pas la 5 G qui va révolutionner le monde, mais une convergence technologique qui va d’abord se faire sentir dans les entreprises : le « cloud distribué », ou edge computing, c’est-à-dire le stockage et l’analyse des données au plus proche de l’utilisation et des besoins, l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et la réalité virtuelle (qui étaient bloquées par les débits limités de la 4 G), la robotisation ainsi que l’industrie des objets connectés. Toutes ces technologies vont se nourrir les unes des autres progressivement pour amplifier les potentialités de la transformation digitale. CES 2020 : quels projets seront rendus possibles par la 5G pour rendre nos villes plus intelligentes et écologiques.    Potentiellement, cette convergence pourrait apporter des solutions innovantes dans les domaines de la santé, de l’énergie, de la production industrielle, de la sécurité publique, de la mobilité comme de la formation et de l’entertainment entre autres. La course entre les acteurs a déjà commencé comme l’illustre la guerre économique qui entoure Huawei. Quels freins à la 5G ? En prospective, pour appréhender les transformations futures, il faut non seulement s’intéresser à la dynamique que peuvent créer les nouveaux usages, mais aussi aux facteurs qui peuvent freiner l’adoption des nouvelles technologies. Le frein majeur au développement de la 5G sera sociétal. Des craintes d’un nouvel ordre sont apparues avec la révolution 4 G, et elles sont en train de s’amplifier avec l’arrivée de la 5G. Encore plus qu’aujourd’hui, on pourra tout connaître en permanence de nos faits et gestes tant en tant que citoyens, usagers, patients ou consommateurs. Quelles limites voudront nous donner à cette intrusion potentielle continue dans nos vies privées ? Les débats ne font que commencer, portés par des associations et des collectifs qui dénoncent une future société de surveillance. Corollaire à cette connexion permanente, les risques de cybersécurité, de cybercrimes et de cyberterrorisme risquent d’être décuplés. Les défaillances techniques peuvent aussi avoir des répercussions plus fortes étant donné le nombre d’objets connectés possibles. Les dangers pour la santé font également polémiques. La 5G utilise des ondes à haute fréquence qui sont très locales. Les antennes vont donc se multiplier. Pour l’instant, les études ne démontrent ni un effet nocif ni un effet inoffensif. Mais pour prendre un temps de recul, 180 scientifiques et médecins de 37 pays différents ont déjà demandé à l’Union européenne un moratoire. Des régions en France comme la Corse ou des élus de grandes villes en font autant. Enfin, la 5G est-elle « meilleure » ou « pire » pour la planète que la 4G ? Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui tirent la sonnette d’alarme sur la pollution digitale énergivore qui se développe. La 5G est potentiellement meilleure, car elle correspond à des rayonnements ciblés sur mesure contrairement à la 4G qui diffuse son rayonnement en continu sur un ensemble géographique. Elle serait également plus économe en énergie. Néanmoins, de nombreux experts sont prudents : l’explosion potentielle des usages et des objets connectés peut très bien limiter ces deux avantages. Ici aussi, la société va devoir faire des arbitrages. — Sur le web * Enseignant-Chercheur – HDR, Neoma Business School. ↩ Ces articles pourraient vous intéresser: Le choix du Wifi pour les voitures autonomes est-il vraiment pertinent ? Robot refoulé Augmentus, le roman de l’Intelligence Artificielle Immersions à haut risques dans la fausse-vraie réalité du monde
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