Par Jonathan Frickert.
Alors que le Conseil scientifique a évoqué ces derniers jours un risque de plus en plus fort de seconde vague et que l’épidémie de Covid-19 semble reprendre du poil de la bête, l’ancien monsieur Déconfinement devenu Premier ministre Jean Castex multiplie les déplacements avec l’objectif affiché d’inciter les Français à respecter les mesures barrières.
Outre la menace sanitaire, c’est désormais la menace politique qui plane, le gouvernement ayant clairement évoqué la perspective d’un nouveau confinement dans l’espoir de faire accepter les mesures barrières.
Cette menace risque toutefois de créer un effet boomerang en provoquant une incertitude des investisseurs et donc avoir des conséquences économiques désastreuses. La menace du reconfinement
«�Nous ne devons pas baisser la garde », a rappelé ce lundi Jean Castex lors d’un déplacement à Lille. Si le nombre de patients en réanimation périclitait depuis la fin du mois d’avril, il semble être reparti à la hausse depuis quelques jours.
Un constat sur lequel le Conseil scientifique tire la sonnette d’alarme, évoquant la « haute probabilité » de voir advenir une seconde vague pour début 2021 voire même la fin de l’année. Un constat dont le Premier ministre a bien pris note, évoquant toutefois un nouveau confinement généralisé en cas de hausse trop importante du nombre de cas.
La situation a amené certaines municipalités partout en France à imposer le port du masque dans certains lieux publics ouverts, de Lille à Nice en passant par Orléans.
Des arrêtés localisés qui correspondent à la méthode désormais privilégiée par les autorités, conscientes de l’objectif de penser de manière locale, mais également à la structure de l’épidémie dans l’Hexagone, où plusieurs clusters sont détectés un peu partout dans le pays.
Face à cette situation, le gouvernement envisagerait quatre scénarios, allant du maintien du dispositif actuel de traçage au reconfinement généralisé en passant par des reconfinements locaux et des mesures renforcées de contrôle.
Si l’idée d’un reconfinement total est pour l’instant écartée aussi bien par les médecins que par le gouvernement lui-même, une telle perspective est loin d’être réjouissante, en particulier quand on connaît l’impact du premier confinement. Un premier confinement dévastateur
L’objectif du gouvernement semble être clair : brandir la menace du reconfinement afin de contraindre les récalcitrants à accepter les gestes barrières et en particulier le port du masque.
Une menace techniquement dissuasive quand on connaît les effets du premier – et espérons seul – confinement national, en particulier sur la santé psychologique des plus modestes, comme en témoigne une étude du centre de recherche LifeStyle de l’EM Lyon parue il y a quelques jours.
Mais c’est surtout l’impact économique de telles restrictions des libertés publiques qui interroge, car de son côté, l’Insee constate que malgré une large reprise à compter du déconfinement, mi-mai, le PIB aurait reculé de 14 % au deuxième trimestre pour une récession de 11 % prévue sur l’ensemble de l’année, là où la Banque de France estime qu’il nous faudra près de deux années pour retrouver notre croissance habituelle.
Un constat qui n’est pas sans rappeler le krach boursier de ce début d’année, déjà provoqué par la crainte qu’inspirait la crise sanitaire. Ajouter de l’incertitude à l’incertitude
Revivre un tel épisode est donc peu réjouissant et provoque naturellement la crainte de tous. Une crainte qui se traduit par une paralysie dans les actions de certains, et notamment des acteurs économiques.
La clef d’une économie prospère est la confiance. Il s’agit là de la raison pour laquelle les libéraux estiment que l’efficacité économique repose notamment sur la sécurité juridique, avec des droits de propriété et des contrats respectés.
La peur est un des principaux moteurs d’instabilité et donc de crises. Éric Dalannoy, président d’un cabinet de conseil stratégie et transformation managériale, note ainsi que la crise sanitaire emporte avec elle peur et incertitude.
Une incertitude qu’il faut distinguer du risque, car elle est un puissant élément de blocage. Le risque est un moteur de décision. L’incertitude est un brouillard qui empêche d’avancer, mais peut rapidement se muer en panique et donc en effondrement économique comme on a pu le voir dans les grandes crises économiques de ces dernières décennies.
S’il existe des incertitudes naturelles, telles que la volatilité de certains indicateurs comme les taux d’intérêt, le travail de l’État est de ne pas créer de nouvelles incertitudes en laissant planer la perspective de mesures dont on ne sait pas si elles interviendront. Le cas typique étant celui d’un État où un coup d’État est perpétré tous les quatre matins avec, à chaque fois, un changement radical de politique.
Toutes proportions gardées, la menace du reconfinement et donc de freinage de l’économie, ne constitue rien de moins qu’un exemple d’incertitude provoquée unilatéralement par la structure étatique alors que l’économie n’avait pas besoin de cela. Le danger du reconfinement
Le cas français est particulier. Là où la logique exigerait un État rassurant pour des citoyens responsabilisés, l’État français se charge de menacer des citoyens infantilisés.
L’État français est connu pour la succession de ses crises, notamment sociales. Des crises qui s’accélèrent depuis 2017. L’instabilité provoquée par la menace d’un ralentissement de l’économie provoqué par un reconfinement modéré voire un arrêt pur et simple de la machine dans un reconfinement pur et simple est un danger que semble largement sous-estimer l’exécutif.
La seule façon d’en finir avec la paralysie économique est de sortir de la psychose en renvoyant l’État à sa fonction de sécurisation.
Une clef qui nous permettra peut-être de mieux anticiper et d’alléger le fardeau de la crise à venir. Ces articles pourraient vous intéresser: Deuxième vague de Covid-19 peut-être, de folie gouvernementale sûrement. Que retenir de l’interview de Jean Castex au JT de 20 heures ? Covid-19 : Saison 2, épisode 1 ? Derrière la crise du coronavirus, une économie fragilisée depuis 30 ans
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vendredi 7 août 2020
Le temps est venu de la renaissance nucléaire de la France
Par Michel Gay. Moderniser le parc nucléaire français : une priorité
Un échange rare et extraordinaire a eu lieu au parlement anglais le 29 juillet 2020. À la question d’une députée britannique qui interrogeait le Premier ministre sur la renaissance du nucléaire, Boris Johnson a répondu�:
« Le temps est venu de la renaissance nucléaire. Je crois passionnément que le nucléaire doit faire partie de notre mix énergétique. Il nous aidera à atteindre nos objectifs carbones ». Et en France ?
Pendant que la France s’enfonce dans un déclin programmé en fermant des réacteurs nucléaires en parfait état de fonctionnement et en promouvant les éoliennes, le Royaume-Uni renoue avec l’esprit de conquête.
La modernisation du nucléaire ne progresse guère dans notre pays. Les procédures d’autorisation de construction de plus en plus longues et retardées bloquent les investissements nécessaires pour le déploiement de cette infrastructure fondamentale pour l’économie de la France.
Les politiques et les autorités doivent soutenir le renouvellement du parc nucléaire comme le font clairement les Britanniques.
Voulons-nous voir notre compétitivité s’effondrer au moment où l’économie tente de redémarrer après la crise sanitaire ? Penser nucléaire !
Au-delà de l’industrie et des ménages qui ont un besoin permanent et fondamental d’électricité bon marché, la pandémie du Covid-19 a accéléré le recours massif au télétravail qui repose sur une production permanente, stable, pilotable et massive d’électricité.
Il ne s’agit pas simplement de convertir une activité. C’est la manière de voir l’organisation de la société qu’il faut changer en « pensant nucléaire » car cette source d’énergie quasi-illimitée et bon marché constitue une composante majeure indispensable à cette transition.
Cessons de croire les apôtres du chaos qui se répandent bruyamment en anathèmes sur le nucléaire et communiquent par la peur. Dans le même temps, les scientifiques et les politiciens modérés se font discrets car les faits raisonnés et argumentés, souvent fastidieux, se noient dans une tempête émotionnelle d’imprécateurs.
Par exemple, depuis 60 ans, il n’a pas été possible de prouver de manière cohérente que l’exposition à la radioactivité en-deçà des valeurs limites ait des effets nocifs sur la santé. Et c’est même parfois le contraire, la nature étant partout radioactive, et même souvent fortement, au regard des limites maximales définies pour les populations.
Les politiques et les autorités, qui ne se mouillent guère dans ce dossier du nucléaire, doivent prendre les mesures permettant le traitement rapide des procédures d’autorisation, garantir les ressources nécessaires au déploiement de nouvelles infrastructures, et communiquer plus activement dans l’intérêt des Français.
La compétitivité de notre tissu économique en dépend. Ces articles pourraient vous intéresser: Électricité : un blackout comme dans les années 1970 ? Le sabordage du nucléaire fragilise la France Fermeture de Fessenheim le 22 février : Macron sacrifie Iphigénie ! Retard de l’EPR de Flamanville : une aubaine pour les antinucléaires ?
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« Bienvenue en Chine » de Milad Nouri et Tian-You Zheng
Par Johan Rivalland.
L’auteur, Milad Nouri, entrepreneur ayant réussi en Chine, a choisi la BD et pour cela la collaboration avec le dessinateur Tian-You Zheng, comme mode d’expression pour raconter son expérience d’expatrié et réaliser son désir d’apporter des conseils utiles à ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat dans ce pays.
Au départ parti pour six mois à Canton, à l’occasion d’un échange universitaire, au milieu des années 2000 au moment où la Chine était en très forte expansion, il a finalement choisi d’y retourner aussitôt et de s’y installer. Cette BD retrace son parcours avec beaucoup d’intérêt et d’humour et nous livre les clefs d’entrée qu’il est nécessaire de s’approprier si l’on espère y réussir. Un témoignage passionnant qui se lit agréablement. Savoir intégrer les codes
La Chine est le pays de l’immensité. Outre les difficultés de la langue, qu’il est préférable de maîtriser a minima si l’on veut ne pas être perdu, ce sont les codes et les usages à la fois culturels et du business chinois qu’il convient de connaître avant de se lancer. Les différences culturelles y sont en effet importantes, de même que le poids des coutumes qui jouent un rôle non négligeable dans l’accès à bon nombre de contacts et de rencontres réussies.
Tout commence par l’échange des cartes de visite (guanxi). Un véritable cérémonial et une manière de savoir recevoir celle de son interlocuteur avec tout l’égard qu’il mérite et la subtilité de bon aloi. Le guanxi est la clef des clefs. Celle qui permettra de se constituer l’indispensable réseau sans lequel on réussira difficilement.
La Chine du business, ce sont aussi un rapport au temps différent de celui que nous connaissons, l’importance des dîners et de l’art de partager de bons moments, les spécialités culinaires qui peuvent nous paraître très étranges, les codes à respecter, et… cet art de « ne pas faire perdre la face » à son interlocuteur, que les deux auteurs nous font partager avec beaucoup d’humour. Un pays plein de surprises
Nous connaissons la Chine sous de nombreux aspects, pas toujours reluisants. Ici, c’est un voyage différent qui nous est proposé, au cœur de la Chine de tous les jours, celle des affaires, des réalités concrètes que peut rencontrer l’entrepreneur occidental souhaitant y bâtir sa vie et y réussir.
Loin de l’abstraction, Milad Nouri nous donne à voir la longueur parfois étonnante des déplacements, la richesse des rencontres et l’art de savoir se comporter, le protocole des échanges de cadeaux et toutes les petites coutumes qu’il convient de connaître pour ne pas risquer de froisser son interlocuteur, même dans les situations les plus incongrues, ou risquer la maladresse fatale dont on ne se relèvera que difficilement. Le parcours d’obstacles
De Shangaï à Hangzhou, on suit le parcours du jeune entrepreneur. Avec les obstacles, les petites ruses de circonstance et les petites victoires, mais aussi les mésaventures de la vie. Sans oublier parfois les désillusions, comme lorsqu’il se rend compte que la formule « mei wenti », qui peut se traduire par « pas de problème » ou « pas de souci » peut en réalité avoir un double sens (on retrouve, en négatif, l’idée de ne pas faire perdre la face à l’interlocuteur, qui peut malheureusement avoir son revers). Pas facile, dans ces conditions, d’entreprendre en Chine et de toujours savoir si son partenaire commercial est vraiment fiable.
Mais petit à petit, la société prend son envol et assure sa croissance. C’est aussi ce que nous permet de suivre cette intéressante BD, qui se lit agréablement et a pour objectif de donner l’envie à ceux qui le souhaiteraient de se lancer dans une aventure similaire, cette fois-ci avec un peu plus d’idées sur les démarches à prévoir et les codes culturels qu’il faut connaître avant de se lancer.
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* Milad Nouri et Tian-You Zheng, Bienvenue en Chine, Delcourt, août 2019, 192 pages.
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