Par Eline Chivot.
Depuis quelques temps, les propriétaires se détournent de la plateforme Airbnb, et semblent lui préférer les sites Internet de location longue durée. C’est l’une des conséquences de la baisse du nombre de touristes pendant la crise du Covid-19.
Une autre raison de cette tendance tient cependant aux restrictions imposées sur le marché de la location courte durée par plusieurs villes européennes, dont Paris, Barcelone, Amsterdam, Madrid, ou encore Berlin, sous prétexte de vouloir remédier aux distorsions présumées que les plateformes telles que Airbnb occasionneraient dans le secteur de l’immobilier.
Ces villes réduisent notamment le nombre de jours de location autorisés, et poursuivent en justice les propriétaires louant leurs immeubles. Un système reconnu pour être à l’origine pratique, convivial et simple, est dorénavant bien moins attractif pour les propriétaires et les locataires.
Ces mesures sont prises au détriment des acheteurs et vendeurs de l’économie collaborative, et démontrent la réticence des gouvernements locaux et nationaux vis-à-vis de l’innovation de manière générale. Un frein au redémarrage de l’économie
Les difficultés accrues que rencontrent les propriétaires et les consommateurs en utilisant les plateformes de l’économie collaborative, et qui les poussent à reconsidérer cet usage, risquent fort de ne pas favoriser le redémarrage de l’économie et de l’industrie du tourisme.
La maire de Paris Anne Hidalgo, dont le programme vise pourtant à mener une politique d’innovation, a récemment martelé sa «détermination absolue » à renforcer les régulations concernant les plateformes de location à courte durée et son objectif de potentiellement bannir Airbnb, en guise de plan de redressement économique.
Ces attitudes presque impayables sont un cas dâ™Ã©cole démontrant la persistance des décideurs politiques à faire des pieds de nez à lâ™innovation, et leur fâcheuse habitude de se tromper de batailleâ”avec un certain degré dâ™hypocrisie : tandis que ces villes sâ™acharnent sur le modèle économique de Airbnb, la France a récemment fait le choix peu judicieux de dépenser une partie des milliards dâ™un plan dâ™investissement dans la création dâ™un concurrent.
Certaines communautés ont fait part de leurs inquiétudes concernant lâ™impact des locations de courte durée sur les coûts de lâ™immobilier local, la qualité de vie, lâ™industrie hospitalière, et la collecte des taxes municipales. Pourtant, selon les conclusions dâ™une étude de lâ™Institut dâ™Ã‰conomie Politique (EPI) datant de 2019, une plus grande variété de logements régulièrement remis à disposition et à prix abordables permet lâ™augmentation du flux de visiteurs vers les villes, stimulant lâ™activité économique locale.
Les plateformes de type Airbnb sâ™acquittent chaque année de millions dâ™euros en taxes de séjour auprès des villes françaises (surtout Paris) et attirent des millions de touristes dont les dépenses bénéficient aux restaurants, commerces et activités de loisirs locales. Le bouc émissaire Airbnb
Par ailleurs, les gouvernements locaux et nationaux se plaisent à accuser Airbnb et autres plateformes de lâ™Ã©conomie de partage dâ™Ãªtre à lâ™origine des augmentations du coût de lâ™immobilier et de la pénurie de logements locatifs en zone urbaine, mais il sâ™agit là dâ™une excuse bien commode servant à minimiser leur échec à tenir les objectifs de leurs plans de zonage et autres politiques publiques de construction résidentielle, et à se dédouaner de lâ™effet de mesures peu incitatives pour les propriétaires, comme par exemple la suppression de certains frais de services du locataire à Londres et la baisse des allègements hypothécaires au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
En outre, les politiques interventionnistes visant à décourager le recours à Airbnb et ses concurrentes comme Homeaway ou FlipKey de TripAdvisor limitent les avantages individuels acquis grâce à lâ™Ã©conomie collaborative.
Dâ™une part, les hôtes utilisent ces plateformes afin dâ™accroître leur pouvoir dâ™achat en générant des revenus complémentaires à travers la location de leurs logementsâ”revenus pouvant atteindre entre 1500 and 4500 euros pour un mois completâ”et de diversifier les sources de revenus liés à la propriété. Lâ™Ã©mergence des services en ligne a en effet réduit les coûts de transaction liés à la publication dâ™annonces et à la sélection des locataires.
Dâ™autre part, les mesures en question réduisent inévitablement lâ™accès dâ™usagers à un système mettant à leur disposition des propriétés à un prix raisonnable pour une durée que beaucoup dâ™entre eux trouvent adaptée et idéale à un mode de vie quâ™ils veulent flexible.
à défaut, ils devront sans doute se tourner vers des sites de locations ou des agences imposant des contrats et des règles de location plus stricts, avec des durées de préavis plus longues.
Encadrer lâ™utilisation des plateformes de locations à court terme à coups de mesures dissuasives et punitives endommage la compétitivité de lâ™Ã©conomie locale et nationale à travers des effets négatifs sur la reprise de lâ™Ã©conomie, et la limitation du choix et du bien-être des consommateurs.
Les gouvernements locaux et nationaux se proclamant engagés dans la révolution numérique doivent débarrasser leurs citoyens de ce type de politiques et appuyer leur rhétorique pro-innovation à lâ™aide dâ™actions significatives qui nâ™empêcheront personne de participer à lâ™Ã©conomie de partage et dâ™en recueillir ses bénéfices. Ces articles pourraient vous intéresser: Plan de relance : pourquoi lâ™Ã‰tat nâ™y arrivera pas Plan de relance : gaspillage à tous les étages Plan de relance : un secret dâ™Ã‰tat Les incohérences de lâ™Ã‰tat vont-elles tuer la relance ?
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