Par Francis Richard.
La liberté par le marché est paru il y a tout juste cinquante ans sous le titre The Market For Liberty. Le moins qu’on puisse dire est qu’il est toujours d’actualité : l’État était et demeure le problème de nos sociétés.
Ce livre n’est qu’un petit peu daté ici ou là parce qu’il a été publié avant certains événements tels que la fin de la convertibilité du dollar en or en 1971 ou la chute du Mur en 1989 et qu’il n’en tient pas compte, et pour cause. Le principe fondamental d’une société libre
Selon les auteurs de ce livre, la société vraiment libre, dont l’homme a besoin pour fonctionner avec le plus d’efficacité et de bonheur possible, repose sur un principe fondamental, la règle de base des relations humaines justes (toutes les autres règles en découlent: il n’est pas besoin de légiférer) :
Aucun homme ni groupe d’hommes (y compris tout groupe d’hommes se prétendant l’État) n’est moralement en droit d’initier l’usage de la force physique, la menace de force ou tout équivalent de la force (comme l’escroquerie) contre aucun autre homme ou groupe d’hommes.
Si un homme ou un groupe d’hommes initie la force contre un homme ou un groupe d’hommes, ceux-ci non seulement ont le droit, mais le devoir de se défendre :
Si un homme chérit vraiment ses valeurs, il a une obligation morale envers lui-même de les défendre. La nature spécifique de l’homme
L’homme a une spécificité : Afin de survivre, [il] doit penser. Penser lui permet en effet, en utilisant son esprit, de produire et en utilisant sa faculté de raison, de distinguer le bien, ce qui est pro-vie, du mal, ce qui est anti-vie :
Mieux il pensera, mieux il vivra.
Pour réaliser son plein potentiel, la société dans laquelle il vit doit le laisser en paix : il doit y être libre de penser et d’agir selon ses idées… sans que personne d’autre ne tente de le forcer à vivre selonleurs normes :
Dès quâ™un homme nâ™est pas libre de vivre paisiblement sa vie selon ses propres normes et de posséder pleinement ce quâ™il gagne, il est esclave. Le droit naturel
Tous les droits sont des aspects du droit à la vie et sont le produit de la nature de lâ™homme et de la réalité. Ils ne peuvent quâ™Ãªtre individuels, car le collectif nâ™a aucune existence hors des individus qui le composent.
Le droit à la vie se traduit par une interdiction morale, celle dâ™interférer dans la vie de quiconque tant que ses actions sont non-coercitives. Si ce nâ™est pas le cas, comme vu plus haut, il est légitime de se défendre.
Tout homme a un droit sur sa propre vie : il la possède â“ il est son propre propriétaire â“ comme il possède chaque partie de sa vie. Câ™est pourquoi les auteurs disent que les droits de propriété sont les droits de lâ™Homme.
Une société vraiment libre est une société de laissez-faire : cela signifie la liberté pour chaque individu de gérer ses propres affaires comme il lâ™entend⦠pas juste dans le domaine de lâ™Ã©conomie, mais dans tous les aspects de sa vie. Le marché libre et lâ™Ã‰tat
Le grand conflit entre liberté et esclavage, bien quâ™il ait pris de nombreuses formes, trouve sa principale expression dans le conflit entre deux institutions humaines puissantes et opposées : le marché libre et lâ™Ã‰tat.
Quâ™est-ce un marché libre, responsable de lâ™abondance, sinon un réseau dâ™Ã©changes économiques volontaires ; il inclut tous les échanges volontaires nâ™impliquant pas lâ™usage de la coercition envers quiconque.
Si le marché est perturbé, son mécanisme dâ™autorégulation intégré ne fonctionne plus comme un système de signaux complexe, visible par tous et fiable, et ne permet plus dâ™accroître le bien-être humain.
Or, justement, lâ™Ã‰tat le perturbe avec la fiscalité et les dépenses, la réglementation et le contrôle de la monnaie et des banques, avec pour conséquences, comme le démontrent les auteurs, la pauvreté et le chômage. Lâ™Ã‰tat malfaisant
Lâ™Ã‰tat est un monopole coercitif qui a assumé le pouvoir et certaines responsabilités pour chaque être humain dans une zone géographique quâ™il prétend être la sienne.
Alors quâ™un monopole de marché ne peut empêcher la concurrence en utilisant la force physique, un monopole coercitif peut lâ™interdire ou lâ™autoriser de façon limitée. Câ™est là une grande différence.
Le but dâ™une entreprise privée est de faire du profit, en donnant satisfaction à ses clients : le profit est le signal du succès pour tout homme dâ™affaires opérant sur un marché libre. Il offre aux gens les choses quâ™ils veulent.
Le but dâ™un politicien ou dâ™un bureaucrate est dâ™augmenter sa sphère de contrôle sur la vie dâ™autrui : le pouvoir est pour lui le signal du succès. Il se comporte comme un parasite qui prive les gens des choses quâ™ils veulent par la saisie forcée de leurs biens (la fiscalité) ou par la réglementation :
Pour faire simple, lâ™Ã‰tat est le règne de certains hommes sur dâ™autres par la force initiée, ce qui est lâ™esclavage, qui est mal. Une société de laissez-faire
Les auteurs montrent dans le détail comment il serait logiquement possible de se passer dâ™Ã‰tat puisque celui-ci est malfaisant. Une société vraiment libre, une société de laissez-faire, serait une société où le marché libre remplacerait lâ™Ã‰tat.
Tous les domaines de la vie des individus pourraient être mis sur le marché libre et la sélection par eux-mêmes de ce qui est bien ou mal pour eux se ferait par la réputation, bonne ou mauvaise, quâ™il sâ™agisse par exemple de lâ™Ã©ducation, de la médecine ou de la monnaie.
La propriété serait la solution à bien des problèmes, tels que la pollution ou la conservation des ressources naturelles : Une des différences les plus profondes dâ™une société de libre marché se verrait par le fait que tout ce qui a le potentiel dâ™Ãªtre propriété serait possédé. Par exemple, il nâ™y aurait plus de propriété publiqueâ¦
Les litiges seraient réglés par des agences dâ™arbitrage. La vie et les biens seraient protégés par des agences de protection. Les pertes causées à autrui, considérées comme des dettes, seraient remboursées par les agresseurs et les victimes seraient indemnisées autant quâ™il est humainement possible etc. Comment parvenir à la société de laissez-faire
Est ancrée dans la culture de la majorité des hommes dâ™aujourdâ™hui que lâ™Ã‰tat est juste et/ou nécessaire. Dâ™abord, leurs dirigeants le leur ont toujours dit, ensuite il y en a toujours eu un, enfin la liberté leur fait peur : câ™est la peur dâ™Ãªtre jeté seul face à un monde effrayant, sans personne qui dise quoi faire.
Il faut leur dire au contraire quâ™il nâ™est pas un mal nécessaire, mais un mal inutile:
Lâ™Ã‰tat, ce sont quelques hommes gouvernant (régnant sur) les autres par la force. [â¦] Quand certains hommes règnent sur dâ™autres, il existe une condition dâ™esclavage, et lâ™esclavage est un mal en toutes circonstances. Préconiser un État limité, câ™est préconiser un esclavage limité.
Il faut amener la majorité des gens à voir lâ™Ã‰tat pour ce quâ™il est et à croire en la liberté. Car cela les conduira à une désobéissance passive de masse à des lois déraisonnables :
Nous pouvons amener à une société de laissez-faire, mais seulement grâce au pouvoir formidable et invisible des idées. Les idées sont la puissance motrice du progrès humain, lâ™Ã©nergie qui façonne le monde.
Morris & Linda Tannehill, La liberté par le marché, Résurgence, 252 pages (traduit par Stéphane Geyres et Daivy Merlijs).
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http://dlvr.it/RftKkV
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