dimanche 20 septembre 2020

Le bilan (surtout) désastreux de Donald Trump

Par Pierre-Guy Veer. L’élection présidentielle approche à grands pas aux États-Unis. Et comme toujours, la partisannerie aveugle les deux principaux camps. Pendant que les Démocrates affirment qu’on guérira le cancer avec l’élection de Biden, les Républicains n’ont d’yeux que pour les «�grandes réalisations Â» de Donald Trump depuis son élection. Qu’en est-il vraiment ? Une économie précaire encore plus fragilisée avec Donald Trump À son entrée au pouvoir, Trump faisait face à une économie qui semblait en bonne santé. Nonobstant que la « reprise d’Obama » fut la plus lente depuis la Seconde Guerre mondiale, cette santé était précaire pour quiconque regarde les chiffres en profondeur. * Le taux de participation des Blancs n’a cessé de décliner depuis 2009, où il était à son plus bas depuis 1988 ; celui des Noirs avait formellement dépassé le taux de 2009 en février dernier tout en restant à son plus bas depuis 1986 ; et celui des Hispaniques n’a cessé de diminuer depuis avril 2009. * Pour la population générale, le taux de participation n’a cessé de décliner depuis février 2009, où il était déjà à un creux historique depuis juin 1988 – il est maintenant à un creux historique jamais vu depuis février 1978 (en date de mars 2020). * La banque centrale a plus que quadruplé la masse monétaire depuis 2008, générant une bulle boursière et immobilière encore plus volumineuse que celle du début des années 2000. * La dette publique par rapport au PIB n’a cessé d’augmenter depuis 2009, bien que « stabilisée » à plus de 100 % du PIB. Et qu’a fait Trump pour que l’Oncle Sam puisse retrouver une croissance économique plus durable ? Tout ce qu’il ne fallait pas faire : * Il a augmenté les dépenses nominales de plus de 600 milliards de dollars tout en baissant les impôts (ce qui était pourtant une bonne chose), maintenant un déficit dépassant les 200 milliards durant la plupart des mois suivant janvier 2017. À la prochaine augmentation des taux d’intérêts, les frais vont dramatiquement augmenter. * Dans la même veine, depuis la campagne de 2016, il se vante que les États-Unis n’ont qu’à imprimer davantage d’argent afin d’éviter des défauts de paiements de la dette. La guerre commerciale insensée de Donald Trump Mais surtout, il a tenu l’une des promesses qu’il aurait définitivement dû renier : se lancer dans une guerre tarifaire. Ne lui en déplaise, il n’est pas facile de gagner de telles guerres– en fait, il n’y a que des perdants. Et leur prolongation ne fera qu’annuler les effets positifs de ses baisses d’impôts et de ses politiques de déréglementation. En effet, une guerre tarifaire repose sur cette idée saugrenue délicieusement parodiée par Frédéric Bastiat : quelqu’un, quelque part, peu importe la raison, produit plus efficacement et le gouvernement doit empêcher cette concurrence qualifiée de déloyale. Aux États-Unis, de telles restrictions ont eu pour effet l’effondrement des exportations de soja, principalement vers la Chine. De plus, il a même imposé des tarifs injustifiés sur les produits issus de pays industrialisés – et donc aux pratiques monétaires et réglementaires plus « acceptables » que la Chine. Ces derniers ont  évidemment réagi, pénalisant tous les consommateurs. Une politique migratoire à la xénophobie à peine voilée Finalement, la xénophobie patente de Trump et son administration a vite fait surface. Au début, il affirmait qu’il ne s’agissait que de contrôler le flot d’immigration illégale venant principalement du Mexique – ce qui fut un échec. Il affirmait qu’il voulait contrôler la criminalité supposément apportée par ces immigrés, alors que les statistiques des villes frontalières avec le Mexique contredisent ses affirmations. Pour quelqu’un qui affirme avoir voulu minimiser l’impact du coronavirus, il ne s’est pas gêné pour y aller des pires hyperboles au sujet de « violeurs mexicains ». Parlant du virus et de ses pertes massives d’emplois, Trump a étendu sa haine des étrangers en suspendant toute immigration afin de « protéger » les emplois. Cette protection des emplois a fait perdre soit un temps fou à tenter d’obtenir un visa de travail, soit carrément fait perdre l’emploi à ceux qui ne pouvaient pas obtenir un visa. J’ai beau avoir une résidence permanente, j’ai tout de même peur de postuler pour la citoyenneté et d’être ainsi expulsé. Exposer le biais des médias Mais s’il y a un point positif indéniable de la présidence de Trump, c’est d’exposer le biais à peine voilé des médias pour tout ce qui n’est pas liberal (pro-démocrate). Prenons l’immigration par exemple. Les actions de Trump n’ont fait qu’empirer une situation déjà catastrophique. En effet, Obama avait fait expulser des quantités record d’immigrants illégaux, et placer dans des centres de rétention. Les médias ont même montré des images datant de… 2014. CNN y va même d’acrobaties intellectuelles dignes du Cirque du Soleil pour affirmer que les expulsions de Trump sont pires. Et que dire de la propagation du coronavirus. Le 28 août, le bulletin du soir de NBC a commencé avec la marche commémorative sur Washington, où il n’a pas été fait grand cas des 50 000 personnes tassées comme des sardines, mais où 1500 personnes assises pour assister à un discours de Trump représentaient un danger de propagation. Néanmoins, quatre années supplémentaires avec Donald Trump à la tête des États-Unis n’augurent rien de bien. Ses politiques commerciales mercantilistes ne peuvent que nuire à la reprise post-coronavirus, ses politiques migratoires vont bloquer à la fois des travailleurs agricoles et des employés dans les hautes technologies. Et considérant qu’un président en second mandat fait face à plus d’hostilité du Congrès (lame duck), il risque d’utiliser ses décrets encore plus agressivement pour outrepasser davantage le processus législatif. Il ne serait pas le premier, mais les Républicains vont regretter d’avoir soutenu les décrets pour « situation d’urgence » quand les Démocrates utiliseront la même raison pour faire passer sournoisement leur agenda, tel le désastreux Green New Deal. — À lire aussi : États-Unis : Joe Biden, un désastre potentiel Ces articles pourraient vous intéresser: États-Unis : une campagne présidentielle bizarre et imprévisible États-Unis : Joe Biden, un désastre potentiel Républicains et Démocrates : les convergences dont on ne parle jamais Démocratie américaine en danger : la polarisation politique remplace le consensus
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