ALLAN ERWAN BERGER â” Lâ™art dit ce qui ne peut se dire autrement. «Contre toutes les puissances de lâ™oubli, le livre nous reconduit sans cesse à notre liberté, il nous est école de dissidence.» La citation est de Michel Le Bris, dans une note, Introduction à Une amitié littéraire, correspondance entre Henry James et Robert Louis Stevenson, Verdier 1987. Et siâ¦
Je mâ™en doutais, nous nous en doutions, vous vous en doutiez, et maintenant ça commence à devenir officiel : les prix littéraires sentent le moisi. Luis de Miranda : « Les prix littéraires tuent car, chaque année, ces offices du bon goût élèvent artificiellement au rang de best-seller une littérature parfois frelatée, sans dimension épique, sans réelle ambition stylistique, créative ou sociétale. Je ne compte plus les lecteurs qui mâ™avouent, entre la honte et la colère, avoir été déçus par lâ™achat dâ™un livre portant la mention Prix Goncourt, Renaudot ou autre. » Cette phrase révoltante, ou révoltée, ou les deux, est tirée dâ™un billet que lâ™on peut lire avec profit ici : Les prix littéraires tuent. Oui monsieur oui madame.
Il y a plus de mille maisons dâ™Ã©dition publiant des romans en France, nous dit Miranda. En première approximation, aucune nâ™a accès à une quelconque des prix majeurs â“ Renaudot, Interallié, Goncourt etc. Voilà lâ™Ã©tat de la littérature. Jâ™entends : de la littérature papier.
Or, puisque ce qui donne du rayonnement à la litérature passe, en ce siècle peu vertueux, par le simulacre dâ™un jugement rendu par un jury désuètement snob farci de conflits dâ™intérêt à la sauce consanguine, et quâ™on ne saurait sauter aux yeux du lecteur moyen sans en passer par le rituel du prix, puisquâ™enfin câ™est ce prix qui donne tout son prix à lâ™acte de lire et dâ™Ã©crire, jâ™en viens à me demander sâ™il ne faudrait pas, nous autres les pure players de la littérature, singer ces crapuleuses institutions mais en montrant tout ce quâ™elles ne sont pas, en étant simplement ce que nous sommes.
Et que sommes-nous ? Nous sommes des amoureux. Nous sommes nourris de désirs, nous sommes dépourvus de toute avidité, nous ne sommes pas ennemis ni même concurrents â“ pas encore â“ puisque nous nous sentons, éditeurs numériques, membres dâ™une fraternité. Or, Régis Debray nous lâ™a suggéré il y a peu, la fraternité se construit contre un adversaire. Lâ™adversaire ici nâ™est pas le livre en papier, cette pauvre chose prise en otage. Non, il est en amont, il est si ancien ; câ™est le même à travers les siècles, il veut tout, il ne laisse rien, il ne sait quâ™Ãªtre ogre ; il vend de la bouffe, des équipements, des bidules électroniques, de la « culture », des crédits, de la sécurité. Son but est toujours de tout manger. à commencer, dans le cas de la littérature, par les jurys, les éditeurs et les auteurs, pour finir par les lecteurs. Ligotez-moi tout ce petit monde ! ordonne-t-il dans ses fantasmes. Et si nous organisions un prix ?
Par exemple que chaque éditeur numérique choisisse, dans son catalogue, un livre à soumettre aux autres. Que ces cinq, huit ou quinze livres soient lus, étudiés, pendant trois mois, six mois. Puis que chaque éditeur vote pour un livre édité chez un autre. Un petit programme bidouillé sur un coin de table, un peu de php entre deux cafés et câ™est dans la poche : numéro un, numéro deux, numéro trois. Les résultats sont publiés. Les lauréats ainsi mis en avant susciteront dâ™abord lâ™intérêt des lecteurs numériques. Les candidats non retenus y trouveront aussi leur compte, par le simple fait quâ™ils auront été exposés (ne donnons pas les scores de ceux-là ).
Voilà . Et si, nous aussi, profitant de notre jeunesse et de notre pureté actuelle, nous nous amusions à donner un prix à ce qui nâ™en a pas ?
http://dlvr.it/Rg1RPF
samedi 5 septembre 2020
Extinction Rebellion : comment finit une secte
Par David Zaruk.
Un article du Risk-Monger
Lorsqu’une secte perd son emprise sur quelqu’un, il se produit une sorte de réveil. Cela implique de revenir à une société qui n’est pas gérée par les slogans des gourous, les chants des enfants ou les informations transmises par un canal dogmatique unique qui présente le monde sous une forme simplifiée.
De très nombreux jeunes en Occident sont en train de se réveiller à la suite de leur expérience avec la secte Extinction Rebellion qui les a subjugués pendant une longue et intense période de l’année 2019.
Beaucoup d’émotions sont à gérer lors d’un réveil post-sectaire : l’amertume d’avoir été trompé, la honte de se sentir personnellement vulnérable, le pardon demandé aux proches qu’on a pu blesser, l’inquiétude envers ceux qui sont toujours sous l’emprise des gourous, la fragilité du retour dans la société.
Est-ce que cette expérience doit être occultée, minimisée ou évaluée ? Une catharsis peut être nécessaire pour se débarrasser du pouvoir que cette secte a exercé en dominant la liberté de la personne.
Pendant environ un an, Extinction Rebellion a maintenu sous son emprise beaucoup d’idéalistes jeunes et vulnérables en exploitant de nombreuses méthodes utilisées par les sectes. Quels sont ces outils de manipulation utilisés ? Pendant la période grisante de 2019, Extinction Rebellion a:
* présupposé que lâ™apocalypse de la fin du monde arriverait dans les dix prochaines années ;
* défini un chemin simplifié pour le salut et le renforcement de la vertu ;
* déclaré une guerre dogmatique contre le mal sur le mode « eux contre nous » ;
* créé une atmosphère amusante de carnaval avec des chants communautaires lors de leurs événements ;
* développé une série de rites spirituels de type païen avec des prêtresses emblématiques.
Mais cette secte nâ™Ã©tait quâ™une façade superficielle et trompeuse. Lâ™objectif des organisateurs Roger Hallam et Rupert Read, à la pointe de lâ™activisme, était de renverser lâ™Ã‰tat capitaliste. Une armée de jeunes endoctrinés qui dansaient, chantaient et pleurnichaient tous ensemble dans la rue était, sur le papier, une diversion idéale.
Ajoutez quelques célébrités vieillissantes, quelques farces astucieuses dans la rue et une myriade dâ™occasions de signaler sa vertu⦠la stratégie était géniale ; même si lâ™organisation et la mise en Å“uvre étaient du pur Monty Python. La vaste Église de la Nature
Les sectes se construisent sur la fin des systèmes de croyances religieuses.
Toutes les religions ont leurs extrémistes â“ les fanatiques, les dogmatiques, les fondamentalistes, les gourous sectaires manipulateurs⦠Jâ™ai souvent écrit en quoi lâ™Ã©cologisme est notre nouvelle religion, avec son large éventail de croyants pratiquant des rituels variés (recyclage, sacrifices culinaires, réductions dâ™Ã©missions carboneâ¦), prêchant la fin du monde (le changement climatique) et proposant la rédemption du péché originel (la consommation), le tout avec toute une collection dâ™anges, de saints et de démons dont chaque Église a besoin.
Cette Église de la Nature sâ™est construite sur les cendres du déclin de la foi des religions traditionnelles dans un Occident opulent. Nous ne sommes pas devenus trop évolués pour la religion ; elle a juste revêtu dâ™autres robes et occupé dâ™autres temples.
La religion apporte un sens à lâ™existence, des vertus, de lâ™inspiration. Dans un contexte communautaire, elle protège les croyants de leurs peurs et inquiétudes les plus profondes. Dans la congrégation de lâ™Ã‰glise de la Nature, la plupart veulent vivre une vie honnête et se sentir quelquâ™un dâ™honorable. Ils écoutent les sermons contre la consommation mais profitent de certains des meilleurs plaisirs de la vie. Ils donnent quand la corbeille de quête passe, mais ne sont pas des militants actifs.
à lâ™extrême de lâ™Ã‰glise de la Nature se trouvent les organisations sectaires qui commandent aux vrais croyants, aux croisés et aux missionnaires : les fanatiques qui apportent lâ™oxygène religieux permettant au clergé de respirer et aux feux de brûler. Mais le problème avec la menace des flammes de lâ™enfer est que lorsque lâ™indignation et la condamnation enflamment les esprits, elles peuvent détruire des temples.
La tactique de la secte dâ™Extinction Rebellion a discrédité les sciences du climat, elle a poussé lâ™Ã©cologisme vers la gauche dure anticapitaliste et a laissé bien peu dâ™espace au compromis politique. Lorsque ces groupes ont utilisé des enfants pour faire honte aux adultes (« Comment osez-vous ! »), le discours politique a été abandonné pour laisser la place au grand spectacle.
En 2019 la secte Extinction Rebellion a pris toute la place et lâ™Ã‰glise de la Nature a perdu ses membres modérés. Cela a gravement atteint lâ™ensemble du mouvement militant car le cynisme et le désenchantement ne se traduisent pas en dons ni en engagement au sein de lâ™Ã‰glise dans son ensemble. Extinction Rebellion : la grâce perdue
Extinction Rebellion avait atteint son zénith en tant que secte bien avant que la pandémie de covid-19 chasse son sujet de la Une des journaux, réduisant au silence sa machine de guerre de marketing média.
Le virage a peut-être été la station de métro de Canning Town lorsque des banlieusards qui partaient travailler se sont transformés en foule en colère en bousculant deux hippies du groupe qui avaient tenté dâ™arrêter leur rame. Le même jour, le blocus de Londres qui devait durer deux semaines a été discrètement annulé bien avant dâ™avoir atteint ses objectifs.
Lorsque les confinements liés à lâ™Ã©pidémie ont commencé à sévir et que chacun a eu lâ™occasion dâ™apprécier les conséquences des exigences dâ™Extinction Rebellion (pas de travail, pas de voyage, pas de boutiquesâ¦) et lâ™absence de toute interaction sociale que les rebelles auraient pu perturber, lâ™organisation est entrée en hibernation.
Jâ™ai participé à une conférence Zoom dâ™XR en mai 2020, où leurs principaux gourous ont dévoilé leur stratégie pour la prochaine vague dâ™actions post-Covid-19. Au moment où leur philosophe en chef, Rupert Read, a pris le micro, il nâ™y avait que 42 auditeurs au compteur, 41 si on exclut le Risk-Monger, alors que Read avait lâ™habitude dâ™attirer des millions dâ™auditeurs. Aujourdâ™hui les diverses pages Twitter dâ™Extinction Rebellion ont peu dâ™interactions ou de réactions.
Une secte sans adeptes nâ™est tout au plus quâ™un club. La révolution sâ™est évanouie et a fait pschitt â“ une anecdote gênante dans lâ™histoire de la lutte pour le climat. Extinction Rebellion sâ™est⦠éteinte. Même Greta est retournée à lâ™Ã©cole.
Il reste tout de même une difficulté : gérer le réveil. La chute rapide de cette secte puissante a laissé une génération de jeunes encore plus cyniques et technophobes. Désenchantés, sans imagination, les victimes des campagnes de la secte fatale du climat à qui on a dit le plus grand mal de lâ™humanité nâ™ont plus rien de positif à quoi rêver.
Qui fournira à tous ces jeunes vulnérables les réponses quâ™ils désirent tant ? Comment ces victimes rescapées dâ™une secte peuvent-elles se réinsérer dans un monde qui leur sert de plus grandes peurs (virales) ?
Qui pourra inspirer les jeunes qui se désespèrent en attendant quelque chose ou quelquâ™un en qui croire ? Leur dire combien tout est horrible nâ™entraîne que du cynisme et de la méfiance et ouvre grand la porte au prochain gourou opportuniste. Cette secte est peut-être morte, mais les problèmes et les menaces sont toujours là . Que retenir de lâ™ascension et la chute dâ™Extinction Rebellion pour les autres organisations militantes ?
Lorsque le cofondateur dâ™Extinction Rebellion, Roger Hallam, affirmait que les associations écologistes ont stagné pendant les 30 années précédentes, il nâ™avait pas tort. Jâ™Ã©crivais déjà à propos glissement du modèle activiste il y a presque quatre ans. Le monde des militants se transforme, et dâ™une structure organisationnelle dirigée par des associations il devient un tissu informel de gourous et de réseaux dirigés depuis la base par leurs membres. Quâ™ont donc appris les dinosaures de cette menace dâ™extinction ?
* Les mouvements dâ™aujourdâ™hui ont très peu de temps pour attirer lâ™attention, instiller des changements et laisser une trace. Dans notre culture du hashtag, les 15 minutes de célébrité sont devenues 15 secondes sur TikTok.
Les actions doivent donc être rapides, pertinentes et médiatiques (« On installe un bateau rose à Oxford Circus ! »)
* La révolution doit être menée par un message simple et vague dénué de détails (une assemblée citoyenne pourra sâ™occuper de tout ça une fois quâ™on aura éliminé les méchants).
La plupart des associations sont devenues trop centrées sur la politique alors que ceux qui sont sensibles aux sectes veulent juste un slogan à scander et un rêve auquel se raccrocher.
* Il nâ™y a pas de nuance en matière dâ™environnement, câ™est eux contre nous. Ils mentent ; nous disons la vérité. Ils veulent des profits ; nous voulons sauver le monde. Ils polluent ; nous faisons attention.
Lorsquâ™elles sont effrayées, les personnes vulnérables sont facilement embarquées dans ce monde binaire du bien contre le mal alors quâ™elles ont besoin de confiance et dâ™Ãªtre rassurées. Aucun compromis ou alternative modérés ne sont tolérés.
* Les gens ont besoin dâ™entendre des promesses et de prendre des engagements faciles, sans sacrifice, quâ™ils arborent comme des médailles honorifiques. Seul un idiot ou lâ™un dâ™entre eux qui sâ™en fout, resterait à lâ™Ã©cart.
* Les actions militantes ne devraient pas être ouvertement dirigées par des activistes ou sembler organisées, mais elles doivent plutôt être ouvertes, spontanées, des événements qui font du bien pour changer le monde avec des gestes faciles signalant une vertu ostentatoire. XR a créé un parcours de formation pour les petites cellules de rebelles indépendants, avec très peu de comptes à rendre.
* Il faut que des armées dâ™enfants marchent devant les caméras. Leur pureté et leur innocence sont indiscutables et ils croient et font ce quâ™on leur dit. Essayez aussi de mettre en selle des enfants plus âgés. Il nâ™est pas difficile de recruter des adolescents avides dâ™attention en leur donnant lâ™occasion de se déchaîner contre la génération de leurs parents.
Et si quelquâ™un critique cette tactique, concentrez-vous sur le premier mâle blanc dâ™Ã¢ge moyen qui ose sâ™exprimer⦠et la suite de lâ™histoire sâ™Ã©crit toute seule.
* Les cibles de lâ™indignation doivent être multiples, externes et non spécifiques (commerce international, capitalisme, financeâ¦). Les contradictions peuvent facilement être noyées dans une indignation générale fourre-tout ; comme ça je peux protester contre les voitures en mâ™enchaînant à un véhicule de transport en commun et les gens auront de la sympathie pour mon anxiété.
Que retenir du pschitt dâ™Extinction Rebellion ?
Ceux qui sont suffisamment effrayés peuvent croire les choses les plus stupides et agir en conséquence lorsquâ™ils sont soumis à des campagnes de communication bien rôdées sur le thème de la fin du monde. Le cauchemar goebbelsien se révèle très facile à réaliser lorsquâ™est répétée incessamment la même affirmation renforcée par des slogans (la « dernière génération ») et de la peur (la « fin de lâ™humanité »).
Un journal comme le Guardian peut créer de toutes pièces un mouvement mondial et fournir la matière pour produire des gros titres, et ce pendant presque un an. Non seulement il a pu dynamiser la carrière et les honoraires de conférenciers de ses journalistes, mais de plus le Guardian visait une nouvelle génération de contributeurs passionnés.
Comme pour la secte des chimiophobes pilotée par Le Monde en France, les grands médias se transforment en groupes dâ™activistes militants ; et alors que leur lectorat se répartit en tribus sur les médias sociaux, il nâ™y a plus moyen de mettre en doute lâ™objectivité de leurs « infos ». Ce qui me stupéfie câ™est que personne nâ™y prête vraiment attention.
Les leaders mondiaux à lâ™ONU, à Davos⦠et les groupes militants nâ™ont pas de souci éthique, pas le moindre, à susciter lâ™Ã©motionnel avec des enfants pour promouvoir leurs intérêts à court terme.
Le niveau atteint par cette exploitation au vu et au su de tous est glaçant. Sâ™il y a un jour un cours sur lâ™Ã©thique des militants, il devrait y avoir un chapitre sur la manière dont Greta a été exploitée par les recruteurs de la stratégie de Parkland.
Les dirigeants des États européens et dâ™entreprises sont vite désarmés et harcelés jusquâ™Ã ce quâ™ils plient sous les exigences ridicules des militants et ignorent les données fondamentales au lieu dâ™avoir le courage de résister pour défendre les apports sociétaux de valeur quâ™ils viennent de sâ™engager à abandonner.
Lorsquâ™ils sont sous le feu des caméras nos dirigeants choisissent dâ™Ã©viter la confrontation avec les sectaires à propos de la réalité, et préfèrent les féliciter pour leur engagement.
Affronter ces sectes est dangereux pour votre réputation. Je ne compte plus le nombre de fois où jâ™ai été décrit, en particulier par un petit groupe de justiciers étudiants en sciences de la communication, comme un mâle blanc dâ™Ã¢ge moyen négationniste du climat et faisant une fixette sur Greta car jâ™attirais lâ™attention sur les organisateurs manipulateurs et ridicules de la secte. Les gens qui cessent dâ™Ã©couter et deviennent enragés sont très rapidement stupides, même les diplômés en sciences. Un renouveau dâ™espoirâ¦
Alors que lâ™emprise de cette secte climatique sur les jeunes et les vulnérables sâ™effondre rapidement jusquâ™Ã devenir négligeable, je garde un peu dâ™espoir. Est-ce que dâ™autres sectes écologistes irrationnelles pourraient se retrouver dans la même situation dâ™Ã©vaporation de leur pouvoir ?
Alors que nous entrons dans la réalité économique et financière du cauchemar post-Covid, est-ce que dâ™autres suiveurs activistes vont se réveiller de leurs engagements naïfs pour des gourous manipulateurs ? Les dons vont-ils sâ™assécher alors que le monde sâ™Ã©loigne des problèmes créés par des privilégiés élitistes pour se concentrer sur ce qui fait bouillir la marmite ? Par exemple :
La secte du bio anti-technologies agricoles pourrait-elle vaciller face à la famine ?
Alors quâ™une deuxième vague de sauterelles ravage les récoltes dans la corne de lâ™Afrique et en Asie du sud et alors que le mauvais temps a réduit les rendements dans les greniers à blé occidentaux, les famines et les difficultés de sécurité alimentaire pourraient faire prochainement les gros titres, si nos structures logistiques et commerciales ne parviennent pas à résister à la pression politique actuelle.
Les sectes naturophiles de lâ™alimentation bio se sont développées grâce aux succès de lâ™abondance de nourriture grâce aux technologies agricoles. Les conséquences du retrait de ces technologies pourraient être le germe de la disparition de ces sectes.
La secte chimiophobique pourrait-elle sâ™Ã©vanouir avec lâ™exigence dâ™hygiène et de santé publique ?
Câ™est drôle, je nâ™ai vu récemment aucune demande du public pour des produits non toxiques de désinfection des mains. Je nâ™ai vu personne militer contre lâ™utilisation des équipements de protection personnelle à usage unique. Il nâ™y a pas beaucoup de demandes pour des gants en coton bio.
Peut-être que la pandémie a montré la vacuité superficielle de la secte chimiophobe qui milite pour éliminer les produits chimiques que le grand public réclame à grands cris. Ce que nous avons vu par contre câ™est notre perte de capacité à faire monter en régime la production dâ™Ã©quipements de protection personnelle et de produits dâ™hygiène. Je me demande ce que ces sectes anti-chimie pensent des gens qui exigent davantage de produits chimiques.
Les naturophiles antivaccins pourraient-ils être marginalisés dans une dystopie post-Covid ?
Les antivax, les anti-masques, les anti-5G, les anti-OGM â“ ces sectes paranoïaques se sont alignées pour combattre bizarrement la véritable source du mal : Bill Gates. Plus ces naturophiles font de bruit, plus ils deviennent ridicules et moins ils ont dâ™influence sur les populations vulnérables.
Lorsque les gens commenceront à prendre conscience des risques que ces groupes tentent dâ™imposer aux autres, les conséquences pour la société et les possibilités de pertes de biens sociaux, cette secte grillera plus vite quâ™une antenne 5G.
Il est difficile de succomber à des forces ridiculisées et auxquelles sont attribuées des catastrophes et des pertes dâ™avantages sociaux. Donnez à Vandana Shiva et Robert Kennedy Junior davantage de microphones ; ils sont grotesques à mourir de rire.
Bien que certains de ces opportunistes sectaires soient trop malins pour tomber dans le piège de lâ™extrémisme populiste qui a été fatal à Extinction Rebellion, la meilleure leçon de la chute de cette secte, câ™est que lâ™orgueil et lâ™ambition ont leurs propres fusibles. Les sectes ne peuvent pas survivre à lâ™examen du plus grand nombre tout en maintenant un dogme fanatique. La radicalité amplifiée se transforme rapidement en ridicule et menace dâ™implosion tout mouvement de masse. ⦠et la menace du désespoir
Mais cet espoir porte un avertissement. Les jeunes ont été brisés par le cynisme et la polarisation militante de ces sectes. Alors que la force des dogmes fondamentalistes sâ™est affaiblie, il ne reste rien pour les inspirer à présent. Je parle souvent avec des étudiants de leur vision de lâ™avenir, et elle est souvent très sombre.
Plutôt que des aspirations et des mentors, ils ont des slogans et des menteurs. Alors quâ™ils renaissent en sortant de leur expérience de la secte, il leur faut autre chose que lâ™usage de drogues et des troubles mentaux. Dans mon univers professionnel, le confinement lié au coronavirus a mis cette vulnérabilité en évidence.
Les jeunes ont besoin de leaders inspirants. Demandez à nâ™importe qui pourquoi il a choisi sa profession et câ™est probablement un mentor ou une personnalité qui a fait naître lâ™Ã©tincelle dans un moment clé.
Mais il semble que nous sommes coincés dans un monde de sous-tribus sans leader où les exemples motivants sont éliminés plus vite quâ™ils ne peuvent émerger. Les médias sociaux identifient des trolls de référence, promeuvent le cynisme et dégonflent lâ™esprit positif en créant un terreau favorable à de telles sectes écologistes.
Au travers de leurs gourous les sectes proposent aux jeunes de lâ™espoir, une promesse et de lâ™inspiration. Si nous ne pouvons pas combler ce manque dans leurs vies, en apportant des idéaux positifs pour lâ™humanité par la technologie et la science, en restaurant la confiance et en proposant des modèles, nous devrions nous préparer à ce que dâ™autres sectes écologistes mortifères alimentent le désespoir des jeunes, formulent des exigences exorbitantes, fassent obstacle aux développements technologiques et répandent toujours davantage de cynisme et de peur.
â”
Traduction de Cult Reawakening: An Extinction Rebellion Post-Mortem par Contrepoints. Ces articles pourraient vous intéresser: La décroissance, cette gauche qui a renoncé au progrès
http://dlvr.it/Rg1RNw
http://dlvr.it/Rg1RNw
La 5G, une nouvelle phase de la révolution digitale, mais plutôt pour 2025-2035
Par Valery Michaux.1.
Un article de The Conversation
Entre le 20 septembre et le 30 septembre 2020 seront lancées en France les enchères sur les fréquences de la 5G. Entre enthousiasme et crainte, les tensions entre les promoteurs et les détracteurs sont fortes. La 5G peut-elle être une révolution, à court, moyen, long terme ? La 5G en quelques mots
La 5G est la cinquième génération en matière de réseau de téléphonie mobile. Elle repose sur une technologie cellulaire à haut débit. Il s’agit d’une norme internationale sur laquelle tout le monde s’est accordé. Elle permettra d’offrir un service « sans couture » à l’échelle planétaire.
Stricto sensu, la 5G apporte une amélioration d’un facteur 10 par rapport à la 4G, tant pour le débit que pour le temps de latence. Le débit concerne la quantité de données. Le temps de latence désigne la rapidité de transit d’une donnée entre le moment où elle est envoyée et celui où elle est reçue. Débit et latence vont permettre une instantanéité des échanges. Dans un premier temps, on pourra faire ce que l’on fait aujourd’hui avec son smartphone, mais beaucoup plus rapidement.
Le moteur majeur du développement de la 5G restera au démarrage les limites de la 4G et les problèmes d’encombrement de la bande passante auxquels nous faisons déjà face. Néanmoins, ce sont les nouveaux usages potentiels qu’elle rend possibles qui vont dans un second temps servir de locomotive.
En effet, la 5G offre une capacité à connecter un nombre croissant d’objets aux humains et d’objets ensemble. On annonce un million d’objets connectés au km². La 5G représente une « potentialité » technologique… ce qui ne dit rien de ce qui peut réellement se passer. Par exemple, en 2013, on prévoyait 50 milliards d’objets connectés en 2020, mais fin 2019, on avait seulement 7,6 milliards d’objets connectés, si on exclut les ordinateurs et les smartphones. La 5G c’est aussi une promesse de nombreuses applications dans le domaine de la santé (Source T-Mobile).De la difficulté à appréhender l’influence future des technologies
Quand on cherche à appréhender l’impact d’une technologie, on surestime les changements induits à court terme en se laissant influencer par des effets de mode. On nous annonce depuis quelques années que la blockchain révolutionnerait la finance. On attend toujours.
Mais si on surestime la vitesse de diffusion des innovations à court terme, on sous-estime par contre les transformations induites par les technologies à plus long terme – c’est le paradoxe relevé par Bill Gates. Les bouleversements induits peuvent être très profonds au sein de la société. 2010-2020 : 4G, une réelle révolution sociétale
Pour mieux comprendre la dynamique de la révolution 5G, il est indispensable de comprendre la dynamique des quatre révolutions télécoms précédentes : 1G, 2G avec EDGE et GSM, 3G et 4G constituent des révolutions très lentes.
La 3G, qui a émergé au niveau recherche dans les années 1990, a fait l’objet de premières offres commerciales en 2001 un peu partout dans le monde. Elle a pris une bonne quinzaine d’années pour arriver à son apogée, période durant laquelle le monde bascule du téléphone filaire au smartphone. La 5G va débloquer des applications de réalité virtuelle bloquée par les problèmes de débit en 4G : exemple, l’immersion totale en réalité virtuelle dans Google Earth.
De même, les premières offres commerciales de la 4G apparaissent entre 2009 et 2011, après 10 ans de recherche. à cette époque, lâ™iPhone était sorti il y a à peine 3 ans et Apple nous initiait à un tout nouvel objet : la tablette.
On nâ™avait encore jamais entendu parler dâ™Uber, lancé en 2009, de Airbnb lancé en 2008 ou de Netflix qui était tout juste en train de tester le streaming. Dix ans après, on mesure la distance avec ces années 2010 et les profondes transformations de notre paysage quotidien. La 4G a été une vraie révolution sociétale. Il nâ™est donc pas exclu que la 5G puisse bouleverser aussi notre quotidien en seulement 10 ans.
En réalité, les transformations observables aujourdâ™hui ne sont pas dues seulement à la 4G, mais à la convergence de la 4G, du streaming, du cloud et du wifi.
Dâ™une part, cette convergence a révolutionné notre façon de nous informer, dâ™acheter, dâ™Ã©changer, de regarder la télévision.
Dâ™autre part, elle a rendu la « révolution cloud » possible : le secteur informatique dans les entreprises sâ™est renouvelé complètement avec de nouvelles manières de stocker et dâ™analyser les données. Une simple PME de 20 personnes peut « louer » aujourdâ™hui une intelligence artificielle pour quelques heures en fonction de ses besoins. 2025-2035 : la 5 G, une nouvelle phase de la mutation digitale
La 5G, elle, a émergé dans la recherche au milieu des années 2010. Il existe déjà quelques offres commerciales dans quelques pays, souvent dâ™ailleurs à lâ™Ã©chelle seulement dâ™un quartier restreint : États-Unis, Corée du Sud, Chine, Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni et Suisse.
En dehors de quelques expérimentations, en France, on en est simplement aujourdâ™hui à la négociation des fréquences avec les opérateurs pour une ouverture commerciale à la fin de lâ™année 2020 voire au début de lâ™année 2021. Exemple dâ™un projet qui pourrait potentiellement démarrer avec lâ™arrivée de la 5G : au lieu dâ™Ã©couter la radio, le chauffeur dâ™une voiture autonome va sâ™immerger dans une réalité virtuelle utilisant les mouvements de la voiture.
Néanmoins, les opérateurs télécoms installent plutôt une 4G+ quâ™une « vraie 5G » en continuant à utiliser le cÅ“ur des réseaux 4G tout en ajoutant petit à petit des antennes 5G. Les nouveaux smartphones 5G pourront bénéficier de cette première avancée dès cette année.
Les opérateurs nâ™annoncent la « vraie 5G », ou 5 G Standalone, avec une infrastructure réseau dédiée, quâ™Ã lâ™horizon 2023-2025. En effet, les investissements nécessaires sont colossaux. Lâ™apogée de la 5G est donc plutôt pour 2035, sauf accélération inattendue. Il est dâ™ailleurs possible que la 4G et la 5G cohabitent encore un bon moment. La 5G permettra de faire converger les autres réseaux et jouera le rôle dâ™un réseau des réseaux.
La 6G émerge déjà dans le monde de la recherche, mais il faudra compter au moins une dizaine dâ™années pour un démarrage.
Comme pour la 4 G, ce nâ™est pas la 5 G qui va révolutionner le monde, mais une convergence technologique qui va dâ™abord se faire sentir dans les entreprises : le « cloud distribué », ou edge computing, câ™est-à -dire le stockage et lâ™analyse des données au plus proche de lâ™utilisation et des besoins, lâ™intelligence artificielle, la réalité augmentée et la réalité virtuelle (qui étaient bloquées par les débits limités de la 4 G), la robotisation ainsi que lâ™industrie des objets connectés. Toutes ces technologies vont se nourrir les unes des autres progressivement pour amplifier les potentialités de la transformation digitale. CES 2020 : quels projets seront rendus possibles par la 5G pour rendre nos villes plus intelligentes et écologiques.
Potentiellement, cette convergence pourrait apporter des solutions innovantes dans les domaines de la santé, de lâ™Ã©nergie, de la production industrielle, de la sécurité publique, de la mobilité comme de la formation et de lâ™entertainment entre autres. La course entre les acteurs a déjà commencé comme lâ™illustre la guerre économique qui entoure Huawei. Quels freins à la 5G ?
En prospective, pour appréhender les transformations futures, il faut non seulement sâ™intéresser à la dynamique que peuvent créer les nouveaux usages, mais aussi aux facteurs qui peuvent freiner lâ™adoption des nouvelles technologies. Le frein majeur au développement de la 5G sera sociétal. Des craintes dâ™un nouvel ordre sont apparues avec la révolution 4 G, et elles sont en train de sâ™amplifier avec lâ™arrivée de la 5G.
Encore plus quâ™aujourdâ™hui, on pourra tout connaître en permanence de nos faits et gestes tant en tant que citoyens, usagers, patients ou consommateurs. Quelles limites voudront nous donner à cette intrusion potentielle continue dans nos vies privées ? Les débats ne font que commencer, portés par des associations et des collectifs qui dénoncent une future société de surveillance.
Corollaire à cette connexion permanente, les risques de cybersécurité, de cybercrimes et de cyberterrorisme risquent dâ™Ãªtre décuplés. Les défaillances techniques peuvent aussi avoir des répercussions plus fortes étant donné le nombre dâ™objets connectés possibles.
Les dangers pour la santé font également polémiques. La 5G utilise des ondes à haute fréquence qui sont très locales. Les antennes vont donc se multiplier. Pour lâ™instant, les études ne démontrent ni un effet nocif ni un effet inoffensif.
Mais pour prendre un temps de recul, 180 scientifiques et médecins de 37 pays différents ont déjà demandé à lâ™Union européenne un moratoire. Des régions en France comme la Corse ou des élus de grandes villes en font autant.
Enfin, la 5G est-elle « meilleure » ou « pire » pour la planète que la 4G ?
Aujourdâ™hui, nombreux sont ceux qui tirent la sonnette dâ™alarme sur la pollution digitale énergivore qui se développe. La 5G est potentiellement meilleure, car elle correspond à des rayonnements ciblés sur mesure contrairement à la 4G qui diffuse son rayonnement en continu sur un ensemble géographique.
Elle serait également plus économe en énergie. Néanmoins, de nombreux experts sont prudents : lâ™explosion potentielle des usages et des objets connectés peut très bien limiter ces deux avantages. Ici aussi, la société va devoir faire des arbitrages.
â”
Sur le web
* Enseignant-Chercheur ⓠHDR, Neoma Business School. ↩
Ces articles pourraient vous intéresser: Le choix du Wifi pour les voitures autonomes est-il vraiment pertinent ? Robot refoulé Augmentus, le roman de lâ™Intelligence Artificielle Immersions à haut risques dans la fausse-vraie réalité du monde
http://dlvr.it/Rg1RLM
http://dlvr.it/Rg1RLM