vendredi 18 septembre 2020

Grève SNCF : l’indécrottable communisme de la CGT

Par Claude Robert. Des grèves, toujours des grèves, encore des grèves… devrait-on lire au sujet de celle annoncée par SUD-Rail et la CGT-Cheminots ce jeudi 17 septembre. Or, bien au contraire, Le Monde du 15 septembre minimise ce futur mouvement qu’il qualifie de « grève introuvable », et reproduit tels quels les propos du secrétaire général de la CGT-Cheminots lorsque celui-ci évoque les états d’âme de ses mandants après une si longue période de grèves, de confinement puis de vacances (sic). Ces propos, retranscrits ci-après, démontrent à quel point cette centrale syndicale s’avère figée sur son nombril et si peu soucieuse des clients de la SNCF�: Pour les cheminots, c’est une triple reprise : la reprise six mois après une grève reconductible dure – ce n’est quand même pas évident de refaire une journée de grève après une telle implication –, une reprise après les vacances et une reprise après le confinement. Mais le plus inquiétant reste la coloration de l’article. Alors que les agents de la SNCF sont théoriquement au service du public, tout juste si Le Monde ne s’apitoie pas sur la dureté de leur métier de grévistes compulsifs, à battre le pavé si souvent alors qu’il leur serait tellement plus facile de conduire ou aiguiller les trains dans le confort de leur poste de travail… Telle est en réalité la France, pays miné, corrodé, rongé depuis des lustres par des minorités ultra privilégiées dont les débordements chroniques suscitent malgré tout l’assentiment de certains médias ! En poursuivant la lecture de l’article qui, dénué de toute réflexion critique, ressemble à un communiqué de presse de la CGT, on apprend également que la centrale syndicale se montre insatisfaite du plan gouvernemental de 4,7 milliards d’euros consacrés au rail et propose son propre dispositif. On se prendrait à rêver que ce dernier soit meilleur que celui proposé par le gouvernement. Mais qu’en est-il réellement ? Le plan gouvernemental écolo-socialo-cosmétique Le plan gouvernemental présenté début septembre prévoit 4,7 milliards d’euros pour soutenir le rail dont une partie sera obligatoirement attribuée aux concurrents de la SNCF. Sur le total, cette dernière recevra néanmoins 4 milliards en deux ans, dont 1,8 milliard destinés à une « discrète recapitalisation du groupe, pour couvrir les pertes encaissées depuis le confinement Â», pertes qui se chiffrent à 2,4 milliards d’euros. Dans ce plan, stipule l’article du journal économique Les Échos, « des gains de productivité seront donc également recherchés » mais on n’en sait pas plus. Idem selon Le Point du 3 septembre où le budget alloué ressemble à du colmatage à court terme mais pas aux réformes tant nécessaires : Avec ce (gros) ballon d’oxygène, la SNCF va pouvoir respirer et investir à nouveau dans les chantiers prioritaires, comme l’entretien du réseau. La moitié de cette enveloppe, soit 2,3 milliards, financera l’entretien du réseau […] Cet investissement bénéficiera aussi au fret ferroviaire, qui ne sort toujours pas la tête de l’eau. Jean Castex l’a dit et redit, il veut soutenir le fret pour favoriser la transition écologique. La lecture du site web gouvernemental lui-même confirme, par son absence de détail, le peu de considération de l’État pour les réformes de fond. Alors que selon le magazine Capital du 8 octobre 2019 la SNCF coûte en période normale 224 euros par an et par Français, pas un mot n’est en effet consacré, sur le site officiel, à la refonte des domaines pourtant essentiels que sont l’organisation, le management, l’intéressement des personnels, l’amélioration des processus et de la culture de l’entreprise ! Il est tout de même question de qualité de service sur la petite page consacrée au plan de relance du rail, mais cela ne vise qu’à « accélérer les travaux pour la qualité d’accueil dans les gares, notamment pour l’accès des personnes à mobilité réduite, et de redévelopper des offres de trains de nuit » (comme si la demande en trains de nuit était plus importante que la demande en transports fiables et rapides de jour !). Tout le reste n’est qu’une longue profession de foi écologique. Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré les ravages causés par un confinement généralisé qui a déclenché la plus forte récession des pays de l’OCDE, le plan de relance gouvernemental ressemble à un projet qui fleure bon la révolution écologique. Une espèce de catalogue d’aides keynésiennes à court terme, en aucun cas un plan opérationnel de résolution structurelle de crise ! Le plan communiste de la CGT De son côté, le plan proposé par la centrale syndicale n’y va pas par quatre chemins : Laurent Brun a proposé quelques pistes pour y parvenir, comme l’obligation pour un logisticien comme Amazon de faire voyager en 2050 un quart de ses flux par les voies ferrées ou les voies navigables. Il a encore appelé à la création d’une vraie filière industrielle de production de matériels consacrés aux trains de nuit (locomotives, voitures-lits modernes) et au fret (wagons destinés à des matériels qui prennent aujourd’hui pas ou peu le train : déchets, produits frais…) – Le Monde 15/09/20 Sans surprise, dans le plus pur style dirigiste, loin de suggérer une amélioration du fonctionnement de l’entreprise, la CGT propose de rendre obligatoire le rail. Bravant les lois de la concurrence, de façon ostensiblement liberticide, la CGT suggère que la société tout entière s’adapte aux nécessités de la SNCF afin que celle-ci puisse assurer la pérennité de sa tranquille existence. Cette existence qui fait tellement son charme. Cette existence qui se caractérise par une alternance de grèves, de blocages du pays, de trains en retard et de hausses tarifaires… Décidément, nous sommes bel et bien en France, coincés entre une approche écolo-socialo-cosmétique gouvernementale, et les coups de boutoir communistes d’une SNCF dont les véritables managers semblent se trouver dans ses centrales syndicales ! Heureusement qu’il existe encore quelques médias pour le déplorer. Ces articles pourraient vous intéresser: Temps de travail à la SNCF : comment ça, 35 heures ? SNCF : la CGT est la meilleure amie de la libéralisation Et si OUI.SNCF disait enfin NON à ses syndicats ? Dette de la SNCF : à la fin, c’est toujours le contribuable qui paie !
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