Par Armand Paquereau.
Chaque été, de manière tragiquement récurrente, la sécheresse affecte chacun de nous. Le partage de l’eau devient chaque année un sujet de société générateur dâ™inquiétude, conflits, voire dâ™actes de malveillance (destructions dâ™installations dâ™irrigation, agressions physiquesâ¦)
Nous sommes pourtant dans une zone du globe privilégiée où lâ™eau nâ™est pas rare, mais mal répartie et inintelligemment gérée.
Les deux photos dâ™illustration ont été prises au même endroit sur la Seugne, près de Champagnac (17), celle de gauche au mois de décembre 2019, celle de droite le 9 août 2020.
Toute lâ™eau que lâ™on voit recouvrir les terres est repartie à la mer, cycle naturel de lâ™eau, créant des nuisances aux cultures riveraines et entraînant à la mer les débords des stations dâ™Ã©puration qui viennent polluer les parcs ostréicoles.
Ces crues sont le résultat de la saturation des sols qui entraîne le ruissellement de lâ™eau des bassins versants en période de pluies excédentaires, essentiellement hivernales. Mais elles sont aussi le résultat de lâ™artificialisation de surfaces très importantes (béton et bitume des villes, des parkings, des autoroutes, etc.) qui, contrairement aux terres agricoles et forestières, ne laissent pas lâ™eau sâ™infiltrer pour recharger les nappes phréatiques. De lâ™eau mal répartie, mal gérée
Cette artificialisation très importante soustrait tous les dix ans en France la superficie dâ™un département des surfaces agricoles ou forestières.
On retrouve ainsi en période de pluies importantes des quantités dâ™eau considérables qui sâ™accumulent dans les vallées et provoquent des crues dévastatrices, repartent à la mer alors quâ™elles pourraient être stockées pour une utilisation salvatrice pendant les sécheresses.
La département de la Charente a créé des réserves de stockage et de substitution pour réguler le cours du fleuve éponyme.
Lac
année création Superficie
Contenance
Bassin versant
Débit maxi
Débit réservé
LAVAUD 1990
105 Ha
10 millions M3
40Km²
2m3/seconde
69litres/seconde
Mas Chaban 2000
1,17 Km²
14,2millions M3
52 Km²
2m3/seconde
80litres/seconde
Leurs principales fonctions sont de stocker lâ™eau hivernale, imitant les crues du fleuve pendant le remplissage, et dâ™alimenter le fleuve en période de sécheresse grâce au débit réservé. Cette restitution permet au passage à de nombreux agriculteurs dâ™irriguer certaines de leurs récoltes, assurant par là la pérennisation dâ™une production de qualité limitant lâ™envol des prix en cas de pénurie provoquée par la sécheresse. Stocker lâ™eau dâ™hiver
Cette fonction mériterait dâ™Ãªtre reproduite dans tous les endroits où lâ™orographie permet de créer des réserves qui capteraient les eaux de ruissellement des bassins versants.
Ceci permettrait de stocker des quantités dâ™eau considérables pour le bien commun. à titre dâ™exemple, au début décembre 2019, le débit du fleuve Charente était dâ™environ 180-200 m3 par seconde. Si lâ™on considère que la moitié de ce débit est excédentaire, un rapide calcul nous amène à 90 m3 x 3600 s x 24 h = 7 776 000 m3 par jour. Ce qui revient à constater quâ™en deux jours part à la mer le contenu du réservoir de Mas Chaban.
Toute cette eau qui sâ™Ã©tale en crues, pénètre dans les habitations, dégrade les ouvrages dâ™art et cause des dégâts coûteux serait si utile en été pour lutter contre les effets délétères de la sécheresse.
Il nâ™empêche que des citoyens animés dâ™un dogme aveugle et obstiné sâ™opposent à un principe qui est pourtant bénéfique à tous. Non seulement ils ont empêché la création du lac de SIVENS au prétexte de destruction dâ™une zone humide. Il semble pourtant évident quâ™une réserve dâ™eau de 1,5 million de m3 aurait créé sur ses rives des surfaces de zones humides conséquentes.
Il est évident aussi que le débit réservé dâ™une réserve peut fournir un volume dâ™eau à un étiage largement supérieur à la fonction éponge dâ™une zone humide.
Lâ™irrigation permet une évapo-transpiration des plantes similaire à celle des forêts qui favorise la formation dâ™orages porteurs de pluie.
Cependant, partout où un permis de construire est demandé pour la construction dâ™une réserve collinaire où dâ™une bassine (réserve sur bâche étanche) des associations font des blocages administratifs pour sâ™opposer aux projets.
Certes, il est bien évident que le partage de lâ™eau est une priorité, mais il convient dâ™en définir avec objectivité les différents niveaux. Faut-il prioriser la piscine ou le jardin potager ?
Ne serait-il pas plus sage de rediriger les eaux pluviales hivernales des villes vers lâ™irrigation des cultures vivrières, par un stockage approprié ?
Il est curieux que des pays dont le climat est beaucoup plus aride que chez nous savent conjuguer lâ™intérêt commun pour une utilisation rationnelle et intelligente de lâ™eau.
Espérons que nous ne finirons pas comme lâ™Ã¢ne de la fable de Buridan, qui est mort de nâ™avoir su choisir sâ™il devait manger ou boire, en voulant interdire dâ™arroser nos cultures nous pourrions mourir de faim ! Ces articles pourraient vous intéresser: Les canicules dâ™avant la canicule au cours du XXe siècle La terrible canicule⦠de lâ™Ã©té 1540 Abel Wolman et Linn Enslow, la purification de lâ™eau â“ Les Héros du progrès (16) Mars, de la glace dâ™eau facilement accessible dans une région vivable
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